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Critiques de Olivier Bourdeaut (1800)
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En attendant Bojangles

Un petit bijou de désespoir caché au coeur d'un écrin d'humour!



Ça commence sur un ton léger, celui d'un enfant qui découvre naïvement le fonctionnement de ce monde, sans chercher à le décrypter. La normalité est ce que l'on perçoit d'un univers que l'on découvre. Papa et maman dansent et rient dans le salon, reçoivent des amis, accumulent le courrier sans jamais ouvrir les enveloppes, boivent, boivent et reçoivent encore. L'enfant apprécie cette extravagance tout en étant conscient qu'un autre ordre existe, celui qui fait froncer les sourcils des garde-fous de la socialisation, car, non, l'école, ça ne fonctionne pas à la carte. A l'école, on a toujours le même prénom, et on ne promène pas en laisse un oiseau nommé Mademoiselle Superfétatoire, et on écrit à l'endroit…Une seule solution, pour que ces deux mondes n'entrent pas en conflit ouvert : l'enfant sera instruit par son père.



On se souvient du film de Benigni, qui raconte la tentative désespérée d'un père, qui veut faire croire à son fils que le camp de concertation est un parc d'attraction. le décor est ici celui d'une famille minée par la folie, mais le thème est le même. L'aventure est aussi folle, et vouée à l'échec.



C'est aussi l'histoire d'un amour qui confine à la folie et qui mène la danse au son de Mr Bojangles, une magnifique chanson de Nina Simone.



Le récit est très bien mené, les couleurs vives et chatoyantes qu'évoquent les premiers chapitres se teintent d'un voile qui ternit peu à peu le propos, jusqu'au plus sombre.

Le lecteur bénéficie d'un double discours, qui amène peu à peu vers la triste réalité : le roman se construit sur deux socles, celui des souvenirs d'enfance de l'auteur, relus à l'aune des carnets intimes de son père.



Très belle surprise de cette rentrée d'hiver (bien que la première parution date de décembre 2014), la critique est unanime pour saluer le travail d'Olivier qui signe là son premier roman . Et pour reprendre à l'envers le coup de gueule d'une booktubeuse qui se reprochait de ne pas avoir assez démoli le dernier best-seller de Gilles Legardinier et avec pour conséquence de ruiner le budget serré dune de ses amis étudiante avec un navet, celui-ci vaut l'investissement de 15 euros . A lire et relire pour rire et pleurer, et se réjouir de cette écriture qui restitue si bien les sentiments, dans un univers déjanté que nombre de lecteurs et de critiques associent à JD Salinger revisité par Boris Vian.



Un remarque pour l'éditeur : je ne l'aurais sûrement pas acheté pour avoir craqué pour l'image de couverture.









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En attendant Bojangles

Deuxième coup de cœur de l'année 2016 !

Liberty Bojangles ! Une femme-enfant, un mari qui l'appelle tous les jours avec un nom différent et un petit garçon intelligent qui vit la vie de ses parents ! Une vie de fêtes et de plaisirs perpétuels....Une histoire loufoque,qui devient très loufoque,trop loufoque ....

Une construction intéressante, une prose fluide.

Le narrateur est le petit garçon, et le papa nous interpelle aussi de temps à autre, à travers ses carnets secrets,nous donnant la version adulte de l'histoire de cette étrange famille et de ce qui en adviendra....

Même le plus tragique, l'indicible, est exprimé avec pudeur, douceur et un humour fou !

Des passages extrêmement touchants,émouvants, poétiques,nombreux,pour n'en citer qu'un,-neutre,pour ne pas vous dévoiler l'histoire-,comme celui de la passion du petit garçon pour l'animal domestique de la maison,une grue de Numidie,

-" Il s’était aussi pris d’une touchante passion pour Mademoiselle Superfétatoire, pendant une période il ne l’avait pas lâchée d’une aile. Il la suivait partout, en marchant comme elle, il imitait ses mouvements de cou, essayant de dormir debout et de partager son régime alimentaire. Une nuit, nous les avions retrouvés dans la cuisine se partageant une boîte de sardines, les pieds et les pattes pataugeant dans l’huile ...."-

Je n'en vous dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture. C'est une magnifique histoire d'amour,tragique, pétillante d'intelligence,racontée avec beaucoup de tendresse et d'optimisme!

Bravo pour ce premier roman venu au fil de l'écriture,l'auteur ,n'ayant dans la tête ,au début,que l'état d'esprit et les mots de ce roman !( propos de l'écrivain lui-même recueillis durant l'émission La Grande Librairie du 14/1/2016).
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En attendant Bojangles

Quand on monte dans le dernier bateau, il vaut mieux être le premier passager..



Plus de deux cents critiques, presque toutes dithyrambiques sur "Bojangles"...



A moi le pilori des causes perdues( et orphelines) : je n'ai pas aimé Bojangles et avant de me faire assassiner, je vais tenter de dire pourquoi.



Je n'ai rien contre les livres faciles, qui se dévorent en quelques heures, ces lectures-plaisir, dont la trace s'efface aussi vite de nos mémoires qu'elle s'est imprimée dans notre rétine.



Je sais, en ce qui me concerne, que mes livres préférés sont toujours ceux qui se sont fait prier, qui ont frappé à ma vitre sans que je leur ouvre, d'abord, que j'ai lus lentement, lâchés, parfois, et repris pour ne plus les abandonner, enfin conquise, captée, envoûtée. Ainsi La Recherche du temps perdu , Jérôme, Au-dessous du volcan, lus, pour certains, il y a belle lurette, et toujours inscrits dans mon souvenir en lettres de feu. Voire dans mon Panthéon personnel.



