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Critiques de Olivier Ledroit (188)
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Le troisième oeil, tome 1 : La ville lumière

BD FANTASTIQUE / ESOTERISME.

Voyez ! Le dessinateur Olivier Ledroit qui a toujours eu un trope pour les démons et les merveilles devient scénariste pour nous offrir un récit fantastique, ésotérique et mystique de 100 pages où chaque planche et un véritable son et lumière qui en met plein les mirettes... Mickaël Alphange déchire le voile entre le visible et l'invisible, mais s'il voit il peut être vu. Et c'est ainsi qu'après les merveilles il découvre les démons et que s'il veut survivre il doit trouver les bons maîtres pour devenir un nouveau chasseur d'horreurs. Et après sa transfiguration, c'est tout naturellement qu'il part en croisade contre les forces de l'ombre. Ce tome 1 purement introductif peut partir dans bien des directions, mais est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi la sorcière décapitée d'entrée de jeu ressemble autant à Marlène Schiappa de La République En Marche ?
Lien : https://www.portesdumultiver..
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Les Chroniques de la Lune noire, tome 1 : L..

Comme d'habitude en matière de bandes-dessinées sur l'héroïc-fantasy, mon mari emprunte à la médiathèque, les lit et moi je lis derrière. Etant lui-même un fin connaisseur en la matière, je dois avouer que je ne suis pas toujours et n'apprécie pas ce genre de lecture à sa juste valeur mais bon, il en faut pour tous les goûts. De plus, je sais parfois reconnaître mes erreurs de jugements et trouver certaines qualités dans les ouvrages qu'il a aimés.



Ici, le lecteur rencontre un jeune homme un peu perdu, sans nom, bien vite baptisé Wismerhill par celui qui deviendra son ami et son maître d'armes, Pile-ou-face. Nos deux compagnons ne vont pas tarder à rejoindre l'armée du terrible Ghorghor Bey et ensemble, ils vont s'engager dans une guerre contre les armées de l'Empire. Cependant, en dépit des qualités guerrières de chacun des deux camps, il ne faut pas oublier que le seul maître de leurs destinées respectives est une puissance supérieure appelée "L'Oracle". Ce que l'Oracle a dit ne peut que se réaliser donc si vous voulez savoir lequel des deux camps l'emportera, entre celui de l'obscur et celui de lumière, je ne peux que vous recommander la lecture de ce premier tome (pour commencer) et de tous ceux qui suivent et constituent "Les chroniques de la lune noire".



Un graphisme bien travaillé mais une histoire un peu difficile à suivre à mon goût, ce qui ne m'empêchera de lire le second tome. Pour la suite, on verra bien...
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Wika, tome 1 : Wika et la fureur d'Obéron

Livre découvert au moment de sa sortie sur Babelio et acheté en suivant car je voulais le carnet de croquis de la première édition. En réalité, il n'y a que 2 ou 3 pages de concernées... La couverture m'avait subjuguée lors de sa sortie, très colorée et beaucoup de détails.



Dès ouverture, nous avons une double page représentant la carte de ce monde avec quelques noms bien connus (Yggdrasil, Abraxas, …). Je ne m'en suis pas servie durant ma lecture mais j'ai pris plaisir à la détailler avant. Les graphismes sont absolument superbes, même si quelques cases ne sont pas au top comme celles en grand format. Le dessinateur a utilisé un style que j'affectionne beaucoup, à savoir des doubles pages d'un unique dessin et quelques cases par-ci par-là. J'aime la complexité dans une BD et non l'alignement « simpliste » des cases (comme « Tintin »). D'une part, parce que c'est beau et plus complexe, et d'autre part car cela donne plus d'intensité à l'ensemble de l'histoire.



Petit plus, celle-ci est de Thomas Day, cela me permet ainsi de découvrir cet auteur si apprécié de Boudicca!!



L'histoire est celle de Wika, jeune bébé fée, sauvée in extrémis de la mort par un ami de ses parents. Ceux-ci ont d'ailleurs été sauvagement tué par un ex à sa mère car elle était mariée au prince et par pure vengeance contre les fées, qu'il tente d'exterminer au fil des ans. On retrouve Wika 13 ans plus tard ne connaissant rien de son passé ni de ses possibles pouvoirs, qui ne tarderont pas à se déclencher. Ce tome est donc celui de l'introduction et de la découverte des personnages principaux dans des décors féeriques. La série doit compter 4 tomes et il me tarde donc que la suite sorte.



Comme vous l'aurez compris, cette BD a été une très bonne découverte pour ma part et je vous conseille donc de découvrir à votre tour cette magnifique BD à l'histoire pas aussi rose qu'elle le semble ni aussi simple. La fin de ce tome nous promet une suite intéressante et haut en couleur où des jours sombres guettent Wika... En tout cas, cette BD me donne envie de découvrir un peu plus profondément le style très imaginatif de Thomas Day.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Xoco, tome 1 : Papillon obsidienne

Il est de l’autre côté maintenant.

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Ce tome est le premier d’une tétralogie, composé de deux cycles illustrés par deux artistes différents, comprenant chacun deux albums. La parution originelle de ce tome date de 1994. Il a été réalisé par Thomas Mosdi pour le scénario, et par Olivier Ledroit pour les dessins et les couleurs. Il comprend deux pages d’introduction sous forme de fiche de police, et cinquante-quatre pages de bande dessinée. Les deux premiers albums ont fait l’objet d’une réédition : Xoco - Cycle 1 : Tomes 1 et 2.



Rapport de police du vingt novembre 1921, rédigé par le lieutenant de police Vincente Lazzari. Objet : homicide commis sur la personne d’Ambrose Griffit, né le vingt mai 1872, assassiné le dix-sept novembre 1921. Ce jour, le commissariat de police recevait le témoignage de sir Aleister Weilling, pour le meurtre de son gendre, Ambrose Griffit, survenu le même jour dans sa boutique d’antiquités, sis 4 impasse Mulberries, à Manhattan. Il indiquait dans sa déclaration, avoir été prévenu par des voisins de ladite boutique d’antiquités, du décès de son gendre. Il s’était ensuite rendu sur place, et avait constaté es faits. Une étude des lieux par les agents de police permit de découvrir le corps de la victime, ligoté à un fauteuil et bâillonné. D’après la raideur cadavérique, il a pu être estimé que le mort remontait à la fin de l’après-midi. Une recherche effectuée auprès de l’administration compétente a permis d’apprendre qu’Ambrose Griffit n’avait plus de proche parent direct, hormis sa fille, Mona Griffit. Entendu à plusieurs reprises au cours de l’enquête, sir Aleister Welling reconnut avec tristesse que son gendre était un excentrique, un faible qui s’était montré incapable de faire face au décès de son épouse, comme d’éduquer correctement sa progéniture. Un interrogatoire du voisinage ne révéla rien quant aux possibles inimitiés dont la victime aurait pu être l’objet. Une perquisition effectuée à son domicile, ne permit pas de découvrir d’indices intéressants pour l’enquête. Il n’avait pas contracté d’assurance à son nom. Il a été conclu à un homicide volontaire durant un cambriolage.



