Je répète en boucle : un divorce c’est sept deuils en même temps. Deuil d’un amour, deuil de la confiance, deuil de l’amour-propre, deuil d’une vie de famille, deuil des enfants, deuil du présent, deuil de l’avenir. Eclatement. Je ne peux plus me concentrer, lire. Même les journaux qui s’empilent dans la cuisine, sous les fenêtres, soulignent combien je suis à côté de la marche du monde. Ces colonnes de papier déjà vieilli, déjà jauni forment une barricade avec le monde extérieur. Je suis dans les tranchées, les obus tombent de toutes parts. Je pénètre dans la maison en étant convaincu d’être un soldat traversant un terrain après la bataille. Dans cette position un peu défensive, fusil à la main, de celui qui tourne la tête à gauche et à droite, s’attendant à un retour de flamme au milieu des cendres ou à un tir de sniper.