AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Oriane Jeancourt Galignani (81)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La femme-écrevisse



*** rentrée littéraire 2020 # 31 ***



Le contenu de ce surprenant roman est tout aussi intrigant que son titre. La femme-écrevisse est une gravure représentant une créature à corps de femme dénudée avec une tête et des pinces d’écrevisse. Elle se transmet depuis des générations dans la famille von Hauser et possède un pouvoir révélateur qui pousse à se métamorphoser trois personnages hyper sensibles, vivant à trois époques différentes au sein d’une société qui ne leur convient pas.



Dès les premières pages, j’ai été happée par l’écriture précise et crue de l’auteure, sur les pas de Margot, qui entre en 1642 au service du Peintre ( rapidement identifiable ), dans l’atelier duquel elle découvre les gravures de la femme-écrevisse. Le chapitre qui lui est consacré est le plus intéressant, le plus saisissant. La force d’attraction de la créature qui appelle Margot est remarquablement rendue, tout comme l’obsession qui la saisit au point de la transformer en une femme libre, forte, émancipée, assumant ses choix au point d’être violemment rejetée par la société de l’époque.



Les deux chapitres suivants sont consacrés respectivement à deux descendants de Margot : Grégoire, jeune homme torturé de la fin du XXème siècle ; et Ferdinand, son grand-père, acteur de cinéma dans les années 1920 à Berlin. Comme Margot, eux aussi sont animés par une même passion pour la femme-écrevisse qui va les conduire à se révolter contre leur famille, contre la société, à se métamorphoser. Tous ont le courage d’affronter leur part de radicalité et de liberté, quitte à basculer aux confins de la folie.



J’ai énormément apprécié cette thématique de l’œuvre d’art qui nous connaît mieux que nous-mêmes, qui annonce à des « élus » ce qu’ils vont devenir, à la manière du portrait de Dorian Gray ; ce qui distille une ambiance à la fois mystérieuse et inquiétante que l’auteur parvient à maintenir de bout en bout. J’ai regretté de voir la femme-écrevisse moins présente dans les chapitres sur Grégoire et Ferdinand, mais son omniprésence dans le récit centré sur Margot laisse une empreinte tellement forte dans l’esprit du lecteur que son absence, puis son attente, créent une tension durable.



Cette dernière retombe dans les descriptions des scènes de cinéma auxquelles participent Ferdinand, mais cet assoupissement a pour effet d’amplifier l’uppercut des pages hallucinées sur les collusions entre la famille von Hauser et le nazisme. Elles sont absolument remarquables, et en soi, le roman aurait pu s’arrêter là, sans un épilogue très étiré et trop explicatif. C’est quand le roman déploie son mystère étrange que sa puissance prend une tournure extrêmement troublante et singulière et qu’il convainc le mieux.



Lu dans le cadre des Explorateurs de la rentrée Lecteurs.com

Commenter  J’apprécie          952
L'Audience

Cinq hommes, sept femmes, assis côte à côte dans ce tribunal de K., au Texas. Ils sont tous là dans le même but: juger Debbie Aunus, jeune professeure de mathématiques mariée à un militaire souvent parti en mission, et maman de 3 enfants, mise sur le banc des accusés. Son crime: avoir entretenu des rapports sexuels avec 4 de ses élèves. Pourtant majeurs et consentants, la loi ne fait pas dans la démesure dans cet état, elle s'est rendue coupable de faits réprimés par la loi. Attirée par un de ses élèves, ce qui fut d'abord une relation platonique devient très vite un jeu sexuel auquel d'autres élèves participeront. C'était sans compter sur le scandale qui allait en découler...