New York, à l’automne 1931. Un individu, en imperméable avec un chapeau dont l’ombre lui masque le visage, entre dans la boutique d’antiquités d’Ambrose Griffit. Un homme est assis au bureau, il s’adresse à l’inconnu lui montrant le couteau d’obsidienne qu’il tient dans la main. Il l’assure que c’est l’arme dont l’inconnu rêve. Ce dernier n’a qu’un geste à faire pour qu’elle soit à lui, pour rallumer le feu qui couve en elle. S’il sait s’y prendre, elle lui donnera beaucoup de plaisir. Dans une zone désertique du Mexique, de nuit autour d’un grand feu, des Amérindiens font le point sur la situation : Il est de l’autre côté maintenant ! Juan échange avec Miguel : ils ne savent toujours pas s’ils ont bien fait de le laisser partir, car New York est une ville immense. Ils doutent, mais ils devaient réagir après ce qui est arrivé à Lucio. Mescalito a désigné Xoco pour être leur bras. À New York, le Saigneur de Brooklyn assassine Luigi Pellone et Rita Esperendo selon un rite sacrificiel.



En 1994, Olivier Ledroit a réalisé les dessins des cinq premiers tomes de la série Les chroniques de la Lune noire, scénario de François Marcela-Froideval. Pour ce diptyque, il passe de pages encrées à la technique de la couleur directe. Quant à lui, Thomas Mosdi a déjà réalisé la série L’île des morts (cinq tomes) avec Guillaume Sorel. Le lecteur entame l’ouvrage, un peu confus : la quatrième de couverture fait état d’un récit se déroulant en 1921, mais en fait la première page en bande dessinée référence l’année 1931. Un individu entre dans la boutique d’antiquités qui devrait être abandonnée, et ni lui ni l’antiquaire ne sont nommés, laissant le lecteur dans le doute quant à leur identité. Tout du long de ce tome, les auteurs jouent avec les non-dits et une narration visuelle qui privilégie les sensations à l’explication. Le lecteur se retrouve souvent à se demander quelle est l’identité du personnage principal d’une scène, à devoir laisser en suspens son envie de compréhension, les liens de cause à effet n’étant pas clairs. Dans un premier temps, cette volonté de déstabiliser le lecteur, de lui faire perdre pied peut s’avérer aussi réussie qu’irritante. Finalement, c’est qui l’antiquaire qui remet le couteau d’obsidienne à on ne sait pas qui ? Pourquoi c’est une entité non incarnée qui s’oppose à un homme tout nu dans sa chambre ? Mince, le monsieur en planche vingt-trois ne serait-il pas celui en planche trois ? C’est quoi cette image récurrente sur le visage grimaçant qui orne le corbin du couteau ? À qui appartient le corps du Saigneur de Brooklyn abattu par un policier ? Combien y a-t-il de personnes dans le hangar désaffecté, trois, quatre, deux ?



D’un autre côté, le lecteur peut se raccrocher au fil directeur de l’intrigue qui forme une dynamique limpide : des crimes rituels commis par une entité surnaturelle, vaguement dérivée de la mythologie aztèque. En outre, même si elle donne l’impression d’être confuse, la narration visuelle, bousculée plutôt que posée, en met plein la vue au lecteur. Tout commence avec une magnifique vue de nuit, des gratte-ciels de New York, avec l‘Empire State Building en fond, un jeu sophistiqué sur les façades des immeubles du premier plan, détourées à l’encre avec un haut niveau de détails (cheminées, briques, vitrages de puits de lumière, réservoir d’eau, etc.), puis au fur et à mesure que la perspective s’éloigne, des taches de lumière pour les fenêtres avec seulement la silhouette noire du building qui se détache sur le ciel. Tout du long de l’album, la mégapole bénéficie de représentations qui en font un personnage à part entière. Un dessin en pleine page de nuit où le noir des bâtiments contraste avec le rouge des lumières de voitures, pour une vision où le sang affleure à chaque pore de la ville. Des plongées vertigineuses sur des ruelles comme pour sonder des abysses. Des scènes de jour où chaque case est saturée d’informations visuelles : la forme et la texture des matériaux des façades, les escaliers de secours métalliques, les fenêtres, la circulation automobile, la foule des piétons, les déchets à terre et les poubelles, les fumerolles sortant des égouts, et la pluie qui s’abat. Le lecteur se rend vite compte que l’artiste prend grand plaisir à représenter les sites célèbres de Manhattan en choisissant des angles de vue pour les rendre plus impressionnant, et en déplaçant insensiblement le curseur de la mise en couleur vers l’expressionnisme pour lui donner plus de caractère, et la faire apparaître comme un lieu mythique.



L’artiste combine à la fois la composition très sophistiquée des planches avec la mise en couleurs appuyée, et les cadrages penchés pour créer cet effet de déstabilisation constant. D’un côté, le lecteur peut éprouver la sensation de devoir parfois lutter pour garder pied dans cette narration visuelle ; de l’autre côté elle produit des effets saisissants. Une case de la largeur de la page cadrée sur le couteau en obsidienne présenté à plat, la pointe vers la droite : à la fois une forme de respect pour cet objet attestant de son importance, à la fois un plan induisant qu’il peut s’enfoncer ainsi dans un mouvement de gauche à droite. Une case occupant les deux tiers inférieurs de la page : une vue du dessus du cadavre de la prostituée dans une ruelle très sombre, et des cases en incrustation comme des éclats effilés dans une teinte rouge sang, montrant le Saigneur de Brooklyn en train de s’acharner, comme autant de coups de poignard. Le père de Mona (ou une entité maléfique) raconte à sa fille son passage de l’autre côté : une case où sa chair élastique est comme arrachée de la structure du squelette pour évoquer la matière corporelle (ce qui constitue l’individu) enlevée de force par une puissance qui l’aspire. La vision du hall gigantesque du muséum d’histoire naturelle, en pleine page avec cinq cases en insert : noyée de lumière, avec les squelettes de dinosaure démesurément grands, les deux personnages étant réduits à deux silhouettes insignifiantes, évoquant l’existence de forces disparues réduisant l’être humains à une quantité négligeable.



Subjugué par la narration visuelle, le lecteur subit à son tour les événements, leur survenance qu’il ne parvient pas à réordonner dans des séquences de cause à effet. Les pièces du puzzle s’imbriquent progressivement, incitant parfois le lecteur à revenir en arrière pour vérifier un visage ou une réplique. L’intrigue s’avère assez basique : une entité maléfique du dehors possédant des individus pour commettre des meurtres dont on peut supposer qu’ils lui permettront de s’incarner pleinement sur le plan physique. Les références aux mythes aztèques semblent relever d’une utilisation assez lâche. L’orthographe retenue de l’entité serait plutôt Itzpapalotl, et les auteurs ne font pas mention du paradis de Tamoanchan, ni de son fils Mixcoatl. Le lecteur peut alors envisager l’utilisation de la mythologie aztèque comme un artifice narratif pour une histoire à la manière de Arthur Machen (1863-1947), un précurseur de Howard Philips Lovecraft (1890-1937). Il peut également considérer que cette mythologie fait office de métaphore pour la pulsion de meurtre, une forme de chaos arbitraire détruisant aussi bien la vie des victimes que celle de leurs proches, un surgissement de l’inconscient envisagé comme le siège de forces mystérieuses, incompréhensibles et irrépressibles, ne pouvant au mieux qu’être contenues grâce au savoir ancestral des peuples indigènes qui ont combattu ces entités depuis la nuit des temps, mais dont le savoir a été tourné en dérision par la civilisation et les sciences de l’homme, ce dernier se retrouvant bien incapable de faire face à ces forces qu’il ne sait pas appréhender parce que sa culture en nie l’existence.



Une lecture paradoxale : à la fois difficile à comprendre, et immédiatement parlante. Les auteurs optent sciemment pour une narration qui donne la sensation au lecteur d’être confuse. Dans le même temps, la narration visuelle constitue un spectacle extraordinaire, nécessitant également l’implication du lecteur pour exhaler toutes ses saveurs. Ainsi les auteurs déstabilisent le lecteur, lui faisant éprouver la confusion des personnages, source de peur et de terreur, dans une métropole indifférente si elle n’est pas vraiment hostile. Ils ont su créer une force étrangère à l’humanité dont les actions lui sont fatales.
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 9 : La Cit..

