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4.5/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 06/12/1936
Mort(e) le : 02/08/2013
Biographie :

Odile Rudelle est diplômée d’études supérieures d’histoire (Caen, 1958), docteur d’état en science politiques de l’IEP (1976) directeur de recherche CNRS au CEVIPOF, Centre de recherches politiques de Sciences Po et désormais chercheur associée au CEVIPOF. Elle a été enseignante dans les deuxième et troisième cycles de l’IEP et membre du conseil scientifique de la Fondation Charles de Gaulle. Membre du conseil d’administration de l’Association française de droit constitutionnel, présidée par Didier Maus, conseiller d’Etat. Elle a organisé au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle en juin 2006 un colloque intitulé " Normandie constitutionnelle" où la région est prétexte à étudier un constitutionnalisme français de droits civiques courant de Guillaume le Conquérant à de Gaulle en passant par Tocqueville.
Elle a été nommée chevalier de la Légion d'honneur en 1997 et officier de la Légion d'honneur en 2009.
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Source : http://www.cevipof.com/
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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Dans les années de fondation de la IIIe République, s’est constituée à partir d’un héritage complexe une culture politique républicaine. Cet héritage inclut l’apport culturel de la Révolution française, tout du moins à travers sa phase constituante et libérale qui a établi les données fondamentales sur lesquelles se trouve fondée la société moderne : le concept des droits naturels de l’individu. Elle se réfère à la longue lutte des libéraux et des démocrates qui marque le xixe siècle et implique le rejet de la monarchie d’Ancien Régime comme du césarisme plébiscitaire qui s’est montré liberticide et contre lequel les républicains ont fondé le régime. Mais cette culture est aussi très profondément marquée par la lutte des républicains contre l’ordre moral et en particulier par la crise du 16 mai 1877. Elle débouche sur la création d’un régime original, dont Jules Ferry apparaît comme l’artisan principal et qui a su réaliser la synthèse du libéralisme et de la démocratie, ce régime de la démocratie libérale qui s’incarne dans une République fondée sur le suffrage universel, où l’exercice des libertés fondamentales est garanti et où on considère qu’il ne peut qu’aboutir à une démocratisation croissante du régime.
Tous ces principes sont posés dès 1880 et constituent un acquis qui imprègne profondément les esprits et les pratiques des fondateurs de la République.
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La IIIe République est née sans grandeur : le 4 septembre 1870 marque autant une défaite des armes face à l’ennemi extérieur qu’une insurrection héroïque ; le massacre des Communards lors de la Semaine sanglante, en mai 1871, rappelle en plus horrible la répression des ouvriers insurgés en juin 1848 ; les lois constitutionnelles de 1875 sont l’œuvre d’un compromis entre républicains et orléanistes... Bref, malgré la figure haute en couleur d’un Gambetta, rare personnage éponyme des temps opportunistes – lequel sut, du reste, troquer son image de radical patriote contre celle d’un homme d’État madré et circonspect –, le nouveau régime manquait d’élévation. L’aventure boulangiste exprimait, entre autres, la frustration d’une jeunesse insatisfaite, dont le romantisme s’était brisé sur la marmite en fonte d’une république pot-au-feu. L’affaire Dreyfus, qui éclate véritablement au début de l’année 1898, va enfin lui donner ce sceau de légende qui lui faisait tant défaut.
Le dreyfusisme, en effet, qui fut d’abord une insurrection de l’esprit contre l’injustice publique et le mensonge d’État, est devenu une référence clé de l’idéologie républicaine. Les combats menés tout au long du drame national par les partisans de la révision du procès Dreyfus et la victoire finale de ceux-ci se sont inscrits dans la mémoire républicaine, à la manière d’un mythe fondateur, demeuré encore vivant.
