Un traumatisme mental est un événement monstrueux, effrayant. Quelque chose dont les mots ne peuvent pas rendre compte. On ne peut en parler, c'est la peur, l'effroi ou la honte! Et lorsque la honte d'y avoir été impliqué interdit d'en parler, alors on enferme cet événement traumatique dans une explication mensongère, et c'est cet événement enterré dans un mensonge qui se transmet de l'inconscient des parents à celui de l'enfant, et engendre ce que la psychanalyse contemporaine appelle un "fantôme"
Tant qu'un traumatisme n'est pas assumé, il est toujours vivant.
Lorsque Isaac Bashevis Singer reçut en 1978 le prix Nobel de littérature, il donna à l'assistance, venue nombreuse l'écouter, la raison pour laquelle il écrivait dans une langue qui se mourait, le yiddish.
"J'aime écrire des histoires de fantômes" déclara-t-il.
Rien ne convient mieux à une histoire de fantômes qu'une langue mourante.
Plus la langue est morte, plus le fantôme est vivant.
Les fantômes adorent le yiddish, ils le parlent tous.
Quant à moi, comme Singer, je crois aux revenants. je crois qu'ils nous assaillent d'apparitions fugitives et qu'en fait, leur présence est à ce point familière que nous vivons avec eux sans nous en rendre compte.
Quand il existe des traumas importants dans une famille, des morts par suicide, ou des bébés morts, ces histoires restent vivantes dans l'inconscient et si ceux qui leur survivent n'en parlent pas, c'est alors qu'elles se transmettent d'inconscient à inconscient sous forme de fantômes. (...)
Et c'est ça, le fantôme ! C'est la trace d'une souffrance chez nos ancêtres qui n'a pas pu trouver a se dire !
Chapitre 1. Rencontre avec un psychanalyste peu ordinaire
Un traumatisme mental est un événement que nos structures mentales n'arrivent pas à digérer, quelque chose dont les mots ne peuvent rendre compte
Il y a ce que les Américains appellent des "fuites" (leakage), des lapsus gestuels : une posture, un geste qui est parlant, par exemple une main vient se porter autour de la gorge et accompagne une émotion visible. Ou encore les artefacts, comme le port systématique d'une écharpe. (P.70)
Les enfants psychotiques semblent avoir pour mission de réparer inlassablement le passé généalogique de leur famille. Ce sont d'incomparables explorateurs de l'inconscient transgénérationnel.
Chapitre 1. Rencontre avec un psychanalyste peu ordinaire
(...) : comment un ancêtre, que l'on n'a jamais connu, peut-il, néanmoins, influencer le cours de sa vie ? (...)
Lorsque les symptômes proviennent d'une hantise, celui qui en souffre ne peut pas les comprendre à partir de son seul vécu. Dans cette situation, les évènements de l'histoire familiale et, plus particulièrement, ceux qui ont été tués acquièrent une signification cruciale.
Chapitre 1. Rencontre avec un psychanalyste peu ordinaire