Se basant sur l'affaire Brittni Colleps, affaire scandaleuse qui a secoué l'Amérique puritaine en 2012, Oriane Jeancourt Galignani pose les faits mais ne juge pas. L'on suit, impassible, ces quatre jours d'audience et l'on écoute les témoins défiler, les uns après les autres. Les quatre élèves, bien sûr, qui ne nieront nullement les faits établis et encore moins leur consentement. Ce qui fut un jeu entre Debbie et eux ne semble pas amuser la société dans laquelle un professeur peut aller en prison s'il entretient des relations sexuelles avec son élève. Invoquant le 5ième amendement, Debbie restera muette tout le long du procès. Femme froide, manipulatrice, prédatrice aux yeux des jurés, son silence renforcera l'image qu'ils auront d'elle. L'auteur décrit non seulement cette femme mais aussi ce qui l'entoure: la relation entre le juge et la procureure, les jurés que Debbie a immanquablement croisés au coin de la rue ou encore le tapage médiatique en la personne de cette ex-Miss météo. Ce roman dépeint les faits sans porter de jugement, l'écriture sèche et directe accentuant d'autant plus cette distance que l'auteur met entre elle et Debbie. A nous de nous poser les bonnes questions: y a-t-il eu vraiment crime? Sommes-nous en droit de juger une relation consentante entre deux adultes, aussi choquante soit-elle? Que fait-on de la liberté sexuelle?

Un roman efficace, d'aucuns jugeront dérangeant...



L'audience... à vous de juger...
Commenter  J’apprécie          662
Mourir est un art, comme tout le reste



À quelques jours de mes 72 ans, la mort commence inévitablement à se pointer à mon esprit. Non pas que j'ai à me plaindre de ma santé, mais arrivé à cet âge cela peut très vite changer. Et ces derniers temps la mort a été fort présente dans mes pensées, à la suite du décès de ma première et grande amie sur Babelio, ClaireG ou Claire Gérard de Bruxelles, à qui les derniers honneurs seront rendus aujourd'hui même et à qui je rends ici mon humble hommage.



Cet ouvrage d'Oriane Jeancourt Galignani nous raconte la vie dramatique de Sylvia Plath, la grande poétesse américaine, morte suicidée à l'âge de seulement 30 ans. La qualité de sa poésie et sa fin tragique font que ce roman de 2013 n'est pas le premier et certainement pas le dernier à être inspiré par sa vie. Presque 20 ans après s'être gazé dans la cuisine de son appartement à Londres, le 11 février 1963, elle a reçu le fameux prix Pulitzer, ce qui est unique !



À part son oeuvre littéraire et sa mort, Sylvia Plath continue à faire l'objet d'écrits pour sa véritable place dans l'histoire du féminisme anglo-saxon et son mariage avec le poète anglais Ted Hughes (1930-1998). De la philosophe et écrivaine émérite néerlandaise Connie Palmen j'avais lu "Ton histoire. Mon histoire" qui explore justement les rapports parfois tumultueux entre ces 2 poètes célèbres. Cet ouvrage m'a incité à lire son recueil de poèmes "Ariel", publié après sa mort et qui m'a impressionné par sa qualité.



Sylvia Plath a été toute sa vie maniaco-dépressive. Depuis la mort de son père, un émigré allemand et entomologue connu, lorsqu'elle avait 8 ans, elle a été confrontée à ce que l'on appelle de nos jours des troubles bipolaires graves, qui lui ont valu des hospitalisations en psychiatrie. Au moment de la mort de son père chéri, qui venait d'avoir 40 ans, la petite Sylvia aurait (selon Wikipédia) murmuré : "Je ne parlerai plus à Dieu". Qu'elle ait été considérablement affectée, voire perturbée, par ce décès ne fait pas l'ombre d'un doute. Dans quelle mesure il a eu des conséquences néfastes sur son équilibre mental à plus longue échéance est une question sujette à spéculations contradictoires.



Toujours est-il que la pauvre poétesse a connu des moments de grandes souffrances psychologiques, comme il ressort nettement de son unique roman autobiographique "La cloche de détresse" , publié l'année de sa mort sous un pseudonyme, qui constitue une espèce de "Chronique d'une mort annoncée", pour reprendre le titre d'une oeuvre du Nobel colombien, Gabriel Garcia Márquez. Un roman incontestablement beau, mais que je ne recommande pas, car trop triste.



Sylvia Plath, née près de Boston aux États-Unis en 1932, a étonné son monde par son intelligence précoce exceptionnelle. À l'âge de 8 ans elle a réussi à publier son premier poème. Elle a obtenu son diplôme au Smith Collège, une institution renommée, avec "summa cum laude" et en 1956 elle a gagné une bourse Fulbright (pas évident du tout) pour aller étudier à l'université de Cambridge en Angleterre.



