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Critiques de Nina Bunjevac (24)
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Fatherland

L'histoire de la Yougoslavie est complexe, je ne suis pas sûre de bien comprendre toute la subtilité  des differents mouvements politiques. Cela n'enlève en rien la profondeur du message de "Fatherland" qui montre très bien la déchirure  d'un couple au nom des convictions politiques, des croyances, en fonction de sa propre histoire familiale.

Le graphisme colle parfaitement bien au texte. Le procédé ressemble à la technique du pointillisme,  tout en noir et blanc ,ce qui donne une certaine rigidité,  une rigueur qui sied parfaitement à l'ambiance décrite.

Peter, serbe nationaliste est exilé au Canada avec sa femme, ses 2 filles et son fils. Il milite pour l'indépendance de la Serbie et contre Tito. Par peur des actions anti communistes de son mari, sa femme part avec ses filles en Yougoslavie en laissant leur fils puisque Peter refuse de le laisser partir.

Leur séparation de soi-disant 15 jours sera définitive.

Nina Bunjevac raconte, à travers cet album, l'histoire de son père et l'Histoire de la Yougoslavie qui est, je me répète, complexe.

Cette bande dessinée est réussie, didactique, nous avons des cartes qui nous aident à comprendre les événements géopolitiques qui restent, pour moi je dois l'avouer, assez flous. Cet album est d'une grande richesse et soulève finalement une question centrale, comment devient-on ce que l'on est ?ce que l'on pense ? sommes-nous le fruit de nos parents ? de leur histoire ? de l'Histoire ?

C'est une BD qui va me permettre de renouer avec un ami de longue date avec qui j'aimerais échanger sur ce témoignage...
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Fatherland

Je comprends pourquoi cet ouvrage était sur la liste des ouvrages en vue d'obtenir le Prix littéraire des lycéens et apprentis de la région PACA pour l'année 2015 / 2016, par contre je ne comprends pas pourquoi il n'a pas été primé. Eh oui, cet ouvrage est une véritable bombe, et ce dans tous les sens du terme. L'on ne peut pas dire que Peter Bunjevac n'aime pas sa femme et ses trois enfants mais il est avant tout engagé dans une cause, quoique perdue d'avance mais pour laquelle il ne peut plus se rétracter car étant trop engagé. Quoique vivant désormais au Canada, il est toujours resté fidèle à ses origines et est même prêt à la payer de sa vie mais cela vaut-il également de risquer celles de sa femme, de ses deux filles et de son fils ? En tant que serbe nationaliste, il est prêt à tout faire pour libérer la Serbie de l'emprise communiste et vous vous doutez bien que seul, il ne pourrait jamais agir. Ayant intégré une bande clandestine qui se bat à ce sujet, Peter se met dans les ennui jusqu'au cou et son épouse ne tarde pas à s'en apercevoir. C'est la raison pour laquelle elle décide de rejoindre ce qui était encore à l'époque la Yougoslavie afin de se mettre en sécurité chez ses parents, elle et ses enfants . Tous ? Non, car si Peter accepte qu'elle prenne quelques semaines de vacances qui ne vont pas tarder en s'éterniser en années, il refuse qu'elle emmène avec elle et ses deux filles leur fils Petey. Choix on ne peut plus insoutenable pour cette mère, qui éperdue d'amour pour ses trois enfants, va devoir apprendre à faire le sacrifice de l'un d'entre eux afin de sauver les deux autres...



Trop de non-dits dans cet ouvrage que l'on peut qualifier de roman graphique, tout en étant historique, trop de malheurs qui s'abattent sur des peuples et en ce qui nous concerne ici, sur une seule famille. Le fait que cet ouvrage soit illustré en noir et blanc rajoute du drame dans cette épouvantable histoire qui, vue comme elle était partie, ne peut que s'achever en désastre...Cependant, certains protagonistes réussiront à en sortit indemnes (ne comptez pas sur moi pour vous dire lesquels car je m'aperçois que je vous en ai déjà trop dit) mais, même si les corps résistent à l'épreuve, les souvenirs, eux, ne s'en vont jamais...