Parution du neuvième tome (sur onze) de REQUIEM. Après une pause de deux ans, Glénat semble reprendre la publication de cette série à un rythme soutenu ; je ne m'en plaindrais pas…



Suite, ou plutôt poursuite des aventures du chevalier vampire dans le monde infernal et chaotique créé par Pat Mills et Olivier ledroit.



A chaque album, je suis toujours aussi admiratif du talent graphique d'Olivier Ledroit.

Le dessinateur étale sous nos yeux écarquillés une débauche de couleurs vives et d'inventions graphiques, personnages, créatures, costumes, armures, vaisseaux et décors grandioses.



Tout cela sous le signe de l'excessif et de la démesure.

Car pour apprécier cette série, il est préférable d'aimer les univers à la Clive Barker (à qui on pense forcément) plutôt que les histoires intimistes et mesurées.



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Les Chroniques de la Lune noire, tome 1 : L..

Il m'arrive de flâner dans le coin des BD. Comme je n'y connais pas grand-chose, en général, j'emprunte ce qui est sur le présentoir. Ce fut le cas pour "Le rêve de Dali" et ce ne fut pas une réussite. Quant à celui-ci, choisi par moi, ce n'est carrément pas une réussite non plus. Couleurs criardes, violence etc. Premier de la série, mais dernier en ce qui me concerne.
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 10 : Bain ..

Décidemment, pour la réédition de cette série l'éditeur Glénat nous surprend par son rythme de parution : après un long moment d'attente, ce dixième tome (sur onze annoncés) parait à la fin des vacances estivales époque pauvre en publications.

Bon, l'essentiel est qu'il paraisse (et que la série se termine avant l'été 2024 !)



Requiem, chevalier vampire est une série mêlant horreur, grand spectacle, histoire le tout présenté avec un fond d'humour au énième degré...



L'Enfer (situé sur la lune, le saviez-vous ?) est le théâtre de rivalités et d'intrigues entre seigneurs infernaux qui se terminent en guerre d'ampleur cataclysmique.



Ces seigneurs, sont d'anciens guerriers, dont Requiem, alias Heinrich ancien soldat allemand, mais le plus grand de tous, n'est autre que Vlad Tepes alias Dracula.



En rédigeant ce billet, je me rend compte que je peine un peu à résumer ou raconter l'histoire ; c'est que tout ceci est pour le moins "WTF", mêlant références historiques, littéraires, rock'n'rollesque (Ha ! ce gros clin d'œil à Motörhead !)



Pour le visuel, ça ne s'arrange pas ; si le travail d'Olivier Ledroit est tout bonnement époustouflant tant pour le dessin que pour les couleurs, les planches souvent surchargées de détails et "déstructurées" ne sont pas toujours faciles à lire...



Enfin, le mieux est encore de tenter une lecture si vous avez aimé "Hellraiser", sinon, je crains que mes modestes capacités de chroniqueur ne soient pas en mesure de vous restituer la démesure de cette BD que j'adore détester (c'est à ni rien comprendre, je sais, désolé !)
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 2 : Danse ..

Bien, je résume pour celles et ceux qui ont manqué l'épisode précédent : Heinrich, soldat allemand est tué sur le front de l'Est, d'une balle ..en plein front.

Il reprend conscience sur Resurrection, un monde qui peut être décrit comme une version science-fictionnelle à l'esthètique gothico/métal/SM de l'enfer.

Là, il va devenir Requiem un chevalier vampire....

Le tome 2 nous envoie donc dans le vif du sujet, Requiem et son nouveau pote vampire, sont partis combattre des mutants...

Requiem, s'avère une série certes barrée et au graphisme assez spectaculaire, mais plus profonde qu'il n'y parait à première vue.

Requiem/Heinrich révèle une personnalité complexe, hésitant entre le mal et, non pas le bien tout de même, mais une certaine droiture dans un univers plus que corrompu.

Son passé terrestre vient le hanter, était il celui qu'il croyait être ?

De plus, il doit faire des choix dans ses fréquentations, on veut le séduire, l'assassiner (sur Résurrection, on dit "l'expirer"), le rallier à une cause, puis à une autre.

Les auteurs, savent créer tout un monde infernal, plein de références puisqu'on retrouve Attila, Robespierre (!) Aleister Crowley rebaptisé Black Sabbat (bonjour le gros clin d'oeil, aux amateurs de musique qui fait mal aux oreilles !).

En résumé, une bd, protéiforme, comme certains de ses personnages, déjantée et maligne à la fois...

Mais, vu le sujet et le contexte, tout ceci est en fin de compte très cohérent sous un chaos apparent.
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Les Chroniques de la Lune Noire, tome 2 : L..

Notre petite troupe s'agrandit. A cette dernière et à la tête de laquelle se trouve notre héros, Wismerhill, vont se rajouter un valeureux samouraï, un géant un peu bête mais attendrissant qui n'est en réalité âgé que de 7 ans (oui, il faut vous dire qu'il a été victime d'une mauvais sort) et sa sœur jumelle. Nos camarades, renforcés pas cette nouvelle alliance, sont toujours aussi décidés à aller au bout de leur quête, à savoir se rendre auprès du grand Oracle.

Pour ce faire, ils devront affronter de nombreuses épreuves, et notamment celle d'affronter un dangereux dragon. Pour Wismerhill, qui a reçu l'immense don de pouvoir entendre les vents et d'être guidé par eux, cela ne sera en réalité qu'une pure formalité. Cependant, des forces obscures planent sur eux, tout comme celles de la lumière, à savoir les forces de l'Empire, qui les guettent de loin et sont bien décidés à ne pas les laisser filer...



Un ouvrage toujours aussi bien travaillé graphiquement mais dans lequel, j'avoue me perdre toujours un peu. Je crois que j'aurais nettement préféré testé le jeu de rôle ou pourquoi pas, le jeu de plateau...A voir ! Quant à vous, je vous conseille néanmoins la découverte de des chroniques, qui comme me l'a répété maintes fois mon mari (entre autres) fait office de référence en matière d'héroïc-fantasy.
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Le troisième oeil, tome 1 : La ville lumière

Splendeur graphique, d'une poésie folle. L'action est envoûtante. Paris révèle la puissance de sa magie. Le vocabulaire choisi est riche, et les citations sont percutantes et élégantes. Un déploiement de beauté, au service d'une seule question: "Qu'est ce que la Réalité ?"

Une réussite tant sur le fond, que sur la forme.

Le flacon et l'ivresse.

Une pure merveille !!!!!!!!!!!
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Les Chroniques de la Lune noire, tome 1 : L..

Trouvée chez mon bouquiniste, le titre m'a plu. Bon, mon bouquiniste étant à Lyon et moi à l'opposé, je n'ai pas pu le feuilleter, sans quoi je crois que je ne l'aurais pas pris...



En effet, les dessins sont très anguleux et un peu fouillis, peu esthétiques, pas vraiment ma tasse de thé. Par contre ils sont très colorés et attirent l'oeil, ce qui fait que j'ai fini par m'y habituer, voire même par apprécier, tout arrive !