Mais j'ai aussi dévoré ET adoré des livres : les Trois Mousquetaires, par exemple, dévoré plusieurs fois à la vitesse d'un canasson gascon qui sent son picotin, et quelques autres du même tonneau...



En attendant Bojangles, je l'ai lu vite et sans surprise -trop de tapage et beaucoup de déception- je l'ai lu vite et sans émotion, je l'ai lu vite et sans admiration.



Je l'ai lu vite et c'est tout.



J'ai trouvé son narrateur-enfant aussi naïf qu'un vieux briscard: le mensonge romanesque doit être parfait, sinon c'est juste un truc qui fatigue à la longue et décourage même le lecteur le plus patient. Pour établir une simple comparaison qu'on pense une seconde à la merveilleuse innocence, au ton si justement décalé et à la sincérité enfantine sans fard du héros de Salinger: Holden Caulfield, voilà un « vrai » enfant, avec ses raccourcis de langage, sa pensée indomptée, rebelle, rétive au langage policé des adultes..



J'ai trouvé la fantaisie et l' imagination de Bojangles bien pauvres. Qu'on songe aux trouvailles de Vian pour parler du cancer, de l'addiction, du bonheur qui fout le camp, du terrible poison de l'amour maternel, de l'ivresse, de la mort...Et pour essayer de vous convaincre, à la fin de L'Ecume des jours, devant tant de malheur, la petite souris demande au chat un suicide assité : il ouvre grand sa gueule, met sa queue sur le trottoir et attend. « Il venait en chantant onze petites filles aveugles de l'orphelinat de Jules l'Apostolique », rajoute sobrement Vian. Une autre allure que le bouquet de fleurs et la boîte de pilules, non ?



Quant au livre du père qui devient le best-seller final -juste prémonition: c'est un énorme succès de librairie- c'est une vieille ficelle là aussi. le livre dans le livre qui devient le livre...J'aime mille fois mieux L'Hisoire sans fin...ou La Modification!!



Oui, on est étonné –en tous les cas, je m'étonne- de toutes les comparaisons élogieuses avec Vian, avec Salinger. Passe encore E.E. Schmidt ou Pascal Jardin, mais pas Vian, pas Salinger!!!De grâce, relisez-les!



Pour le thème central, la folie douce qui devient folie furieuse, j'ai pensé sans cesse à un film, autrement plus dérangeant, plus terrible, plus pathétique et qui dégage une vraie émotion derrière les comportements bizarres et la connivence affichée : Une femme sous influence de Cassavetes, où le mari de Geena Rowlands, l'excellent Peter Falk, joue avec la folie de sa femme pour mieux la faire passer, parce qu'il l'aime comme cela, un peu frappadingue- et ce faisant, il la pousse, inconsciemment , vers les ténèbres de la psychose.



Je me sens donc un peu seule devant ce concert de louanges , et je ne suis pas sûre que, passionnés comme vous êtes pour ce livre, vous entendiez ma faible voix. Mais j'assume : je n'ai pas aimé En attendant Bojangles.



Mais j'adore la chanson éponyme de Nina Simone, une des plus grandes voix qui soit, et qui passe, elle, une émotion formidable en un seul morceau…3 minutes 35 de bonheur…

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En attendant Bojangles

CRITIQUE DU 13 JANVIER 2022



L'émotion est toujours là, toujours aussi intense, intacte. Je craignais de ne pas retrouver le bouleversement, l'enthousiasme, l'exaltation, le délire, la passion, l'ivresse qui m'avaient étreinte lorsque j'ai lu pour la 1ère fois ce livre, à sa sortie.



Je suis allée le voir au cinéma. Et quelle ne fut pas ma joie ! le film correspond au livre, même tourbillon de vie, de folie, même tristesse et larmes à la fin.



Alors, alors, une fois rentrée, je me suis dit que j'aillais le relire. Je viens de le refermer. Quel bonheur ! et quelle tristesse et peine également. Les larmes ont encore une fois coulées…



Je jure devant Dieu tout-puissant que toutes les personnes que je suis vous aimeront éternellement ! avait-elle psalmodié, mon menton entre ses mains, pour mieux hypnotiser, de son regard céladon, mes yeux ensorcelés.

Je promets devant le Saint-Esprit d'aimer et de chérir toutes celles que vous serez, jour et nuit, de vous accompagner toute votre vie et de vous accompagner partout où vous irez, avais-je répondu en appliquant mes mains sur ses joues rebondies, gonflées par un sourire débordant d'abandon.

Vous jurez devant tous les anges que vous me suivrez partout, vraiment partout ?

Oui, partout, vraiment partout !



Il n'y a rien à ajouter, tout est dit.





CRITIQUE DU 4 FEVRIER 2016



Waouh !!!! Epoustouflant. Deux mots : lisez-le !



Vous passez du rire aux larmes, de la folie à la raison, à l'inéluctable. Un tourbillon de folie.

Je ne peux en dire plus, ce serait dommage de dévoiler l'histoire.



Chapeau ! C'est le premier roman d'Olivier BOURDEAUT. Il met la barre très haut, tant sur l'histoire que l'écriture. A quand le prochain ? D'emblée, je lui octroi le prix du Meilleur Premier Roman de l'Année 2016 !



