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Citations de Olivier Merle (63)


Le bonheur n'existe vraiment que dans la peur de le perdre. Il ne s'apprécie que si on en a conscience.
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- Messieurs, leur dit-il, l'entrepont est d'ores et déjà à réorganiser pour y entreposer les nègres.
Le mot "entreposer" me frappa avec force et je fixai le capitaine, cherchant un signe, quelque chose qui révélerait qu'il avait eu conscience de l'énormité du mot, mais je ne vis rien, absolument rien, comme si le terme choisi était bien approprié à ce dont il voulait parler. ...
...
- Il nous faudra, comme la fois précédente, en charger autant que nous pouvons en transporter, soit près de quatre cents. Il faut donc, de nouveau, les entasser sur deux rangs superposés et monter un entrepont intermédiaire. ...

... j'avais du mal à concevoir comment on pouvait entassait plus de trois cents individus dans l'entrepont.
Comme je faisais part de mon incrédulité à Montgermont, il me répondit avec le sourire de celui qui connait l'astuce technique de l'affaire et qui est heureux de l'indiquer.
- On les allonge tous, en les positionnant à angle droit de la cloison du navire, la tête vers l'allée centrale, et ensuite on les serre comme des sardines jusqu'à se toucher. Eh bien, vous me croirez ou non, mais on peut alors en mettre plusieurs centaines au total.
- Comme des sardines... dis-je, les yeux vagues.
- Oui, comme des sardines ! répéta-t-il, la mine réjouie, ravi de sa comparaison. En fait, on les range plutôt comme des cuillères, allongés sur le côté. Ceux qui sont à tribord sont tournés vers l'avant, emboîtés les uns dans les autres, et ceux qui sont à bâbord sont tournés vers l'arrière, exactement dans la même position.
Tout en parlant, il me désignait l'échafaud à tribord, puis l'échafaud à bâbord.
- Pourquoi ceux à tribord tournés vers l'avant et ceux à bâbord tournés vers l'arrière ? demandai-je, mais je dois avouer qu'à ce stade je ne savais plus très bien de quoi nous causions exactement, d'hommes, de sardines ou de cuillères.
- À cause du cœur. Pour qu'il ne soit pas compressé et puisse battre librement.
Librement ! Voilà bien le dernier mot que je m'attendais à entendre en cette occasion !
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Le bonheur n’existe vraiment que dans la peur de le perdre. Il ne s’apprécie que si on en a conscience.
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J'étais également étonné de la très grande quantité de barriques qu'on amenait à terre, n'ayant jamais tenté de calculer combien de litres d'eau nous devions emmener à bord pour une telle équipée.
- Imagines-tu, Jean-Batiste, commença Sauvagnat répondant ainsi à mon interrogation sans que j'eusse besoin de la formuler, qu'un homme boit environ deux litres et demi d'eau par jour, que nous sommes un équipage de quarante marins, que nous devons prévoir de rester en mer pendant au moins deux mois sans relâche ? Inutile d'être grand savant comme toi pour comprendre qu'il nous faut transporter au moins six mille litres d'eau.
- C'est beaucoup...
- Mais c'est rien du tout, Jean-Baptiste ! s'écria-t-il. Ca, c'est pour l'aller, mais durant le trajet pour nous rendre aux Antilles, faut compter les nègres ! Et tu sais combien ils seront les nègres ?
- Mon Dieu... dis-je affolé.
- Tu peux le dire ! Compte plus de trois cent cinquante nègres, fais le calcul, il te faut au moins soixante mille litres !
J'en restai béant.
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- Les Arabes également pratiquent la traite ? questionna Bonicart.
- Certes, et depuis beaucoup plus longtemps que nous-mêmes ! Des siècles et des siècles ! C'est une activité qu'ils pratiquent en Afrique depuis la mort de leur prophète Mahomet. Ce sont des précurseurs, si je puis m'exprimer ainsi ! Mais, comparées aux caravelles des Européens, les caravanes des Arabes, c'est un peu de l'artisanat. Trouve-t-on dans les pays arabes ces peuplements de Noirs que nous avons réunis aux Amériques en si peu de temps ? Songez à Saint-Domingue, la Guadeloupe, la Martinique, l'île Bourbon, Cayenne, sans compter les immenses colonies portugaises, anglaises ou espagnoles ! Au total, des millions de Noirs, déjà y sont maintenus en servitude ! Rien de comparables dans les pays arabes. S'ils nous ont ouvert le chemin dans cette triste tradition de réduire les Noirs en esclavage, les Arabes sont des gagne-petit par rapport à nous ! La caravelle a vaincu la caravane, si vous me permettez cette expression...
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«  Cette marche laissa à Esther une curieuse impression.
La mer était belle à regarder , les vagues qui frappaient les rochers ou recouvraient les plages de sable fin auraient dû la transporter, mais la présence allemande n’aidait pas à l’apaisement . »
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«  C’était toujours le même Paris triste de l’Occupation.
Des piétons pressés, des files d’attente devant les magasins, des panneaux indicateurs en allemand, quelques très rares voitures .... »
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- La population ne connaît pas le Coran. Elle suit les anciennes religions, qui déterminent les Coutumes. Chacun sait, selon la Coutume, ce qu'il faut faire et ne pas faire, mais le Coran ne dit pas la même chose que la Coutume.
