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Citations de Olivier Chaline (18)


Ce n'est donc pas l'Etat qui entend promouvoir le "grand renfermement" (des mendiants) dont parlait Michel Foucault, alors qu'il tente l'effort suprême, financier et militaire, contre l'Espagne (1656). Il se trouve impliqué dans l'Hôpital Général sans l'avoir recherché, même si dans les années qui suivirent la Fronde le pouvoir royal se préoccupe de chasser les mendiants des rues de la capitale. Cela signifie tout autant expulser les provinciaux qu'enfermer les Parisiens. Mais ce n'est pas encore un programme général d'intervention de l'Etat. D'ailleurs, Mazarin n'aime guère les dévots qui gèrent l'Hôpital général.

p. 547
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Ceux dont le roi est le plus proche, ce sont ses nobles et ses soldats. Ses évêques ont une culture et des usages qui lui échappent, même s'il les respecte et les écoute en partie. Avec ses nobles, surtout d'épée, il est dans son univers. Seule une historiographie acharnée à nous présenter un monarque soi-disant absolu abaissant la noblesse a pu faire oublier la similitude de goûts et de culture entre Louis et ses principaux courtisans. Ce qu'ils pouvaient lui dire et qui, par eux, parvenait au roi du reste du royaume, nous est à peu près inconnu. Il est davantage possible de se faire une idée des rapports, des dépêches que les secrétaires d'Etat lisaient au roi en provenance de leurs provinces respectives. C'est à travers la cour que Louis connaît les Français.

p. 93
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Louis XIV n'a jamais cherché à imposer un total contrôle de la vie culturelle. Pendant une longue partie du règne, on peut remarquer, jusque dans l'entourage royal, une grande diversité intellectuelle, source parfois de vives tensions. Qu'on pense seulement à la présence des épicuriens (= libertins) : Pierre Dupuy veille sur la Bibliothèque du Roi depuis 1635, et le médecin Gabriel Naudé, à son retour de Rome où il a servi plusieurs cardinaux, est chargé de la Bibliothèque de Mazarin en 1642. Quant à La Mothe Le Vayer, substitut du procureur général du Parlement, il est même nommé précepteur de Louis XIV en 1652 puis devient membre de l'Académie Française.
(...)
Même à partir des années 1680, il est possible d'échapper à l'esprit de Versailles, car la cour n'a jamais étouffé la ville... A Sceaux racheté à la veuve de Colbert de Seignelay, après 1699, se constitue la petite cour de la duchesse du Maine, petite-fille du Grand Condé. Son époux, fort épris et admiratif, ne sait que faire pour satisfaire cette petite femme débordante d'esprit et d'initiative, y compris en politique. Elle ... organise une vie fastueuse et enjouée, ponctuée par les "grandes nuits de Sceaux". Conseillé et instruite par M. de Malézieu, précepteur de son époux, elle protège les poètes, cultive le théâtre, joue elle-même la comédie comme jadis Louis XIV. La mort de la pétulante duchesse de Bourgogne (1712) a signifié qu'on ne pouvait plus le faire qu'en marge d'une cour endeuillée. Mais pour qui veut, sans même quitter la famille royale et sa périphérie légitimée, les occasions ne manquent pas. La célébration officielle n'a pas fait disparaître des espaces de liberté parfois bien protégés.

p. 224-226
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Cette abondante postérité met, selon toute vraisemblance, le royaume à l'abri des contestations successorales et paraît devoir écarter la possibilité même d'une régence; et il ne s'agit là que des enfants légitimes. [...]
Onze mois suffiront à ruiner tant d'espérances et à proclamer que la solidité dynastique n'était qu'apparente. Pressée, la mort frappe les Bourbons à coups redoublés. Peu après Pâques, le 14 avril 1711, la petite vérole emporte Monseigneur. Sa disparition fait de son fils aîné, le duc de Bourgogne, le nouveau Dauphin. Plus que jamais l'avenir de la France semble porté par le duc et son épouse. Mais la duchesse de Bourgogne succombe à son tour, des fièvres, le 12 février 1712. Son époux, qui l'a veillée autant qu'il a pu, meurt quelques jours plus tard, le 18 février. Dans l'horreur de cette double mort, leur fils aîné, le très jeune mais déjà impérieux duc de Bretagne, devient dauphin. Pour trois semaines seulement. La mort l'emporte le 9 mars, et il s'en faut de peu qu'elle ravisse aussi son cadet, le petit duc d'Anjou, lequel lui est disputé victorieusement par les femmes qui en ont la garde.
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Olivier Chaline
Mais, à cette forme traditionnelle (le droit de grâce) s'ajoute une autre qui relève de la justice retenue : les ordres du roi permettant d'enfermer un fils, une épouse dont l'inconduite mine l'honneur d'une famille. C'est avec le renforcement des intendants que se développent les demandes d'interventions rapides destinées à éviter un scandale public, la ruine d'un patrimoine, une condamnation judiciaire que des désordres répétés ne devraient pas manquer de provoquer. Le roi est tenu pour le garant du bon ordre des familles. Ce qui semble un siècle plus tard le comble de l'arbitraire* n'est en fait que la réponse du pouvoir royal aux sollicitations de la société.