Un ouvrage que je ne peux donc que vous recommander et qui m'a surtout donné envie de me replonger dans mes livres d'Histoire, tant je me suis rendue compte que ma connaissance sur ce sujet était limitée...une tare qu'il me tarder de combler !
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Fatherland

Dilemme insoutenable d'une mère, contrainte de d’accepter d'abandonner un enfant derrière elle, pour épargner les autres.



Dans les années 70, une famille serbe vit au Canada, où le père, anticommuniste virulent, s'engage de plus en plus dans des activités terroristes pour l'indépendance de la Serbie. Une implication chaque jour plus dangereuse et qui contraint la mère à rentrer au pays pour la sécurité de ses enfants. Un éclatement familial inacceptable pour le père qui refuse le départ du fils aîné âgé de 7 ans.

Le voyage va durer 15 ans...



Récit âpre, rude, cruel... une bande dessinée en valeurs de noir et blanc, glaçante, illustrée d'images statiques et récits maternels, qui parle d'exil et de séparation. Sans jugement ni pathos, Nina Bunjevac creuse l'historique de sa famille et de ses origines, cherchant à comprendre. Par ses planches très photographiques, elle brosse un drame humain, mais aussi une illustration du contexte géopolitique de la Yougoslavie et du nationalisme féroce du peuple serbe.



Un roman graphique très attachant.

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Bezimena

Voici une bande dessinée bien difficile à aborder.

Tout d'abord on nous présente une prêtresse vivant probablement durant l'Antiquité, puis à l'histoire de Benny, un petit Américain voyeur, qui une fois adulte devient marginal. Dès le départ sa présence nous met mal à l'aise. Il nous parle de ses fantasmes, puis nous les voyons. Mais tout cela sonne faux...

La chute est inattendue (en ce qui concerne les proportions qu'elle atteint) et nous met encore plus mal à l'aise qu'au départ.



Une manière crue et sans fard de parler d'un sujet difficile.

Les graphismes sont superbes et d'une précision hypnotique.

Petit reproche sur la construction circulaire qui aurait gagné à être retravaillée. De même que j'attendais des parallèles avec le mythe de Diane et Achtéon plus approfondis du fait de sa pertinence.



Une lecture qui vaut le détour.
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La réparation

25 pages d'illustrations en noir et blanc, 4 maximum par pages, une en général, pour parler d'un traumatisme d'enfance.

Tout commence par une tache d'encre, sur une feuille, qui devient un oeil par lequel la narratrice replonge dans son enfance. Un chien, une petite fille, un arbre auquel elle se balance... une certaine image du bonheur et de l'insouciance, jusqu'à ce que sa mère lui dise adieu et qu'elle parte avec une femme "de la ville". On comprend, par le foulard et la robe de la mère, et par ces paysages industriels, qu'on est quelque part en Europe de l'est, dans le passé.

Pour le reste, on devine plus qu'on ne comprend la relation entre la petite fille et la femme ainsi que la grande tristesse qui s'en dégage.

Les dernières illustrations sont particulièrement émouvantes, la narratrice adulte "réparant" la petite fille par le dessin, la prenant comme une poucette du vingtième siècle.

Ce livre fait partie de la collection 25 Images, et me donne envie d'en savoir plus sur cette collection ainsi que sur Nina Bunjevac, qui a l'art de transformer le réel en conte grâce à sa plume.

Un très beau livre.



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Bezimena

Les illustrations sont magnifiques, en noir, les nuances sont traités en hachures fines, telle de la gravure en taille douce, il y une lumière de grande qualité dans chacune d'entre elle. L'histoire et au contraire assez sordide, une histoire de voyeur, d'obsédé sexuel, de viol. J'avoue ne pas avoir compris le rapport entre la qualité des images, leur aspect suave, élégant, raffiné et le propos de dénonciation, celui-ci est justement édulcoré, le personnage en devient même assez fascinant. Il y a un aspect esthétisant à la manière du Marquis de Sade, alors que le témoignage ajouté en postface, une histoire de viol organisé, semble dire le contraire. Je trouve important que l'illustrations aillent dans le même sens que le texte, à moins bien sûr que cette dichotomie fasse partie de la démonstration. Ici, ça n'est pas le cas,au contraire, cette bande dessinée semble vouloir défendre une esthétique du viol alors qu'elle voudrait tout simplement dénoncer le viol, l'effet est raté, au risque d'être interprété à l'envers. C'est gênant.
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La réparation