C'est à Cambridge qu'elle a fait la connaissance d'Edward ou Ted Hughes, qui a eu l'honneur d'être nommé le "poète de la Reine" et avec qui elle s'est mariée, très très peu de temps après son arrivée outre-Manche, et de qui elle a eu 2 enfants : une fille Frieda (prénommée ainsi en hommage à l'artiste peintre mexicaine Frida Kahlo ?), née en 1960 et un fils Nicolas 2 ans plus tard. Ce Nicholas a été victime de fortes déprimes et s'est également suicidé, à l'âge de 47 ans.

J'ignore s'il y a eu un rapport avec la séparation de ses parents l'année même de sa naissance, 1962 ? Une séparation due à l'état psychique de Sylvia et l'infidélité de Ted.



Peu de temps après ces bouleversements importants se situe le suicide de Sylvia Plath. C'est par cet événement saisissant que commence "Mourir est un art, comme tout le reste". Elle bâillonne la porte de la cuisine avec du sparadrap pour sauver Frieda et Nicholas, avant de metre la tête dans le four de la gazinière.



Ce passage m'a donné envie d'arrêter ma lecture, tellement qu'il m'a horripilé, surtout que je sois loin de ma forme des grands jours, à cause du décès mentionné plus haut. Puis, je me suis souvenu que c'était exactement Claire qui m'a convaincu de persévérer lorsque à mes débuts sur Babelio, j'ai failli, légèrement déçu, arrêter mes billets sur notre site. C'est grâce à elle, en somme, si un an et demi plus tard j'y suis toujours activement présent.



Par ailleurs, abandonner cet ouvrage n'aurait pas été très respectueux de ma part envers le travail formidable d'Oriane Jeancourt Galignani, dont c'était la première oeuvre littéraire. Par la suite, l'écrivaine a publié 2 autres ouvrages : "L'Audience" en 2014 et qui a eu un franc succès sur Babelio, et l'année dernière "Hadamar".



Oriane Jeancourt Galignani, comme journaliste sait manier sa plume et comme directrice des pages littéraires du magazine "Transfuge" peut nous apprendre beaucoup sur les belles-lettres et leur évolution. Son style est précis tout en étant remarquablement fluide. Ce roman qui "s'est accordé toute liberté" (page 213) ressemble à une "vie imaginaire" basée sur l'existence de personnalités réelles. À cette fin, l'auteure s'est documentée à fond sur la brève et riche existence de Sylvia Plath.

Commenter  J’apprécie          5728
L'Audience

Nous sommes dans une petite ville du Texas, où va commencer à se dérouler le procès de Deborah AUNUS, jeune enseignante, mise en accusation pour avoir eu des relations sexuelles avec quatre des ses élèves, majeurs au moment des faits.

Le jury vient d’être constitué et les faits exposés par le juge. Nous allons donc assister au déroulement du procès.

Déborah est une enseignante qui vit normalement, dans un établissement sans problème particulier, des relations avec les collègues dans la norme. Elle est mariée à un GI et mère de trois enfants. Ils vivent tout à fait normalement dans leur maison comme n’importe quel Américain moyen.

Mais, comment le scandale a-t-il pu arrier ? Déborah est tombée sous le charme d’un de ses élèves, et peu à peu, leur relation a dérivé vers une liaison sexuelle, qui est une révélation pour Déborah car elle goûte à des jeux interdits, plus ou moins malsains auxquels elle prend de plaisir tout comme son jeune partenaire qu’elle ne viole pas puisqu’il est entièrement consentant.

Peu à peu, la relation évolue et Déborah va se livrer à des jeux sexuels avec un ami de son jeune amant, puis un autre et c’est l’entrée en scène de quatrième élève qui va déclencher le scandale.









Ce que j’en pense :



Nous sommes dans une histoire sexuelle qui n’aurait jamais dû dériver car elle se déroule entre individus majeurs, et par conséquent, Déborah ne transgresse véritablement aucune loi, mais nous sommes dans un état puritain, hypocrite et le procureur veut se faire un nom en légiférant et en rendant un verdict exemplaire.

