Olivier Van Beemen

Dans un passé récent, Heineken s'est également retrouvé impliqué dans de sérieuses violations des droits de l'homme dans l'est du Congo, où des groupes armés sèment la terreur à coups de massacres, viols et pillages. La bière est l'un des rares produits qui circulent encore en abondance là-bas et Bralima dispose d'un ingénieux réseau de distribution pour vendre la marque locale Primus jusque dans les zones les plus reculées. (p.178)
Les villages isolés, que ne peuvent plus atteindre les camions ni même les motos, sont desservis par des porteurs, en général des femmes, qui transportent dans un sac sur leur tête le contenu de deux casiers. [de bières]
p.180

Début 2018 (...)Comment le brasseur pouvait-il (...) rapatrier le bénéfice alors que le pays souffrait d'une énorme pénurie de devises étrangères? Une analyse très fouillée menée par l'hebdomadaire Addis Fortune révéla que l'entreprise entretenait des liens étroits avec les autorités locales, grâce auxquelles elle avait réussi à obtenir un traitement de faveur en matière d'octroi de devises. Alors que l'Ethiopie manquait d'argent pour pour pourvoir aux besoins vitaux essentiels, Heineken se voyait attribuer 40 millions d'euros pour de nouveaux investissements. Un administrateur d'une banque locale réagit alors de manière indignée: "Nous avons ordre de donner la priorité aux producteurs de bière plutôt qu'aux importateurs de produits pharmaceutioques qui sauvent des vies"

L'utilisation des matières premières locales devint pour le brasseur le fer de lance d'un entrepreneuriat local.(p.80)
Bien que la majorité des travailleurs de Heineken en Afrique ne cotise pas pour leur retraite, ils ont souvent droit à la fin de leur carrière à une solide prime de départ, ce qui permet à plus d'un retraité encore vaillant de créer sa propre entreprise. (p.152)
Les travailleurs séropositifs de Heineken en Afrique et leurs familles directes se virent offrir un traitement à vie, qui se poursuivait même après leur retraite ou leur licenciement forcé.
(p. 157)

Alors que l'Occident vieillit à un rythme soutenu,grandissent en Afrique non pas des dizaines mais des centaines de millions d'enfants qui deviendront des clients potentiels. La lutte pour obtenir leurs faveurs éclate à un stade très précoce. Ainsi, au Nigéria et au Congo Heineken décore du logo de la brasserie des écoles que l'entreprise rénove dans le cadre d' un programme de bienfaisance.

Heineken est vulnerable, non seulement parce que le brasseur un produit nuisible mais aussi parce que le nom de l'entreprise est le même que celui de sa marque principale. Si AB InBev est compromis dans un scandale, il y aura relativement peu de consommateurs qui abandonneront leur verre de Stella Artois ou de Budweiser, alors que ce risque est bien réel pour Heineken.