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Critiques de Nivaria Tejera (7)
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Le ravin

Nivaria Tejera nous offre un bien joli texte nous décrivant le quotidien d’une famille des îles Canaries pendant la guerre d’Espagne, quotidien vu à travers le regard d’une petite fille, nous faisant part de ses inquiétudes, de ses angoisses, de ses interrogations face aux évènements qui viennent bouleverser son petit monde.

Petit à petit, la guerre s’immisce dans cette famille, son père est arrêté puis relâché. L’angoisse qu’il soit à nouveau repris tenaille la petite fille. Et le jour tant craint arrive, la famille n’a plus aucune ressource, la faim et la misère s’installe. Et au-dessus de tout ceci plane l’image effrayante de ce ravin, celui dans lequel on jette les corps des prisonniers exécutés.

Le récit est très touchant, toute en finesse, la plume de Nivaria Tejera est très délicate et poétique mais peut-être un peu trop.

Certains passages m’ont en effet beaucoup gênée, l’auteur part dans des délires qui m’ont vraiment laissée perplexe. J’ai eu beau relire ces passages plusieurs fois, me disant que je ne comprenais rien à la poésie, mais c’est resté vraiment obscur et hermétique pour moi. C’est dommage car ces passages m’ont un peu gâché l’impression d’ensemble. Surtout qu’ils sont censés exprimer les pensées de cette petite fille. Les enfants ont de l’imagination certes mais là ça me paraissait vraiment trop.



Ce qui fait que finalement, mon ressenti général sur ce roman est mitigé. J’ai le sentiment d’être passée à côté, que je n’ai pas su en saisir l’essence. C’est frustrant car j’ai vraiment aimé ce contraste entre la douceur du style très en accord avec l’innocence de l’enfance d’une part et la dureté de la guerre d’autre part. Tout comme j’ai aimé la façon de l’auteur de traiter ce thème, le père qui disparaît et laisse sa place au profit d’une guerre qui impose progressivement sa présence dans la vie de cette famille à travers de multiples détails. Le plus touchant est aussi l’abrupte prise de conscience de cette petite fille qui comprend bien qu’on lui vole non seulement les personnes qui lui sont chères mais aussi les plus douces années de sa vie.

Le ravin est donc un roman très beau malgré mes quelques réserves.


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Le ravin

« Aujourd’hui la guerre a commencé. À moins que ce ne soit il y a longtemps. Je ne comprends pas très bien quand les choses commencent. Elles m’environnent d’un seul coup et ressemblent à des personnes que j’aurais toujours connues. » Ainsi débute le récit de cette petite fille de 7 ans qui habite à La Laguna sur une île des Canaries. Les soldats franquistes cherchent, avec une grande violence, son père journaliste républicain. « Pauvre papa ! Je pense qu’un jour les hommes à bérets rouges le renverseront comme ils ont renversé les fougères. » D’un seul coup, tout son petit monde de douceur, de sécurité avec son père qu’elle adore s’écroule soudainement. La petite fille vieillit d’un seul coup « Une guerre peut empêcher les enfants de grandir quoique les enfants ne luttent pas, n’aient pas de prison et durent plus longtemps. Les enfants peuvent attendre ».Elle connaîtra les visites à la prison, les procès iniques, la violence, la pauvreté…. Elle connaîtra la déchéance sociale de ceux qui ne sont plus du bon côté. Elle va voir les « amis » de son père, ceux qui venaient souvent à la maison accuser son père pendant les procès. Le pire ce sera l’attente de l’exécution, la peur de lire le nom de son père sur la liste « Sans papa je suis toujours seule ». Un jour, le télégramme fatidique est arrivé, un pli qu’elle doit lire tant la mère est ravagée, surtout depuis la mort du petit frère. Un dialogue déchirant entre la mère et la petite fille, un dialogue à la limité de la folie, qui m’a pris aux tripes. « EXILE – ILE DE FER – QUARANTE ANS – STOP ». Cela signifie la mort « C’est le grand vent qui couvre la puanteur du peloton, dans ce ravin où je voudrais qu’on ne jette jamais le corps de papa. J’irai là-bas. Et le grand montera jusqu’à moi en tourbillonnant. Et moi, je serai là à regarder, à regarder vers le fond du ravin. » Ce ravin, c’est ici que l’on jette, outre les ordures, les cadavres de ceux qui sont passés par le peloton d’exécution, les prisonniers morts. « Je sais maintenant qu’on appelle « peloton » un groupe de prisonniers qu’on a conduits au Tanqueabajo. Le tanqueabajo est un ravin immense, couvert de végétation, où l’on jette les cadavres des animaux et les ordures de toute la ville. Après les avoir tués, on les y abandonne et ils restent à pourrir là sans que leurs familles soient prévenues. »

