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Citation de rkhettaoui


Elle se mit à lui parler du roman. Elle était décidément un peu affectée dans ses intonations, employait des mots grandiloquents, parfois même carrément prétentieux. Elle avait conservé la même passion qu’à l’époque de ses 17 ans. Le même romantisme. Lui ne lisait quasiment plus, par manque de temps. Il l’avait regretté au début, et puis il s’y était fait ; la vie active, comme on dit. Les yeux de Flore brillaient. Elle prenait plaisir à parler “littérature”, comme si elle voulait recréer l’ambiance de leur jeunesse. Il tira une chaise et s’assit à côté d’elle. À l’époque, c’était dans sa chambre à coucher que se déroulaient leurs conciliabules. Elle était allongée sur son lit, sur le flanc, la hanche cassée, la tête posée sur la main ; elle l’écoutait. Lui marchait dans la pièce en faisant de grands gestes. Soudain il bondissait sur elle et lui assénait une sentence définitive. Elle riait. Il l’embrassait, la caressait un peu. Était-ce uniquement du théâtre ? Ce qui était certain, c’est que ce jeune homme exalté était désormais un étranger à ses yeux. Un être grandiose et ridicule convaincu que le monde se jetterait un jour à ses pieds. Un puceau souverain. Plus jamais il ne pourrait agir ainsi, avec cette formidable arrogance, cette désinvolture suprême. Il avait parfois l’impression que la vie lui avait ôté un à un tous ses rêves, l’avait brisé.
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