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Citations de Nunzia Benedetti (12)


Je veux d'autres soirs ! Je veux m'endormir après des journées riches en apprentissages , avec des soucis de bon père de famille et d'honorable époux, pour m'éveiller heureux d'aller gagner ma vie honnêtement .
Je veux veux faire des enfants qui n'auront pas la faim perpétuellement au ventre, qui ne s'endormiront pas dans le froid et la peur, qui ne travailleront pas à six ans, qui ne mourront pas faute de médicaments et qui pourront jouer dehors sans risquer de sauter sur une mine !
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Bien sûr, nous avons pris la mer de nuit… Seule,elle a déjà une immense présence ; mais de nuit cette sensation s’amplifie et laisse une impression
inquiétante, comme une ombre planante, sombre et glaciale… Je suis resté muet d’effroi devant la frêle
embarcation dans laquelle nous nous sommes entassés furtivement.
Personne ne semble réaliser que cette équipée silencieuse et nocturne est surréaliste !
À cet instant, je pense à mon oncle et à ses récits,le soir, sur la Grèce antique et à l’histoire de Charon,ce personnage de la mythologie, chargé de faire traverser aux âmes des défunts, le fleuve menant aux Enfers.
La nuit brumeuse aidant mon imaginaire, je regarde dubitatif s’éloigner notre coquille de noix,notre bateleur, tel Charon, debout, poussant d’une rame la barque vers le large.
Nous voilà sur l’Achéron !
Je crois qu’il faut être très fou ou très désespéré pour s’engager dans une telle expédition.
La plupart des gens qui m’entourent ne savent pas nager. Il y a des enfants et même un bébé !
Nous nous serrons les uns contre les autres, sans parler, tous épuisés et meurtris par la première étape de notre longue errance. Nous sommes trop nombreux mais personne ne semble en avoir conscience.Il fait froid, nos haillons sont humides et un vent
glacé frappe violemment notre embarcation de fortuneLe temps est suspendu, nous virevoltons de vagues
en vagues, sautant brutalement de creux en bosses,malmenés par des éléments ambivalents et un vent perfide…
Personne ne parle.
Nous sommes tous terrassés par le froid, la fatigue,la soif, la peur… Je me surprends à regarder avidement le bébé qui tète sa mère… Je ne suis pas le seul…
Une bouteille d’eau circule. Chacun en boit une gorgée qu’il garde longuement dans sa bouche, puis donne la bouteille à son voisin. Personne ne tente de boire plus que sa part. Nous sommes seuls en haute mer, si nous nous battons nous sommes morts ! Nous le savons d’autant que déjà, certains ont succombé.
Nous avons dû nous résigner à les jeter par dessus bord.
Comment faire autrement ?
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Je laisse mes pensées vagabonder, chastement, sur les soies qui enveloppent cette jeune fille qui me plaît secrètement.
Elle est aussi timide que moi mais nous parlons un peu ensemble parfois.
Il n'y a rien là de répréhensible, nous nous enlisons dans une discussion anodine pour ne pas nous avouer que nous nous plaisons.
Nos familles s'estiment et se respectent mais hélas elle est déjà promise à un autre.
Alors, ces regards surpris et craintifs, cet empourprement qui frémit le long du dos, les effluves de l'un s'amarrant dans la mélancolie de l'autre, sont nos seuls et plus grands péchés.
Elle passe et le parfum de ses cheveux me hante à l'infini...
Voilà les seules offenses faites à nos vénérés parents.
Ici un amour qui n'est pas béni par les familles ne peut que s'éteindre dans un sursaut de malédictions et de déshonneurs.
C'est pour ces raisons que nous nous évitons, car nous sommes toujours confrontés l'un à l'autre dans des hasards dont la cruauté ne s'érode jamais... Nos regards se fuient pour l'honneur mais nos cœurs se heurtent à l'infini, comme les vagues qui s'enroulent sur le rivage avant de mourir en caresses ultimes de l'eau à la terre... À l'infini... Nous n'aurons jamais rien d'autre que ce frisson de l'interdit et du désir qui nous effleure parfois.
