" Je m'appelle Nojoud et je suis yéménite. Mariée de force par mes parents à un homme trois fois plus âgé que moi... " L'histoire d'une petite fille qui a osé défier l'archaïsme des traditions de son pays en demandant le divorce... et en l'obtenant ! Une première dans ce pays du sud de la péninsule arabique, où plus de la moitié des filles sont mariées avant leurs 18 ans. Son courage a été largement salué par la presse internationale. Élue " Femme de l'année 2008 " par le magazine américain Glamour, passée du statut de victime à celui d'héroïne, elle raconte son histoire pour briser le silence sur les épouses-enfants et donner espoir.
-Es tu toujours vierge?
J'avale ma salive.J'ai honte de parler de ces choses là. C'est génant. Dans mon pays, les femmes se doivent de garder leurs distances avec les hommes qu'elles ne connaissent pas.En plus ce juge,après tout c'est la première fois que je le vois.Mais,à cet instant même je comprends que si je veux m'en sortir, je dois me jeter à l'eau.
-Non...j'ai saigné...
Quel bonheur de ne pas craindre les coups de bâton, de ne pas trembler à l'idée d'aller se coucher, de ne pas sursauter au moindre bruit de porte qui claque ! Malgré toute cette attention, mes nuits sont encore agitées. Dès que je m'endors, j'ai l'impression que l'ouragan me guette et que, si je ferme les yeux trop longtemps, la porte risque à nouveau de s'ouvrir. Et le monstre, de revenir... Quelle peur, quelle souffrance ! le juge Abdel Wahed dit que c'est normal, et qu'il me faudra du temps pour oublier tout ce mal.
Dans les campagnes, un proverbe assure : "Un mariage avec une fille de neuf ans est la garantie d'une heureuse union".
La vie est ainsi faite, Nojoud. Toutes les femmes doivent en passer par là. Nous avons toutes vécu la même chose...
Mais pourquoi ne m'avait elle rien dit? Pourquoi ne m'avait elle pas prévenue,
- Je veux aller au tribunal! Lançai-je au chauffeur, qui me dévisagea, étonné.
[...]
La joue gonflée de qat, le chauffeur était à mille lieues de se douter à quel point je lui étais reconnaissante de ne pas me poser des questions.
Il était, sans le savoir, le complice silencieux de ma fugue.
-La nature que Dieu a créée est bien dure, mais heureusement il a crée des hommes encore plus résistants dit il.
Eh bien, pensai je, s'il disait vrai, alors Dieu avait du m'oublier.
"A chacun de mes voyages à Sanaa, elle me demande des crayons de couleurs. Accroupie à même le sol du modeste salon familiale, elle dessine toujours la même bâtisse multicolore avec pleins de fenêtres. Un jour, je lui ai demandé si c'était une maison, une école ou un pensionnat. " C'est la maison du bonheur. Celle des petite filles heureuses", m'a-t-elle répondu avec un grand sourire."
La fête du divorce, c'est vraiment mieux que la fête du mariage !
Le grand moment arrive, celui que j'attendais tant. Le moment de la punition des fautifs. Comme à l'école quand l'institutrice nous envoyait au coin... Pourvu que je gagne contre le monstre. pourvu qu'il accepte le divorce.