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Le premier tiers du xxe siècle apparaît, avec le recul du temps, comme l’âge d’or du modèle républicain. Sans doute celui-ci s’est-il, pour l’essentiel, cristallisé dans les vingt-cinq dernières années du xixe siècle, mais l’affaire Dreyfus, au prix d’un certain nombre de déformations du réel fait figure de véritable acte de baptême du nouveau modèle politique. Ce qui n’a été jusque-là qu’adaptation contingente aux circonstances historiques prend désormais figure de véritable système de valeurs qui aboutit désormais à donner son armature morale à la République, au point d’oblitérer les conceptions antérieures qui n’ont pas eu la chance de bénéficier de la durée. Désormais, la République n’est plus seulement une forme de régime, mais elle devient véritablement une idéologie politique dont se trouvent exclus ceux qui n’en partagent pas les convictions. Sans doute ce modèle politique trouve-t-il une traduction institutionnelle dans la pratique, mise en place au cours des dernières années du xixe siècle, des lois constitutionnelles de 1875, mais celles-ci, fruit des circonstances, prennent au début du xxe siècle valeur de véritable dogme, au point que le modèle politique s’identifie à elles et que toute tentative de les corriger prend désormais figure d’attentat contre la République. Mais surtout, le modèle républicain s’appuie désormais sur une véritable culture politique diffusée par l’école de la République dans laquelle les conceptions philosophiques, les références historiques, l’organisation et les rapports des pouvoirs publics, les conceptions sociales forment un tout harmonieux, un véritable « écosystème » social, politique et idéologique qui explique la solidité du régime au début du xxe siècle. L’un des éléments les plus solides de ce système est le modèle social qu’il implique. À cet égard, si on ne peut totalement assimiler au niveau des pratiques la politique sociale des opportunistes qui gouvernent à ses origines la République des républicains et celle de leurs successeurs radicaux, le projet social demeure identique : il s’agit d’assurer, dans un cadre rendu favorable à l’évolution sociale par l’action de l’État, la promotion des meilleurs, des plus travailleurs, des plus aptes. C’est véritablement, dès la période des opportunistes, une nouvelle manière de poser les problèmes du contrat social qui ne permet pas d’écarter d’un revers de main la politique sociale des républicains des années quatre-vingt. Mais il est vrai que les fondements posés par les opportunistes seront développés avec plus de hardiesse par les radicaux. Au total, on peut parler véritablement d’un modèle social républicain dont le pouvoir d’attraction est considérable et répond avec une parfaite adéquation à l’état de la société française des débuts du xxe siècle. Le prestige de ce modèle républicain à son apogée ne se limite d’ailleurs pas au cas français et il nous est montré comment il peut constituer un article d’exportation en constituant un pôle de référence pour la pensée politique italienne qui, selon ses composantes, y adhère ou le rejette. Et, durant les années 20, si le modèle républicain théorique continue à nourrir la pensée de l’antifascisme, la comparaison de la réalité française avec le modèle qui est supposé l’inspirer est source de déceptions et constitue une pièce de plus à verser à la crise du modèle républicain.
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L’Antiquité grecque et romaine est si évidemment présente dans l’imagerie révolutionnaire et impériale que nous avons certainement tendance à lui attribuer le rôle d’un modèle conscient, sinon même d’un point d’origine objectif, pour un très grand nombre d’idées, et même d’institutions. Les Français de la République et de la Grande Nation seraient en somme des Grecs et des Romains ressuscités, ceux qui auraient réveillé ce « monde mort » dont parlait Saint-Just, précisément à propos de Rome. Tout n’est certes pas faux ni arbitraire dans cette idée reçue. La lecture de la littérature politique – discours, pamphlets, ouvrages théoriques – d’époque révolutionnaire montre que les allusions ou les références à l’antique étaient un peu plus qu’une mode : au plan idéologique ou culturel, que ce soit pour s’y identifier ou s’en démarquer, on pense à Sparte, à Athènes et à Rome de façon insistante et continue. On sait d’autre part combien, dans le décor presque théâtral au milieu duquel se déroule symboliquement la grande aventure morale et politique de la Révolution et plus tard de l’Empire, les mots, les noms propres, les attitudes, les métaphores, jusqu’aux costumes, aux titres, au mobilier, tendent à créer cette impression : de Saint-Just (mais pas tellement de Robespierre) à Babeuf, de Marat et David à Bonaparte, en somme, on « se drape à l’antique ». Le fait est patent, et, dans certains de ses aspects, assez bien étudié.
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Ce que l’on peut appeler le « modèle républicain » prend corps dans les premières années du xxe siècle, au moment où le régime, longtemps contesté, acquiert une solidité qui se manifeste par l’adhésion populaire lors des élections et le triomphe d’une culture politique, largement diffusée par l’école. Toutefois, le modèle républicain ne sort pas tout armé de la crise de l’affaire Dreyfus. Il est le résultat d’une élaboration lente qui s’est organisée autour de l’épisode, considéré comme fondateur, de la Révolution française, puis dans la geste républicaine du xixe siècle dont l’épisode de 1848 et les luttes pour la République des années 1875-1898 constituent les jalons. Par ailleurs, cette élaboration s’opère à l’aide de matériaux empruntés à une histoire magnifiée et qui semble constituer, depuis la plus lointaine Antiquité, une légende dorée destinée à montrer le sens de l’histoire et aboutissant à son apogée, la fondation de la IIIe République : la démocratie athénienne, la citoyenneté universaliste et égalitaire de Rome, le triomphe de la volonté du peuple avec la Révolution française, et, spécifiquement, son aile jacobine, l’institution en 1848 du suffrage universel, enfin la consécration sous la IIIe République des grands principes révolutionnaires désormais inscrits dans une Constitution dont on veut croire qu’elle est coulée dans le bronze pour l’éternité.
