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Citation de Nastasia-B


Ce livre est à la fois une étude anatomique et une mise en accusation de l'industrie de l'Holocauste. Mon propos est de démontrer que " l'Holocauste " est une représentation idéologique de l'holocauste nazi*. (* Dans ce texte, " holocauste nazi " désigne l'événement historique réel, et " Holocauste ", sa représentation idéologique.)
Comme la plupart des idéologies, elle revêt un certain lien, même s'il est ténu, avec la réalité. L'Holocauste n'est pas une construction arbitraire, elle a sa cohérence interne. Ses dogmes centraux sont au service d'importants intérêts politiques et sociaux. L'Holocauste s'est vraiment révélé une arme idéologique indispensable. Grâce à la mise en œuvre de cette industrie, un pays doté d'une puissance militaire parmi les plus redoutables, présentant un dossier désastreux en matière de droits de l'homme, s'est assigné à lui-même un rôle d'État-victime, et le groupe ethnique** qui réussit le mieux aux États-Unis a lui aussi acquis un statut de victime. Cette façon spécieuse de se poser en victime rapporte des dividendes considérables et en particulier elle immunise contre toute critique, si justifiée soit elle. J'ajouterai que ceux qui jouissent de cette immunité n'ont pas échappé à la corruption morale qui va habituellement de pair avec elle. De ce point de vue, ce n'est nullement un hasard si Elie Wiesel est devenu l'interprète officiel de l'Holocauste. Il n'a pas acquis cette situation par ses engagements humanitaires ni par ses talents littéraires***. Il joue ce rôle important parce qu'infailliblement il donne corps aux dogmes et soutient les intérêts de l'Holocauste.

(**N. d. T. : " Ethnic group " est une expression très courante aux États-Unis pour désigner les minorités. On l'a conservée ici, dans ce contexte américain, malgré ses connotations désagréables en français.)
(*** Sur les états de service de Wiesel dans la justification d'Israël, voir Norman G. Finkelstein et Ruth Bettina Birn, " A Nation on Trial, the Goldhagen Thesis and Historical Truth ", New York, 1998 (trad. fr. par Denis Berger, " L'Allemagne en procès : la thèse de Goldhagen et la vérité historique ", Albin Michel, 1999). Son dossier sur d'autres points n'est pas brillant. Dans un nouvel ouvrage, " Et la mer n'est pas remplie : mémoires II " (Paris, Le Seuil, 1996), Wiesel explique son silence sur les souffrances des Palestiniens en ces termes étranges : « Malgré les pressions plus ou moins fortes auxquelles j'étais soumis, je refusais de prendre publiquement position dans le conflit israélo-arabe. » (p. 192) Dans sa revue détaillée de la littérature sur l'Holocauste, le critique Irving Howe évacue le vaste corpus de WIesel en un seul paragraphe où l'on trouve cet éloge nuancé : « Le premier livre d'Elie Wiesel, " La Nuit " [Éditions de Minuit, 1973] [est] écrit de façon simple et sans facilités rhétoriques. » Un autre critique, Alfred Kazin, est du même avis : « Depuis La Nuit, rien ne vaut la peine d'être lu. Elie n'est plus qu'un homme de spectacle. Il s'est défini lui même devant moi comme " un conférencier déchiré ". » (Irving Howe, " Writing and the Holocaust " in New Republic, 27 octobre 1986 ; Alfred Kazin, " A Lifetime Burning in Every Moment ", New Tork, 1996, p. 179)
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