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Citations de Ocean Vuong (322)


Ocean Vuong
"La mémoire est un choix. Tu as dit ça un jour, en me tournant le dos, comme si c'était une divinité qui parlait."

(Ocean Vuong - "Un bref instant de splendeur")
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Qu'étions-nous avant d'être nous? On devait être debout sur le bas-côté d'une route pendant que la ville brûlait. On devait être en train de disparaître, comme c'est le cas aujourd'hui.
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Pour être magnifique, il faut d’abord être vu, mais être vu permet que l’on vous chasse.
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J’écris parce qu’ils m’ont dit de ne jamais commencer une phrase par “parce que”. Mais je n’essayais pas de faire une phrase – j’essayais de me libérer. Parce que la liberté, paraît-il, n’est rien d’autre que la distance entre le chasseur et sa proie.
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Depuis tout ce temps je me disais que nous étions nés de la guerre, mais je me trompais, Maman. Nous sommes nés de la beauté.
Que nul ne nous confonde avec le fruit de la violence-mais cette violence a beau avoir traversé le fruit, elle n'a pas réussi à le gâter. (p. 270)
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Ce qu’on aura toujours, c’est ce qu’on a perdu »
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Ne nommons-nous pas souvent les choses d’après leur forme la plus brève? Rosier, pluie, papillon, tortue serpentine, peloton d’exécution, enfance, mort, langue maternelle, moi, toi.
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Dans les sourires pleins d'espoir du couple, il est difficile d'imaginer que cette photo date de l'une des années les plus brutales de la guerre. (p. 63)
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Ce que j'avais envie de leur dire, en filant sur mon vélo, et aussi le lendemain matin, tous les matins, c'est ce que j'ai envie de te dire maintenant : Désolé. Désolé pour tout le temps qu'il leur faudra pour revoir ceux qu'ils aiment, pour ceux qui ne réussiront peut-être pas à repasser vivants la frontière du désert, emportés par la déshydratation et l'hyperthermie ou assassinés par les cartels de la drogue ou les snipers des milices d'extrême droite du Texas et d'Arizona. (p. 116)
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Depuis tout ce temps je me disais que nous étions nés de la guerre, mais je me trompais, Maman. Nous sommes nés de la beauté.
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Parfois, quand je suis insouciant, je crois que survivre est facile : il n’y a qu’à continuer à avancer avec ce qu’on a, ou ce qu’il reste de ce qu’on vous a donné, jusqu’à ce que quelque chose change – ou jusqu’à prendre conscience, enfin, qu’il est possible de changer sans disparaître, qu’il suffisait d’attendre que la tempête passe sur vous pour découvrir – eh bien oui – que votre nom est toujours rattaché à une chose vivante.
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Je ne sais pas ce qui m’a poussé à suivre la voix de la créature blessée, mais j’étais attiré, comme si on me promettait une réponse à une question que je ne possédais pas encore. On dit que si on désire quelque chose assez fort on finit par en faire un dieu. Mais si tout ce que j’ai jamais voulu, c’était ma vie, Maman ?
Je repense à la beauté, à ces choses qu’on chasse parce qu’on a décidé qu’elles étaient belles. Si la vie d’un individu, comparée à l’histoire de notre planète, est infiniment courte, un battement de cils, comme on dit, alors être magnifique, même du jour de votre naissance au jour de votre mort, c’est ne connaitre qu’un bref instant de splendeur. Exactement comme en ce moment, alors que le soleil pointe, bas entre les ormes, et que je ne fais plus la différence entre lever et coucher de soleil. Le monde, rougeoyant, m’apparait identique – et je perds toute notion d’est et d’ouest. Les couleurs ce matin ont la teinte élimée de ce qui est déjà sur le départ. Je pense à la fois où Trev et moi étions assis sur le toit de la remise, à regarder le soleil sombrer. Ce n’était pas tant son effet qui me surprenait – cette façon de changer en quelques instants compressés, la perception qu’on a des choses, y compris de nous-mêmes -, c’était le fait même qu’il me soit donné de le voir. Parce que le coucher de soleil, comme la survie, n’existe qu’à l’orée de sa propre disparition. Pour être magnifique, il faut d’abord être vu, mais être vu permet que l’on vous chasse.
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J'ai lu que les parents qui souffrent du syndrome de stress post-traumatique sont plus susceptibles de frapper leurs enfants. (...) Peut-être que lever la main sur son enfant, c'est le préparer à la guerre. (p. 25)
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Je sais. Ce n'est pas juste que le mot mourir renferme un rire.
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Trevor le chasseur. Trevor le carnivore, le redneck, pas