Cet enchantement qui nous enlace, lorsque nous pressentons, d'un regard embarrassé, la passion sous-jacente et suave qui nous attache l'un à l'autre... cet attrait noble qui nous relie, relève du sublime !
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J'ai été élevé à la dure vous savez.
C'était pas un tendre mon père. Il buvait, il nous frappait tous , ma mère devait me tenir pendant qu'il me donnait des coups de ceinture.
Des coups, il m'en donnait tout le temps, pour des bêtises de rien.
Dès qu'il rentrait, nous n'avions plus de souffle, à guetter sur qui il tomberait et pour quelle obscure raison ...C'était comme ça, personne ne disait rien, il ne fallait jamais le contredire.
Moi, j'étais celui qu'il aimait le moins, mais le pire c'était pour ma mère, quand elle ne hurlait plus il sortait les pinces...
Des pinces monsieur le juge, des tenailles si vous préférez. Quand elle s'évanouissait, il la réanimait pour recommencer...
Moi, je n'ai jamais utilisé de pinces, je ne suis pas comme lui...
La baignoire! Mais c'était un moment d'égarement, rien de plus.
Je ne cherchais pas vraiment à la noyer, je voulais juste lui faire peur.
Elle le savait bien puisqu'elle m'avait pardonné.
Elle m'avait pardonné, je vous jure!
C'était pas méchant la baignoire...j'avais juste un peu bu, c'est tout, pas de quoi fouetter un chat n'est-ce pas?
C'est parce que je l'aimais trop!
Il ne fallait pas qu'elle me quitte, j'aurai réussi à arrêter de boire, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain ces choses-là.
Elle n'était pas assez patiente avec moi.
Plusieurs mois qu'est-ce que c'est dans un mariage?
On est marié pour le meilleur et pour le pire n'est-ce pas?
Elle n'était pas assez patiente ni assez docile, elle ne restait pas à sa place de femme!
Il faut que chacun reste à sa place non?
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Je suis un monstre. Mes apparences sont autant de leurres et mes pulsions illicites me guident. Je suis colère, je suis violence et émotion. Je fais gicler la terreur en sursauts suraigus ! Trancher net la voix à l’intérieur de la gorge éperdue. J’aime ça ! Je les monte, d’un sourire aiguisé… Entre mes lèvres sang, d’un pli vertigineux, glissent en eux mes dents solides aux apparences sages…
6
Ils suivent, pour la plupart, le mouvement houleux de mes hanches le long d’un quelconque escalier… Ils glissent leurs pantalons sur leurs chaussures et se raidissent quand en lieu et place de ma bouche ils sentent ma lame… Leurs vies s’écoulent sur le sol, en simples jets… Chaude et humide encore de leurs peurs, je redescends sur terre. Ils me croient jeune, mais j’ai quelques siècles et quelques excisions de trop !
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Ici, aux frontières du monde libre, pour passer, la seule chance, c'est l'union, la coalition ! Pour tromper les gardes, il faut attaquer en force,proliférer, envahir en nombre subitement, parmi une centaine d'autres, escalader malgré les les fils barbelés, courir malgré les pieds meurtris, ré-escalader après avoir évité les balles et les chiens, sauter à nouveau d'une demi-douzaine de mètres et disparaître dans la nature..
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Nous sommes tous des hyménoptères* éparpillées sur le macadam , zigzaguant entre nos gîtes fongoïdes* , quasi abouliques* ,
prêtes à entamer la litanie du premier psalmiste* qui passe , si tant est qu'il soit meilleur orateur que les autres et qu'il verse des psycholeptiques surtaxés sur nos plaies purulentes !
