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Critiques de Nikolaus Lenau (4)
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Selected poems

Un peu comme dans les stations d'une entreprise pétrolière bien connue, je ne suis pas venue ici par hasard : Nikolaus Lenau est en effet fréquemment comparé au poète national roumain, Mihai Eminescu. Enfin, par les Allemands, pas par les Roumains, qui ont tendance à considérer Lenau comme un poète mineur et son univers littéraire comme bien moins complexe que celui d'Eminescu, voir par exemple Zoe Dumitrescu-Busulenga et son dernier essai venu du monastère.

Objectivement, pour la postérité, on trouve aujourd'hui des traductions de Lenau, de Faust et de Don Juan pour être précis, étrangement pas du plus français de ses poèmes dramatiques, Die Albigenser [Les Albigeois]. Pour Eminescu, c'est presque plus compliqué : difficile de trouver Le Pauvre Dionis, autrement des anthologies de poèmes plus ou moins fournies sortent de temps en temps. En allemand, beaucoup de livres électroniques gratuits et donc cette édition de 2013 en Reclam, les petits livres jaunes que les germanistes connaissent bien : distribution large, prix abordables, Lenau se trouve facilement et se lit toujours, plus d'un siècle et demi après sa mort.

Le parallèle entre les deux poètes se défend au moins sur un certain nombre de points : ils sont nés en Roumanie, Lenau est de Timișoara, à l'époque en Autriche-Hongrie, et ont tous deux fini leur vie dans un asile. Parmi leurs thèmes, tous deux sont romantiques et il est fréquemment question de nature, d'amour malheureux, de mort. J'aurais tendance à estimer, sans trop m'avancer, que Lenau est moins mystique, voire fataliste ou nihiliste par moments, donc aussi moins ésotérique, plus explicitement politique : il déteste Metternich, prend position contre les dictatures. Il use plus de la couleur locale : il a eu une période américaine, évoque souvent la Hongrie, sachant que sa Hongrie est en fait partiellement la Roumanie d'aujourd'hui. Par exemple, lorsqu'il évoque le violoniste Mischka au bord de la rivière Marosch, et sa fille Mira morte d'un chagrin d'amour dans sa crypte, son histoire fait aussi penser à celle de Maître Manole, grand classique du folklore roumain.

Il dénonce aussi explicitement : la guerre et la propagande belliciste, la soif d'argent. Son côté « sauvage », proche de la nature hongroise, qu'il a tenté de retrouver aux États-Unis, me paraît constituer sa principale différence avec les autres romantiques allemands, parfois ses sarcasmes : le poème « Die Drei » [Les Trois] commence par la rencontre avec trois chevaliers qui reviennent de la guerre et se termine avec les véritables héros : les trois vautours qui vont se régaler de leurs cadavres. Sa description de la forêt dans ses chants, de son côté effrayant, pour ses motifs, est aussi une des plus pertinentes que j'aie lue.

Sans doute pas un « génie national », Lenau est cependant né sur le sol roumain, sa commune de naissance porte d'ailleurs aujourd'hui son nom, il n'a pas écrit en roumain, mais demeure un des premiers poètes liés à la Roumanie, toujours lu aujourd'hui, et, en lisant un de ses poèmes qui dénonce la propension des peuples à porter au pouvoir des personnes qui, de toute évidence, vont les plumer, j'ai reconnu mon actualité politique et compris pourquoi il n'était pas resté longtemps aux États-Unis.
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Don Juan

Innombrables sont les histoires qui ont été écrites sur le thème de Don Juan. Romans, pièces de théâtre, opéras... Mais cette version-là m'a paru l'une des plus originale et des plus intéressante.



C'est un peu l'exact opposée de celui de lord Byron : ici Don Juan est vieux, fatigué, usé. Il séduit encore, par habitude, corrompt les autres, par jeux. Il regrette parfois ses actions quand les conséquences vont trop loin. Plus que tout, il est inquiet de sentir s'émousser en lui le désir et la soif de vivre. Le Don Juan de Mozart est amoureux de toutes les femmes ; celui-ci d'aucune, et va de l'une à l'autre sans trouver ce qu'il cherche.



La fin ne fait pas intervenir d'élément fantastique, et m'a également surpris par son originalité : alors qu'il dine dans une auberge, l'un de ses anciens rivaux parait, accompagné de dizaines d'enfants. Tous ceux que Don Juan a semé derrière lui...



Une pièce assez oubliée qui porte un regard intéressant sur un thème classique.
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Faust

Lorsqu'il commence la rédaction de ce long poème dramatique (1835), Lenau est de retour d'Amérique (l'un des rares à faire le voyage à cette époque). Il a découvert l'idéal de la grande démocratie, de la liberté et il revient profondément déçu car il a aussi découvert un peuple épris de gain, prêt à sacrifier Dieu pour trois dollars, ce qu'illustrera le film de William Dieterle, Tous les biens de la terre, en 1941. À cela, s'ajoutent de grandes déceptions amoureuses et la remise en question d'une enfance très pieuse, qui le conduisent à trouver dans le mythe de Faust une capacité de dire son propre sentiment d'échec et de désespoir. Son entreprise a donc une valeur autothérapeutique : « J'ai enfin trouvé un gaillard sur le dos duquel je peux mettre tout mon enfer. Déjà, il en est chargé comme un boulet. »

Lenau justifie son choix du sujet de Faust aussi en affirmant que Faust n'est pas le « monopole de Goethe », mais qu'il « appartient à l'humanité », convaincu que chacun peut donner sa version, en fonction de sa sensibilité. Tout créateur peut légitimement chercher à se connaître en se confrontant à la figure de Faust.

La personnalité de Faust est marquée par un cynisme et un scepticisme radicaux ; rien ne lui est sacré, il est profondément nihiliste. le plan diabolique va consister à isoler Faust des hommes, de la nature et de Dieu, à le réduire à n'avoir plus foi qu'en lui-même, puis le faire douter de ce moi et le précipiter finalement dans le désespoir et dans la mort.

Là où le Faust de Goethe élargit sans cesse son coeur et sa pensée aux dimensions mêmes de l'humanité, le Faust de Lenau se racornit, se retranche, s'exclut de toute communion et de tout partage. Où le Faust de Goethe souffrait de son ambition titanesque de tout goûter et de tout souffrir, le Faust de Lenau se torture par son orgueil, par les négations accumulées, par le refus dédaigneux du sort commun des hommes.

Le Faust de Lenau se rattache quelque peu à la doctrine de l'émanation : « action par laquelle Dieu produirait l'univers des esprits et des corps, comme par un écoulement nécessaire de sa nature. » La vie ne serait donc que prodigalité pure, insensée et sans but. Cette croyance conduit à des conclusions pessimistes : la créature est portée à refuser d'être, de vivre et d'agir pour son Créateur parce qu'elle prétend n'être, ne vivre et n'agir que pour soi. En cela, le mal est de vouloir exister égoïstement à l'écart de tout, en soi et pour soi. C'est le refus du réel typiquement romantique, qui conduit au suicide et au triomphe du mal.
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Don Juan

Une autre version de Don Juan qui a inspiré de nombreux écrivains tel Lenau en Allemagne ou Tirso de Molina en Espagne : de quoi comparer pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment cette pièce.
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