Cette jeune femme se retrouve dans une situation où elle risque cinq ans de prison, car elle a contrevenu aux lois de l’état.

Le procès s’étend sur quatre jours (un chapitre par journée d’audience où on assiste aux témoignages, aux débats, aux caméras de télévision qui fourrent leur nez partout pour salir, et en même temps chaque soir Déborah rentre chez elle s’occuper des courses, des repas de la vie de sa famille.

Ce qui est très perturbant dans le livre, c’est le comportement de Deborah : elle choisit de rien dire, elle écoute parler les autres protagonistes mais se comporte comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre. Ce que tout le monde va prendre pour de la fierté mal, placée, de l’arrogance. On a du mal à la trouver sympathique. On essaie d’avoir de l’empathie pour elle, mais ce n’est pas facile.

Les points faibles, et oui il y en a : tout d’abord on peut se demander comment une enseignante a pu se laisser aller à un tel comportement : il y a eu une transgression, elle peut avoir des relations sexuelles avec des élèves adultes mais de là à se laisser filmer et à dégénérer en partouze, accepter ses élèves en amis sur Facebook, (où elle avait déposé des photos d’elle, nue, pour faire plaisir à son mari certes mais visibles par tout le monde)

On se retrouve dans l’exhibitionnisme, il y a des limites qui ont été franchies par une personne censée être respectée et respectable pour ses élèves. Comment a-t-elle fait pour se laisser entraîner ainsi ? On la trouve de plus en plus attachante car fragile mais aussi de plus en plus inconsciente des conséquences de ses actes. Personne ne lui fera de cadeaux en évoquant une addiction sexuelle, ou une nymphomanie à mots couverts bien-sûr

Que dire aussi de ces élèves, qui se partagent le corps d’une femme comme un objet, comme si c’était normal, parce qu’entre amis on partage tout. Comment ne pas être choqué par le fait que le quatrième larron filme la scène uniquement pour la publier, lui n'est pas là pour passer un bon moment, ce qu'il veut c'est faire du mal et être celui par lequel le scandale arrive car on va parler de lui.

Autre point faible : l’attitude du mari qui est pratiquement un héros de guerre sur le papier mais qui est extrêmement pâlichon comme personnage. Il a combattu en Afghanistan et bizarrement il se tait. Son syndrome de stress post traumatique n’est pas assez expliqué, on n’y croit pas vraiment. Et on se dit que Deborah est mariée avec un homme qui n’est pas très adulte ou qui souffre beaucoup mais s’enferme dans un mutisme dangereux.

Un bon livre, car l'auteure a bien analysé, autopsié même, tant la société texane que les comportements humains. Elle ne nous fait grâce d'aucun détail, tel un juge, sans montrer son ressenti. Elle reste à distance comme Debbie son héroïne reste muette, assistant à son lynchage. C'est l'histoire en elle-même qui l'intéresse comme une journaliste. C'est ce qui manque au récit: fouiller davantage la personnalité de chacun.



Note : 7,5/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          460
La femme-écrevisse

«  La femme— écrevisse est hors de tout ça . Elle appartient à une mythologie peuplée de créatures à jambes et carapace , dont on a oublié les auteurs , dont on a même oublié les trames, et surtout les croyances . Une mythologie qui ne sépare plus; elle ne se situe ni parmi les martyrs , ni parmi les sauvés. Elle danse entre les deux , à mi- chemin de la bête et de l’homme » .



Un extrait de ce livre en clair - obscur, l’histoire d’un Tableau né d’un esprit tourmenté , celui d’un Peintre du Siècle d’Or à nos jours, la femme écrevisse : corps de femme dénudé avec une tête et des pinces d’écrevisse , une curiosité intrigante , mystérieuse , troublante qui va cheminer de siècle en siècle , obséder trois personnes de 1642 a 1999, les thèmes se font écho à travers les époques depuis Margot von Hauser , maîtresse du Peintre, jalouse , jalouse obsessionnelle ... jusqu’à l’internement , puis Berlin : 1920, Ferdinand von Hauser, devenu acteur, homme à femmes, chez qui sommeille de multiples personnalités et un incontrôlable délire alors qu’il adulait la femme -écrevisse enfant , Paris : 1999, Grégoire von Hausen qui se croit libre de quitter son pays , d’aimer une inconnue et de choisir sa vie .