Acceptation, soins, amour

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2022. Il a été réalisé par Nina Bunjevac. Il s’agit d’une bande dessinée en noir & blanc, comportant vingt-cinq pages, entièrement dépourvue de dialogue. Il s’agit d’un format imposé dans cette collection des éditions Martin de Halleux. Ce dernier s’est inspiré de l’ouvrage 25 images de la passion d'un homme (1918), réalisé par Frans Masereel (1889-1972). Il s’agit d’une histoire racontée en 25 gravures sur bois, chacune imprimée comme un dessin en pleine page, sans aucun dialogue non plus. L’autrice canadienne respecte cette contrainte, avec une entorse dans la mesure où sept pages comportent plusieurs cases, trois ou quatre.



Une femme d’environ une trentaine d’années est assise à sa table de travail devant une page blanche. Sur son bureau, se trouvent également deux pots à crayon avec des porte-plumes, et à coté un flacon d’encre de Chine. Derrière elle, une bibliothèque remplie d’ouvrages. Elle se tient le menton de la main droite avec le coude posé sur la table. Dans la main gauche, elle tient un cadre dont elle est en train de contempler le contenu, songeuse. Elle pose le cadre sur la table, prend le porte-plume qui était posé sur la table, de la main droite, après avoir ouvert le flacon d’encre de Chine, et posé le bouchon à l’envers sur la table. Sous ses yeux se trouve la feuille vierge. Elle approche le porte-plume du flacon et l’y trempe. Elle relève le porte-plume : une goutte se trouve à son extrémité, prête à tomber. Elle rapproche le porte-plume de la feuille blanche et la goutte tombe dessus, formant une tache ronde aux contours irréguliers. La dessinatrice a suspendu son geste au-dessus de la feuille, le porte-plume à quelques centimètres au-dessus de la tache noire. Sous ses yeux, elle éprouve l’impression que la tache développe des excroissances vers l’extérieur, en forme de rayons irréguliers, d’elle-même. Les rayons poussent comme des branches nues, alors qu’il se forme au milieu un espace blanc et vierge, comme si l’encre se déplaçait par elle-même vers l’extérieur.



La dessinatrice pose la main sur la feuille, tout en ayant changé la position du porte-plume pour qu’il ne touche pas le papier. Ses yeux lui jouent peut-être un tour : au milieu du cercle blanc au centre de la tache, il y a comme un œil avec les paupières qui la regarde directement. Au centre de cet œil grandi des dizaines de fois, elle distingue un chien courant vers elle, au milieu d’arbres, tenant un petit bout de bois entre ses mâchoires. Le chien s’arrête devant un arbre et laisse choir le bâton au sol, puis se dresse sur ses pattes postérieures pour faire le beau au droit de sa maîtresse, une fillette suspendue à trente centimètres au-dessus de sol, s’accrochant à deux mains à une branche d’arbre. Une dame bien habillée pousse la porte de la clôture du pavillon avec le grand jardin, les arbres, le chien et la fillette, ainsi qu’une vieille femme habillée simplement.



Voilà un défi très contraint : raconter une histoire complète en vingt-cinq pages, sans avoir recours à aucun mot, uniquement par les images. Par comparaison au récit séminal de Frans Masereel en vingt-cinq images, à raison d’une par page, l’autrice s’accorde un peu de rab puisque sept pages comportent plusieurs cases, ce qui amène le total à quarante-trois dessins, mais effectivement répartis sur vingt-cinq pages. Il s’agit donc d’une histoire qui se lit rapidement, très simple en termes d’intrigue, avec une forme de retour en arrière dont le lecteur comprend qu’il s’agit d’un souvenir de l’autrice, de nature traumatique. Sur le plan graphique, les dessins sont d’une méticulosité extraordinaire, dans un registre très descriptifs avec un niveau de détails élevés. Nul doute que l’artiste se met en scène et qu’elle réalise ses dessins à la plume et à l’encre de Chine comme elle se représente dans les premières pages. Pour augmenter l’impression de volume et la sensation de texture, elle réalise de fins réseaux de points ou de hachures d’une grande délicatesse, évoquant le travail de Gerhard, le décoriste de Dave Sim sur la série Cerebus, en encore plus fin et délicat. Dans le même temps, elle réalise des formes un tout petit peu simplifiées pour que les dessins conservent une lisibilité immédiate, même avec ce fourmillement de traits et de points. Ce travail aboutit à des images présentant une consistance incroyable, avec une sensation de délicatesse plutôt que de préciosité. Cette qualité graphique incite le lecteur à prendre son temps pour savourer chaque planche, chaque dessin.



