Nikki Gemmell -
Avec mon corps .
Nikki Gemmell vous présente son ouvrage "
Avec mon corps" aux éditions Au diable Vauvert. Rentrée littéraire. Traduit de l'anglais (Australie) par Gaëlle Rey. http://www.mollat.com/livres/gemmell-nikki-avec-mon-corps-9782846269339.html Notes de Musique : ?Rain Begins To Fall (instrumental)? (by Silence Is Sexy). Free Music Archive.
[...] un endroit où l'on encourageait la médiocrité. Vous n'étiez pas censées devenir intelligentes, car être intelligente ne ferait pas de vous une bonne épouse. Si vous excelliez à quelque chose, c'était perçu comme une perversion innocente.
Shelly-Anne dit un jour à Snip, avec un sourire, que le seul moyen pour une femme d’affirmer son indépendance et sa force était de faire quelque chose qui fasse pleurer ses parents.
(p.54)
Snip fut envoyée dans une école religieuse où on encourageait les élèves à ne pas trop faire briller leurs chaussures en les cirant, de crainte que leurs petites culottes blanches ne s’y reflètent. Dans une école où l’on encourageait les filles à saupoudrer de talc la surface de leur bain, pour éviter qu’elles ne puissent contempler avec plaisir leurs corps aux formes naissantes.
(p. 70)
Les meilleures relations sexuelles reposent sur l'égalité. L'écoute. Tu ne vivras jamais une bonne expérience en exigeant, en insistant ou en forçant l'autre parce que la seule conséquence, c'est qu'il se refermera sur lui. (p. 244)
… mes doigts effleurent une citation de Melville tracée à l’encre violette passée, collée à mon ancien bureau, ils effleurent l’écriture soignée, large, qui a presque disparu aujourd’hui : « Sois fidèle aux rêves de ta jeunesse ».
(Belfond, p. 282)
Chaque famille est un petit royaume en lui-même : les membres et les adeptes y sont souvent aussi difficiles à gérer qu'au sein de n'importe quel gouvernement bancal dont les discordes ébranlent notre monde. (p. 70)

Citation d'Armand7000 , qui donne envie de lire ce livre, presque la seule citation intéressante :
Que vous ressortez discrètement, le soir venu, comme un billet doux caché dans une taie d’oreiller. Que vous avez gardé, toute votre vie d’adulte. Le souvenir d’un choc exquis : on a chéri votre corps, autrefois. On ne l’a pas utilisé, on l’a fait vibrer de vie. Le souvenir de son toucher continue de troubler votre esprit aujourd’hui, après toutes ces années. Il y avait de la religion dans ses gestes qui vous éveillaient. Et sa voix. De tous nos sens, est-ce là celui qui nous permet de nous souvenir des gens avec le plus de précision, longtemps après leur départ ? Vous vous rappelez encore la manière exacte dont il prononçait votre nom quand il était plongé en vous et qu’il y effectuait des mouvements presque imperceptibles, la sensation d’être nourrie. Cette voix est restée gravée dans votre mémoire bien après que la netteté des traits de son visage s’est évanouie.
Un jour, il y a longtemps, vous avez fait une rencontre qui vous a secouée, grandie, rendue forte: celle d'un homme qui chérissait les femmes, qui n'en avait pas peur et qui vénérait leur corps. Il y a très peu d'hommes comme eux et lorsqu'une femme en trouve un, elle perçoit toute la différence dans leurs rapports sexuels. Elle ne sera plus jamais la même.
Old Queenie énumère pour Snip tout ce qui n'a pas droit de cité, ici, dans la communauté :
Les femmes en jean.
Arriver quelque part sans nourriture.
Partir sans eau dans le bush.
Prononcer le nom des morts.
Les blancs sans permis de conduire.
Utiliser beaucoup d'essence pour faire un feu de camp.
Prendre sa voiture sans proposer aux autres de les déposer quelque part.
Les femmes qui portent des chemisiers trop échancrés.
L'alcool.
Rappeler quelqu'un qui est parti.
"Ceux-là ont leur propre voyage à accomplir. Il faut les laisser partir, Napaljarri, il faut les laisser partir."
Elle le réconforte, prononce des mots apaisants et constate la vérité éclatante de la maxime selon laquelle les grands hommes sont les seules choses qui rapetissent quand on les approche.
(Belfond, p. 238)