...

Las! Trois générations et certains héritages où là malédiction se transmet de génération en génération tel un cancer on un crabe qui vous abîmerait de l’intérieur , vous rongerait jusqu’à l’os ...

Qui vous distillerait son étrange poison , vous obsèderait jusqu’à vous faire perdre votre âme .....

«  La femme -écrevisse » ou la folie, la démesure et la création, l’amour destructeur ou rédempteur , la sauvagerie et l’animalité , la jalousie , la démesure, la prédestination, L’ART sont étonnamment liés !



Un ouvrage à l’écriture crue , précise, vive , sensible , troublante , évoquant l’éternelle hyper - sensibilité des artistes , leurs approches répétitives , leurs obsessions à travers la reproduction d’une gravure.



Une lecture troublante , surprenante , hors norme, forte et humaine à l’aune de L’ART et de la CRÉATION.

À découvrir ! Choisi à cause du titre !
Commenter  J’apprécie          453
La femme-écrevisse

Le récit commence à Amsterdam en 1642 : Margot qui vient de se faire engager par celui qu’elle appellera toujours le Peintre, pour s’occuper de son fils Titus. Il lui montre l’art de la gravure, dans son atelier, et lui apprend la méthode, devenant au passage son amant. Mais, le Peintre a des dettes et voit d’un mauvais œil le désir de Margot de reproduire la femme-écrevisse qui l’obsède.



On va suivre à travers les descendants de Margot, le voyage de la gravure jusqu’à nos jours en faisant la connaissance, dans un premier temps de Grégoire et Lucie, à Paris qui mènent une vie un peu étrange, leurs parents étant la plupart à l’étranger, les relations entre eux tendues, à l’ombre de la femme-écrevisse.



La gravure est en elle-même un personnage à part entière du roman, prenant parfois la parole. Elle m’a fait penser à « La peau de chagrin » de Balzac, et au « Portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde toutes proportions gardées bien-sûr. Comment ne pas évoquer, à travers les eaux fortes, le beau roman « Terrasse à Rome » de Pascal Quignard…



Le passage traitant de la parthénogenèse de l’écrevisse marbrée qui intéresse beaucoup Lucie m’a beaucoup amusée. Tout tourne bien sûr autour de ses adorables petites bêtes.



Grégoire a une relation très (trop) étroite avec son grand-père, Ferdinand von Hauser, acteur dans les années vingt à Berlin au grand dam de son père qui tient en horreur le passé nazi de la famille Von Hauser qu’il a préféré changer de nom, Ernst devenant Yves Crebsin. Krebs ! On est toujours dans les crustacés.



Ferdinand l’emmenait au zoo tous les samedis, lui promettant l’arrivée de deux dragons de Komodo qui ne sont jamais arrivés et pour cause, il n’en avait jamais été question, mais il pensait stimuler l’imaginaire ou la patience de l’enfant qu’il était alors.



Ce fût un plaisir de retrouver Nietzsche que l’on croise à Turin alors qu’il commence à plonger dans le marasme, ce que Grégoire appelle « la nécrose turinoise de Nietzsche » et dont il parle sans se lasser à table alors que son père enrage, cherchant à tout prix à le faire taire…



J’ai aimé la manière dont Oriane Jeancourt-Galignani a structuré son roman, évoquant trois périodes importantes : Margot apprenant à graver avec la Peintre dont je vous laisse deviner le nom, ce qui n’est pas difficile à deviner et d’ailleurs l’auteure révèlera assez vite, et leur relation amoureuse va aboutir à l’enfermement de la femme. C’est cette partie que j’ai le plus appréciée.



Puis, au cours des siècles, entre les mains la gravure va passer entre les mains de plusieurs descendants de Margot, parmi lesquels : Grégoire et Lucie, leurs parents très bizarres, le grand-père haut en couleur et on ne peut pas dire que ce soit sans conséquences fâcheuses sur leur santé mentale, la folie semblant accompagner certains très loin…



En découvrant le carnet de rôles de Ferdinand, on voit monter l’antisémitisme (sa propre mère est une fervente adepte de Hitler) et les termes employés autour de « la bête immonde » sont nauséabonds… on rencontre les cinéastes qui ont marqué l’époque : Lubitsch, Murnau, Lang notamment.



