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Critiques de Olivier Bouzy (2)
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Jeanne d'Arc en son siècle

Ouvrage publié en 2013, un an après : Jeanne d'Arc, Histoire et Dictionnaire, travail à la rédaction duquel il contribua, à part plus ou moins égale avec Philippe Contamine et Xavier Hélary, "Jeanne d'Arc en son siècle" d'Olivier Bouzy tente de faire le point en mettant l'accent sur ce que l'on sait vraiment de tous les épisodes historiques et des faits et gestes johanniques tels qu'ils survinrent et furent décrits dans la première moitié du XVe siècle, en privilégiant le connu, le certain et le probable plutôt que l'anecdotique et la légende ou la propagande.

L'introduction permet à l'auteur d'évacuer les fausses problématiques historiques, comme par exemple la sainteté de Jeanne, qui n'est pas une question à l'ordre du jour dans les années 1429, 1430 et 1431, et que l'intéressée elle-même n'a jamais soulevée. Dans le premier chapitre : Guerre de princes, guerre civile, on voit que tout se joue sur un fond tragique pour le royaume de France et dans un contexte de déchirement autour de factions rivales, sans qu'intervienne jamais la moindre notion d'identité nationale : on est fidèle à un parti et l'on s'oppose à un autre, et les politiques matrimoniales des familles et dynasties rivales si elles favorisent parfois les rapprochements mais contribuent à la confusion en faisant bien souvent des rois anglais et français des cousins ou des parents plus ou moins proches, n'empêchent nullement les hostilités de reprendre, surtout au moment où les Lancastre usurpent le pouvoir en Angleterre et ont besoin de conforter ce tout nouveau pouvoir en se rendant légitimes par des victoires incontestables remportées sur l'ennemi français et en profitant des querelles internes survenues entre le parti Orléans-Armagnac et celui du duc de Bourgogne pour marquer ces points. La victoire d'Azincourt, la conquête de la Normandie, le mariage d'Henry V de Lancastre avec Catherine de France et la signature du traité de Troyes sont pour les Anglais autant de gages pris sur les Français et devraient en bonne logique les amener à gouverner des deux côtés de la Manche.



Seul ennui, le fils de Charles VI et d'Isabeau de Bavière, le futur Charles VII n'entendait pas se laisser déposséder de ses droits sur la couronne de France. Il fallait donc le terrasser. Mais où frapper : à Bourges en franchissant la Loire à La Charité avec l'appui du routier Perrinet Gressart ou à Angers comme le préconisait Bedford qui assurait la régence en France après la mort d'Henry V en attendant le couronnement d'Henry VI, encore mineur ? Les Anglais optèrent finalement pour Orléans dont il commencèrent le siège en octobre 1428. Olivier Bouzy montre que ce choix n'allait pas forcément de soi.

L'auteur nous parle ensuite de Jeanne à Domremy. Chapitre fort intéressant. Nous relèverons toutefois une légère contradiction entre la description qu'Olivier Bouzy nous donne du découpage en appartenances politiques et juridiques du village selon une ligne de partage est-ouest, et la fragmentation nord-sud par rapport au ruisseau des Trois-Fontaines telle que nous la dépeint pour sa part Colette Beaune, qui positionne la maison natale de Jeannen dans la partie méridionale du village, clairement située dans le Barrois mouvant. Ce détail a son importance, même s'il paraît à première vue négligeable, car il permet de comprendre comment on doit relier Jeanne à telle ou telle personne dans la chaîne des fidélités, la zone étant théoriquement placée en terre "pro-française" alors que dans la réalité le duc de Bar était obligé de composer avec le duc de Lorraine et celui de Bourgogne. Jean Favier nous a bien éclairé à ce sujet dans sa biographie du bon roi René, qui fut un temps duc de Bar.