Et les punaises de sacristies , Tartufes et autre calotins , se gavent à nous dicter notre conduite , en dissimulant leurs perversités sous jacentes derrière des robes rouges ou de longues barbes ...
Nous nichons dociles et malléables , dans des logis-cages , parqués par centaines , agglutinés sur la colline , comme une nuée de petits morpions affamés sur un cul merdeux .
Notre société psychorigide nous crée avides et impersonnels , alors qu'elle nous veut maniables et aphones .
Quelle farce cynique que cette existence de pantin désarticulé !
Nous sommes des grains de sable sans importance ...
Peu d'entre nous sont indispensables ...
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J’ai appris les crachins, les orages, les tempêtes… J’ai appris, non sans mal, à plier l’échine pour ne pas me briser, je me suis brisée quand même, maintes fois, avec la même naïveté stupide et étonnée. Mais je n’ai pas appris à me frotter contre mes semblables pour avoir moins froid ni à partager la sève terrible qui me soulève… Je n’ai pas pu parce qu’elle était là ! C’était mon Éden ou le sien ! Non ! Je n’avais pas le choix ! Il fallait que je répare tout ! Cette abominable erreur de distribution ! Elle avait tout ! Et surtout, perpétuellement, l’affiche d’un profond mépris à mon égard. Alors, ce sentiment immonde de désir empreint d’une irritation sourde et de haine solide, cette impression terrible, cette envie, cette jalousie lancinante, cette convoitise aveugle, s’est muée, lentement, mais farouchement, en un crabe abominable, un monstre en mon sein, bercé par la musique rythmée de mon mécontentement.
Cette frustration amère a grandi, sans faillir, elle s’est nourrie avec douleur de chaque rebuffade, digérant avec peine les lames et les bris de verre, les petites méchancetés et les grandes lâchetés ; forgeant un ressentiment acéré, au fil du temps, aux chocs des mots, au gel de mes larmes… Elle n’aurait pas dû me provoquer ! Pourtant, elle avait peur de moi, elle savait ! Après tout, c’était son œuvre ! J’étais venue sereine… Non ! Elle n’aurait pas dû ! Ce fut si bon ! Libérer la pression, ouvrir le flot à l’air libre, avec un tel rasoir, une telle détermination, je savais qu’elle plierait vite. Je ne m’attendais pas à cette pluie lourde, ce jet carmin, d’un seul coup, sur moi ! L’odeur métallique du sang m’excitait, exacerbait mon aveuglement froid. La gorge béante me souriait, ses yeux habituellement hautains se figeaient d’effroi, son sourire méprisant s’effaçait dans un rictus inoubliable… Ce fut une révélation ! Elle a souffert longtemps… sept à huit heures… un long râle délicieux à tous mes sens… une agonie formidable… une doucereuse souffrance… Je l’ai longtemps regardée… allongée dans une flaque rouge et sombre…
C’était bien !… J’ai pris le temps de tout lui dire, calmement, posément. Tranquillement, sans émotion, j’ai énuméré chacune des blessures, chacune des entailles qu’elle avait imprimées sur ma chair d’enfant… Je me suis sentie plus légère dès lors !
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La Musique !
J’ai trop besoin d’être anarchiste, de n’avoir ni Dieu ni Maître et de remercier Satan, j’ai besoin d’attendre Madeleine avec des bonbons, de pleurer Paris de Barbés à la Place Clichy, de planer au milieu des flamants roses jusqu’en Louisiane en passant par l’île de beauté...
Mes oreilles me permettent de courir, de sauter, d’une Polonaise à une chanson à boire, de clochers d’églises en plantations de cannes à sucre, d’Andalousie en Kabylie... Je suis peut-être plus riche que certains valides qui entendent au lieu d’écouter !