Et merci à tous les Babeliot(e)s qui l'ont lu en premier, de m'avoir donné envie de le lire grâce à leurs critiques.

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En attendant Bojangles

Avant d'être ouvreur de garages, son père, Georges, était chasseur de mouches. Preuve à l'appui: cet harpon ! Sa mère, Louise, qui d'ailleurs ne portait jamais plus de 2 jours le même prénom, ne travaillait pas. C'était bien trop ennuyeux ! Dans le salon, trônait cet oiseau élégant et étonnant, venu tout droit d'un voyage en Numidie, Mademoiselle Superfétatoire. Qui ne servait à rien sauf à crier très fort en glissant sur le parquet. Ses parents dansaient tout le temps. Et partout. En buvant des cocktails colorés. Tous les deux ou avec des amis qu'ils recevaient très souvent dans leur grand appartement. Dont le sénateur, appelé tendrement l'Ordure par son père, qui venait trois nuits par semaine. Parfois, la petite famille se rendait en Espagne, où Georges avait acheté un château avec tout l'argent des garages. Aucune contrainte pour aucun d'eux. le petit garçon ne va d'ailleurs pas à l'école, ses parents n'ouvrent pas le courrier qui s'entasse. Chaque jour est une fête... Nina Simone en musique de fond...



À l'image de cette première de couverture pétillante, ce roman est une ode à la vie et à l'amour. L'on écoute tour à tour le fils, admiratif, devant ses parents qui semblent vouloir faire de leur vie une fête et qui refusent toute sorte de banalité dans leur quotidien, et le père sur un ton plus grave lorsqu'il écrit son journal. Ce couple, hors norme, excentrique et un brin cocasse, se voue un amour particulièrement fort, un amour un peu fou. Olivier Bourdeaut nous emmène dans un roman délicieux, entrainant et savamment orchestré dans lequel on se laisse porter par cette musique tendre et ce tourbillon de bons mots. Un roman à la fois doux-amer, subtil, drôle et mélancolique...
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En attendant Bojangles

On ne choisit pas sa famille, mais le petit garçon de cette histoire en possède une vraiment particulière ! Une mère fantasque et extravagante, un père qui lui donne autant de prénoms qu'elle possède de personnages, une oiseau exotique sauvé en Afrique et des amis qui viennent faire la fête en permanence. Mais ce qui gouverne cette drôle de famille, c'est l'amour immense qui les unit. Ce sentiment si puissant arrivera-t-il à maintenir le bateau à flots ?

Voilà un roman à l'image de son histoire : drôle, tendre, mais aussi déstabilisant, déroutant et magique. On est au cœur des fêtes et des plaisirs de cette famille atypique, on partage leurs fous rires mais aussi leur lente descente inévitable. On ressent cet amour fou qui leur permet de vivre leur rêve et de garder un esprit libre...

Quel premier roman !!
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Florida

Moi qui avais été déçue à l'époque par le célèbre En attendant Bojangles (mauvais timing), j'ai voulu laisser une chance à cet auteur. Et j'ai bien fait.



L'histoire est ici d'une vérité effroyable qui fait froid dans le dos. L'écriture est en corrélation avec la trame, pas de burlesque pour traiter d'un sujet grave : la fin de l'enfance sur les podiums de mini miss sous les paillettes, strass, faux cils, string et l'obsession de gagner à tout prix. Devenir bimbo à sept ans, la folie, non ?



À sept ans Elizabeth fête son anniversaire. Comme cadeau, sa mère lui a réservé une surprise de taille, une robe de princesse. À travers cette robe, Elizabeth signera la fin de son enfance et de son insouciance. Sa mère, la Reine mère, vouera une obsession maladive pour ces concours de mini miss occultant les besoins essentiels d'une enfant de cet âge. Son père sera le Valet de l'ombre de ce désastre familial.



Lorsque Elizabeth grandit, sa rage se décuple pour faire éclater la vengeance et la haine de ce monde absurde et perfide. La jeune fille nourrira surtout une haine féroce contre elle, son image, son corps.



Effarante réalité de ce bas monde qui met sur un piédestal le paraître sans la moindre préoccupation des dommages collatéraux. Olivier Bourdeaut signe ici un roman d'une incroyable justesse disséquant habilement le cheminement insidieux d'une personnalité saccagée faute à des parents obnubilés par l'image. Il y a un côté Amélie Nothomb ici où le côté tragique est allégé par des touches d'humour jaune et sarcastique. L'héroïne n'a pas sa langue dans la poche pour crier haut et fort ce voyage en absurdie. Son regard est affûté et poignant. La détresse d'Elizabeth est transcrite crescendo avec la rage au ventre et des scènes shakespeariennes de grande puissance évocatrices.



J'ai aimé ce roman sans pouvoir le lâcher. Il m'a révoltée, envoûtée, et placée en totale empathie avec l'héroïne.
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En attendant Bojangles

Quand un livre suscite autant d'enthousiasme et compte autant de lecteurs ou d'avis publiés cela donne envie de se faire une idée par soi-même, histoire de ne pas mourir idiot comme on dit.

Je lis peu de romans d'amour, peu de romans tout court pour tout dire, alors 158 pages ne me semblaient pas un investissement trop risqué quel que soit mon ressenti.

J'ai plutôt passé un bon moment de lecture, j'aime les amours inconditionnels, l'humour et la fantaisie, l'excentricité et plus généralement les personnages qui vivent leurs passions à fond "quoi qu'il en coûte".