* les lettres de cachet

p. 500
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« J’étais hier au Mont-saint-Michel. Ici, il faudrait entasser les superlatifs d’admiration, comme les hommes ont entassé les édifices sur les rochers et comme la nature a entassé les rochers sur les édifices. [...] Et puis, comme on est sur la lisière de la Bretagne et la Normandie, la malpropreté y est horrible, composée qu’elle est de la crasse normande et de la saleté bretonne qui se superposent à ce précieux point d’intersection. Croisement des races ou des crasses, comme tu voudras. » Lettre de Victor Hugo à Adèle Hugo, le 28 juin 1836
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Au sens fort du terme , la bataille est "apocalyptique" , c'est-à-dire révélation.C'est l'extrême de la violence qui donne à voir ce qui est d'ordinaire dissimulé par les usages et la vie quotidienne.Tout est mis à nu.
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La maladie de Monseigneur ouvrit soudainement une avenue aux espérances de tous ceux qui tenaient au duc de Bourgogne. Ce qui avait été la patiente préparation d'un avenir lointain et quelque peu aléatoire prit tout à coup une formidable réalité: ils étaient les amis et protégés du futur roi de France. Ils pensaient que leur heure sonnerait sous Louis XVI s'ils étaient encore en vie, et voilà qu'elle était avancée au règne de Louis XV.
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« Si je suis revenu, et si je ne veux plus m’en aller, c’est parce que j’ai compris subitement que nul pays au monde ne pourrait m’offrir plus que ne me donne ce simple verger. Quelques pommiers tordus au-dessus d’une herbe toujours verte, vois-tu, cela vaut tous les spectacles de l’univers. Le bonheur que chacun de nous cherche éperdument il n’existe nulle part avec plus de certitude et de sécurité qu’à l’ombre d’un pommier et en face d’une ondulation de terrain. En tout cas, c’est le bonheur inévitable de tout Normand qui a saisi la beauté de son pays. C’est le mien. Et le tien aussi, n’est-ce pas ? » Maurice Leblanc, Notre vieux lycée, 1931
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Pour Louis XIV qui fut roi et "né pour l'être", vivre ce fut régner. Une telle longévité biologique était hors du commun, sans être véritablement exceptionnelle. Louis XIV eut deux exacts contemporains nés comme lui en 1638 et morts également en 1715 : l'oratorien Malebranche et le bénédictin dom Pérignon. L'un a marqué la philosophie tandis qu'on doit à l'autre ce que nous connaissons sous le nom de "champagne"... Un tel règne est un grand fleuve d'événements et de gens, à la course et à l'estuaire imprévisibles... Pour parler de Louis XIV, la meilleure métaphore n'est pas celle du jardin à la française avec ses paisibles bassins à fontaine reflétant le ciel et les arbres d'une nature bien ordonnée, mais celle d'un puissant cours d'eau, souvent impérieux et majestueux, parfois terrible, irriguant, captant, noyant, détruisant et fécondant. La vitalité royale fut telle qu'elle ne peut se laisser enfermer dans une historiographie trop souvent convenue. Sa présence reste formidable et écrasante, jusqu'aux derniers mois.