La narration graphique apparaît donc comme évidente et accessible, chaque dessin immédiatement lisible, laissant le lecteur libre d’y passer un peu de temps ou au contraire de dévorer. Pour autant, l’artiste joue avec les possibilités de la bande dessinée pour mettre en scène des phénomènes psychiques complexes et délicats. Cela commence avec cette simple tache d’encre qui semble changer de forme de sa propre volonté, et contenir comme une fenêtre vers un ailleurs. Le lecteur n’éprouve pas le besoin de mots supplémentaires qui viendrait expliquer le phénomène : il s’agit d’une évidence. Or dès la page suivante en vis-à-vis, l’image du chien bondissant avec le bâton dans la gueule se trouve dans la pupille de l’œil que le lecteur associe à celui dessiné au milieu de la tache d’encre, tout en se disant qu’il s’agit d’un souvenir venant s’afficher dans l’esprit de l’autrice. C’est ce même œil qui permet de contempler la fillette se balançant au bout d’une branche, puis à partir d’un point de vue tout à fait différent la dame qui pousse le portillon, vue de dos. Parfois le point de vue correspond à une vue subjective de la fillette ; d’autres fois le point de vue permet de voir ladite fillette. En outre, Bunjevac joue avec le cadre même du dessin : huit bordures sont de forme circulaire correspondant au périmètre de la pupille, une est en forme de trou de serrure, les autres sont des bordures rectangulaires traditionnelles.



L’artiste joue également avec la temporalité, et parfois la simultanéité. Habitué des bandes dessines, le lecteur comprend bien que chaque case suivante se déroule quelques instants ou quelques heures, ou jours, après la précédente. À l’exception du passage par la pupille au centre de la tache, succession qui correspond plus à un déplacement spatial ou mental, une succession très différente de celle où la tache tombe sur le papier. En planche onze, l’artiste met à profit un autre outil de la bande dessinée : alors que la dame au chapeau dort sur un canapé, la fillette pense à la vieille femme lui déposant un bisou sur le front, et dans un autre phylactère à son chien. L’autrice utilise alors deux bulles de pensée, mais en y plaçant un dessin plutôt que des mots pour rendre compte des souvenirs de la fillette. En planche dix-sept, elle réalise une construction d’image où elle superpose une brutalité à une pensée de la fillette qui se projette dans son état après l’événement, tout en pensant à la réaction de son chien, une image sophistiquée représentant une action ainsi que la réaction d’un personnage sous la forme de ce qu’elle imagine. La planche suivante raconte et établit des liens de cause à effet tout aussi inattendus et mêlant réalité et imaginaire pour un processus mental complexe, avec une grande simplicité et une grande clarté.



En vingt-cinq pages, l’histoire est courte, et elle se lit très vite en l’absence de phylactères. Conscient de ce fait, le lecteur prend son temps pour savourer les images, et pour s’assurer qu’il assimile bien les liens de cause à effet qui apparaissent dans les images, ou plutôt qu’il établit par lui-même, à partir des images. Ce n’est qu’une fois l’ouvrage refermé qu’il prend conscience que l’autrice a su induire en lui ces liens à partir de simples images, surmontant les différences culturelles qui existent entre lui et elle, les expériences de vie différentes. Dans la bande dessinée, l’autrice est face à sa page blanche, non pas en tant que symbole de son manque d’inspiration, mais comme matérialité d’un moment calme où elle ne peut pas empêcher ses préoccupations inconscientes de prendre le dessus sur sa pensée. Il s’agit vraisemblablement d’un traumatisme qui a laissé une marque profonde, et les pages suivantes en exposent la nature. Le titre indique l’enjeu du récit : la réparation, mais sans préciser qui accomplit cette réparation. Le lecteur découvre ce processus sous des atours fantastiques, tout en comprenant bien qu’il s’agit d’un cheminement psychologique. En refermant l’ouvrage, il découvre en quatrième de couverture, un mot de l’autrice : j’ai plongé mon cœur et mon âme dans ce livre qui est l’histoire la plus personnelle que je n’ai jamais racontée. Le lecteur repense alors à ce à quoi il vient d’assister et une douce chaleur l’envahit à la suite cette réparation, cette promesse de pouvoir aller de l’avant en ayant accepté ce que l’on est, en ayant fait preuve de compréhension et de compassion pour l’enfant qu’on a été.