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Dans le Panthéon républicain, Jules Ferry occupe une place de choix. « Fondateur » de l’école laïque comme de l’Empire colonial, Ferry a créé deux ensembles politiques où de nombreux républicains du xxe siècle auront appris et servi la République en mettant leur action sous son patronage posthume. Ajoutons qu’avec l’école laïque étendue à la mesure de sa souveraineté outre-mer, la République se sentait parfaitement fidèle à la vocation de ses origines : les « principes de 1789 » seraient enseignés aux indigènes des colonies dans les mêmes termes universalistes qu’aux enfants de France et la symbiose prendrait la figure de Jules Ferry dont la statue serait érigée à Hanoï ou à Tunis exactement comme elle l’était à Saint-Dié où il est représenté entouré d’enfants du Tonkin ou de l’Annam. Et comme le mouvement ne se prouve jamais mieux qu’en marchant, la République française aimait voir la preuve de l’excellence de ses principes non seulement dans la victoire de 1918 qui était celle du « Droit », mais aussi dans la fidélité à la France de ces populations conquises puis enrôlées sous son drapeau. Non seulement il n’y avait pas eu de révolte mais, de plus, c’était le nombre et la vaillance des troupes coloniales qui avaient permis de surmonter la crise d’effectifs qui, à partir de 1917, avait menacé de devenir dramatique.
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Dans la théorie républicaine, République et Suffrage universel sont deux notions intimement liées. La République, en tant que pouvoir démocratique, doit avoir le suffrage universel pour origine. La solidité des institutions républicaines dépend du degré d’honnêteté et d’équité avec lequel le suffrage peut s’exprimer. Les conditions de l’organisation du suffrage font donc l’objet d’un examen attentif, et ceci d’autant plus que le suffrage universel pose par son ampleur même des problèmes techniques inconnus d’un régime censitaire. Si les questions techniques ont été finalement résolues de façon à peu près satisfaisante, les débats politiques sur le suffrage n’ont jamais cessé pendant les quatre années de la IIe République. Imposé par le peuple parisien, le suffrage universel n’est pas encore vraiment accepté par la bourgeoisie. Il ne paraît pas impossible de revenir en arrière. Au sein même du mouvement républicain, des opinions divergentes se font jour. L’organisation du suffrage elle-même est donc un enjeu. Mais pour mieux en saisir les données, il faut rappeler succinctement le capital de précédents et de propositions accumulé auparavant.
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( ) La République en France ne constituait pas simplement un régime institutionnel, variante de la démocratie libérale, mais un véritable modèle politique, au même titre que la monarchie absolue, le césarisme ou le socialisme et que ce modèle ne se confondait pas purement et simplement avec le libéralisme. De surcroît, il était évident qu’un modèle politique ne consistait pas uniquement dans le mode de désignation, les modalités d’action, les rapports des pouvoirs publics entre eux, mais représentait une forme de réponse de la société aux problèmes qu’elle affrontait à un moment donné de son histoire. Comme tel, un modèle politique, du moins lorsqu’il connaît la stabilité et bénéficie de la durée, constitue une sorte d’écosystème social dont tous les éléments sont en étroite symbiose les uns avec les autres: représentations mentales, fondements philosophiques, références historiques, valeurs, dispositions institutionnelles, organisation et structures sociales, pratique politique, etc.
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Le droit de propriété existe dans un mineur; la loi n’en suspend que l’exercice. Il en est de même du droit d’activité pour les citoyens qui ne sont pas portés au rôle des contributions pour trois journées de travail. Il y a une grande erreur à confondre ainsi le droit avec les conditions requises pour l’exercer; une incapacité relative et passagère, avec l’inhabileté absolue et permanente; l’inactivité momentanée d’un citoyen, qui peut aisément la faire totalement cesser, avec un assujettissement dont il ne pourrait être délivré que par l’emploi de la force; enfin la simple suspension d’exercice d’un droit politique, avec la violation du droit des hommes.
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« Partout où le peuple n’exerce pas son autorité, et ne manifeste pas sa volonté par lui-même, mais par des représentants, si le Corps représentatif n’est pas pur et presque identifié avec le peuple, la liberté est anéantie. »
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