J'ai bien aimé. On n'y comprend pas grand chose et on ne sait pas où on va, mais les personnages sont sympas, la fantasy est bien présente à plusieurs niveaux (magie, démons, etc). Je ne vais pas m'étendre pour pas spoiler, mais on se demande "qui" est "Petit", et c'est pas dans ce tome 1 qu'on a la réponse, forcément. Je ne sais pas trop si je vais continuer, j'en ai déjà trop en court, mais si ça vous botte, sachez que cette série (qui date, maintenant) est dispo en intégrales, ce qui est beaucoup mieux ! ;-)
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 8 : La Rei..

Voici venu, non pas le temps des rires et des chants*, Ho! que non point, mais le tome 8 de la série REQUIEM CHEVALIER VAMPIRE.



Je n'y croyais plus beaucoup, car la réédition de cette série s'était interrompue avec le tome 7 paru il y a plus de deux ans (novembre 2018) après un départ fulgurant et soutenu.



Je retrouve donc l'univers si particulier créé par Mills et Ledroit, un monde démoniaque à l'esthétique fouillée et spectaculaire qui rappelle assez les mondes de Clive Barker avec son côté macabre et ses démons au look BDSM extrême.



J'aime beaucoup le travail soigné et inventif d'Olivier Ledroit cependant ses planches sont si violemment colorées dans les tons sombres et fourmillant de détails, que la lecture en est parfois un peu difficile.



En résumé une série fantastique horrifique gothique à déconseiller aux âmes sensibles et aux yeux fragiles !

Les autres, je vous la recommande.



Il ne reste plus qu'à espérer que Glénat ne nous fera pas languir pendant quinze mois pour la suite !





*Petite référence qui, je le crains risque d'échapper aux moins de cinquante ans !



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Requiem, Chevalier Vampire, tome 1 : Résurrec..

Il s'agit du premier tome d'une série indépendante de toute autre, qui a donné naissance à une série dérivée Claudia, chevalier vampire. Ce premier tome est initialement paru en 2000 (aux éditions Nickel, créée en 1999), écrit par Pat Mills, dessiné et peint par Olivier Ledroit. Pat Mills est un scénariste anglais, connu pour ses séries comme La grande guerre de Charlie, Sláine, ABC Warriors et bien d'autres encore. Il avait déjà collaboré avec Olivier Ledroit sur la série Sha (1996-1998), ce dernier s'étant fait connaître en illustrant les 5 premiers tomes (1989-1994) de la série Les chroniques de la Lune Noire de François Froideval.



Sur le front Est en 1944, un soldat allemand s'appelant Heinrich Augsburg est en train de passer de vie à trépas. Ses dernières pensées sont pour Rebecca (une femme juive). 2 ans plus tôt, ils étaient amoureusement enlacés sur un lit, dans une chambre d'hôtel à Berlin. Sur le champ de bataille un soldat russe s'approche d'Augsburg pour l'achever, avant de succomber ce dernier réussit à lui arracher des mains la photographie de Rebecca. Son dernier souvenir en mourant est celui de la dernière fois où il l'a vue : elle était emmenée par la Gestapo.



Une fois mort, il reprend connaissance sur une étrange planète appelée Résurrection, baignant dans une couleur rouge sang. Il voit une tête robotique dans le ciel s'approchant d'une horde de zombies et les intimant d'arrêter de piller les cadavres. Alors qu'une zombie s'attaque à Otto von Todt (un résurrectionniste, l'occupant du vaisseau), Heinrich Augsburg intervient et s'empare d'une arme à feu (appelée empaleur) pour lui sauver la vie. Von Todt prend Augsburg à son bord et l'emmène voir le sire vampire Cryptus qui lui propose de subir l'épreuve d'initiation du Lotus Noir pour devenir lui aussi un vampire.



Dès la couverture surchargée, le lecteur a la certitude qu'il s'apprête à découvrir un monde sans pareil. Cette série est née de la volonté de Pat Mills de faire des bandes dessinées à la française. Avant les années 2000, le marché de la bande dessinée française était auréolé d'une forme de sérieux, ce qui en faisait un graal pour des créateurs étrangers. En particulier, ils enviaient la liberté créatrice de feu le magazine Métal Hurlant, un marché s'adressant aux adultes, et un format luxueux (couverture rigide cartonnée et grand format), par comparaison avec les comics américain (papier journal) ou anglais (noir & blanc, magazines pour enfants ou adolescents) affligés d'une réputation infantile et de produit de consommation bon marché bon à être jeté une fois consommé. Après avoir réalisé les 3 tomes de la série Sha (également dessinée par Olivier Ledroit) publié par les éditions Soleil, Pat Mills avait créé sa propre société d'édition française, en collaboration avec Jacques Collin : Nickel éditions. 15 ans plus tard, la série Requiem a été rééditée par Glénat.



Cette couverture montre le personnage principal dans une armure finement ouvragée, avec un luxe de détails, une épée à la dimension gigantesque (avec un œil de Serpenthère) qui la rend impossible à manier dans la réalité, des chaînes, des pics et une croix inversée sur la joue droite. Il faut un peu de concentration pour détailler l'arrière-plan qui représente les gargouilles d'une sorte de cathédrale, dont le dessin se poursuit sur la quatrième de couverture (pour l'édition Glénat). Le lecteur se retrouve subjugué par le caractère obsessionnel de cette représentation attestant du temps passé par l'artiste sur ce simple dessin pour donner une consistance quasi étouffante à ces constructions tout en arcboutants et en gargouilles agressives. Le lecteur de bande dessinée sait qu'il est courant que la couverture soit soignée, mais que l'intérieur soit moins dense pour des raisons de temps de production (et de lisibilité). Les 2 premières pages intérieures forment un facsimilé d'un vieux grimoire, avec des textes dans une écriture cursive indéchiffrable et des crayonnés évoquant des anatomies contre-nature. Elles établissent avec succès une ambiance macabre et gothique.



Le lecteur entre alors dans la bande dessinée proprement dite, soit 47 pages très denses. L'artiste réalise ses dessins, avec un mélange de surfaces détourées par un trait encré et de peinture directe. L'ambiance est étouffante dès la deuxième page. Olivier Ledroit n'est ni adepte de la ligne claire, ni du minimalisme ou de l'épure, ni du sous-entendu. Ses personnages humains présentent une morphologie normale, mais des visages marqués par des émotions intenses, souvent la colère ou la rage. Il représente souvent les bouches comme entrouvertes, laissant voir les dents de l'individu. Le registre des expressions des visages n'est pas très étendu, ce qui est en phase avec la nature du récit et les situations dans lesquelles se trouvent les personnages.



Dès ce premier tome, l'imagerie de la série est hallucinée et morbide, sans concession. Une fois passée la première séquence sur Terre, les personnages montrent souvent leurs dents, un signe d'agressivité, certaines étant taillées en pointe (et pas seulement les canines des vampires). Les armures des chevaliers sont à base de cuir et de métal, évoquant aussi bien l'imagerie des groupes de death metal les plus extrêmes, que les tenues de dominatrices dans un donjon sadomaso. Les motifs de la tête de mort et de la croix renversée sont présents à chaque page, martelant la sensation morbide. Les autres créatures rencontrées sont soit répugnantes (les zombies dépecés, toutes dents dehors), ou grotesques et dérangeantes (le sycophante Igor, et ses dents en pointe peu réalistes).