Une très courte bande dessinée de vingt-cinq pages, sans aucun mot. Un récit qui se dévore en quelques minutes, qui peut se savourer visuellement en prenant le temps de laisser son regard se poser sur chaque planche, dans chaque case. Une maîtrise épatante des propriétés de la bande dessinée pour un évoquer une expérience personnelle, un processus de réparation délicat et empathique appliqué à soi-même, une communion merveilleuse pur soigner une blessure profonde. Extraordinaire.
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Fatherland

Après avoir lu La Réparation, j'ai eu envie d'en savoir plus sur cette autrice singulière. Je me suis donc attaquée à cet album autobiographique. Pour commencer, il faut apprécier ce style pointilliste et très réaliste en noir et blanc. Pour ma part, je le trouve très intriguant.

Née au Canada mais élevée dans le pays d'origine de ses parents, dans la partie serbe de la Yougoslavie des années 70, Nina Bunjevac a peu connu son père que sa mère a fui avec elle et sa soeur. La raison en était que les actes nationalistes anti-communistes de ce père mettait toute la famille en danger. Mais dans cette fuite, sa mère n'a pas pu ramener le fils ainé, âgé d'une petite dizaine d'années et retenu en otage par le père.

Le récit commence par le regard de sa mère sur cette période difficile qu'elle a tenté d'oublier pendant toutes ces années, notamment à partir de photos familiales.

Dans la deuxième partie, Nina Bunjevac s'intéresse aux origines de ce père qu'elle a peu connu, son terrorisme pouvant s'expliquer par la violence dans laquelle il est né et qu'il a vécu toute son enfance en tant que minorité serbe pendant la guerre. Cet album revient sur l'histoire de ces pays, la Serbie et la Croatie, qui s'affrontent depuis des siècles alors qu'ils viennent de la même ethnie d'origine. En quelques pages, elle résume, sans doute sommairement, les tumultes politiques vécus par ces deux nations regroupés en Yougoslavie.

L'autrice a su mettre les mots sur un conflit encore très sensible et expliquer sans condamner les différents camps en jeu. Ce qu'il en reste, c'est le sentiment d'un énorme gachis d'un bord à l'autre, des années de souffrance et d'humiliation qui peuvent expliquer cette violence. Comme dans tout conflit, en connaître les origines semble essentiel mais il me semble que dans les médias, c'est trop souvent occulté.

L'histoire de cette famille est bouleversante, chacun ayant été meurtri de la situation. Une question reste, qu'est-il arrivé au petit Petey, séparé de ses soeurs et de sa mère?



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Bezimena

C'est au détour d'un bac de la médiathèque de mon quartier que mon oeil a été attiré par l'élégance de cet album et la beauté de sa couverture. J'aurais, peut-être, dû feuilleter les pages avant de l'emprunter, bien m'en aurait pris car l'espoir généré par la couverture s'est bien vite transformé en une énorme déception! Ô les dessins sont toujours aussi intéressants mais que dire de l'histoire, du scénario que l'on nous présente comme un parallèle au mythe de Diane chasseresse et Actéon, son rival, devenu cerf et mangé par ses chiens? Du mythe il ne reste qu'un affreux Benny, jeune américain, perturbé et dépassé par ses sens, violeur par voyeurisme et rattrapé par son vice.

Abject et inutile!

Dommage car le crayon est sûr et ferme. Les dessins sont bien faits et le noir et blanc un appui à la beauté, malgré tout, de l'album. Nina Bunjevac aurait pu utiliser son talent à bien autre chose que cette horreur. A oublier très vite.