Olivier Bouzy aborde ensuite les débuts de la vie publique de Jeanne puis il évoque les combats auxquels elle participa et/ou assista. Il pense pouvoir dire que, faute d'un connétable pour les guider (Richemont étant alors banni), le valeureux maréchal de Boussac, les capitaines, Jean le Bâtard et Gilles de Laval (ou de Rais), les hommes de guerre, La Hire et Xaintrailles, puis le duc Jean d'Alençon, s'habituèrent progressivement à laisser cette femme sans commandement officiel les guider à son bon plaisir. Mais les couronnes de laurier furent bientôt remplacées par une couronne d'épines : Orléans, Jargeau, Patay et Reims furent pour Jeanne les journées auréolées par la gloire ; Paris, La Charité-sur-Loire et Compiègne furent les revers précurseurs du martyre.



Olivier Bouzy en vient à nous donner sa lecture des événements liés à la captivité et au procès de Jeanne, et c'est l'occasion pour lui de mettre l'accent à la fois sur les ruses employées par les juges pour perdre la prisonnière et sur celles auxquelles cette dernière put avoir recours pour assurer sa défense et éviter certains pièges qu'on ne cessait de lui tendre.



Après sa mort, Jeanne connut tantôt les faveurs et le désamour des populations françaises : l'apothéose fut sa beatification et sa canonisation en même temps que sa consécration comme héroïne nationale et comme sainte patronne de la France ; même Maurice Thorez, premier secrétaire du Parti communiste chercha à la récupérer, faisant concurrence aux ligues d'extrême droite. Jeanne servit si bien à tout, même comme objet publicitaire, qu'elle sembla bientôt ne plus pouvoir servir à rien et que le public finit par la bouder, même comme symbole de résistance contre la fatalité et les envahisseurs, en lui préférant des héros imaginaires venus d'un village imaginaire habité par d'irréductibles Gaulois : le personnage d'Asterix ne fut pas imaginé pour tourner la page de Jeanne mais il permit peut-être à une époque de s'en éloigner un peu. Aujour'hui, au moment où l'on parle de ne plus inscrire le nom de cette jeune fille dans les manuels d'Histoire, le nombre d'ouvrages qui parlent d'elle ne semble pas diminuer, bien au contraire, même si l'on trouve dans l'ensemble le pire et le meilleur. Notre "héroïne" ne va-t-elle pas connaître, paradoxalement, une nouvelle jeunesse ?



François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)





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Jeanne d'Arc : Histoire et dictionnaire

Il nous fallait cet instrument de travail pour mieux entrer dans l'univers de Jeanne la Pucelle, dite Jeanne d'Arc (1412-1431) : trois hommes se partagent ici le travail, Philippe Contamine, spécialiste universitaire de la guerre au Moyen Âge, et principalement pour les XIVe et XVe siècles, qui correspondant à la guerre de Cent Ans, et deux autres médiévistes, Olivier Bouzy, directeur-adjoint du Centre Jeanne d'Arc à Orléans, qui a déjà publié de nombreux travaux sur Jeanne, et tout dernièrement sur Jeanne en son temps, et Xavier Hélary.

Le volet historique - une biographie, et un peu plus que cela, car il y aussi l'histoire du mythe de Jeanne après Jeanne - est bien construit. La seconde partie, le dictionnaire, est riche en informations, sur les personnes dont la route a croisé celle de Jeanne et qui soit agiront avec elle, soit contre elle, la jugeront ou témoigneront en sa faveur lors de sa "réhabilitation", ou encore sur des personnes qui écriront sur elle ou laisseront des documents qui auront, de près ou de loin, à voir avec la Pucelle. Il y est aussi question des lieux et des événements.

Une bibliographie très complète se trouve en fin d'ouvrage. Ce livre, un beau "pavé", aux pages presque aussi épaisses que du papier à cigarettes, est la publication majeure de l'année 2012, au début de laquelle fut célébré le 600e anniversaire de la naissance officielle de Jeanne.

Un ouvrage qu'aucun spécialiste ou lecteur qui s'intéresse à Jeanne ne pourra ignorer.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu ( 2010)
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