p. 721
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Jamais encore l'Etat en France ne s'était attribué de telles compétences et n'était intervenu dans des domaines aussi variés. Bien des contemporains ont eu le sentiment de vivre une profonde altération de la monarchie. Pourtant, si nous comparons celle de Louis XIV avec d'autres puissances contemporaines, il faut bien remarquer que le roi de France n'a pas bouleversé les structures politiques de son royaume. Il ne se passe rien de vraiment comparable à ce qui s'est produit chez des monarques qui l'ont pris pour modèle. Les Français n'ont connu ni le service obligatoire, militaire ou civil, pour les nobles, ni le servage pour les paysans, à la différence de la Prusse du Roi-Sergent ou de la Russie de Pierre le Grand., même si le roi a gouverné sans l'accord d'un corps représentatif national comparable au Parlement d'Angleterre ou aux états généraux des Provinces-Unies. Il importe aussi de noter que toutes ces extensions de l'autorité royale n'ont pas été effectuées de propos délibéré. L'Etat a dû aussi répondre à des sollicitations et intervenir pour éviter un désastre financier dont il aurait subi les contrecoups. Il n'y a pas eu de plan préétabli ni de grand dessein. On ne peut pas non plus opposer une période colbertienne supposée réformatrice et novatrice à une fin de règne sclérosée, car la capacité d'intervention et d'invention est au moins aussi marquée à partir de 1695 que trente ans plus tôt.

pp. 562-563.
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C'est encore à la personnalité même du roi qu'il faut revenir pour comprendre le progressif éloignement de Paris, qui sans cesser d'être la capitale, n'est plus la résidence de la cour. Il est d'usage de répéter que Louis XIV avait pris en grippe Paris et ses habitants à cause de la Fronde et que, pour cette raison, il alla s'installer à Versailles. C'est tout simplement oublier que le roi passe dans la capitale les premières années de son règne personnel. S'il avait été si hostile à Paris à cause de ses mauvais souvenirs politiques, il n'aurait eu que l'embarras du choix pour trouver une autre résidence (...) Les goûts de Louis XIV le portent vers la campagne. Le roi n'est pas un homme de la ville. Il lui faut de l'espace, de l'air, des fontaines et des pièces d'eau, des arbres et du gibier... Ce n'est pas la Fronde qui détourne le roi de Paris, mais la mort de sa mère. Anne d'Autriche est revenue mourir au Louvre le 20 janvier 1666. Louis XIV fut profondément marqué par cet événement et c'est lui-même qui écrit à l'intention de son fils dans ses Mémoires qu'il fut incapable de supporter de rester à l'endroit où sa mère venait de mourir. Il quitta alors le Louvre pour Versailles. Rien ne laissait encore soupçonner la portée de cette décision.

p. 259-260
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Comment ne pas souscrire au jugement d'Alexandre Lossky qui étudia l'évolution intellectuelle de Louis XIV : "à mesure que le roi vieillissait, la sagesse et même l'humilité remplaçaient progressivement la fierté et le culte du moi dans ses paroles et ses actes. C'est une des ironies des choses humaines que tant d'historiens aient chanté les louanges pour la première partie de son règne et lui aient tant reproché la seconde" ?

p. 161
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Précisons que les prix ne sont pas systématiquement indiqués lors de la signature du marché mais peuvent l'être en cours d'exploitation ou lors de la délivrance de la marchandise. Inversement, un prix peut être fixé mais pas les quantités à livrer. Des marchés peuvent être formalisés par écrit après la livraison du produit commandé dans l'urgence...
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Le déserteur repentant a la possibilité d'aller se présenter à un représentant de l'autorité et même, s'il a été arrêté, d'exprimer son regret. Peu importe la sincérité de ses dires : l'essentiel est de récupérer un soldat et tout le monde s'en tiendra à parler d'inconstance.
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Traiter d'un même mouvement Armée et Marine suppose de conjoindre deux domaines d'étude ordinairement séparés, non sans raison. En France, mais pas seulement, les historiens de l'une ne sont, en général, pas ceux de l'autre, ce qui prolonge l'ancienne dualité des bureaux et des archives.
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Après 1589, Henri roi de Navarre, tout "fils de Saint Louis" qu'il fût, avait dû toutefois conquérir lui-même sa couronne, à la pointe de l'épée. Il vainquit certains de ses adversaires et acheta les autres avec l'argent anglais et toscan qu'il évita de rembourser, assez heureux pour n'avoir politiquement aucun rival crédible et suffisamment habile pour éviter d'affronter directement en bataille rangée l'armée espagnole, la meilleure du temps.
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Aujourd'hui princesse ; demain, rien ; dans deux jours, oubliée.
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