Je déconseille ce livre.


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Bezimena

Voici une BD au graphisme épuré, tout en noir et blanc, qui met le lecteur mal à l'aise, tant le sujet abordé est délicat.



Très jeune, Benny adopte un comportement que l'on pourrait qualifier de dérangeant vis à vis de ses camarades du sexe opposé.

En grandissant ça ne va pas en s'arrangeant, ce qui le marginalise.

Il recroise par hasard une camarade de classe qui va réveiller en lui ses pires obsessions.



Des dessins suggestifs qui montent en intensité de pages en pages pour aboutir à un final malaisant.



Ici, on traite de la délinquance sexuelle et la postface l'explique concrètement avec l'histoire personnelle de Nina Bunjevac.



Elle traite sans tabou le sujet des prédateurs sexuels ce qui peut en déranger plus d'un, tant elle ne prend pas de détours.



Les dessins, très érotiques, sont de belle qualité, mais attention, public averti.
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Fatherland

Elle passe son récit à l’épreuve des faits et atteint une neutralité froide, parfaitement servie par son graphisme d’une singulière puissance.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Fatherland

Dosage ­minutieux de hachures et de pointillés, le dessin en noir et blanc tend vers un hyper­réalisme quasi photographique. Encap­sulé dans ces images faussement léchées, comme ­figées dans le mouve­­ment, le récit autobiographique décolle, diffusant une troublante, et souvent poignante, impression de cauchemar feutré.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Fatherland

1975, un père exilé au Canada qui continue à militer pour l’indépendance de la Serbie au sein d’une association anticommuniste et ultra nationaliste. La mère veut quitter cet homme, prétexte un voyage en Yougoslavie, souhaite emmener avec elle les enfants. Problème, le père se méfie des intentions de son épouse. Cette dernière sera face à un choix terrible : sauver ses deux filles en partant ou bien rester et mettre ses trois enfants en danger… La décision est prise à contre coeur, le fils restera avec le père. Une séparation qui durera quinze longues années.



Roman graphique autobiographique en partie traduit en onze langues et qui a connu un vif succès. Construit en deux parties, on comprend les causes de l’engagement politique de cet homme et le danger que ces activités représentent pour la famille.



L’exil douloureux est longuement traité dans la seconde partie. C’est d’une grande qualité graphique, des points, des hachures, c’est élégant, puissant, poignant, en noir et blanc, on y voit et on sent la peur, la violence, l’angoisse, ça fait froid dans le dos. C’est l’amour aussi, la filiation, la mémoire, les non-dits, le silence, et le regard de l’enfant sur les évènements…et l’enfant qui grandit… Le ton n’est pas larmoyant et on ne tombe pas dans le pathos et il n’y pas de colère chez l’auteur, de la pudeur peut-être.
Lien : https://chroniquesaigues.com..
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Bezimena

L’auteure mêle érotisme, mythe, critique sociale de façon captivante, mais le twist final semble stigmatiser le désir masculin lui-même (voyeur égale violeur ?)… ce que semble confirmer la confession intime de l’auteure en postface. Malaise…

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Fatherland

Nina Bunjevac alterne flashbacks et récit au présent pour nous plonger dans une destinée familiale complexe, écho singulier d’un pan de l’histoire européenne, celle de la Yougoslavie, mosaïque fracturée.
Lien : http://www.bodoi.info/father..
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Fatherland

Très beau roman graphique, autobiographique mais renouvelant un peu le genre. L'auteure raconte dans une 1ere partie comment et pourquoi sa mère a quitté son père et a fui le Canada pour revenir en Yougoslavie faisant le choix de laisser au mari son petit garçon. Si les doutes sur les activités terroristes de son mari sont vite levés, la seconde partie nous explique l'histoire de ce père afin de comprendre ce qui l'a mené à ces actions. Sans jugement et mêlant son histoire personnelle à la grande histoire, ce récit -graphiquement superbe- ne peut laisser indifférent !
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Heartless

Une série d'histoires de femmes entrant dans un monde sans amour, "heartless". L'auteur expose des destins féminins crus, brut avec une encre de chine noire comme leur avenir. On décèle de l'amertume, du vécu mais un peu d'humour, sombre, bien sur.
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Fatherland