La guerre civile est focalisée par ce ravin qui est également l’espace qui la sépare entre hier, la paix, une enfance heureuse et demain, l’angoisse, la peur, l’absence…. Le puits profond où s’enfonce sa mère. Heureusement, il y a le grand-père bourrelier, celui vers qui elle se réfugie, qui lui permet de redevenir ou rester une petite fille alors que la mère veut en faire une grande personne.



Dans ce livre d’une grande beauté poétique, Nivaria Tejera fait parler la petite fille qu’elle était à travers ses souvenirs. Par petites touches, elle dessine son entourage, la grande maison, puis les autres, celle du grand-père adoré où elles vivront, la tante qui coud à la machine, le grand-père, la prison, le collège, l’absence, la peur, les procès, les visites à la prison puis au camp de concentration où se trouve son père … autant de petits tableaux impressionnistes qui impressionnèrent la lectrice que je suis.



Ce livre vous prend aux tripes, touche ce que nous avons de pus profond, un vrai diamant. Ce livre ne se laisse pas oublier, les mots restent dans la tête, durs et limpides comme les explications de la petite fille.





La postface raconte la « petite histoire d’un grand livre » où comment ce roman est arrivé sur le bureau de Claude Couffon, traduit à la demande de Maurice Nadeau pour publication. A sa sortie il fut salué par Max-Pol Fouchet, Robert Sabatier, André Wurmser et d’autres.


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Le ravin

C'est le double sujet de la perte et de l'impuissance qui est le fil conducteur de ce livre magnifique.

La perte ineffaçable, pour cette petite fille, de son père. Inexpliquée et inexplicable aussi. Pourquoi ne revient-il pas ? C'est quoi la prison ? C'est terrible l'absence ! C'est affreux le fait d'oublier. Oublier la voix, le visage, les gestes quotidiens empreints de tendresse. Toucher le vide et l'absence.
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Le ravin

Que dire de ce roman...il laisse sans voix !



L'écriture est particulière, mais on se laisse emporter par ce récit. La force des mots et des ressentis de la jeune héroïne nous font vivre ce conflit de l'intérieur.



Tout au long de ma lecture, je n'ai pu m’empêcher de penser à tous ces enfants qui vivent aujourd'hui encore dans des pays en guerre !



C'est une lecture forte, qui ne peut pas laisser indifférent !
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Le ravin

C'est dans le ravin, non loin de la maison familiale, que le père a été exécuté par les Franquistes. La guerre civile d'Espagne commence. C'est une petite fille qui devine plus l'horreur qu'elle ne la comprend, qui rend compte et nous propose ici, à travers son âme d'enfant, l'horreur la plus insoutenable. Dans un style simple, émouvant mais d'une très haute tenue, voici un des témoignages les plus poignants sur la guerre d'Espagne, sur toute guerre. Un livre a ne pas manquer, même si cette lecture fait mal ou tout simplement parce qu'elle fait mal.
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Trouver un autre nom à l'amour

Souffler sur des braises pour qu’elles ne s’éteignent pas, tel est le projet des éditeurs de la Contre Allée afin que les écrits si rares de la cubaine Nivaria Tejera disparue récemment puissent, malgré le chaos, nous permettre de continuer à nommer ce qui nous entoure et à « tracer, transporter, transmuer » le monde.



Après la réédition du « Ravin », voici que nous est offerte la traduction française d’un texte dont seuls quelques fragments ont paru en 2005-2006 dans une revue culturelle cubaine. Un inédit donc dont l’original en espagnol n’a jamais été édité.



