Découvrez LE roman bien-être de cet été, signé Olivier Cochet, mêlant rêve lucide et hypnose.
LE RÉSUMÉ :
Elle, une jeune fille à bout de forces, perdue dans la neige est sauvée in extremis de la mort, grâce à une intervention inespérée?
Lui, un auteur à succès, qui vit à côté de sa vie, voit son dernier roman refusé par sa maison d?édition?
Alors qu?ils n?ont rien en commun et vivent à des années lumière l?un de l?autre, ils vont pourtant connaître des trajectoires étonnamment similaires jusqu?à être obligés de s?entre-aider pour s?en sortir !
Êtes-vous prêt.e ?
Disponible en librairie dès le 12 juin 2019
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EN FAISANT DES RECHERCHES à la bibliothèque pour donner du poids aux idées de ses derniers chapitres, Hector avait lu dans un livre que selon les
kahunas hawaïens – hauts chefs spirituels condensant à la fois les fonctions de prêtre et de médecin –, nous serions tous reliés par des cordons nommés aka. Longs fils invisibles composés de matière subtile énergétique,
ces cordons spéciaux nous rattacheraient à quiconque croiserait un jour notre vie terrestre.
Il ne savait pas si ces fils concernaient les êtres imaginaires, ceux que nous façonnions chaque nuit par l’intensité des rêves, mais il espérait secrètement que c’était le cas. N’avait-il pas fait avec Chloé l’une des plus belles rencontres de toute sa vie ?
« Gardez en l’état dans votre tête toutes les pensées qui y circulent et vous ne parviendrez jamais à en faire quoi que ce soit », disait un de ses professeurs à la faculté. « Capturez ces mêmes pensées en les couchant sur du papier et vous comprendrez tout de suite ce que votre âme a à vous dire. »
C’était comme ça. En osant sortir au bout de sa plume tous les non-dits parasitant l’esprit et desséchant le cœur, l’encre avait les mêmes vertus qu’un filet permettant d’attraper un papillon… Et ce pouvoir, visiblement, se décuplait lorsque la personne qui écrivait se risquait à braver ses peurs, comme celles qu’il essayait de cacher dans les endroits les plus reculés de
sa mémoire.
– Ton état sera comparable à un plongeur explorant
les fonds marins. Tu as déjà fait de la plongée sous marine, je crois ?
– Deux ou trois fois, dans les îles, oui… Lorsque mon éditeur m’organisait des tournées pour que je parte à la rencontre de mes lecteurs francophones…
– Très bien. Je ne sais pas si tu t’en souviens, mais lorsque tu plonges en combinaison, tu peux entendre, une fois immergé, les voix des personnes qui sont restées sur le bateau. Bien qu’elles soient légèrement assourdies
par l’eau, tu les entends très clairement, comme si elles provenaient d’un autre endroit, plus confiné. Tu peux également voir du dehors ces mêmes personnes te faire des signes. Leur geste de la main sera brouillé
par le clapotis des vagues, ils n’en seront pas moins parfaitement visibles. Tu es donc tout à fait conscient de ce qui se passe… et pourtant, une autre partie de toi est complètement ailleurs. Sous l’eau, tu ne perçois pas les choses de la même façon : ton corps se meut en trois dimensions, tu sens tout ce qu’il y a autour de toi à 360 degrés…
– Et c’est ce genre de truc que je vais vivre, là, maintenant avec toi ?
– On peut dire ça, oui… Je vais t’emmener loin, très loin sous l’eau… beaucoup plus loin que la première fois en tout cas !
– Et c’est mieux ?
– Ni mieux ni moins bien, ce sera juste plus…
– Intense ?
Le thérapeute rectifia en faisant une grimace :
– Plus incontrôlable, je dirais ! En général, plus tu vas en profondeur et moins ton conscient maîtrise ce qu’il se passe…
- Il est temps que nous vivions ensemble notre premier rêve éveillé, notre premier rêve lucide!
- Notre quoi ...?
- Notre passeport vers le bonheur, se contenta-t-il de répondre. Celui que tu as fait semblant de comprendre dans tes livres, mais que tu n’as jamais expérimenté dans ton corps.
Il se jeta à corps perdu dans l’aventure de l’écriture. Dans la douleur, il apprit à désapprendre, à jeter à la poubelle tous les tics de langage derrière lesquels il s’était réfugié pour éviter de se connecter avec ses émotions.
[...] il réalisa que ce genre d’expérience commençait en osant se regarder dans un miroir, quitte à affronter de vilaines choses au fond de soi.
Car la clé était là! L’amour ne consistait pas tant à vivre éternellement avec quelqu’un que de donner sans compter ce que l’on avait de plus beau a l’intérieur pour aider les gens à se révéler et à sortir leur morosité.
Impossible, après cela, de ne pas dire que les écrivains étaient une race à part. Une race composée d’etres capables de se connecter aux différentes mémoires collectives dont l’âme de notre monde était imprégnée.
Plus que tout, il aima cette conception de la création. Pour la première fois, il lui semblait qu’elle reliait conjointement le fait d’écrire et le fait de vivre.
[...] l’oiseau que tu étais il y a quelques minutes, grisé par les courants d’air, magnifiquement perché entre le ciel et la terre ... ce bel oiseau va accomplir un nouveau voyage... un voyage initiatique au cœur... au cœur de ton cœur !
Car c’était une chose d’écrire de jolies paroles, ivre d’orgueil et d’arrogance, mais c’était une autre paire de manches, comme à cet instant, de les vivre lorsque l’on était déchiré dans sa propre chair et dans son âme.