Nous allons trouver tout ça dans cette histoire et même de l'extravagance, beaucoup en fait.

Georges rencontre Constance, ou Suzanne, ou Marylin cela dépend de l'humeur, le coup de foudre est immédiat et leur destin sera irrémédiablement lié pour le meilleur et pour le pire, et ici cette formule trouvera tout son sens.

Telle une miss météo, Barbara va rythmer la vie de cette famille hors norme (un fils venant compléter ce tableau idéal) et faire souffler un vent de folie perpétuel auquel la réalité devra se plier absolument.

Ceci étant dit, on sait dès le début que Vanessa a "un grain", que tout ne tourne "pas rond" chez elle.

Nous aurons deux regards et deux récits, l'un raconté par le fils, un regard d'enfant émerveillé et gentiment décalé où l'on sourira souvent.

Le deuxième récit raconté par Georges sera beaucoup plus touchant car lucide, le récit d'un homme amoureux de façon inconditionnelle, le récit d'une fuite en avant qui ne pourra avoir qu'une issue.

Traiter une tragédie sur un ton humoristique est un exercice difficile et l'auteur s'en tire plutôt bien ma foi, une comédie douce amère, et surtout l'expression d'un amour absolu qui ne pouvait que rimer avec folie.
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Pactum salis

À la lecture de ce second roman, j'ai été un peu désarçonnée au début par un vocabulaire très spécifique concernant le premier tableau, celui qui présente les magnifiques marais salants, et puis cette rencontre improbable entre un paludier et un agent immobilier.

Olivier Bourdeaut a une manière bien à lui d'écrire sur le thème de l'amitié, " Pactum salis", le pacte de sel...



J'ai retrouvé, comme dans En attendant Bojangles, un style très surprenant, très original en fait, et c'est ce qui, lors de certains passages, m'a peut être un peu gênée : un petit manque de fluidité, avec du vocabulaire inconnu pour moi...mais j'ai trouvé beaucoup de poésie à l'évocation de certains paysages, de certaines descriptions.



Après cette lecture, je suis allée l'écouter parler pendant près de deux heures en conférence, et là, quel bonheur ! J'ai découvert un homme à la personnalité bien trempée tout en étant d'une simplicité étonnante, qui est bourré d'humour, et nous a beaucoup fait rire, même si parfois c'était de l'autodérision. Et j'ai pu comprendre aussi la genèse de son roman, et ces deux amis improbables. L'auteur a lui-même exercé les métiers de paludier, et d'agent immobilier, deux mondes opposés qu 'il connait à merveille et a su décrire avec poésie ou acerbité.

Ensuite, la scène mythique de la mouche a bien sûr été abordée, où quand une mouche qui, d'habitude, peut vous faire vivre l'enfer...devient celle qui laisse entrevoir le paradis ( paradis selon ces deux amis particuliers !!!)



Au final un roman moins léger qu'il n'y parait, bourré de surprises, avec des dénonciations de faits de société, de l'hypertechnologie, ou encore de la multiplication des ronds-points...si si, c'est un sujet d'actualité !

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En attendant Bojangles

Ce premier roman est original, complètement déjanté. On tutoie l’absurde. C’est une très jolie façon de parler de la maladie mentale. Les héros ne prennent rien au sérieux et préfèrent ne pas voir.



Comment concilier la vie normale, la scolarité, la rencontre avec l’institutrice, l’apprentissage, car la société a des règles qu’il faut respecter, comme ouvrir son courrier, payer ses impôts, travailler… alors, parfois, notre petite famille fuit dans son « château en Espagne »…



On est dans la fête, la légèreté mais la tristesse n’est pas si loin, personne n’est dupe et ce qui était joie de vivre, plaisir va sombrer peu à peu dans la noirceur, au rythme de la voix magnifique de Nina Simone qui mêle aussi un rythme léger et des accents plus sombres. "Maman me racontait souvent l’histoire de Mister Bojangles. Son histoire était comme sa musique : belle, dansante et mélancolique. C’est pour ça que mes parents aimaient les slows avec Monsieur Bojangles, c’était une musique pour les sentiments". P 24



Cela m’a rappelé des souvenirs, la découverte de Boris Vian avec « L’écume des jours » il y a très longtemps, où les deux héros valsaient aussi avec leur amour fou et la mystérieuse maladie de Chloé avec ce nénuphar qui envahissait ses poumons comme la folie envahit le mental ici.…



Au fur et à mesure que l’on progresse dans la lecture, le besoin d’écouter la chanson se fait de plus en plus présent, et l’intensité monte. ♫ ♪ ♫♪



J’ai bien aimé la construction du récit qui se fait à deux voix lui-aussi : Georges qui raconte dans son carnet tous les évènements avec lucidité et l’enfant qui raconte ses souvenirs avec ses mots d’enfant, décrit très bien le côté labile de la maladie quand elle passe du rire aux larmes, de l’agitation à la mélancolie. "Le problème, c’est qu’elle perdait complètement la tête. Bien-sûr, la partie visible restait sur ses épaules, mais le reste, on ne savait pas où il allait. La voix de mon père n’était plus un calmant suffisant". P 67





Donc, une belle histoire, déjantée à souhait, mais dérangeante (à souhait également), car on passe du rire aux larmes, et l’atmosphère s’alourdit. C’est une façon particulière d’aborder la maladie mentale et comme avec Boris Vian, cela se veut léger mais ne l’est pas tant que cela. Pour un premier roman, c'est réussi et on attend le suivant...