François Vallée a su incarner en français cette prose poétique labyrinthique, souvent déstabilisante, car elle ne ressemble à nulle autre.



Pour évoquer l’histoire d’amour tragique de Verónica et d’Andrea narrée par la voix de celui (ou celle) qui les a présentés l’un à l’autre et qui forme avec eux « un conglomérat massif » , Nivaria Tejera procède comme le feraient les peintres ou musiciens dont il est souvent question dans « Trouver un autre nom à l’amour » : par touches successives, par refrains, par redites, par méandres, par creusements, par croisements, pour trouver le mot au plus près de ce qui doit être dit et former une construction inédite « comme celle du Facteur Cheval.»



Une basse continue qui est la recherche du sens de l’amour, de la mort choisie ou non, de la création, de l’écriture, et surtout de l’absence, sur laquelle se greffent des variations sur différents motifs : la nature, la mer, les îles « escarpant à peine l’océan », Paris, Mahler, Baudelaire, Masaccio, Giotto, entre autres.





Ce texte si profondément original, dénué de toute facilité et de tout compromis, est habité par une âme inquiète qui ne peut que bouleverser un lecteur sensible et le chavirer de gratitude.



Merci à Nivaria Tejera d’avoir parlé de Gustave Roud, poète vaudois, d’avoir dit que « la beauté est une source d’oubli de soi, de vide incommensurable », d’avoir utilisé les mots « nitescence », « concrescent », d’avoir parlé des « rôdeurs interlopes » qui peuplent nos rêves.



Merci à Nivaria pour n’avoir jamais clairement tracé les frontières entre le réel et le rêve, pour avoir su qu’il fallait « trouver un autre nom à l’amour et le réinventer afin de tout rendre supportable … »



Merci à Nivaria d’avoir écrit un poème organique, en mouvement, comme un ensemble de cellules, que l’on peut lire linéairement, mais aussi en tournant les pages au hasard pour faire des images et des mots saisis ainsi aléatoirement un nouveau texte, notre propre refuge.













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Le ravin

« J 'avais imaginé la guerre comme nous l'explique l'Histoire sainte ou encore ce grand livre des Croisades que tante nous lisait quelquefois.une guerre toute différente, où de grandes armées s'entrechoquaient avec des lances et des armes difficiles à manier et où les braves triomphaient des lâches. J'aurais trouvé stupide de penser que la guerre pût pénétrer ainsi dans les maisons et jusque dans le ventre pour leur ôter l'habitude de manger tous les jours. »



Le ravin c'est celui où l'on enterre les fusillés. C'est celui qui hante l’imaginaire de cette enfant, qui voit la guerre de ses yeux à elle, à travers les mots des adultes qu'elle peut capter, ceux qui tâchent de la protéger comme ceux qui l'inquiètent, à travers surtout la vie qui change, devient dure et impitoyable, sous l' intrusion de la violence. C'est un puzzle de détails captés qui lui donnent une intuition à défaut d'une connaissance, qui la laissent seule avec ses angoisses, les genoux du grand-père ne suffisant pas à la délivrer de cette solitude affamée et glacée.



Un regard bien différent des adultes, donc, un assemblage de petites touches, qui souvent font sens, mais parfois sèment une confusion, exprimé dans une langue fluctuante, parfois d'une poésie fantasque et (trop) réfléchie qui a su me désarçonner, parfois plus factuelle et sèche, plus accessible aussi.



Expérience mitigée donc que cette lecture, qui offre un regard nouveau et décalé d'un guerre où fusils et bombes ne sont pas l'agression première.
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Détective consultant britannique, je suis connu pour mon sens aigu de l'observation. J'acquiers la célébrité grâce à mon collègue et ami, le docteur Watson, qui aime relater mes exploits dans le Strand Magazine. Quand je n'enquête pas pour arrêter de redoutables criminels comme Moriarty ou le Colonel Sebastian Moran, j'aime jouer du violon ou écrire de « passionnantes » monographies sur les cendres de cigarettes. Je suis... (Indice : c'est presque moi !)

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