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Citation de Partemps


L’homme n’existe qu’à travers l’art. On ne peut apprendre qu’en jouant. Répondez à cela par OUI OU NON !
Les règles et les lois sont indispensables à la vie en communauté, mais la vie véritable est irrégulière, pour autant qu’elle vaut la peine d’être vécue. La symphonie en sol mineur de Mozart fit sur ses premiers auditeurs un effet si troublant et si bouleversant que l’on s’est demandé s’il fallait l’imposer à l’auditeur. De telles réactions sont aujourd’hui à peine concevables : on joue la symphonie en sol mineur, belle œuvre harmonieuse de Mozart, en début ou en fin de concert et elle remplit ainsi très bien cette fonction euphorisante, calmante, divertissante.
Cette différence fondamentale entre l’effet de la musique autrefois et aujourd’hui tient au rôle que jouent la musique, l’art, dans la vie, hier et aujourd’hui. La musique était jadis une composante essentielle de la vie. On était formé à la musique dès l’enfance ; dans le système éducatif et scolaire, la musique était placée au même niveau que les disciplines linguistiques — grammaire, dialectique et rhétorique. Quiconque terminait ses études « comprenait » la musique ; ce qui veut dire qu’on accordait tout autant d’attention à la formation de la pensée imaginaire, extralogique, qu’à la formation de la raison. Notre système éducatif s’est considérablement éloigné de ce principe dans les cent dernières années. Nous sommes si fiers de notre pensée technique, de la logique et de la raison, que nous ne sentons même plus la disparition de l’imaginaire. Il n’est donc pas étonnant que la musique ne nous semble plus une nécessité vitale.
Il y a certes des moments où nous percevons son ancienne force bouleversante et transformatrice, où la musique nous touche au plus profond sans que l’on s’y attende : lorsque nous connaissons personnellement un grand bonheur ou un profond malheur, la musique peut briser la dernière carapace de notre intérieur, et nous ne savons plus ce qui nous arrive. Quelques mois avant sa mort, Mozart écrivait : « Si je vais au piano et que je chante quelque chose [...], je dois aussitôt m’arrêter — cela me fait trop d’émotion » (il se mettait à pleurer).
En bannissant la musique du cœur de notre existence, nous avons perdu le plus grand des trésors qui nous avaient été donnés.
La musique ne joue pratiquement plus aucun rôle dans l’éducation, dans les programmes d’études de nos écoles, comment pourrions-nous donc la comprendre ?
D’aucuns s’en rendent compte et nous mettent en garde contre ce déficit perceptible qui est la conséquence, dans notre société actuelle, du manque flagrant de musique dans notre système scolaire. D’ici une ou deux générations, nous pourrons renoncer à Mozart, car ce qu’il a encore à nous dire sera histoire ancienne, nostalgie, une langue incompréhensible du passé.
Les programmes scolaires sont établis depuis des décennies par des hommes qui connaissent peut-être leur responsabilité, mais qui ne savent manifestement pas ce qu’ils font dans ce domaine. Chaque augmentation quotidienne en savoir quantitatif a aussitôt sa répercussion dans les programmes d’enseignement. C’est ainsi que les élèves et les enseignants étouffent sous le poids des choses à apprendre ; comme s’il n’était pas facile pour tout individu intéressé de s’informer lui-même plus avant, sur la base d’un savoir fondamental intemporel. Ce gigantesque amoncellement de connaissances inutiles conduit à un dessèchement de la formation. La langue, l’art, la culture générale sont sacrifiés au savoir actuel, dont l’utilité n’est qu’apparente. Le prix en est bien trop cher, car l’erreur ne pourra être réparée si elle est reconnue trop tard.
Nous évoluons vers un utilitarisme inculte, qui finalement ne sera plus en mesure de comprendre la cruauté, l’inhumanité et l’inutilité de ses actions rationnelles. La raison n’a pas de cœur, sans musique l’homme n’est pas homme.
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