Note : 8/10
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Florida

Pour ses sept ans, la petite Américaine Elizabeth reçoit un cadeau dont elle ignore encore le poison. En lui offrant une robe de princesse et en l’inscrivant à son premier concours de mini-miss, sa mère vient de faire d’elle une jolie poupée qui lui fera vite oublier la véritable fillette. Devenue le jouet d’une mère bientôt obsédée par la course au podium, outrageusement transformée en infantile Lolita, Elizabeth ne tarde pas à réaliser que l’amour maternel ne tient plus qu’à ses performances lors de ses exhibitions. Elle croira trouver le moyen de s’échapper, mais, sa vie durant, ne connaîtra plus que haine et désir de revanche. Ce corps qu’elle déteste désormais, elle va s’en occuper à sa façon…





L’histoire d’Elizabeth est d’abord celle de ces enfants qui, investis malgré eux de la réalisation par substitution des rêves de leurs parents, sont poussés sans limite vers l’atteinte d’une performance qui dévore leur existence, dans le culte d’une passion que souvent ils ne partagent pas eux-mêmes. Circonstance aggravante, la prouesse attendue d’Elizabeth est directement liée à son apparence, à laquelle elle se voit bientôt réduite, pour le grand préjudice de sa construction psychique. Forcée dans une image artificielle et réductrice d’elle-même, hypersexualisée avant l’âge, l’enfant se retrouve non seulement dépossédée de son existence, mais aussi de son corps et de sa personnalité. Quand elle ne parvient pas sur la plus haute marche de ses podiums, c’est tout son être qui est marqué du sceau de l‘échec et de la déception de ses parents.





Rédigé du point de vue d’Elizabeth, le texte n’est que rage, haine et rancoeur. Et puisque c’est son corps qui alimente les fantasmes de cette mère qu’elle déteste de toute son âme, c’est à lui que l’adolescente, puis la jeune femme, va n’avoir de cesse de s’en prendre, dans un processus d’auto-destruction qui l’aspire irrésistiblement. Paradoxalement, ou peut-être fatalement, c’est encore à un autre culte de l’apparence qu’elle va finir par s’adonner, sculptant dangereusement ses muscles en vue d’une nouvelle compétition, culturiste cette fois, à grands coups de souffrance physique et de produits anabolisants.





Immensément crédible – j’ai retrouvé la rage et le trou noir intérieur qu’André Agassi, ce champion qui déteste le tennis, dévoile dans sa biographie « Open » -, le récit envoie ses phrases courtes comme une volée de bois vert, dans un crépitement de haine de soi assorti d’acides sarcasmes. Olivier Bourdeaut réussit un roman d’une terrible férocité, totalement aux antipodes de son si poétique succès « En attendant Bojangles ».


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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En attendant Bojangles

Peux pas dire que les romans qui font du tapage soit ma tasse de thé (Nosy bey pour moi avec un sucre).

Mais depuis un bout, je vois des critiques d'amis me passer sous les yeux et en vanter les mérites. Lorsque je l'ai aperçu sur le table à l'entrée de bibliothèque, je n'ai même pas eu le temps de réfléchir, la bénévole me l'a collé dans les mains avec l'argument suivant :

- Bah vous l'avez pas encore lu celui-là ?

- Euh bah euh, bafouillais-je.

Déjà mon nom apparaissait sur la fiche avec la date du 21 mai.

Je me suis donc retrouver à glisser du plus grands des délires vers la folie pure. C'est un monde que je connais un peu, ayant dans mon cerveau en tout et pour tout qu'un seul neurone de raisonnabilité.

Un roman à deux voix ou le fils est le témoin participant de la folie de ses parents. Faut dire qu'en termes de délires c'est difficile de faire plus. Deux autres protagonistes orbitent autour d'eux : Mademoiselle Superfétatoire et l'Ordure.

L'histoire ne se raconte pas, elle se lit. C'est d'ailleurs très rapide puisque ce roman ne fait que cent soixante pages, qu'on lit à la vitesse de l'éclair n'étant pas très sûr des intentions de l'auteur.

C'est drôle, déjanté, touchant, bourré de tendresse et d'amour, tout ça pour traiter d'un sujet sérieux.

Impossible d'extraire une ou des citations de ce livre : le livre entier n'est que citations.

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Florida

Nous sommes aux Etats-Unis. Dans une famille ordinaire, qui se distingue cependant lorsque l’enfant unique atteint l’âge de sept ans et présente aux yeux de sa mère suffisamment d’arguments en matière d’esthétique pour prétendre à un titre de mini-miss ! Rapidement l'affaire prend des proportions déraisonnables, dans la mesure où les exhibitions et leur potentiel échec sont une source de souffrance pour cette petite fille. Jusqu’au jour où elle craque et rejette en bloc le projet, de façon spectaculaire à la fin d’un des concours, se fermant définitivement tout accès à ce type de manifestations.



La narratrice est cette enfant en rupture avec sa famille, quelques années plus tard. Et son corps instrumentalisé dans ses premières années est à nouveau l’objet de manipulations, de modelage, jusqu’à l’extrême, et cette fois c’est un choix personnel.



C’est lorsque l’on parvient à cette phase de l’histoire que l’on comprend le ton abrupt du discours, plein de rancoeur, de haine même, pour ses parents.



