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4.11/5 (sur 33 notes)

Biographie :

Océane Madelaine, céramiste et écrivain, manie les mots comme elle tourne ses pièces, avec rigueur, justesse, et la grâce de celle qui cherche la beauté de l’épure. Elle vit dans les Corbières, près de Lagrasse.
Elle signe là son premier roman, lequel vient d’être récompensé par le Prix Première 2015 de la Radio-Télévision Belge de la Communauté Française (RTBF). Océane Madelaine recevra le Prix à la Foire du Livre de Bruxelles des 24-28 février 2015.

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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Je dis je suis un corps. Je veux vos mains d'arpenteur de terrain sur le terrain de ma peau, je veux vos yeux rieurs et sérieux tout contre mes yeux à moi, je veux nos bouches , je veux votre peau plus vieille que la mienne, vos cheveux légèrement argentés sur les tempes, ce corps comme un miroir de moi plus vieille, je veux qu nous guettions les étoiles à travers la verrière, je veux que nos corps soient des clairières.
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Je marche sur la route beige ou grise, et je vois de la terre jaune partout. Elle dégueule de ma mémoire, des fossés, des nuages. C’est la terre jaune qui recouvrait la garrigue. Le père et la mère disaient que c’était pour cette couleur qu’ils avaient acheté l’immense grange en ruine, ça aurait pu être ailleurs, dans un autre village ou une autre région, mais ils voulaient qu’on apprenne à marcher dans ce jaune-là, et effectivement c’est comme ça qu’on a appris à marcher, dans cette lumière folle.
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Je voudrais perdre toute maîtrise, au contraire. Etre juste là, face aux arbres, sous l’eau, les cheveux dorés et emmêlés. Et quand je dis être, je ne songe pas à un noyau dur mais bien plutôt à des cercles concentriques, ondoyants et imprévisibles qui me lient avec le dehors, la forêt, la nuit, l’herbe, la solitude, l’eau fraîche.
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"Lorsque mes yeux distinguent à nouveau le dessin brun et gris, je me lève en titubant, avec la certitude que je ne prendrai pas la route. Je le sais, exactement de la même manière que j'ai su qu'il fallait fuir l'appartement blanc. A ce moment-là, je ne sais rien encore de Marie Prat. Je ne connais pas encore le géomètre. Il y a juste cette argile noir qui a guéri mon pied, et ce tesson qui fait revenir la garrigue. Pourtant mes pieds parlent, une fois encore. Ils disent que la terre noire est devenue une partie de moi, et que quelque chose doit arriver ici, quelque chose que je ne peux forcer ni par la pensée ni par les gestes, quelque chose qui sourd lentement. Cela se fera ici. Très calmement, je défais mon sac à dos, déroule le sac de couchage, sors le matelas sur la terrasse pour l'aérer, installe une nouvelle fois mon réchaud sur le coffre".
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C'est un trou, je le sens comme ça. Il y a un trou dans mon pied droit et dedans je suis tombée, tout entière, d'un coup, moi si verticale et si liquide, tombée dans le trou de mon pied devenu gouffre ou grotte, tombée par orgueil, par inadvertance ou par furie, parce que je ne savais pas que de vulgaires cloques pouvaient à ce point attaquer la peau, parce que je ne savais pas qu'on pouvait chuter en soi-même, s'engloutir dans le sang et le pus, parce que je ne savais pas que du point au trou il n'y avait qu'une infime distance, j'avais dit allez ce ne sont pas quelques ampoules qui vont te retenir, allez du nerf, et j'avais continué à boiter en pestant tandis que le trou prenait toute la place du pied.
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Je ne ferai plus jamais l’appel. Plus jamais ma voix au-dessus de celles des autres. Plus jamais. Je suis un point qui marche. Cette colère en moi, cette tempête des mauvais hivers qui s’est fomentée dans mes pieds, ce refus soudain d’obtempérer, de revenir chercher en septembre l’emploi du temps manigancé par un autre en disant merci, et m’acquitter ensuite d’une tâche qui m’est impossible, plus jamais, mais plus jamais cela n’aura lieu dans l’enceinte de mon corps à moi, puisque je suis fille de garrigue furieuse et que je ne conçois aucune autre autorité que celles de mes pieds.
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Je regarde, surtout. Il n’y a pas de secret quant à la fin de l’histoire ; à chaque fois, les bûches se défont lentement, attaquées par les flammes et la braise, et ne reste qu’un os charbonneux ou écarlate. Mais le mystère tient à la métamorphose, chaque fois différente, se faisant par la houle orangée, l’entêtement hargneux d’une braise lente, le crépitement. Et chaque fois je m’étonne : il y a quelque chose d’absolument neuf dans la manière qu’a le feu de se répandre.
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C'est comme si Marie Prat disait deux choses à la fois : je me moque et je vous aime. C'est comme si les visages portaient des masques mais que dessous avait lieu une vie intense et troublante, qui surgissait quand même jusqu'à moi. Et ce qui l'emporte, c'est cette tendresse et cette chaleur rieuses qui m'envahissent au fur et à mesure que j'entre dans le monde de la potière. J'ai des sanglots dans la gorge.
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J’ai vécu des années durant avec une peur terrible du feu, mais là je comprends. C’est du désir intégral, pur, violent. Ils ne dompteront jamais ce feu et ils le savent, mais ils font pour être dans le feu, avec lui contre lui, c’est pareil au bout d’un moment. Leurs visages dégoulinants de sueur arborent un sourire mystérieux. Je pense au géomètre et au désir immense que j’ai de lui et qui jamais ne brulera.
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J’étais un point. Bien défini. Noué et renoué sur moi-même – sauf que tout était noué autour d’un vide. J’adorais cette expression : faire le point. Lorsque je ne dormais pas, je faisais le point pour les courses, pour le ménage, pour le linge, pour le boulot, je pointais en permanence, dans une sorte d’usine intérieure et fliquée.
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