Aujourd’hui, je plonge avec délice dans un morceau de blues au piano, la douleur de tout un peuple, l’expression de celui qui préférait le vieux rhum à l’eau bénite, l’expression de ceux qui rejetaient la main tendue d’un Dieu blanc pour implorer l’oubli de leurs peines, exorciser les plaies d’un peuple déporté, asservi... de cette abomination est issue cette fascinante mélopée qui scande l’histoire d’une errance au goût de sang et au bruit de chaînes, l’histoire d’une révolte sous-jacente... Je perçois mieux cette musique depuis que je souffre dans ma chair et dans mon âme... Je ressens cette musique vibrer en moi depuis que la vie m’a coupé les ailes, enchaîné, enchaîné à moi-même à jamais... Un langoureux tango dans les bras de Morphée me berce, m’éloignant pour un temps des épines brûlantes qui parsèment mon épiderme.
Pour un temps, jamais assez long, car l’éveil est généralement assez douloureux.
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Et le temps danse, des motions saccadées et débitées en une logorrhée décousue mais calculée.
Et comment devinerez-vous mes cas pas cités ?
Même si, en dur rance ou en père sévère vous examinez les mots râles que je n’ai pas et constatez les ires responsables de ma déchéance.
Je n’ai pas confiance ! Jamais !
Des réponses ?
J’en possède, mais je ne me pose pas de questions.
Je ne culpabilise pas.
Qu’est-ce qui à nos mâles lie parfois mes pulsions sanguinaires ?
Vous cherchez la faille ?
Les symptômes d’une altération quelconque… Délires sémantiques ?
L’anamnèse a déjà commencé ?…
Vous êtes un pro-blême et les motions que vous suscitez font autorité.
Vous m’interrogez dans un ordre précis et immuable.
À l’aube, tenir le siège de l’entrevue et choisir l’approche… entre empathie, fermeté et neutralité.
Alors, dites-moi, qui suis-je aujourd’hui ?
Quel est mon état si vil ?
Non… je n’ai jamais confiance…
Je chante !
Même si, dans les chants, je mens…
Mes mensonges récurrents sont des habitudes ancrées dans mon ventre…
Et vainement, vous cherchez à sonder mon esprit hanté et rieur !
Alors, qui suis-je aujourd’hui ?
Quels sont mes troubles, outre les trous bleus de mon sommeil, ceux qui s’ouvrent sur le néant…
Vous voyez mon âme énurétique et glanez les quelques gouttes avidement !
Comment me souvenir ?…
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...il y a une autre vie, parfois plus passionnante, pour les gens subitement “assis”, mais j’ai trop de difficultés à envisager l’éducation d’un enfant dans cet état.
Pourtant mon enfant et moi nous sommes mis à partager des instants que nous n’imaginions même pas...
Il me fait découvrir sa musique, rythme tribal, vocabulaire imagé, et parfois délices de délires sémantiques, heureuses allitérations scandées sur des tempos ancestraux entêtants autant qu’hypnotiques... J’essaie de lui inculquer quelques connaissances de base, improvisations sublimes de pianiste de jazz, guitariste funk ou manouche, trompettiste d’antan, saxophoniste de ma jeunesse, ou les indispensables classiques : Requiem de franc-maçon et Nocturnes de nostalgique..
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Les sentiments sont d'abominables simagrées inutiles et pitoyables ...
Je ne comprends pas cette mielleuse affection qui peut cimenter deux êtres dans un carcan étroit et mensonger ...
Les Humains se jurent une fidélité qu'ils savent génétiquement impossible , et , un amour infini dans un monde périssable !..
Le sablier s’égrène sur leurs simulations sournoises ...
Je me mire , tel Narcisse , avide de sombrer dans mes propres yeux ...
L'autre n'est pas !
Et ma cupidité affective est ma force et ma faiblesse qui forge le fer avec lequel je fends fantômes et facéties...
Les évangiles vous ont caché Lilith , et , je choisis comme elle de ne pas dépendre des sentiments et du statut avilissant de mes semblables femelles .
Comme Lilith , je suis un monstre !
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