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Citation de Charybde2


Cette main appartenait à monsieur Claude Phalène, ministre quinquagénaire de la Santé et des Droits des Femmes, futur candidat aux élections présidentielles. Il portait un costume crème sur une chemise blanche ; sa cravate était roulée dans une poche de sa veste. Sa corpulence lui offrait des airs de bon vivant. Son visage rond tirait vers le rose, ses lèvres exprimaient une moue de gourmandise, ses yeux aux cils courts étaient petits et foncés, son nez large, son menton double. Ses cheveux blancs dessinaient autour de son crâne un halo vaporeux, dont il rejetait fréquemment les mèches rebelles d’un geste qui ne laissait aucun doute sur la vivacité de son esprit. Plus que l’esthétique de son corps somme toute ramassé, c’est l’assurance du ministre qui attirait l’attention et laissait ses plus redoutables détracteurs sur le carreau. Dans les sondages d’opinion, en ces périodes d’instabilité socio-économico-politique, Claude Phalène était désigné comme l’homme de la situation. D’après le panel représentatif, lui seul avait la carrure d’un homme d’État, le charisme d’un chef. Son large sourire sur ses dents blanches confirmait sa santé de fer. Lui seul saurait redresser le pays, le sortir de l’ornière, donner un coup de fouet à l’économie, relancer la croissance, mener les réformes nécessaires à l’amélioration de la compétitivité de l’industrie hexagonale, agir contre les inégalités, le chômage, l’immigration, l’insécurité, le terrorisme, redorer le blason d’une France en déclin sur l’échiquier international. Fin tacticien, homme de convictions et de talents, proche du peuple et intraitable avec les démagogues, Claude Phalène jouissait d’une popularité dont nul politicien ne pouvait s’enorgueillir. Sa nomination au poste de Premier ministre lors du prochain remaniement était acquise, comme sa victoire au prochain scrutin. En bref, pour une large majorité des électeurs, c’était lui, et seulement lui.
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