On suit aussi les différents exils de la Russie, au moment de la révolution, à Berlin, puis Paris, ou encore Londres. Chacun court à la poursuite de sa vie, de son identité quitte à sombrer dans la folie.



J’ai aimé les répétitions qu’utilise souvent Oriane Jeancourt-Galignani, de manière entêtante, comme un TOC et qui donne un rythme particulier à un récit qui l’est tout autant. J’ai essayé de ne rien divulgâcher, ou le moins possible, pour donner envie de lire ce livre hors du commun.



Je trouve, au passage, que l’auteure a bien en évidence l’hypersensibilité des artistes, et la manière dont ils tutoient souvent la ligne rouge entre le réel et le virtuel, quitte à la dépasser parfois, ce qui est le cas ici, qu’il s’agisse de la peinture, du cinéma et parfois la musique avec une ode aux disquaires lors du passage à Londres de Grégoire… Comment ne pas penser aussi à Vincent Van Gogh?



On peut se demander si la reproduction d’une gravure telle que la « femme écrevisse » de manière répétitive, quasi obsessionnelle fait plonger l’artiste dans la folie, ou si c’est la folie qui est représentée sur la gravure avec cette femme nue avec une tête et des pinces. C’est du moins ce que j’ai ressenti en lisant ce roman qui m’a beaucoup plu avec un épilogue génial.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure.



#Lafemmeécrevisse #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          442
La femme-écrevisse

J’errais sur NetGalley à la recherche d’un titre de la rentrée littéraire dont je n’aurais pas encore entendu parler (je n’avais pas envie de lire et de chroniquer le même livre que tout le monde, pardon pour cette coquetterie), et j’ai choisi La femme écrevisse parce que son titre m’a interpellée, puis la 4ème de couv m’a enthousiasmée et décidée.



C’est un livre qui offre plusieurs facettes.



La première, c’est celle de la 4ème de couverture. Elle n’est pas là par hasard : son fil est aussi repris par l’auteure elle-même dans une vidéo diffusée par sa maison d’édition. Ce fil a l’air fait pour moi : celui d’une étrange gravure de Rembrandt qui se transmet dans une famille depuis le 17ème siècle et incarne (déclenche ?) la folie de ses membres à chaque génération, dont trois sont évoquées, au 17ème siècle d’abord, puis en 1920 et enfin en 1999. Quel superbe fil conducteur ! D’autant plus que me suis jetée sur google pour voir la gravure… qui semble ne pas exister. La première rage passée, j’ai évidemment compris que c’était la moindre des choses et je n’ai pas cherché davantage à vérifier si je me trompais : à chacun d’imaginer sa femme écrevisse, qui est décrite assez en détail dans le livre pour la voir clairement dans son esprit, mais assez peu pour laisser la place à ses propres zones d'ombre.



Mais curieusement, le fil conducteur n’est clair et chronologique que dans sa 4ème de couverture : le livre ne présente pas les choses dans cet ordre et il désarçonne le lecteur, qui voit surgir des personnages sans savoir encore qui ils sont (à moins d’avoir appris par cœur la 4ème de couv, ce qui n’était pas mon cas). Certes, ce choix pourrait ne pas désorienter, mais il est accentué par l’écriture, qui m’a gênée. Je pourrais la qualifier de poétique, et de fait, elle est souvent très belle. Mais elle empêche souvent de se faire des repères dans l’histoire : non pas que les repères n’existent pas, puisque l’histoire est très construite ; mais on ne sait jamais quand on va les avoir, et ils peuvent arriver tard, après de longs passages où on ne sait pas exactement ce qu’on lit… du moins moi, je ne le savais pas. Pour autant, je me rends bien compte en écrivant cette phrase que je révèle tout autant mon propre besoin de structure et de rigidité qu’un quelconque manque du côté de l’auteure… Alors voilà, cette chronique commencée en forme de chronique menace de se finir sur la pente glissante de l'introspection : je vais donc m’empresser d’arrêter là !



