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Citations de Olivier Truc (494)


Il lui avait dit que la littérature pouvait prendre le relais du journalisme, parfois. Là où une enquête pouvait buter sur l'incapacité d'apporter des preuves pour effacer pour faire éclater la vérité, la littérature pouvait s'en affranchir et permettre de penser des plaies, de punir les coupables, d'apporter une forme de justice virtuelle, faute de justice des hommes.
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Qu'est-ce que tu peux comprendre, toi ? Ils étaient citoyens du vent et du soleil, leur drapeau avait la couleur de la rivière qui scintille quand les saumons la remontent, leur passeport, c'était l'odeur du lichen qui les guidait par-delà les collines, leur loyauté allait à leur village d'hiver qu'ils retrouvaient après leur village d'été qu'ils retrouvaient après leur village d'hiver, leurs frontières, elles se traçaient en colonnes de rennes et en vols de perdrix.
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Un homme s'encadra dans la porte de la cuisine. Il avait l'air fatigué. Usé. Parti loin. Pas encore revenu, pensa Piera. Trop de vies pour un seul corps. Avec un de ces regards qui racontaient l'humanité d'un être, ses espoirs, ses échecs, sa compassion, ses trahisons.
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Le prochain coucher de soleil était programmé le 29 juillet, peu après minuit. La nuit durerait alors une vingtaine de minutes. D'ici là, son ombre allait le suivre, du matin au soir, du crépuscule à l'aube, sans une seconde de répit. Kemet ne savait pas ce qu'il préférait. L'absence d'ombre durant la nuit polaire le perturbait. Il ne se sentait pas entier. Mais il allait vivre deux fois plus de jours epié par son double rampant. Il avait beau se savoir rationnel, puisque policier, cette ombre qui l'espionnait sans relâche finissait par l'irriter. Il éclaboussa son ombre et cela lui fit du bien, comme lui fit du bien la caresse légère du soleil.
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Le faon était toujours là. Il avait ce même type de regard, en brun, que la grand-mère de Piera. Capable en un instant de passer du doux au dur.
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Mais si un mariage et un enterrement sont des évènements différents par nature, ils sont proches par le fait qu’ils rassemblent une communauté, une famille au sens large. Votre inconscient le sait, lui, que c’est la même chose. Il exprime, à travers ce rêve récurrent, la manière la plus sûre de vous satisfaire. Il ne se trompe pas, je vous assure.
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Dimanche 9 février.
Lever du soleil : 7 h 59. Coucher du soleil : 14 h 30.
6 h 31 d’ensoleillement.
Vaggatem, vallée de Pasvik (Norvège). 11 heures.
Les hurlements cessèrent. Pour reprendre, plus lancinants encore. Déchirés, hachés. Éteints enfin. Klemet frissonna, essayant de ne rien montrer. Que ce connard de Jaakoppi Kujala ne l’aperçoive pas. Pour la troisième fois depuis qu’il avait arrêté son scooter des neiges, Klemet pouvait les entendre. Ils n’étaient pas loin, hors de portée tout de même. Il ne connaissait que trop bien ce grondement languissant qui se répercutait dans ses oreilles. Cela faisait partie des rares échos, avec les récits de son oncle Nils-Ante, qui pouvaient lui serrer les tripes. Un tel hurlement valait dix histoires fantastiques. Un hurlement qui racontait tout le cheminement du monde, franchissait les montagnes et les steppes, rapportait les souffrances et les espoirs, la lutte sans fin, la fatalité du vivant, les âmes sous les montagnes.
Quand de telles pensées lui traversaient l’esprit, Klemet se disait qu’il exagérait. Mais au hurlement suivant, ses tripes ne mentaient pas.
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Je m'appelle Pedro Alonso Lopez, j'ai aujourd'hui 67 ans.
J'ai tué trois cent dix fois.
Je suis libre et j'existe vraiment.
Olivier Norek - Je suis encore là.
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Berit pensait que le pasteur ne traitait pas toutes ses brebis de la même façon. Berit s'occupait mieux de ses vaches que le pasteur de ses brebis.
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Demain, entre 11 h 14 et 11 h 41, Klemet allait redevenir un homme avec une ombre.
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Même la bougie parut trembloter, pour se mettre à l'heure des confidences.
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"Tu vois Aslak, ces montagnes, elles se respectent les unes les autres. Aucune n'essaye de monter plus haut que l'autre pour lui faire de l'ombre ou pour la cacher ou pour lui dire qu'elle est plus belle. On peut toutes les voir d'ici. Si tu vas sur la montagne là-bas, ce sera pareil, tu verras toutes les montagnes autour." (...)
