Aedan allongea sa foulée, encore, allant puiser dans ses dernières ressources. La sirène se rapprochait, de plus en plus forte, de plus en plus oppressante. Aedan refusa de se retourner pour les voir arriver derrière lui.
- Nous avons plusieurs Porteuses qui correspondent à vos attentes. Certaines n'ont pas encore été réservées. Mon collègue va vous fournir une grille tarifaire les concernant, en fonction de vos souhaits.
- La seule chose que l'on te demande, la seule chose que l'on attende de toi, c'est de créer la vie, créer la population à venir. Et beaucoup diraient qu'il s'agit d'un privilège.
Elle devait admettre que le nombre de cas de maladies graves avait considérablement baissé, jusqu'à en devenir plutôt rares. En ça, la Prolificité avait réussi. Mais à quel prix ?
Le silence retomba alors sur la rue, plus oppressant que jamais.
Aedan le savait, il n’était pas près d’oublier les appels à l’aide déchirants de cet homme à l’agonie.
"Si quelqu'un l'apprend, on me dénoncera.
Et on me jettera en prison.
Hors de question que ça arrive.
Je dois continuer de mentir."
- Et toi, tu es prête pour ton insémination mercredi ?
Inaya haussa les épaules, l'air morose.
- Ce n'est pas comme si j'avais le choix.
- Je travaille ici depuis presque quinze ans. Et j'ai appris ces derniers temps certaines choses qui m'ont poussée à agir aujourd'hui.
- Incroyable quand on y pense.
- Quoi donc ?
- Inaya n'a fait qu'une seule erreur, et c'est ce qui va la sauver aujourd'hui.
Le Protocole était très strict à ce sujet : les Porteuses et leurs bébés devaient être séparés dès le cordon ombilical coupé.