Ces individus évoluent dans un environnement défavorable à la vie par bien des aspects. Pour commencer, Olivier Ledroit compose des pages denses peu accueillantes. Il peut s'agir de la teinte dominante rouge (justifiée par la nature de la planète des Limbes), ou de l'impression globale donnée par chaque page. Chacune d'elle donne une impression de surcharge, empêchant d'en saisir le sens global, nécessitant de s'impliquer complètement dans sa lecture. Certains éléments visuels détonnent complètement, contraignant le lecteur à faire l'effort conscient de les accepter dans toute leur bizarrerie, leur côté déplacé. Cette dimension de la lecture se trouve renforcée par le choix de Pat Mills d'aller à contrecourant du sens commun, ne serait-ce qu'avec ce concept déconcertant du temps qui s'écoule à l'envers. Ensuite, il y a très peu de blanc sur chaque page, l'artiste utilisant toute la surface qui lui est donnée pour inclure des informations visuelles. Il contraint ainsi le lecteur à passer du temps pour déchiffrer ce qui est représenté, car ce dernier ne peut pas assimiler rapidement le contenu principal d'une case, et éventuellement s'affranchir de regarder les détails, au risque de ne pas comprendre la scène en n'ayant pas assimilé ou repéré un élément important donnant du sens à ce qui est montré. La structure des cases ne hiérarchise pas les informations visuelles, tout est signifiant.



L'histoire repose sur un concept surnaturel et ésotérique : le personnage principal ayant passé de vie à trépas se retrouve sur la planète Résurrection où il devient un chevalier vampire. La force des images donnent une consistance incroyable à cette idée. La force de la vision d'Olivier Ledroit est d'imaginer des visuels à la démesure du point de départ. Il se sert de nombreuses techniques diverses et variées pour attester du caractère surnaturel des environnements. Il peut s'agir d'une composition de page dans laquelle un crâne trône en fond de planche, avec une forme ni humaine ni animale, baignant dans une lumière rouge évoquant le sang, au milieu d'un disque portant des inscriptions indéchiffrables sur son pourtour. Certes il ne s'agit que de poncifs visuels éculés, mais leur arrangement leur confère une conviction renouvelée. De même l'arrivée d'Heinrich Augsburg sur Résurrection s'effectue sur une plaine saturée de lumière rouge, avec des ossements éparpillés partout. Même si le lecteur ricane devant cette imagerie un peu naïve, il finit par y succomber à force d'accumulation.



À chaque planche, l'artiste conçoit une construction différente pour s'adapter à ce qui y est raconté. Il ne reproduit jamais 2 fois le même agencement de case, ce qui accentue encore l'effort de lecture des images pour le lecteur. Il apporte le même soin maniaque pour la conception et la représentation des décors. Le lecteur n'a pas l'impression d'un film de série Z avec un budget fauché, ni même d'un blockbuster avec un budget sans limite pour les effets spéciaux. Il a tout simplement l'impression que l'artiste représente des lieux existants, tellement est forte leur cohérence, à a fois spatiale, architecturale, mais aussi celle des accessoires. C'est débile un pistolet lance-pieux qui fait le bruit "Tepess" chaque fois qu'on tire ? Non, c'est logique que dans un environnement peuplé de vampires, une arme adaptée y ait été créée et développée, et que le principe de propulsion du projectile fasse un bruit d'air comprimé évoquant le patronyme de Dracula. C'est idiot une planète avec des mers de sang ? Non, c'est normal pour un monde accueillant les âmes des damnés. C'est crétin des runes cabalistiques sur les murs ? Non, c'est l'expression des forces qui courent dans ce monde. Ça n'a pas de sens ces constructions gothiques ? Au contraire, c'est l'expression des tourments intérieurs qui ont conduit ces âmes sur Résurrection.



Au fur et à mesure des séquences, le lecteur s'immerge dans un environnement sans concession. Il doit s'y adapter ou se résigner à refermer l'ouvrage. Les visions d'Olivier Ledroit sont dantesques et monumentales, et le scénario est à la fois très linéaire et imprévisible. L'intrigue tient sur un timbre-poste : l'âme d'un officier allemand mort sur le champ de bataille pendant la seconde guerre mondiale se retrouve dans une dimension spirituelle où il va être initié pour devenir chevalier-vampire, puis partir accomplir sa première mission. Le scénariste y mêle une vague histoire d'amour à l'importance indiscernable, avec une notion de hiérarchie dans l'ordre de ces Limbes. Pat Mills est un scénariste qui ne fait pas non plus de concession à la bienséance, encore moins aux codes établis de la narration. Pour lui aussi, son récit est à prendre ou à laisser en l'état.



Par la force des choses, ce premier tome présente la situation, introduit les personnages et explique les règles du jeu. Le scénariste met en place toute une batterie de bidules ésotériques dont le lecteur éprouve les plus grandes difficultés à croire qu'il doive les prendre au sérieux. L'idée d'une vie après la mort ne semble pas faire partie du credo du scénariste, et certainement pas sous cette forme aussi baroque. De fait il pioche dans la littérature de genre pour alimenter sa création : créatures surnaturelles (vampires, loups garous, zombies, goules), armes improbables (pieux pour vampire, épée démesurée et impossible à manier), rituels en tocs (signes cabalistiques inventés, croix renversée sans référence aux différentes formes de satanisme), concepts flous pour en mettre plein la vue (Séfiroth obscure, opium noir, runes de Malédiction), vocabulaire macabre et creux (nécro-garde, empaleur, archéologiste, Maîtres de l'infini, tempête chaotique, etc.). Mais il se produit le même phénomène qu'avec les illustrations, la débauche d'artifices finit pas créer une ambiance malsaine, de par son usage systématique et obsessionnel.



À quelque page qu'il se trouve, le lecteur ne peut échapper à la rigueur macabre et glauque du récit, du départ avec un champ de bataille jonché de cadavres, à la fin avec une scène de bataille hallucinée, en passant par le visage d'Hitler avec des crocs acérés, le rituel de mutilations infligées à Heinrich Augsburg pour son initiation, ou la proue sculptée des vaisseaux volants. Il n'y a pas de respiration comique, de touche d'humour pour introduire une bouffée d'air frais. Même le concept d'huile solaire pour protéger la peau des vampires devient la marque d'un environnement qui est néfaste à la vie de ces individus. Le lecteur a alors bien du mal à éprouver de l'empathie pour quelque personnage que ce soit, chacun incarnant une ou plusieurs facettes d'une pulsion morbide, du fardeau de la culpabilité, de la persévérance dans un mode de vie agressif et destructeur.



Le lecteur ressort de ce premier tome (sur 12 de prévus) totalement déboussolé. Il apprécie de pouvoir revenir à une réalité finalement moins morbide que celle dans laquelle il s'est retrouvé immergé. Il n'a aucune idée d'où se dirigera le scénario par la suite (certainement que l'amour de Heinrich Augsburg pour Rebecca jouera un rôle quant à son avenir). Il n'est pas très sûr d'avoir tout compris aux règles de cette série : pourquoi le temps s'écoule-t-il à l'envers ? Quelle est la place et le rôle de Sire Vampire Cryptus dans l'ordre des choses ? À quoi servent les chevaliers vampires ? Par contre, il en ressort subjugué par la force de conviction des illustrations, par l'absence de compromis de la narration de Pat Mills. Ce premier tome propose de découvrir un Univers totalement original (bien qu'il emprunte son imagerie à tout un surnaturel de pacotille), aux côtés d'individus n'engendrant aucune sympathie, reposant sur une idée directrice d'une solidité à toute épreuve.
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 5 : Dragon..

L'univers de Requiem, est définitivement déjanté, fou, excessif, hors-normes et hors proportions...!



Les planches d'Olivier Ledroit sont autant de tableaux d'un peintre détraqué, qui rendrait un hommage à H.R Giger et à P.Druillet.



Tout est une démesure, une outrance permanente, dans ces décors aux teintes de flammes, de sang, de bleu nuit, de blanc cadavérique.