"Ils ont l'air piteux et désespéré, ils me dégoûtent, je les déteste. Ils ne sont pas morts pour moi, car pour être mort, il faudrait qu'ils aient existé. Ils n'existent plus. Ils n'existent pas."



On est loin de la poésie de En attendant Bojangles, mais l’auteur fait ainsi preuve d’une capacité à adapter le style au propos.



Eduquer un enfant est parfois pour ses parents une opportunité d’un rattrapage, d’une occasion de réaliser les rêves qu’ils n’ont pas pu atteindre, dans un aveuglement qui nie les conséquences délétères pour l’enfant.



C’est une lecture qui bouscule, et le style fait partie de l’arsenal destiné à provoquer . Et l’histoire rappelle le film Little Miss Sunshine, sur le propos et dans la forme.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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En attendant Bojangles

Cette histoire d'un « amour fou » a cartonné à sa sortie. Que d'éloges, partout, dans les medias et chez les 'vrais' lecteurs (auxquels je fais davantage confiance).

« On rit comme on pleure au rythme de la valse », dit Télérama.

Je n'ai pas ri, ni pleuré, mais vite grincé des dents parce que j'ai du mal à suivre les narrations - artificielles - d'enfants, et surtout parce que les mères malades, ça ne me fait pas marrer, surtout si elles boivent, même si elles ont l'alcool joyeux, même si elles ne s'en prennent pas à leur progéniture...



Cette façon d'évoquer le tragique à travers un filtre de légèreté m'a fait penser à 'La vie est belle' de Roberto Benigni, et je suis complètement hermétique à ce mélange d'humour, de poésie (?) et de désespoir. Pire, ça m'agace. Et je suis confuse d'avoir offert ce livre, en l'occurrence.

Je retourne lire un bon roman noir réaliste où les dégâts des troubles bipolaires sur les proches du 'malade' ne font rire personne...
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En attendant Bojangles

Voici une histoire d'amour fou, un premier roman porté par la voix de Nina Simone.

Sous les yeux de leur fils en extase, Georges et Louise forment un couple fantasque .

Jour et nuit ils dansent dans leur immense appartement en buvant des cocktails colorés.

Oublient- ils d'ouvrir leur courrier?c'est pour mieux ignorer la banalité des contraintes sociales et le temps qui passe.

Au cœur des fêtes, nous partageons les fous rires et passons du rire aux larmes, de la raison à la folie, à l'inéluctable........

Dans ce tourbillon , une grue de Numidie nommée Mademoiselle Superfétatoire a trouvé sa place.

En glissant sur le parquet elle ondule son long cou noir et crie très fort.

Aux yeux du narrateur enfant, la vie familiale est faite de joies, de rires et d'amour.......

Chaque jour est une fête et Louise la Mére change de prénom comme de robe de bal.

Souvent, elle décide de quitter la ville pour un château en Espagne dont le balcon donne sur la mer et les lendemains n'existent pas ....





Dans cette fable pétillante, déjantée, drôle, tendre, déstabilisante, magique, déroutante, la mort est un mensonge et devient prétexte à poésie..

On pleure comme on rit au rythme de la valse.

Quand le fils admiratif se manifeste on croirait une chanson de Boris Vian vive, allégre et humoristique , souriante.......

Mais lorsque Georges le pére écrit son journal le ton plus inquiet nous frôle, nous saisit ..nous alerte .

Cette fantaisie débridée faite de chimères et de poésie, de plaisirs, de magie, de rêves prend un tour inéluctable .

La sombre réalité gangrène le quotidien et s'installe inéluctablement , rongeant l'humour et la fantaisie ......

Une magnifique histoire d'amour touchante et addictive, tragique et fabuleuse , douce amère et subtile, fine, tendre .........



Un premier ouvrage prometteur !





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En attendant Bojangles

Sept façons de foirer son premier roman - et d’être quand même acclamé -



Fade, sirupeux et bourré de clichés, En attendant Bojangles m’a arraché des râles d’exaspération. Comment le premier roman d’Olivier Bourdeaut a-t-il pu décrocher le très convoité bandeau de « révélation de l’année » ? Et comment reproduire cet exploit chez soi ? Voici sept pistes à explorer.



1° Inventer une famille de tarés (mais pas trop)

Dotez-vous d’un imaginaire en papier glacé, truffé d’appartements haussmanniens et de bulles de champagne. Mettez le paquet sur la déco, faites-la extravagante et raffinée, vos lecteurs doivent avoir l’impression de se mouvoir dans une bluette de Woody Allen. Dans cette atmosphère féérique, plantez une brune tapageuse aux jambes longues et satinées, flanquez-la d’un mari énamouré et d’un petit garçon hagard. L’assemblage vous semble bourgeois et convenu ? Saupoudrez-moi ça d’une pincée de fantaisie : Entre deux gorgées de Mojito, la brune timbrée débite de délicieuses âneries. Entre deux gorgées de gin tonic, le mari énamouré soulève des haltères de 500g « en écoutant du jazz. » Entre deux morceaux de Nina Simone, introduisez les folles jacasseries d’un oiseau tropical au ramage multicolore. Banco ! Vous tenez-là Ze famille en col-claudine et paillettes, déjantée mais pas débraillée, qui fera fondre toute ménagère de moins de cinquante ans qui se respecte.



