Je lui faisais voir que les livres étaient une compagnie douce et irréprochable pour les malheureux, et que, s'ils ne pouvaient pas nous procurer les plaisirs de la vie, ils nous apprenaient du moins à la supporter.
(Le Vicaire de Wakefield - 1857)
On l'a remarqué mille fois, et je dois le remarquer une fois de plus, l'heure de la contemplation d'un bonheur en perspective est plus douce que celle de la jouissance.
Lorsqu'une femme charmante s'abaisse jusqu'à la folie,
Et découvre trop tard que l'homme l'a trahie,
Quel charme peut consoler sa mélancolie ?
Quel artifice peut laver sa honte ?
Je m'efforçai d'être de bonne humeur, mais jusqu'à maintenant la bonne humeur n'a jamais été obtenue par un effort de volonté qui en soi est pénible.
La petite république à laquelle je donnai des lois obéissait aux règles suivantes : au lever du soleil nous nous réunissions tous dans la salle commune, le feu ayant été préalablement allumé par la domestique. Après nous être salués avec toute la gravité requise (car j’ai toujours considéré comme souhaitable de maintenir des formes inhérentes à une bonne éducation, sans lesquelles la liberté finit toujours par détruire l’amitié), tous nous nous inclinions pour manifester notre gratitude envers l’Être qui nous gratifiait d’un jour de plus. Ce devoir accompli, mon fils et moi vaquions au-dehors à nos occupations habituelles, tandis que ma femme et mes filles s’employaient à préparer le petit déjeuner, qui était toujours prêt à heure fixe. J’accordais une demi-heure de liberté pour ce repas – et une heure pour diner -, temps passé par ma femme et mes filles à s’amuser innocemment, tandis que mon fils et moi nous engagions dans des discussions philosophiques.
Si nous jetons un coup d’œil sur notre passé, il nous paraît très bref, et quoi que nous pensions du reste de notre existence, il nous semble encore plus court car, à mesure que nous vieillissons, les jours nous donnent l'impression de raccourcir et notre familiarité avec le temps toujours abrège notre perception de la durée.
La religion présente à l'homme heureux une continuité de bonheur ; au malheureux, un changement de misère en bonheur.
J'ai vu que, dans tout le pays, la richesse était un nom qui remplace celui de liberté, et qu'il n'y a pas d'homme si ami de la liberté qui ne voulût soumettre la volonté de quelques individus à la sienne.
(...) car mon avis a toujours été que, pour l'homme, jamais l'heure du retour au bien n'est passée, le coeur se découvrant toujours aux traits du reproche, pour peu que l'archer vise juste.
Je n'en tirai, cependant, que quelques conclusions, que la monarchie pour les pauvres constitue le meilleur gouvernement, comme la république pour les riches, que l'aisance en général est dans tous les pays un autre nom pour la liberté et que nul n'est à ce point amoureux de cette liberté qu'il ne désire soumettre dans la société la volonté de certains individus à la sienne propre.