Le scénario de Mills, est au diapason, jonglant entre fantasy, horreur, érotisme et humour.



Que dire de ces dragons, déféquant des étrons explosifs ?

Ou de cette goule pirate (celle de la couverture) au langage curieusement politiquement correct qui appelle les vampires les "photoréceptivement ingrats", son pistolet-sabres un "symbole phallique obsolète" (c'est une féministe) ou une masse un "applicateur de traumatismes contondant".

Le ton est donné.



Mais, ne croyez pas pour autant que l'univers de la série donne dans le n'importe quoi foutraque, disons plutôt, pour rester dans l'euphémisation qu'il s'agit d'une "logique alternative".



Le tout est de parvenir à y entrer.



J'y suis parvenu...
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 1 : Résurrec..

Front de l'Est 1944, Heindrich se fait tuer.

Au lieu d'aller gentiment bruler en enfer, comme il pouvait s'y attendre, il reprend conscience dans un monde certes démoniaque, mais sûrement à cent lieues de ce qu'il aurait imaginé.



l'endroit en question c'est Résurrection "jumelle ténébreuse de la terre".



Ainsi commence le premier album de la réédition chez Glénat de Requiem.

Difficile de décrire cette bd, une alchimie vénéneuse, d'esthétique gothique-métal, et de fantastique "traditionnel", audacieuse mais réussie.



Pour le scénario, Mills mixe les standards vampiriques avec une pointe de science-fiction.

Quant au graphisme, c'est le point fort de l'album.



Imaginons Druillet, pour les dessins monumentaux pleine page fourmillant de détails baroques, qui aurait consommé des substances prohibées en écoutant Marylin Manson à fond...



Est-ce que cela vous parle ?



Si la réponse est non, je serai bien en peine de vous faire comprendre ce à quoi nous avons affaire ici..!



Les planches, souvent dominées par les teintes rouges et noires, sont remplies de petits détails baroques ou morbides.



Ce style de graphisme très particulier, qui peut paraître à priori surchargé et très kitsch, demande au lecteur un effort pour entrer dans le récit.



Je pense que ce genre de bd ne peut laisser indifférent; de deux choses l'une, soit on adhère et on embarque pour un trip rare, soit on décroche, et l'album refermé l'on se demande : "Mais qu'est-ce que c'est que ce truc !?"



Je fais partie de la première catégorie, et vous, tenterez vous l'expérience ?
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 1 : Résurrec..

Du Pat Mills tout craché (vomi ?) ! Le concept fait penser à un Docteur Who qui aurait avalé un ou deux timbres de LSD en pleine écoute d'un groupe de punk metal fusionné avec du glitter rock genre Kiss. Donc tout ce monde est en décomposition, très méchant et très négatif : ça nazillone de tous les cotés avec de la décadence en veux-tu en voilà dans des ambiances infernales surchargées à la limite du lisible et du visible. Est-ce pour laisser une part à l'imagination ? Quelques images sont vraiment très réussies dans le style "peinture pré-raphaélite". D'autres manquent de quelque chose d'indéfinissable : peut-être juste un effet de clair-obscur pour faire ressortir le sens de la scène. C'est très irrégulier sans être franchement désagréable. Les zombies foisonnent ainsi que les goules. Les morts-vivant démoniaques sont empilés par centaines sur une planète à rebrousse temps où les roux (nains ignobles et bossus) et les rousses (quelquefois superbes) servent d'en-cas et d'apéro à une caste de chevaliers-vampires. Pas conseillé du tout aux grenouilles de bénitier et autres pères-la-pudeur qui s'offusquent de tout ce qui est "mal".
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Le troisième oeil, tome 1 : La ville lumière

Mickaël, après avoir abusé de substances illicites, se met à voir un monde parallèle. Des auras colorées entourent les personnes tandis que des créatures éthérées, plus ou moins sympathiques, se baladent dans les rues de Paris. Heureusement il va faire la connaissance de Jean-Michel qui va l'initier au pouvoir du "3e oeil".



Étrange cette BD, très étrange... En la feuilletant j'avais longuement hésité. Je m'attendais à quelque chose d'ésotérique, ce qui n'est pas franchement ma tasse de thé, mais intriguée et conquise par le graphisme, je me suis lancée. Mais alors là, on est carrément dans le psychédélique... Je me demande si l'auteur n'a pas les mêmes consommations que le personnage pour créer ça !

Alors c'est sur, graphiquement, ça en met plein la vue. C'est un véritable feu d'artifice à chaque page! Des très grandes cases, parfois des pages pleines, qui permettent d'admirer le talent de l'artiste. Il a une précision pointue dans les détails et les arrières plans, c'est très vivant. En plus il y a du relief et de la magie à voir ce monde parallèle. Paris porte ici parfaitement son titre de ville lumière.

Mais alors pour tout le reste c'est creux. Il y a, en tout et pour tout, que 3 personnes dans l'album et aucune n'est vraiment développée. Pas même celle du héros Mickael dont on ne sait quasiment rien à part qu'il travaille sur les vitraux de notre dame de Paris. L'histoire se résume à l'apparition du don et à son initiation qui se révèle sans aucun challenge. Il y a aucune interaction avec le monde extérieur, aucun questionnement, aucun but... Zéro suspense... la fin peut néanmoins permettre de rebondir dans différentes directions. Peut-être la suite fera t-elle une véritable histoire et qu'il s'agit ici d'un tome purement introductif.

Il n'y a quasiment aucun dialogue dans l'album mais n'allez pas croire qu'il soit avare en texte. Non Mickaël, le narrateur, se livre à de longs monologues pour décrire ses expériences paranormales. Et là c'est terrible mais j'ai trouvé certains passages complètement imbuvables. A la fin de son initiation Mickaël passe une espèce d'épreuve qui transcende sa conscience. Il ne se passe strictement rien et pourtant cela dure pendant 30 pages!!!! Son expérience psychédélique est traduite à grand renforts de comparaisons musicales ou cosmologiques assez alambiquées. Ce passage m'a complètement larguée...
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Les Chroniques de la Lune noire, tome 4 : Q..

Excellente série fantastique que j'ai découverte il y a peu . J'ai beaucoup aimé Wismerhill ,le héro et sa joyeuse bande d'amis ...l'action et l'humour se mêlent dans un univers tout à fait original dans lequel les pires créatures ne sont pas forcement celles qui sont le plus repoussantes...dragons, nains ,dieux et humains se côtoient et se déchirent . Qui prendra le pouvoir ? L'Empereur ou la Lune Noire ,qui semble avoir d'obscures objectifs ? Et quels choix fera Wismehill entre les deux ,quelle est cette prophétie qui le concerne ? Quatorze tomes pour répondre à ces questions ,ils ne sont pas tous de la même qualité mais dans tous les cas c'est vraiment une superbe série que je vous conseille si vous aimez le genre !!
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Le troisième oeil, tome 1 : La ville lumière

Que dire du dessin sinon qu'il est véritablement magnifique ! C'est une fresque à l'état pur. On ne peut que souligner la beauté extrême de ces planches totalement hallucinantes qui nous fait voyager dans la capitale parisienne mais à un degré presque cosmique. On n'aura jamais vu Paris de cette façon-là graphiquement parlant. Rien que pour cela, cette BD mérite un 4 étoiles.



Sur le plan du récit en lui-même, c'est assez classique avec, il est vrai, beaucoup de lenteur. Il y a une première scène d'introduction assez mystérieuse avec un meurtre assez tranchant qui ne semble pas relié au reste du récit pour l'instant. Puis, on va s'intéresser à un jeune homme qui semble avoir des perceptions assez étranges. Il semble voir la beauté du monde qui nous échappe. Cependant, il va y avoir des visions un peu moins féeriques au détour d'une station de métro. Je n'en dirais pas plus.