2° Glamouriser la folie

C’est connu, la folie, c’est triste, c’est moche et ça fait peur. N’hésitez donc pas à la photoshoper lourdement : exit les patients ordinaires au regard vitreux et aux épaules affaissées, à l’aliénation morne et résignée. Votre personnage psychotique doit ressembler le plus possible à une échappée d’asile hollywoodien. Votre brune tapageuse n’aura donc jamais le même prénom plus de deux jours d’affilée, dansera comme une sylphide et boira comme un chameau, sans se départir une seule seconde de son charme ravageur ni de sa légendaire répartie. Vous pouvez lui faire faire de jolis dérapages, une culotte en dentelle jetée à la tête d’un invité ou un luxueux salon incendié, de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Vous l’aurez compris, l’essentiel est de ne jamais décrire la folie telle qu’elle est vraiment : une maladie invalidante, accablante, pour le patient et son entourage.



3° Opter pour l’enfant narrateur et ses adorables taches de rousseur

La candeur, une recette qui marche à tous les coups. Pourquoi se priver de la jolie voix mutine d’un enfant ? Faites comme Kiri, parsemez votre storyboard de mots naïfs et de mignonnes exclamations. Tant pis si ça sonne faux, si votre gamin a l’air de parler comme un vieillard à bedaine. C’est un infime détail que vos lecteurs vous pardonneront volontiers. Ne vous inquiétez pas, on ne vous demande pas d’être Émile Ajar du premier coup.



4° Ne pas changer une recette (sexiste) qui gagne

Baissez-vous et ramassez à pleines mains toutes les pépites dont regorge notre imaginaire patriarcal. Vos lectrices, dont le rêve refoulé est d’être entretenues, s’extasieront devant cette brune sauvage et couverte de bijoux qui se gargarise de Margaritas en sautillant joyeusement sur les canapés. Qui a eu l’amabilité d’essayer de bosser chez le fleuriste du coin mais s’est barrée au bout d’une après-midi… quand on lui a gentiment expliqué que les bouquets étaient payants ! Il n’y a qu’une femme pour avoir autant de courants d’air dans le ciboulot. Le mari, lui, est toqué, mais ouvre des garages et gagne des millions. Voilà qui devrait combler de satisfaction votre mâle lectorat : qui sait, en se tuant à la tâche, ils pourront peut-être se payer un jour la dinde aux longues jambes et à la petite cervelle dont ils ont toujours rêvé.



5° Ne même pas essayer d’être plausible

Vos personnages vivent dans une caricature de conte de fées, s’offrent un château en Espagne pour prendre au mot un malotru ? Festoient jour et nuit ? Gagnent des millions sans jamais ouvrir le courrier ? Déscolarisent leur enfant dans l’insouciance et la bonne humeur ? Orchestrent en pouffant de rire un kidnapping dans un hôpital psychiatrique ? Ce n’est pas grave, élucubrez, élucubrez, il en restera toujours quelque chose. Suivez le flow de vos pensées stéréotypées ! C’est peut-être comme ça que Beckett a troussé En attendant Godot. Laissez la rigueur et la cohérence aux bougons et autres sinistres individus.



6° Bâcler la part d’ombre des personnages

Ça y est, vous voilà dans le vif du sujet. Votre brune tapageuse passe de fofolle sympa et attachante à folle dépressive et dangereuse. Il est temps que votre lecteur, bercé par tant de lubies poétiques, perde pied, tangue un peu. C’est le moment d’introduire un soupçon de noirceur, d’effarement, d’angoisse. Mais bon, vous êtes aimable et précautionneux. Vous savez que vos lectrices risquent de vous lâcher d’un instant à l’autre pour lorgner des assiettes rose bonbon sur Instagram. Veillez donc à distiller le malheur et les émotions dérangeantes au compte-goutte. Un lecteur bienheureux et satisfait est un lecteur qui revient.



7° Faire pleurer dans les chaumières

À la fin du roman, après tant de mièvreries, ne vous privez pas d’un dénouement tragique, digne d’une télénovela bon marché. Mettez à profit les dernières recherches scientifiques sur l’empathie humaine pour imaginer le truc le plus larmoyant, le plus terrassant qui soit. Peu importe si la mise en scène est éculée, rabâchée à l’envi, vos lecteurs iront étouffer leurs sanglots contre leur oreiller. Ils auront tous envie d’adopter le gamin aux adorables taches de rousseur. Et ils vous maudiront puis vous oublieront. Mais vous aurez vendu 120.000 exemplaires, ce qui n’est pas rien.



(Critique publiée sur le site https://www.7x7.press/)
Lien : https://sguessous.wordpress...
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En attendant Bojangles

Le narrateur est un jeune garçon, qui ne comprend pas tout de la vie de ses parents, mais ce qui est sûr, c'est qu'un amour profond les lie, illuminant leur existence fantaisiste et échevelée qui n'a qu'un seul mot d'ordre : s'amuser. Pourtant, derrière les rires, les larmes ne sont pas loin, et une dure réalité va bientôt s'imposer avec brutalité, lorsque l'extravagance ira un cran trop loin.





Voici un petit livre absolument délicieux.

On le commence le sourire aux lèvres, charmé par l'irrésistible humour de ce rafraîchissant tourbillon de bonheur. Puis la lecture prend une tonalité douce-amère lorsqu'on comprend le désespoir et l'incommensurable amour qui sous-tendent cette folie de plus en plus incontrôlable. Et c'est les larmes aux yeux que l'on quitte les personnages et leur drame.





