AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.64/5 (sur 84 notes)

Nationalité : Japon
Né(e) à : Tsuwano , le 17/02/1862
Mort(e) à : Tokyo , le 08/07/1922
Biographie :

Mori Ōgai, de son vrai nom Mori Rintarō, est un célèbre écrivain japonais de l'ère Meiji.

Fils de médecin, il étudie très tôt les classiques chinois et le néerlandais. Plus tard, il part apprendre l'allemand à Tokyo avant de faire ses études en médecine à la Daiichi Daigaku-ku Igakko (maintenant la faculté de médecine de l'Université de Tokyo) (1874-1881).

En 1884, il se rend en Allemagne en tant que boursier du ministère des Armées. Là, il travaille pendant quatre ans dans les laboratoires réputés à Berlin où il poursuit ses recherches sur la prophylaxie.

En 1888, il retourne au Japon et commence sa production littéraire avec son premier roman "La Danseuse"("Maihime"), publie en 1890 sous le pseudonyme Ōgai.

Il enchaînera par la suite nouvelles, traductions, critiques littéraires, théâtre... Pour finalement revenir au roman avec ce qui reste son chef-d'œuvre, "Vita Sexualis" (1909).

Menant de front carrière littéraire et carrière médicale, il participa aussi, en tant que médecin militaire, chirurgien (et au grade de général), aux guerres sino-japonaise (1894-1905) et russo-japonaise (1904-1905).

Personnage important de son époque (il est considéré, au même titre que Natsume Sôseki, comme le plus grand écrivain japonais du début du XXe siècle), il occupera également des places importantes dans la vie publique japonaise: directeur du musée de la Maison impériale (1916), président de la Commission provisoire de la langue japonaise.
+ Voir plus
Source : www.shunkin.net
Ajouter des informations
Bibliographie de Mori Ogai   (10)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Ils descendirent à toute allure. L'humeur fiévreuse de la jeune fille semblait maintenant s'être communiquée à son frère.
Ils arrivèrent à l'endroit d'où jaillissait la source. Anju sortit le bol en bois de sa boite à provisions et puisa de l'eau claire.
- Échangeons une coupe pour célébrer ton départ.
Elle but une gorgée avant de passer le bol à son frère, qui le vida d'un trait.
- Au revoir, sœur chérie, je pars pour Nakayama. Personne ne me verra, ne t'en fais pas.
Il dévala la pente. En dix pas il fut sur la grand-route qui longeait le marais, et se hâtait déjà en direction du cours supérieur de l'Ôkumo.
Debout près de la source, Anju l'accompagna du regard, jusqu'à ce qu'il ne fut plus qu'une minuscule silhouette, escamotée et révélée tour à tour par les rangées de pins qui bordaient la route. Bien que le soleil approchât du zénith, elle ne donnait pas le moindre signe de vouloir remonter sur la colline. Par chance la montagne semblait déserte ce jour-là, il n'y eut pas un bûcheron pour s'étonner à la vue de cette enfant désœuvrée, debout au milieu du sentier.
Plus tard, au cours de la battue qu'ordonna l'Intendant pour retrouver ses deux serfs, quelqu'un ramassa, sur la berge du marais, une paire de petites sandales de paille : elles appartenaient à Anju.
Commenter  J’apprécie          130
En l'écoutant, le visage d'Otama bleuissait jusqu'aux lèvres. Ensuite, pendant assez longtemps, elle resta sans rien dire. Dans son cœur de fille peu accoutumée au monde, des sentiments complexes s'agitaient en chaos. Elle était incapable d'en démêler les fils embrouillés, mais l'ensemble de ses sentiments désordonnés pesait d'un poids très lourd sur son cœur innocent comme celui d'une vierge qu'on aurait vendue : elle avait l'impression que tout le sang de son corps affluait à son cœur, et c'est ainsi que son visage perdait ses couleurs tandis que des sueurs froides lui coulaient le long du dos.
Commenter  J’apprécie          110
La femme venait d'arriver devant la porte treillissée de la maison triste dont je viens de parler, et elle s'apprêtait à l'ouvrir. En entendant le bruit des geta d'Okada, sa main, posée sur le treillis, s'immobilisa soudain. Elle se retourna et son regard croisa celui du jeune homme.
Elle était vêtue d'un kimono sans doublure, de crêpe bleu marine, serré par un obi de satin noir doublé de soie marron de Hakata, et, dans sa fine main gauche, elle portait nonchalamment un panier de bambou artistement tressé, dans lequel étaient rangés une serviette, une boîte à savon, un petit sac de son de riz et une éponge. Elle s'était retournée, la main droite posée sur le treillis de la porte. Cette silhouette féminine, pourtant, ne fit aucune impression particulière sur Okada. Il remarqua toutefois que ses cheveux, qui venaient d'être coiffés en "feuille de ginkgo retournée", formaient derrière les tempes des ailes minces comme celles des cigales, et que son visage ovale un peu triste, au nez haut, donnait l'impression, sans que l'on sache trop pourquoi, d'être légèrement aplati depuis le front vers les joues. Ne l'ayant observée que pendant ce bref instant, il l'avait déjà complètement oubliée lorsqu'il parvint au bas de la Pente Muén.
Commenter  J’apprécie          80
Certains pédagogues conseillent aux jeunes gens de s'endormir dès qu'ils sont au lit et de ne pas rester couchés lorsqu'ils se réveillent, afin d'éviter toute pensée perverse. Car lorsqu'un jeune corps se trouve au chaud dans son lit, des pensées naissent en son esprit comme des plantes vénéneuses qui s'épanouissent à la chaleur. L'imagination d'Otama devenait parfois extrêmement dévergondée à ces moments-là. Une sorte de lumière naissait alors dans ses yeux et, comme si elle était ivre de saké, son visage rougissait des joues jusqu'aux paupières.
Commenter  J’apprécie          80
En fait, dans le dépit qu'elle ressentait, il y avait très peu de rancœur contre la société et les hommes. Si l'on avait cherché à déterminer la nature de cette rancœur, on aurait pu dire qu'elle s'exerçait contre son propre destin. Alors qu'elle n'avait rien fait de mal, elle se trouvait dans une situation qui lui valait d'être persécutée par les autres. Elle en ressentait comme une douleur. Son dépit, donc, s'adressait à cette douleur. Lorsqu'elle s'était aperçue qu'elle avait été trompée et rejetée, elle s'était dit pour la première fois : "C'est vexant !" Par la suite, quelque temps plus tard, quand elle s'est trouvée dans la situation de femme entretenue, elle s'était encore répété que c'était vexant. Et maintenant, apprenant qu'elle était non seulement entretenue, mais qu'elle l'était par un de ces usuriers détestés de tous, ce "C'est vexant", qui avait perdu ses angles, rongés jour après jour par la dent du temps, et décoloré, délavé par les eaux de la "résignation", reparut dans son esprit avec des contours nets et des couleurs franches. La vraie nature des choses qui étreignaient sa poitrine était probablement là, si l'on voulait trouver une explication logique.
Commenter  J’apprécie          70
Vint le temps où les eaux se réchauffèrent, où l'herbe se remit à pousser. Un beau jour, il fut annoncé que les travaux extérieurs reprendraient le lendemain. Ce soir-là, à l'occasion d'une ronde à travers le domaine, Jirô se rendit à la cabane de la troisième porte.
Commenter  J’apprécie          70
Au bout d'un certain temps de cette conversation, subitement prolixe, elle commençait à raconter une longue histoire. C'était tout au plus les petits heurts et malheurs de la vie qu'elle avait menée jusque-là, pendant des années, en la seule compagnie de son père. Suézo ne portait guère d'attention au contenu de son histoire, mais plutôt, comme s'il écoutait le chant d'un grillon en cage, il souriait inconsciemment en entendant ce joli gazouillis. Otama s'apercevait alors soudain qu'elle bavardait et, toute rougissante, elle achevait rapidement son histoire pour revenir au dialogue laconique du début. Toutes ces paroles, tous ses gestes, révélaient la plus grande innocence. Pour Suézo, qui en certains domaines avait l'habitude d'observer choses et gens d'un regard extrêmement pénétrant, elle représentait un lieu sans recoins obscurs, comme un bassin d'une eau parfaitement limpide. Ce genre de tête-à-tête lui donnait l'agréable impression d'être immobile dans un bain, juste à la bonne température, après un gros effort physique. La jouissance de ce plaisir était pour lui une expérience tout à fait nouvelle, et depuis qu'il avait commencé à venir dans cette maison, tout comme un fauve s'habitue à l'homme, il en recevait sans s'en rendre compte une sorte de culture*.