La narration est plutôt pesante avec de vrais envolées lyriques dans un vocabulaire assez ésotérique (exemple: Dieu est un virtuose synesthésique). Ce n'est pas pour me déplaire mais cela peut lasser certains lecteurs. Le récit corallien déjanté, cosmique et lumineux, venu d'une dimension inconnue risque fort de paraître trop abscons.



Il reste encore deux parties à découvrir alors que cela aurait pu s'arrêter là. On sent qu'une phase vient de se terminer et qu'on va passer à la suivante. Ce voyage mystique se poursuivra avec moi car je suis assez ouvert sur ce genre de choses tout en gardant un troisième œil objectif.
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 9 : La Cit..

Ce tome fait suite à Requiem, Chevalier Vampire, tome 8 : La Reine des âmes mortes (2008). Il faut avoir commencé par le premier tome pour comprendre l'intrigue et les actions des personnages. Ce tome-ci est initialement paru en 2009. Il a été écrit par Pat Mills et illustré par Olivier Ledroit. La réédition de 2021 comprend un supplément intitulé Les arcanes du Hellfire Club : 1 illustration en double de page de Claudia, 1 illustration en pleine page de Dragon & Sire Tengu, 2 pages d'esquisses, recherches préparatoires, dessins inédits. Il contient également 2 pages du bestiaire de Résurrection présentant les loups-garous, les dévots, le Capricorne, Hollywoolf, Razorbed, avec à chaque fois une illustration et un paragraphe de texte.



À Washington, le soir du premier mai 1972, une bonne dizaine d'agents du FBI montent la garde autour de la maison de J. Edgar Hoover. À l'intérieur, le maître de céans informe le président des États-Unis de la situation concernant les contacts avec le monde de Résurrection, ou plutôt avec la communauté des vampires. Les deux s'accordent sur le fait que ce sont les vampires qui sont responsables de la gangrène qui a touché la jeunesse dans les années 1960, quand la décadence a commencé. Richard Nixon ordonne à Hoover que le FBI éradique tous les nids de vampires qu'il décèle. Une fois raccroché, Hoover passe à table avec Clyde Tolson. Il lui explique que les actions de sape des valeurs américaines sont menées par Zacharov, le chef des vampires, un communiste ayant vécu en Russie, un des agents du NKVD qui ont organisé l'Holodomor, la grande famine organisée par le régime stalinien en 1932 et 1933, dans l'Ukraine et le Kouban. Maintenant il organise des nids d'agitation dans les parkings souterrains et les caves, en particulier sur les campus. À la question de Clyde, il répond que Zacharov et ses vampires veulent les préparer à la seconde venue de Dracula. Les responsabilités pèsent lourdement sur ses épaules alors que les pieds tendres et les gauchistes le traitent de goule. Clyde finit par rentrer chez lui. Après son départ, un groupe d'une dizaine de témoins de Dracula s'approche des gardes en faction, souhaitant parler à J. Edgar Hoover.



Sur Résurrection à Aerophagia, la cité des pirates, Dame Mitra est en train d'haranguer sa troupe de pirates, en indiquant qu'ils vont passer à l'attaque contre les vampires, et ainsi enfin prendre leur place légitime, celle de maîtres de Nécropolis. Dame Vénus renchérit sur le fait que les vampires sont une engeance à exterminer, trois autres capitaines acquiesçant. Dame Mitra se lance dans la présentation de l'arsenal présent sur les navires de leur flotte : des munitions à eau bénite, des grenades reliquaires, des bazookas à tête de prêtre, des obus à têtes de saints, et un missile angélique contenant un authentique séraphin, l'équivalent de l'antimatière sur Résurrection, l'arme ultime qui anéantira Dracula. Sans compter ces fusils à larmes d'ange. L'une des capitaines attire l'attention de Dame Mitra sur le fait qu'il y a un vampire dans l'équipage de la capitaine Triade. Cette dernière indique que c'est la vérité : il s'appelle Dragon et c'est un otaku, un exclu, un vampire qui s'est retourné contre les siens. Dame Mitra exige que Dragon se présente devant elle, et elle organise un duel entre lui et Dame Liche immédiatement.



En entamant, un nouveau tome de cette série, le lecteur se demande s'il va bien se rappeler de la situation complexe, et des nombreux personnages. Il se rend vite que ce nouveau chapitre est d'une rare accessibilité en la matière : les événements passés lui reviennent en mémoire incontinent, et l'identité de chacun est une évidence. C'est un effet secondaire de l'exubérance de ce récit : il est impossible de l'oublier, que ce soit sur le plan visuel, ou sur le plan narratif. Il se souvient aussi que chaque tome débute par un retour dans le passé, consacré à un individu condamnable. Celui-ci commence par la mise en scène de J. Edgar Hoover qui fut le premier directeur du FBI, poste qu'il occupa pendant 47 ans de 1924 à 1972, ayant été nommé directeur à vie par Lyndon B. Johnson en 1964. Le dessinateur s'amuse bien avec l'homme célèbre, non pas en reproduisant fidèlement son apparence, mais en le travestissant, conformément à une rumeur non prouvée voulant que Hoover aimait s'habiller en femme. Le lecteur n'est pas dupe : il sait que la séquence d'ouverture de chaque tome met en scène un individu moralement condamnable. Il comprend très bien que le scénariste porte ainsi un jugement de valeurs sur le directeur du FBI, avec quelques petites piques en passant, celle sur les écoutes illégales, celle sur la dégénérescence des mœurs et la corruption de la jeunesse, sans oublie l'absence de remords pour les quatre étudiants tués lors de de la fusillade de Kent State du 04 mai 1970.



Bien évidemment les dessins dégagent une puissance de feu peu commune, dans une exubérance de détails propre à submerger le lecteur non prévenu. Du coup, les images de violence, de bataille, de guerre sont omniprésentes : le beau rônin (Dragon) et son katana tranchant, l'armée de zombies s'avançant sur un large pont avec une armée bien ordonnée prête à faire feu à volonté pour un carnage en règle, ce qui encore n'est rien en comparaison de la vison dantesque de l'armada des pirates dans un dessin en double page, la carte avec les mouvements de troupes proposés par cinq stratèges militaires, la vision infernale d'une flotte de navire en proie aux flammes dans la rade (en double page bien sûr), les canons en train de tonner, les missiles en train de fendre l'air, la destruction des édifices civils, etc. Il souffle un vent de folie guerrière, une folie furieuse décuplée par les pages hors normes. Au fil des séquences, le lecteur prend conscience que le scénariste nourrit ce thème de la guerre, par des petites remarques discrètes en passant, mais dont l'accumulation finit par habiter tout le récit. Ça commence par la mention de la fusillade de l'université d'État de Kent où la garde nationale américaine a tiré à 67 reprise sur les étudiants, faisant 4 morts, et 13 blessés, la famine organisée de l'Holodomor (1932/1933), le massacre de Nankin de décembre 1937 à février 1938 (100.000 morts), un grand maître de l'ordre des chevaliers teutoniques connu pour leur élimination des païens, un officier nazi, l'explosion de Little Boy à Hiroshima le 06 août 1945, sans oublier la mention de nombreux personnages historiques célèbres, entre autres, pour leurs guerres, leurs conquêtes et donc de nombreux morts (Torquemada, Jules César, Napoléon, Alexandre le grand, Saladin). Mills & Ledroit ne font pas semblant : 26 pages de combat sur 47 pages de bandes dessinées.