« 1975. Peter Bunjevac, serbe nationaliste exilé au Canada, vit à Toronto avec sa femme et leurs trois enfants. Il appartient à une organisation anticommuniste qui milite pour l’indépendance de la Serbie. Sa femme, soupçonnant la nature de ses activités militantes et craignant pour la sécurité des enfants, décide de retourner en Yougoslavie. Elle persuade Peter de la laisser partir avec les enfants pour de prétendues vacances chez ses parents. Peter accepte mais, méfiant quant aux intentions réelles de sa compagne, exige que leur fils aîné, Petey, alors âgé de 7 ans, reste avec lui au Canada. Terrible « choix de Sophie » auquel se trouve alors confrontée la mère : abandonner l’un de ses enfants pour mettre les deux autres en sécurité, ou bien risquer la vie des trois. Elle décide de partir avec ses filles. Ce qui devait être un voyage de quinze jours deviendra un séjour de quinze ans, la famille demeurera séparée à jamais. » (synopsis éditeur)







Dans cet album autobiographique, Nina Bunjevac revient sur son enfance. Pour elle qui, à l’âge de deux ans, a été amenée malgré elle à quitter son père, elle tente ici de reconstruire l’histoire de sa famille… sa propre histoire. Comprendre les tenants et les aboutissants qui ont motivés des choix importants et définitifs, toutes ces décisions qui ont influencé la dynamique familiale. Il y eu la décision de sa mère bien sûr, celle de partir du Canada pour se soustraire aux risques liés à l’activité militante de son époux. Mais il faut également remonter le temps et revenir sur ce choix pris par le père de Nina Bunjevac lorsqu’en 1959, il déserte l’armée et s’exile au Canada. Il s’intègre assez facilement, trouve un emploi mais ce n’est qu’à la fin des années 1960 – peu après la naissance de son premier enfant – qu’il rejoint un groupuscule anticommuniste et devient membre actif de cette organisation, mettant ainsi sa vie et celle de ses proches sur un fil. Comprendre ensuite le choix de ses grands-parents paternels lorsque dans les années 1940, ils décident de quitter les Etats-Unis pour revenir en Yougoslavie, pensant que le climat du vieux continent serait plus à même d’aider leur fils (Peter Bunjevac) à combattre la tuberculose.



Dans la généalogie de Nina Bunjevac il y a, à chaque génération, un départ. Un aller simple vers le nouveau continent dans l’espoir de trouver du travail et ainsi pouvoir faire vivre sa famille, un aller pour fuir une menace (dictature, guerre…). Un retour, quelques années plus tard, motivé par l’état de santé d’un proche, le mal du pays ou tout simplement l’âge de la retraite qui a sonné l’heure de rentrer auprès des siens.



Ce récit personnel ressemble à une catharsis. L’auteur semble s’être approprié, par le biais de son travail, sa propre histoire de vie et l’histoire de sa famille. Un livre pour asseoir son identité, s’approprier ses propres racines familiales, les ordonner pour mieux se les représenter. On voit durant la lecture de « Fatherland » comment l’auteure, fille d’immigrés, donne du sens aux actes de ses parents. Une quête d’identité que l’on sent nécessaire. Aujourd’hui, elle vit au Canada et reçoit les visites régulières sa mère (c’est presque les seuls éléments que nous apprendrons d’elle et de son quotidien). Entre incompréhension et indignation, elle donne du sens à son histoire et l’intègre à part entière dans l’histoire de l’ex-Yougoslavie. Son exaspération initiale a laissé place à de l’empathie ; ainsi, elle a appris à accepter l’obstination et le refus de sa mère de lui parler de son père.

(...)

Lire l'article complet sur le site : https://chezmo.wordpress.com/2016/05/18/fatherland-bunjevac/
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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La réparation

Aussi touchante que pudique, magnifiquement dessinée à la plume, jouant avec une rare maîtrise des possibilités narratives de la bande dessinée, La Réparation est un puits de lumière.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Bezimena

C'est un livre d'artiste.

Un peu comme dans le clip chandelier de Sia, on est mal a l'aise, on n'y comprend pas grand chose mais... c'est magnifique.
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