Nora Roberts

Utiliser votre fils pour arriver à mes fins serait non seulement mesquin, mais malhonnête vis-à-vis de lui.

Mais il n'était plus un gamin qui n'a qu'à tendre la main pour s'emparer d'un jouet convoité sans se soucier des conséquences... Il n'était plus libre de faire ce qui lui plaisait quand cela lui plaisait. Qui plus est, il ne désirait pas qu'il en fût autrement. Alors, il allait se contenter d'offrir son savoir-faire professionnel à Kate Kimball, de prendre son argent, et de garder avec elle soigneusement ses distances.
En s'efforçant d'oublier les images affolantes de son corps parfait de danseuse qui lui assaillaient l'esprit...

Avec un peu de courage et beaucoup d'huile de coude, se dit-il pour se réconforter, il était toujours possible de venir à bout de tout.

S'il n'en avait tenu qu'à lui, il aurait abandonné son crayon séance tenante pour consacrer le reste de la soirée à ce miracle permanent qu'était son fils dans sa vie. Au diable le travail, les délais, les responsabilités... Une seule chose lui importait plus que tout cela : finir ce qu'il avait commencé. En effet il n'y avait pas de tâche plus essentielle à ses yeux que d'avoir à élever Jack.

Je n'ai aucune compétence en matière de danse. La seule chose sur laquelle je me sois adjugé un droit de regard, c'est la musique.

Il ne méprisait rien tant que ces producteurs qui faisaient travailler leurs dernières conquêtes au mépris de toute considération artistique. Car si Reed n'avait rien d'un créatif, il admirait plus que tout le travail des artistes. Il s'était toujours efforcé de maintenir chez Valentine Records un niveau d'exigence et de qualité maximal. Il refusait de céder aux sirènes des profits faciles, aux attraits de ces interprètes jetables dont le nom était oublié au bout de quelques mois. Les musiciens qui travaillaient pour lui le savaient. Ils reconnaissaient tous qu'ils lui devaient beaucoup.

La jeune femme ne regrettait pas cette étrange jeunesse. Car ses parents étaient de véritables conteurs doués d'une imagination féconde qui leur permettait d'inventer sans cesse des histoires abracadabrantes et magiques qui avaient fait la joie de leurs filles.
Elle avait beaucoup appris d'eux. Plus que l'art de la mise en scène et les aspects techniques de la danse, ils lui avaient enseigné un mode de vie, lui donnant le goût de la liberté et le mépris des préjugés.

Je connais exactement mes besoins nutritifs. Cela fait partie des choses à savoir lorsque l'on est danseuse. C'est d'ailleurs le seul aspect de ce métier que je déplore. J'adore manger et, de temps en temps, je m'autorise même quelques excès. Enfin, seulement lorsque j'ai quelque chose à célébrer...

Les femmes ondulaient lascivement du bassin, aguichant les hommes, s'approchant d'eux jusqu'à les frôler avant de s'écarter. C'était un véritable ballet de provocations, une mise en scène parfaite de la séduction.

Entre la pensée et le geste, il n'y avait pas de médiation, pas de représentation.

Malheureusement, quel que soit l'accueil du public, il sera trop tard pour faire marche arrière. La seule chose que nous pouvons faire, c'est donner ce que nous avons de meilleur et ne pas ménager nos efforts.

Les interprètes doivent toujours rester dans le doute. Cela les empêche de se laisser aller à la facilité. Ils continuent à chercher, à expérimenter, à se remettre en question...

A cinq ans, elle avait déjà appris à anticiper les réactions des spectateurs, à reconnaître leur état d'esprit, à percevoir leurs changements d'humeur. Elle avait compris comment adapter son jeu à son auditoire et influer de façon subtile sur ses dispositions. C'était ce qui faisait parfois la différence entre un spectacle réussi et un échec cuisant.

...les danseurs y répétaient durant des heures leurs mouvements, jusqu'à ce que leurs muscles soient tétanisés par l'effort, jusqu'à ce que leur respiration se fasse haletante. C'était le prix à payer pour faire naître cette magie qu'était la danse.

Les plus grandes comédies musicales y avaient été montées loin des yeux des spectateurs qui les découvriraient bien plus tard sans imaginer le travail et les efforts déployés pour réaliser le spectacle qui illuminerait un soir de leur vie.

La question est de savoir si tu pourrais vraiment supporter... si tu le désires vraiment... enfin, ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas forcément une bonne affaire de mêler ta vie à la mienne.

On ne peut pas changer le monde, sauf des petits morceaux Mais cela en vaut la peine.

Trace... elle l'aimait tant. Toute sa vie, elle avait espéré éprouver ce sentiment qui lui faisait battre le cœur plus vite et lui donnait le vertige. Et qui lui donnait la sensation de vivre pleinement. Mais elle ne s'attendait pas à rencontrer l'amour au beau milieu de la pire crise de sa vie. Pourtant, crise ou non, le sentiment était là, énorme, envahissant, et merveilleux.
Bien sûr, elle allait devoir attendre pour le partager. Un jour viendrait où elle en parlerait librement. Elle n'avait pas espéré toute sa vie tomber amoureuse pour qu'on lui refuse le plaisir de s'exprimer. Mais elle pouvait faire preuve de patience.

S'il y avait une chose à laquelle elle était habituée, c'était bien les mâles réticents.

Chacun fait le chemin qu'il peut.