Le thème général de la guerre, des individus qui massacrent, de la race humaine dotée d'une inextinguible capacité à s'autodétruire s'avère très présent du début à la fin de ce tome, rappelant que les auteurs ne glorifient pas la violence et les tueries, mais les condamnent. L'exubérance des dessins devient l'expression de la folie qui habite les combattants. Le scénariste continue d'entremêler ses différents fils narratifs, les points de jonction devenant de plus en plus clairs. La séquence consacrée à J. Edgar Hoover rapproche le récit de l'époque contemporaine et rend explicite que la communication entre la Terre et Résurrection peut fonctionner dans les deux sens. Le lecteur découvre Dame Holodoror et son costume atteste du soin que l'artiste apporte à chaque détail, à chaque élément visuel : toutes les dents implantées sur les manches et les jambes, son décolleté plongeant avec un tatouage de sang sur sa chair blanche, c'est à la fois Grand-Guignol, et à la fois écœurant. Le lecteur tourne alors la page et se retrouve face à l'armada des pirates : il se rappelle que le cerveau humain n'est pas fait pour pouvoir se souvenir avec exactitude de la munificence des planches d'Olivier Ledroit. Il peut très bien se contenter de l'impression globale : un navire isolé qui arrive en vue de l'armada. Mais comme il est entièrement consentant, il prend plutôt le temps de se repaître de tous les détails : le gréement des navires, leurs voiles, leurs quilles avec leurs décorations, le bastingage ouvragé, le château arrière de ces galions, les tuyères, le jeu de la lumière sur la masse nuageuse, la vision du navire amiral droit devant et la cinquantaine de navires qui gravitent autour, et il finit par se rendre compte que l'artiste est parvenu à surimposer en transparence des graphiques cabalistiques, sans rien perdre en lisibilité. C'est parti pour un festin visuel à risquer la surcharge cognitive.



Ce n'est rien de le dire : Ledroit ne faisait que s'échauffer avec cette vision de l'armada des pirates. Il se lâche vraiment quand l'armada se met en mouvement pour aller attaquer la cité de Necropolis. Le vaisseau amiral occupe la position centrale dans cette illustration en double page, et il s'agit maintenant de plus d'une centaine de vaisseaux de guerre qui sont présents sur la page, tous distincts, avec une dizaine de modèles différents, sans oublier les reflets du soleil sur les nuages. S'il avait été victime d'une indigestion visuelle précédemment, là le lecteur sent son cerveau s'écouler par les oreilles, sa raison le quitter, et son esprit se réfugier dans l'inconscience. En revanche, s'il est consentant, il se délecte de chaque détail, de ce spectacle roboratif, passant en revue chaque millimètre carré pour ne pas en perdre une miette, se repaissant d'une telle abondance, littéralement absorbé dans ce monde si concret, si flamboyant, si incarné, et totalement original. Ainsi, régulièrement, il ressent un orgasme oculaire à la vue d'un dessin de grande taille, ou d'une case parmi d'autres : la vue du ciel du pont Erzebeth avec l'armée et les zombies, mais aussi les bâtiments de Necropolis à perte de vue, l'irruption des forces de l'ordre dans la taverne maison close où se trouve Requiem, la flotte de navires de Dracula au-dessus de la chaîne des Harpagons à la frontière dystopienne de la Draconie du Nord, l'ampleur des destructions occasionnées par l'attaque de l'armada des pirates, sans oublier les zombies en uniforme militaire (une autre pique contre l'armée en guerre).



Les personnages ne sont pas en reste : ils bénéficient également de cette opulence de détails et de cette énergie de tous les instants, dans leurs actions, mais aussi lors des (rares) moments plus statiques. L'esprit du lecteur vacille sous la force de l'élan de Dame Holodoror se jetant toutes dents dehors sur le cou de Hoover, sous l'énergie des ébats de Requiem et Leah, sous la vivacité des chaînes de la chevelure de Dame Liche, sous l'impact de la moto de Requiem touchant le pont du navire amiral des pirates, sous le tourbillon des parades à l'épée de Dame Holodoror, devant la bestialité de l'accouplement de Claudia pour passer le temps, etc. L'amour d'Olivier Ledroit pour les personnages transparaît également dans chaque discussion couplée avec un caractère s'exprimant dans leur propos. Dame Vénus se tient les deux pieds bien campés sur le pont, les pistolets dressés en l'air, avec un discours aux expressions politiquement correctes et inclusives, dans une posture défiante. Ayant compris de qui elle est la réincarnation, le lecteur apprécie mieux les bajoues de Dame Mira. Dame Liche en impose avec sa longue robe verte et ses chaines en guise de cheveux. Le général Salem donne l'impression de contaminer le lecteur avec la perversité s'affichant sur son visage. Sire Tengu est teigneux à souhait dans ses postures, et le lecteur remarque le clin d'œil à Ogami Itto et Dagigoro quand Dragon l'installe dans une petite cariole qu'il pousse comme un landau.



Soit lors d'une lecture qui prend son temps, soit à la relecture, le lecteur s'aperçoit également que l'intrigue va bon train, même si Pat Mills continue de raconter à sa manière, avec des coupures abruptes et des pages d'exposition bourrées à craquer, le summum étant atteint lors des 2 avant-dernières pages où après, avoir recraché sa tétine, Sire Tengu explique à Dragon, comment il a connu Thurim et pourquoi il veut s'en venger. À leur manière fantasque et débridée, les auteurs intègrent également d'autres thèmes de manière incidente. Derrière le comportement de voyeur ultime du général Salem, ils évoquent la force de la pulsion sexuelle, aussi bien chez l'homme que chez la femme, sans oublier de se montrer moqueur, le lecteur se frottant les yeux en se demandant si le petit bout de chair rose au premier plan d'une case est bien ce qu'il croit (oui, c'est bien le prépuce de Sabre Eretica). La réaction d'Igor à la libération des énergies sexuelles rappelle qu'il existe plusieurs types de sexualité, y compris des individus qui n'y sont pas sensibles, et celui du singe de Toth que d'autres prennent leur plaisir dans le masochisme. Mills tourne en dérision le parler politiquement correct sus la forme de périphrases réductrices ou trompeuses : une exploitée sexuelle sans solde à la place d'une compagne, un succès différé à la place d'un échec. La religion n'est pas oubliée quant aux hypocrisies qu'elle peut engendrer. Impossible de ne pas sourire quand un personnage déclare qu'il n'y a rien de mieux que le sexe avec des fanatiques religieux, car ça met tout de suite en bouche, avant un carnage. Impossible également de ne pas sourire quand Dame Vénus se met à exposer les dessous d'un trafic de reliques très lucratif, et vraisemblablement bien en deçà de ce qui a pu exister dans la réalité.



Du fait de l'espacement dans la parution des tomes, le lecteur se dit parfois qu'il va avoir du mal à rentrer dans l'intrigue, à se souvenir de tout. Ce tome vient lui démontrer le contraire. Pat Mills et Olivier Ledroit ont l'art et la manière de tout lui remettre en tête en une ou deux cases. Le scénariste tient bien la route de son intrigue, le lecteur ne se perdant pas dans les différents fils. L'artiste n'a rien perdu de son enthousiasme pour produire une bande dessinée la plus puissante possible, l'exubérance de ses planches ne faiblissant jamais. Le lecteur consentant est à la fête : le ressenti n'est pas loin d'une forte dose de produit psychotrope, sans aucun des inconvénients, avec la possibilité de reconsommer la même dose, en simplement recommençant sa lecture.
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