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Citation de hcdahlem


Je suis rentrée à la Cagex il y a vingt et un ans. J’ai gravi les échelons, un à un. Victor Andrieu avait entière confiance en moi. Je lui rendais bien. Toujours à l’heure, attelée à la tâche, proche des employés, désignée déléguée syndicale puis superviseur de ma section – l’ajustement – primée en fin de mois, applaudie parfois aux réunions de fin d’année. Je savais faire le grand écart entre les salariés dont je faisais partie et la direction qui m’avait confié une forme de pouvoir invisible.
Je me faisais entendre sans crier, sans insister, sans menacer. Les filles surtout, les ouvrières, se voyaient en moi. On était à égalité. Je n’ai jamais humilié, jamais. Les choses avançaient bien. On aurait toujours besoin de caoutchouc. On ne se sentait pas vraiment menacés, en dépit de la crise qui s’installait au fil des ans. Nous étions une structure saine. Les charges étaient de plus en plus élevées, mais on s’en sortait. Et puis je ne voulais plus penser négatif. Jamais. J’avais deux fils à nourrir moi, leur père est parti, il donne ce qu’il peut donner. Je ne lui en veux pas, du moins c’est ce que je croyais. Je sais qu’il ne faut pas tout mélanger, mais tout de même, il y a bien une cause à mon geste, le fameux déclic. Ce n’est pas venu comme ça, un beau matin, je ne me suis pas réveillée et je ne me suis pas dit : tiens cette nuit Victor Andrieu va payer l’addition d’un festin auquel il n’a jamais été convié.
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