"Les hommes devraient faire comme les montagnes."
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Il a été mon seul amour.
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– Vous avez la carte ?
Karl Olsen fit glisser lentement l’enveloppe vers le Français. Celui-ci en sortit le papier jauni et le déplia avec précaution. Pas de doute, il s’agissait bien d’une carte géologique. Une véritable œuvre d’art, avec l’application d’autrefois, même si Racagnal reconnut au premier coup d’œil qu’elle était le fait d’un géologue amateur. Racagnal voyait les courbes, les symboles et les couleurs, signes d’un relevé attentif et laborieux effectué sur le terrain soixante ou soixante-dix ans plus tôt. Cela éveilla en lui de nombreux souvenirs, lui qui se considérait comme un géologue de la vieille école, qui savait encore manier cahier et crayon, pas comme tous ces blancs-becs qui sortaient un ordinateur dès qu’ils voyaient un caillou.
– Intéressant, nota-t-il. Couches granitiques…
Il devint silencieux et se concentra. Une carte géologique, cela représentait des centaines, parfois des milliers d’heures sur le terrain. Pour en dresser une, il fallait savoir lire un paysage, il fallait aussi aller au-delà des apparences, voir ce qui était invisible, sous les couches de terre, de végétaux ou sous les moraines. Les cartes comme celle-ci étaient irremplaçables, car elles contenaient une foule de détails. Des détails qui étaient petit à petit éliminés au fur et à mesure que les cartes étaient modernisées et où l’on ne s’embarrassait pas de détails pour se concentrer sur les grands ensembles de roches suivant leur nature. À en juger par son aspect, cette carte-ci était le fruit direct des observations de terrain, avec une multitude de points, d’accrocs, de renvois. Une carte originale, constituée à partir de ce qu’un ou plusieurs géologues avaient vraiment vu et noté sur le terrain, avec un luxe de détails inestimables.
Un vrai géologue recherchait toujours la carte d’origine, la vieille, celle qui sentait la sueur et le temps passé. Parce que le géologue de terrain était prêt à noter la moindre petite anomalie. Et c’étaient ces petites anomalies qui faisaient les grands géologues. Il sentit son instinct de chasseur s’éveiller aussitôt, et la poussée d’adrénaline lui envoya une image forte de la jeune serveuse, Ulrika.
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Au cours des derniers mois, il avait connu les jours sans nuit de l'Arctique, il avait connu, des mois durant, Stockholm et ses mystères. Et cela, c'était plus que n'en connaîtraient bien des jeunes Basques embarqués sur les baleiniers qui souvent ne quittaient jamais le bord.
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Helmut avait compris que la partie était gagnée le jour où Isak Mattis Sara, chef de la siida de Vuorje, un puissant clan lapon à l'ouest de Karasjok, lui avait apporté le berceau en bouleau de son enfance afin de l'exposer dans la bâtisse dédiée au mode de vie lapon. Il avait maintenant l'une des plus belles collections d'Europe du Nord.
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Helmut s'était mis à apprendre les techniques lapones pour travailler l'argent, au point de devenir l'un des meilleurs experts de la région. Il avait rendu ses lettres de noblesse à cet art dispersé par le nomadisme en lui offrant un lieu d'exposition ambitieux.
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ina était arrivée à la police des rennes depuis trois mois, mais c'était sa première patrouille. Jusque-là, elle avait été en poste au commissariat de Kiruna, le quartier général situé côté suédois, puis à Kautokeino, côté norvégien.
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— Klemet ?

Parfois, quand il était en patrouille sur cet immense plateau désertique qu'on appelait le vidda, comme aujourd'hui, il s'offrait une courte pause nostalgique. Mais il se taisait, écrasé par le souvenir du joïk, incapable de poésie.

— Klemet ? Tu veux bien me prendre en photo ? Avec les nuages derrière.

Sa jeune collègue brandissait son petit appareil photo sorti de sa combinaison bleu marine.

— Tu crois que c'est le moment ?

— C'est pas pire que de rêvasser, lui répondit-elle en lui tendant l'appareil.
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Nils Ante avait bercé toute l'enfance de Klemet de ses joïks envoûtants, contes enchantés qui valaient largement tous les livres que les petits Norvégiens lisaient chez eux. Klemet n'avait pas eu besoin de livres. Il avait eu l'oncle Nils Ante. Klemet, en revanche, n'avait jamais su chanter et il avait estimé qu'il était indigne de décrire avec des mots la nature qui l'entourait.
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