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3.87/5 (sur 34 notes)

Nationalité : Portugal
Né(e) à : Mexilhoeira Grande , le 29/04/1949
Mort(e) le : 17/03/2024
Biographie :

Écrivain portugais connu surtout pour son œuvre poétique.

Né à Mexilhoeira Grande, en Algarve (Portugal) en 1949, Nuno Júdice étudie la philologie romane, en particulier la littérature médiévale ibérique . En 1969, il entre comme critique littéraire à la rédaction de O Tempo e o Modo, revue qui rassemble plusieurs sensibilités nées dans la mouvance de Mai 68. Il est révélé en 1972 par le livre A Noção de Poema (La Notion de Poème). Avec les années, il devient un critique très influent au Portugal comme commentateur de la modernité. Il publie régulièrement de la poésie, des essais, des romans… Son œuvre littéraire traduite en de nombreuses langues, a été plusieurs fois couronnée (en 1973, le prix de poésie Pablo Neruda). De 1985 à 1991, il vit en Suisse, à Berne, puis Nuno Júdice est nommé professeur de littérature comparée à l’Université Nouvelle de Lisbonne, il devient ensuite directeur l’Institut Camões à Paris. Il a fondé en 1996 la revue de poésie Tabacaria, publiée par la Casa Fernando Pessoa à Lisbonne.

Il est décédé le 17 mars 2024, à l'âge de 74 ans.
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Source : http://www.bibliomonde.com
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Vidéo de

Nuno JÚDICE – Un anti-Pessoa ? (France Culture, 1999) L’émission « For Intérieur », par Olivier Germain-Thomas, diffusée le 10 octobre 1999 sur France Culture. Invité : le poète en personne !


Citations et extraits (118) Voir plus Ajouter une citation
Nuno Judice
POUR ÉCRIRE LE POÈME

Le poète veut écrire sur l’oiseau :

et l’oiseau s’échappe du vers.

Le poète veut écrire sur la pomme :

et la pomme tombe de la branche où il l’a posée.

Le poète veut écrire sur une fleur :

et la fleur se fane dans le vase de la strophe.

Alors, le poète fabrique une cage de mots

pour que l’oiseau ne se sauve pas.

Alors, le poète fait venir le serpent

pour qu’il convainque Ève de croquer la pomme.

Alors, le poète verse de l’eau dans la strophe

pour que la fleur ne se fane pas.

Mais l’oiseau ne chante pas

quand on l’enferme dans sa cage.

Le serpent reste tapi dans son trou

parce que Ève a peur des serpents.

Et l’eau qui devait maintenir vivantes les fleurs

se déverse entre les vers.

Mais quand le poète a eu posé son stylo,

l’oiseau s’est mis à voler,

Ève s’élança à travers les pommiers

et toutes les fleurs sortirent de terre.

Le poète reprit son stylo,

écrivit ce qu’il venait de voir,

et le poème fut composé.
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BOTANIQUE

ll n’y a pas de différence entre la texture des mots
( je dis bien des mots, et non du tissu ou du cristal )
et l’impression que la surface de certaines feuilles
laisse sur les doigts : je me réfère à des feuilles comme celles des
platanes, des peupliers, et aussi des
cyprès. L’impression se transmet à l’âme,
ou à ceci, qui, en nous porte ce nom, et nous mène
vers un décor étrange d’idées et d’ombres où,
comme dans la caverne du philosophe, on ne voit pas la lumière
entrer : comme en songe, tout vibre dans le cœur
de l’obscurité. Alors, d’un geste brusque, j’arrache
ces feuilles. Pourtant, sur le sol, séparées de leur branche,
elles ne me disent rien, sinon que, dans le dictionnaire,
il est écrit : organe souvent en lame mince de couleur verte des plantes
à fleurs ou phanérogames...

MÉDITATIONS SUR DES RUINES ( 1994 )
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Ce poème pourrait ne pas avoir de  début
ni de fin, sortir des arbustes
du printemps comme l’oiseau de ce soir,
et voler de la terre au ciel dans la ligne du vers,
vers le destin que nous ne voyons pas. Il pourrait aussi
courir comme l’eau d’un fleuve,
et montrer sa transparence dans les
paroles que le temps a endurcies. Mais
le poème a la même durée qu’un homme,
et son cœur bat en même temps qu’il l’anime
du souffle d’une vie. Après, je le prononce
doucement, et il s’entend comme une voix
qui passe par chaque syllabe, en m’expliquant
la vérité qui l’habite. Mais,
dans le silence qui surgit par la suite,
le poème me dit ce que je ne saurai jamais
dans l’intervalle du temps où je le prononce.
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Nuno Judice
L’ARRIVÉE DE L'AMOUR

L’amour est arrivé, il a débarqué sur le quai
où personne ne l’attendait, et il a fait
trembler toute la ville, comme si
l’amour l’avait touchée.

Mais quelqu’un l’a vu sortir
du bateau, et l’a conduit jusqu’à la file d’attente
de la douane, où on lui a demandé : "d’où
venez-vous ? Qu’est-ce que vous apportez
avec vous ? Montrez-nous
votre passeport." L’amour n’a pas compris
ce qu’on lui demandait ; il a posé l’arc sur
la table, et avec lui les flèches.