En fait, la perception du lecteur est d'abord celle du fils, longtemps protégé par le courage paternel qui lui permet de vivre une enfance émerveillée sans se douter du drame qui couve. Le regard change complètement lorsqu'on découvre les carnets intimes du père et qu'on réalise à quel point rien n'aurait pu être drôle du tout.





A la fois tragique et léger, drôle et triste, tendre et cruel, ce pétillant et savoureux roman se lit comme une parenthèse enchantée qui vous fait passer du rire aux larmes et vous laisse impressionné, ému par cet extraordinaire numéro de clown triste et cette magnifique démonstration d'amour. Au-delà du coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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En attendant Bojangles

Je dois bien avouer qu'au départ, je n'ai pas compris tout le tapage médiatique autour de ce petit roman. Le narrateur raconte sa vie quotidienne avec ses parents - un peu déjantés, il faut bien l'avouer - lorsqu'il était enfant. Même si cela était très sympathique, je me demandais bien pourquoi il y avait eu un tel étalage. Et puis, au fur et à mesure des pages, j'ai trouvé cet engouement bien légitime. En effet, il ne s'agit pas seulement d'une rétrospective nostalgique sur fond d'un air de Nina Simone, "Mr. Bojangles". On va bien au-delà de ça !



Toute cette joie masque un autre univers, celui de la folie. Non pas la folie douce mais la vraie, celle qui fait souffrir le patient et son entourage. Pourtant, le couple va tout faire pour que leur enfant, le narrateur, passe des moments magiques. On passe du sourire à la tristesse en quelques pages. Le père intervient parfois, donnant sa vision d'adulte de la catastrophe qu'il est en train de vivre. Mais l'amour qu'il porte à sa femme sublime les plus douloureux moments... jusqu'à la toute fin d'ailleurs.



Je trouve ce texte d'autant plus admirable qu'il est court mais intense. Lisez-le en écoutant "Mr. Bojangles" et vous verrez que cette chanson aura une autre saveur.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Florida

« Merci, merci, je tiens tout particulièrement à remercier ma mère sans qui cela n’aurait pas été possible. » … D’avoir une vie de merde.



Mini-miss, mini-moi, mini-elle, maxi traumatisme, celui qui dès dix ans, des princesses coupe les ailes et façonne des rebelles.

Tu es belle, allez, sois sage, on fait comme on a dit ! Tu vas gagner.

Truculent, dégoutant, succulent. Ambiance second degré, glauque à souhait.

Petit chemin de gloire mais grand chemin de croix pour Elizabeth qui est très belle et pas trop bête.

Festival de formules. Feux d’artifice de leurres. Il en faut du talent pour escalader la haine, la répugnance, et l’envie de vengeance envers cette engeance qui lui a donnée naissance.

Devenue Florida, pour évacuer ça, elle fera du gras dans un pensionnat et tombera dans les bras de ceux qu’elle croisera. La boulimie, pour faire chier sera sa première addiction.

Olivier Bourdeaut m’a bousculé avec ses mots et perturbé avec les excès de sa Florida jolie fleur de dawa.

Anabolisants et amphétamines seront des malédictions et sa nouvelle addiction, la revanche visible sur ses hanches. Bodybuildée à outrance, peut-être sa chance !

Acide et poudre compléteront la sanction qu’elle s’inflige pour dissoudre la détresse.

« Tu te détruis pour détruire tes parents, c’est beau comme du Monte-Cristo, c’est fort comme Musclor et c’est complétement con ! »



Lecture rejet, lecture accusation à l’acuité et à l’acidité presque gastrique de l’incompréhension des motivations de parents qui estiment faire le bien et qui créent des maux plantés au cœur de leurs enfants, définitivement. Où est la limite ? Où s’arrête les bonnes intentions ou commencent l’embrasement de petites gloires ou de jets d’adrénaline ?

Olivier Bourdeaut a le verbe acerbe et piquant aux phrases courtes à digérer comme des piments et met en scène joliment et crûment sa re-belle Florida.

« J’ai été shooté à la gloriole, c’est la plus violente des drogues, le regard des autres. »



J’ai beau avoir aimer et souffert mais il faut que je file, j’ai Botox.

Patron, l’addiction…



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Florida





Florida, ce titre m’a fait penser à une fleur, une fleur artificielle que ses tuteurs auraient fini par faire pousser de travers.

Un roman sur les mini miss, il fallait y penser, et j’imagine que selon que le lecteur est parent de mini-miss ou non, le livre est plus ou moins bien reçu !



L’univers décrit est de prime abord doré, mais dès que l’on gratte un peu, les paillettes tombent vite pour laisser place à une enfance sacrifiée. C’est en tout cas ce que l’auteur semble démontrer, et la critique est acerbe, bien ficelée, amenée chapitre après chapitre chaque fois plus loin pour finir en apothéose, enfin, il ose. Je n’en dirai pas plus !



Alors, certes, c’est tentant de vouloir mettre sa jolie poupée sur un podium, mais se met-on vraiment à sa place ? Il me semble d’ailleurs qu’il est question d’interdire les concours de beauté aux mineurs de moins de 16 ans, si ce n’est déjà fait.

C’est tout un monde de l’art contemporain qui est abordé ensuite, avec des sujets surprenants ; parodie de certains vernissages dans le monde fermé des initiés ou l’absurde côtoie parfois le vrai génie.



Si j’ai apprécié le sujet, j’ai moins été séduite par le style d’Olivier Bourdeaut cette fois, peut-être par une légère vulgarité par moment, je ne saurais dire exactement.

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