Une fiotte, un flingueur, une fine gâchette, pas une tante ou une tarlouze. Trevor le mangeur de viande mais pas de

Veau. Jamais de veau. Laisse tomber putain, plus jamais depuis que son papa lui avait raconté l’histoire quand il avait sept ans, à table : veau rôti au romarin. Comment c’était fait. Que la différence entre le veau et le bœuf c’est les enfants. La viande de veau ce sont les enfants

Des vaches, leurs petits. On les enferme dans des boîtes qui font leur taille. Une boîte à corps, comme un cercueil, mais un corps vivant, comme une maison. Les enfants, le veau, ils restent complètement immobiles parce que pour être tendre il faut que le monde vous touche le moins possible. Pour rester tendre, le poids de votre vie ne doit pas reposer sur vos os.
[…]
Les monts obscurs…

Qui ont leurs limites, comme les corps. Comme le veau.

Qui attend dans sa maison-cercueil. Pas de fenêtre – mais une fente pour l’oxygène. Nez rose pressé dans la nuit d’automne, il inspire. Les relents défraîchis de l’herbe coupée, le goudron et le gravier de la route, le goût sucré et âpre des feuilles dans un feu de camp, les minutes, la distance, le fumier terreux de sa mère à un champ de là.
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Au salon de manucure, -désolée-est un outil qu'on utilise pour bosser dans le sens du poil jusqu'à ce que le mot lui-même se change en monnaie. Il ne représente plus uniquement -une excuse-, il insiste, il rappelle: Je suis là, juste là, en dessous de vous. Il s'agit de se rabaisser de sorte que la cliente se sente dans son bon droit, supérieure et charitable. (...)
Etre désolée est payant, être désolée même ou surtout quand on n'a aucun tort, vaut toutes les syllabes d'autodénigrement qu'autorise la bouche. Parce que cette bouche doit manger. (...)
-Désolé-, pour ces hommes , était un passeport pour rester. (p. 114- 116)
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Cher Peter

Ils me traitent bien
ici ils ne me
font pas oublier
le monde comme tu
m'avais promis mais pas grave
je suis retourné dans
ma tête
en sécurité
car je ne suis pas
là le xanax
se dissout & je vais
bien ce lit
ne dérive plus
en mer la porte
se rapproche
maintenant & je vais
accoster certains jours
j'arrive à gagner
la salle de lecture
ils ont vol au-dessus
d'un nid de coucou tu
le crois mais bon

je pense que je vais mieux
même si je l'ai appris
dans la cour hier
j'ai toujours peur
des papillons
de leur mouvement tellement proche
d'un coeur
en feu je sais ça n'a
aucun sens ce comprimé
est un fragment d'os de volonté
qui brise la mienne Peter
je suis désolé
pour tous ceux
qui doivent mourir même
si j'ai eu
quinze ans un jour même
qui sait je mens
pour m'empêcher de
m'éloigner
de moi tu
ne vas pas
y croire un homme
derrière un
drugstore m'a dit un jour je peux te donner l'air
d'être vrai
merde il a dit
oh merde tu ressembles tellement
à mon petit frère
alors je l'ai laissé m'embrasser (...)

(p. 19)
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Être un garçon américain, puis un garçon américain avec une arme, c’est se déplacer d’un coin à l’autre d’une cage.
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Je serais bien incapable de citer le nom de ces fleurs. Parce que Lan ne leur en a jamais donné. Encore maintenant, à chaque fois que je vois des petites fleurs violettes, je jurerais que ce sont celles que j'ai cueillies ce jour-là. Mais sans nom, les choses se perdent. (p. 244)
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Même si la femme ne peut le lire, elle sait que cela indique un nom, quelque chose qu'une mère ou un père a donné, quelque chose qui ne pèse rien mais qu'on porte pour l'éternité, comme un battement de coeur. (p. 54)
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