Citations de Olivier Descosse (237)
Le soleil se levait sur la Meije.
Une lumière froide rasait la roche et lui donnait la teinte d'un caramel. De la poussière de neige, aussi fine que du talc, se glissait dans les anfractuosités de la pierre pour peindre une toile en ocre et blanc. Un monde de pureté, d'une dureté minérale, qui se découpait dans la pulvérulence d'un ciel limpide.
Les blessures les plus profondes sont invisibles. Leurs cicatrices ne saignent pas.
La plus grande des motivations a toujours ses limites.
Le réchauffement climatique poursuivait sa marche inexorable mais en cette fin novembre, les sommets du massif de la Meije, en plein coeur du parc national des Ecrins, étaient recouverts d'une épaisse couche de neige.
Des plaques de neige mouchetaient le sol, tableau en noir et blanc illuminé par les étoiles.
La montagne donne, la montagne prend.
Dans ce lieu isolé, coupé du monde, la solidarité était une valeur essentielle.
Plutôt jolie avec ses traits réguliers et son petit nez retroussé, elle puisait sa singularité dans l'énergie qui l'animait.
Dommage qu'elle n'ait pas plus de temps ou de disponibilité d'esprit pour se consacrer à sa lecture. Quand elle la reprenait, elle devait remonter plusieurs pages en arrière afin de renouer les fils d'une histoire qui lui échappait.
Ils se faufilaient entre les obstacles tels des missiles téléguidés, éclats de couleurs vives tranchant dans la bichromie d'un paysage en noir et blanc.
Son monde était loin d'être le meilleur. L'horreur, la perversion, la cruauté et la violence en constituaient les quatre points cardinaux. Ils balisaient la route de tous les flics, tels des soleils de sang qui dirigeaient leurs pas.
L'acte commis par ce fou avait achevé de la dégouter des hommes. Dans son esprit, il cristallisait tous ce qu'ils avaient de plus odieux. La certitude de leur puissance, de supériorité, le méprit qu'ils nourrissaient à l'égard des femmes, à fortiori quand elles étaient lesbiennes. Certains passaient à l'acte, les agressaient physiquement, quand d'autre se contentaient de les torturer mentalement. Le résultat était finalement le même. Ils étaient des prédateurs, et elles des proies. Des proies qu'elle s'était donné pour mission de protéger, qu'elle quand soit le prix.
Il avait appris à grimper avant de savoir marcher et gardait au fond du coeur l'amour des paysages de son enfance.
Au fond, montant la garde, une peluche à taille humaine, sorte de rongeur aux yeux vicieux enveloppé dans un imperméable style Columbo. Dans un sourire, Julia songea à une marmotte exhibitionniste. Page 236
14h45. Les détenus de l'après-midi arrivaient au palais pour leurs auditions.
Claire paya l'addition et se leva dans la lumière d'automne.
Malgré la souffrance, les deuils et les désillusions, la vie reprenait son cours.
Et dans cette vie, elle était juge.
Du blanc, du noir, du bleu... Les couleurs immuables des glaciers. Elles peignaient la toile d'une étendue inviolée, d'une pureté à coller la migraine, sectionnée par des éperons rocheux qui se découpaient sur une voûte de cobalt.
Plantées dans ce décor apaisé, deux billes sombres le fixaient avec intensité. Les yeux étaient encore ouverts , comme si la mort avait saisi le sportif par surprise. Figés, ils reflétaient la dernière émotion qui l’avait habité.
Une terreur absolue face à l’inéluctable.
La salle transpirait la haine.
La vie est un miracle et nous la piétinons chaque jour, sans penser une seconde qu’il y aura un retour de bâton.
On ne sait rien des gens, si ce n'est ce qu'ils veulent bien nous montrer.