Tout a été confisqué : on ne veut pas d’agressions
dans cette ville ; les armes blanches sont
interdites. Et l’amour, sans passeport, est resté sur le quai,
entre les poubelles et les vagabonds,
désœuvré.

Et la nuit, quand la ville
s’endort, tout le monde se demande
quand l’amour viendra.
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Un chat à la maison, seul, monte
sur le rebord de la fenêtre pour, de la rue,
être vu.

Le soleil frappe les vitres et
réchauffe le chat qui, immobile,
semble un objet.

Il reste ainsi pour susciter
l'envie-indifférent
même si on l'appelle.

Par je ne sais quel privilège,
les chats connaissent
l'éternité.
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RECETTE POUR FAIRE LE BLEU

Si tu veux faire du bleu,
prends un morceau de ciel et mets-le dans une grande marmite,
que tu puisses porter au feu de l'horizon ;
puis mélange-le avec un reste de rouge
de l'aube, jusqu'à ce qu'il ait fondu ;
verse le tout dans une bassine bien propre,
pour qu'il ne reste rien des impuretés de l'après-midi.
Pour finir, tamise un reste d'or du sable
de midi, jusqu'à ce que la couleur attache au fond métallique.
Si tu veux, pour que les couleurs ne passent pas
avec le temps, jette dans le liquide un noyau de pêche brulé.
Tu le verras fondre, sans laisser la moindre trace comme si
tu ne l'y avais pas mis ; et le noir de cendre ne laissera
pas même un reste d'ocre sur la surface dorée.
Tu pourras alors porter la couleur à hauteur
des yeux, et la comparer au bleu authentique.
Les deux couleurs te paraîtront semblables, sans qu'il
te soit possible de les distinguer l'une de l'autre.
Voilà comment j'ai procédé - moi, Abraham ben Judas Ibn Haïm,
enlumineur de Loulé - et comment j'ai laissé la recette à qui voudrait,
un jour, imiter le ciel.

MÉDITATIONS SUR DES RUINES ( 1994 )
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Le réalisme

La personnalité d'Antero de Quental est bien différente, sa destinée tout autre. A partir d'une vocation qui oscille entre la poésie, la révolution et la philosophie, tout en lui est contradictoire. (...)
Sa poésie est ce qui a survécu principalement. On y perçoit le quotidien d'un esprit qui a souffert des péripéties d'une existence nomade qu'imposait en partie sa dépression chronique, qui ne le laissa que rarement au repos. (...)
Ses contemporains le considéraient comme un saint et le nommaient ainsi, sans doute à cause de sa vie de célibataire, déliée de tout engagement et de tout idéal autres que ceux de l'esprit et de la poésie. (p. 26)
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CLEARLY CAMPOS
(citation)


Une seule fois
l’amour a suspendu sa phrase ;
une seule fois
le fleuve a débordé sur la berge ;
une seule fois
les astres se sont éteints ;
une seule fois
j’ai entendu le silence des vents.

Le hasard
ne conjugue pas les coïncidences :
il les résout
dans un échange de regards
que les amants avaient cru
éternel

Et je descend cette page
jusqu’au bout de la rue
— en vain.

Le bureau de tabac
a fermé ce soir,
seulement une fois

— la dernière fois.

p.152-153
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LISBOAXACA
pour Karla et André


Entre l’ancien et le nouveau monde,
entre les nuages d’un désir de voyage
et les ondes qui nous font rester,
le printemps fit le jour où s’entendirent
les mots les plus secrets,
les mots qui se lisent seulement
dans les dictionnaires du cœur,
avec les significations qu’un rire peut ouvrir
avec la clef des hauts plateaux,
faite des rêves que les yeux
découvrent dans l’infini des océans.

Et quand se sont croisées les barques
de l’ancien et du nouveau monde,
portant la racine du soleil naissant
et le maïs des lunes plus lumineuses,
deux regards aussi se sont croisés,
l’un questionnant l’autre, comme
si la réponse n’était pas donnée
dans le dictionnaire du cœur,
dans la signification d’un rire,
dans la clef que les yeux firent tourner
ouvrant le chemin de ce voyage commun.
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Nuno Judice
Projet

En hiver, écrire un poème avec la boue
des chemins, là où les bottes s’enfoncent
et les pas sont lents ; et quand arrive
le printemps, arracher les vers des tiges et
les poser sur le blanc de la page afin que le soleil
les réchauffe de son feu. Regarder l’ombre
des nuages que le vent emporte au loin, et
écouter le chant des oiseaux dans l’intervalle
des mots, pour que le silence ne s’installe pas
à chaque césure. Il est alors nécessaire que les images
s’effondrent afin que la strophe s’équilibre sur
les fondations du symbole et puisse reconstruire,
à partir des ruines, l’édifice du poème pour
l’habitation de l’homme, aussi fragile qu’il
soit, dans le no man’s land de sa solitude.
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