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Baptiste se crut face à un monstre informe, indescriptible au sens propre du terme, dont la masse occupait la totalité du cadre. Était-ce l’effet de l’épouvante qui distordait le réel et brouillait sa perception ? Un golgoth ! Une face hirsute, des cheveux longs et sales qui encadraient le visage comme un casque explosé, des lèvres rouge sang, un mufle saillant d’où émergeaient des dents carnassières. Et qui vous fixait de ses yeux cruels, avides et sanguinaires. Il aurait fallu du temps pour comprendre ce que c’était. Baptiste n’en eut pas.
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Les bras croisés, le dos droit bien calé contre le dossier, il observait les passagers qui se trouvaient dans son champ de vision.
Un homme et une femme lui faisaient face, la tête penchée sur leur portable avec cette attention respectueuse que les croyants portent à un livre saint. Sur sa gauche, au-delà de la rangée centrale, c’était le même spectacle édifiant. Un couple de jeunes qui, en s’asseyant, avaient échangé deux phrases, pas plus, mais qui, depuis, ne se parlaient plus et tapotaient frénétiquement sur leur précieux mobile. En biais, vers l’arrière de la rame, ce n’étaient que des fronts inclinés sur le minuscule écran.
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La connaissance n'a jamais apporté le bonheur. Bien au contraire. Ceux qui ignorent les turpitudes et les horreurs de ce pauvre monde ne se posent pas de questions. Ils s'épargnent l'indignation, la révolte, la défaite et l'impuissance.
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Les enfants sentent l'inquiétude de leurs parents. Une sorte d'instinct, une perception inconsciente des ondes négatives qui flottent dans l'air et qui imprègnent à leur insu.
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- En fait votre nature, par essence dépressive, a trouvé un point central de fixation - la destruction de la planète - et ne parvient plus à retrouver l’équilibre. Votre mal-être est l’illustration parfaite de ce que la chercheuse belgo-canadienne, Véronique Lapaige, a dénommé l’éco-anxiété ou anxiété climatique. La psychiatre américaine Lise van Susteren a aussi très bien défini ce stress permanent, avec des pensées intrusives et obsessionnelles, pour les gens qui, comme vous, sont convaincus de l’imminence d’une grande catastrophe écologique.
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Malgré cela, ce soir-là, les parents avaient chanté à l'unisson, debout, de part et d'autre de leur fille. Assise face aux bougies allumées, Esther avait été ravie du cadeau. Elle l'avait tenu entre ses mains toute la soirée comme une pierre précieuse. Un savon, ce n'était pas rien. D'ordinaire, elle se lavait à l'eau froide avec un simple gant de toilette. Ce savon, elle le ferait durer.
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De tout temps, le jeu du vendeur a été de mettre l'apparence de son côté afin d'endormir la méfiance de l'acheteur, et même de lui donner l'illusion de la bonne affaire. Cependant, je puis assurer que de voir ce jeu s'appliquer sur des êtres humains est d'un tout autre impact sur l'esprit, possède quelque chose de répugnant que je ne peux exprimer, et que je laisse au lecteur d'imaginer s'il a l'imagination assez vive, ou assez sensible, pour le ressentir.
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Esther se sentait en sécurité dans l'appartement. Elle ne voyait plus le Paris triste et lugubre de l'Occupation. Elle se trouvait hors du temps. L'uniforme allemand ou le béret de la milice paraissaient relever d'un imaginaire barbare ou appartenir à un cauchemar auquel elle aurait finalement échappé .
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J'espère que le lecteur me pardonnera de le venir troubler en sa douce quiétude. S'il vient de refermer le dernier volume des Mémoires de mon maître, Pierre de Siorac, et s'il galope encore à brides avalées sur les chemins de cette belle histoire de France que celui-ci a contée avec tant de verve, il lui faudra grand courage pour se pencher derechef sur la famille Siorac, mais aussi sur ma modeste personne.
Car je n'ai, n'ayant point accompli mes humanités, ni le talent ni la disposition d'esprit pour éblouir le lecteur dans des récits épiques....
(extrait du chapitre I)
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Ils débarquent en nombre, on ne voit plus qu'eux. (...) L'homme-à-grosses couilles est là ! Or, l'homme-à-grosses-couilles n'en à rien à faire de la planète Rien du tout ! Il l'a détruit parce que sa destruction augmente sa puissance ! Et il n'y a que ça qui compte pour lui : le pouvoir et l'argent ! L'homme-à-grosses-couilles n'a qu'une perspective : sa propre jouissance. Et il est convaincu que la planète tiendra bien un peu , au moins jusqu'à ce qu'il meure. C'est tout ce qu'il lui importe. Ce qui adviendra après sa mort, il s'en contrefout, l'homme-à-grosses-couilles.
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La femme française porte aujourd’hui dans la défaite de la France sa part, lourde part, de responsabilité. Les hommes nouveaux l’ont compris. Les lois nouvelles autant que sages sont sévères. Elles freinent le déchaînement de l’avidité féminine, restreignent pour les jeunes filles l’accès aux carrières libérales, facilitent au contraire d’une façon qui équivaut à l’imposer le retour ou le maintien de la femme au foyer.
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Tout commença d'une manière si banale que la première réaction de Sophie fut d'en rire. La jeune femme avait tiré la petite clé métallique de son sac et l'avait introduite dans la serrure de son appartement. Au même instant, la minuterie du palier s'était éteinte, la plongeant brusquement dans l'obscurité.
Il n'y avait à cela rien d'anormal, car le temps nécessaire pour monter au troisième étage - par l'escalier, car le vieil immeuble n'avait pas d'ascenseur - correspondait peu ou prou à la durée de la minuterie. Sophie en avait fait maintes fois l'expérience.
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