* en français dans le texte.
Commenter  J’apprécie          50
En ces années dix et quelques de Meiji, les usages en vigueur dans les maisons bourgeoises d'Edo avaient conservé toute leur force d'inertie ; il était donc d'usage que les employés logés chez leur patron ne soient guère autorisés à rentrer chez eux en dehors du Nouvel An et de la Fête des Morts, même si leur famille habitait la même ville.
Commenter  J’apprécie          60
Otama, qui jusque-là ne pouvait s'empêcher de se lever dès son réveil, en arrivait maintenant à rester au lit, enveloppée dans les futons, les jours où Umé lui disait : "Ce matin, il y a de la glace dans l'évier. Restez encore un peu au lit !" Certains pédagogues conseillent aux jeunes gens de s'endormir dès qu'ils sont au lit et de ne pas rester couchés lorsqu'ils se réveillent, afin d'éviter toute pensée perverse. Car lorsqu'un jeune corps se trouve au chaud dans son lit, des pensées naissent en son esprit comme des plantes vénéneuses qui s'épanouissent à la chaleur. L'imagination d'Otama devenait parfois extrêmement dévergondée à ces moments-là. Une sorte de lumière naissait alors dans ses yeux et, comme si elle était ivre de saké, son visage rougissait des joues jusqu'aux paupières.
Commenter  J’apprécie          40
L'ombre vague d'un sourire passa sur son visage. Mais ce n'était pas l'expression cruelle d'une raillerie. J'ai réfléchi très profondément à ce que cela signifiait d'être un observateur détaché de naissance. Je n'ai pas de maladie incurable. Je suis un observateur détaché de naissance. Enfant, je jouais avec les autres et adulte, j'ai assisté à toutes sortes de représentations plus ou moins respectables pour des raisons sociales : quelle que soit l'animation de mon entourage, je ne me suis jamais senti dans le tourbillon et je n'en ai jamais joui au fond de moi. Il m'est arrivé d'être sur la scène du théâtre de la vie, mais je n'ai jamais tenu un rôle digne de ce nom. J'étais au mieux un figurant.


"Cent contes"
Commenter  J’apprécie          40

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Mori Ogai (124)Voir plus

Quiz Voir plus

Le jeu des je, en chansons (2)

Qui chantait : "Je le cherche partout Où est donc passé ce chien Il va me rendre fou" ?

Charles Aznavour
Daniel Balavoine
Nino Ferrer
Jeanne Moreau
Boby Lapointe
Yves Montand
Serge Reggiani

14 questions
36 lecteurs ont répondu
Thèmes : chanteur , musique , nostalgie , chanson françaiseCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..