Sans doute un livre pour amateurs de poésie, pour celles et ceux qui n’ont pas peur de lâcher prise et qui acceptent de s’avancer dans des profondeurs humaines inquiétantes au rythme de vagues qui permettent, tout au long du livre, de respirer, mais uniquement aux moments choisis par l’auteure. Pas un livre à mettre dans toutes les mains… mais dans les vôtres, peut-être ?
Commenter  J’apprécie          431
Quand l'arbre tombe



Un arbre est une alliance entre le proche et le lointain parfait.Erri de Luca/Trois chevaux



Paul arrive en fin de course.Le vieux lion livre son ultime combat contre lui même en s'occupant comme un forcené du parc centenaire attenant à sa propriété. Il ne vit plus que pour ses arbres, et quand ceux-ci se mettent à tomber,il n'a d'autre recours que d'appeler sa fille a l'aide.



Zélie re- découvre son père, fragilisé par l'âge et par l'insurmontable deuil d'un fils à l'opposé de lui,qu'il n'a pas su ou pu comprendre.



Au fil des pages,on va découvrir l'histoire familiale et comment chacun des membres s'est construit ou déconstruit.Les arbres tiennent une place prépondérante, ils sont les témoins silencieux et le refuge dans ce roman tragique à l'écriture simple et précise.La beauté est à côté, le bonheur aussi,les luttes souterraines,dans ce lieu à histoires.



" Un lieu hors des saints,hors des hommes,hors de la famille,hors de la vengeance, hors de la justice,hors de la faute,hors de la réparation ; le rêve d'un parc.

Commenter  J’apprécie          423
Hadamar

Un groupe en tenues rayées avance: parmi eux Franz Muntz , décharné ,émacié, silencieux ,maigre, figurine creuse, dépiautée par l'humiliation !

Il rejoint "Lugendorf", sa petite ville natale, après une errance dans son propre pays, fuyant les uniformes, dormant et mangeant où il pouvait...

Nous sommes en Allemagne en 1945.

Franz porte encore le triangle rouge des déportés politiques, infamie , "souillure" indicible de ses cinq années de survivance au camp de Dachau,en tant que journaliste emprisonné pour la tenue des ses articles d'opposition .

Il traîne son passé de captif: l'arrestation- la baraque- les morts- la puanteur des agonisants - dans les plaies béantes d'un pays vaincu, dévasté, anéanti, déchiré, épuisé , lourd de mensonges et de silences....

Combien d'articles Franz a t-il écrit sur "Mein Kampf"?

Dés 1927, il l'a démembré , comme on dépiaute un crabe, en a sorti les fondements racialistes, la" haine" conductrice, la violence, la circularité hypnotique des idées, qui dérivait pour mieux asséner , une répétition comme un envoûtement maléfique .....

Désormais il désire à tout prix retrouver son fils Kasper, dont il est sans nouvelles depuis son entrée aux jeunesses hitlériennes.



Quelque soit le prix de sa quête , il se rend à l'hôpital d'Hadamar

qui semble silencieux et .....vide.Pourtant son cimetière a été agrandi à plusieurs reprises !



Il y rencontre un officier américain germanophone Wilson qui a décidé d'enquêter sur ses activités...



Les habitants , eux, sont fuyants, énigmatiques , personne ne veut parler.Chacun élude les questions .

Las ! Hadamar est l'un des six centres désignés pour éliminer les personnes déficientes : handicapés mentaux , malades psychiatriques ....un programme nommé Aktion t4: " Faire souffrir les souffrants- jusqu'à la mort-et renforcer le pouvoir des dominants - jusqu'à la mort"-Hadamar c'est la réponse Nazie à l'aléatoire couperet de l'existence : La Mort Pour Tous-" une mathématique de la terreur où les faibles n'ont plus leur place!



Une totale déshumanisation , une élimination systématique -je n'entrerai pas dans les Détails ...

À travers les découvertes de Franz , nous revivons les heures les plus sombres du nazisme et l'indicible horreur qui y est associée!

L'auteur nous remémore un fait historique occulté ou oublié!

Les mots sont justes, les situations réalistes nous entraînent au plus profond de l'ignominie , l'infamie de ces meurtres perpétrés ,de ces crimes programmés , la stratégie de l'extermination à son paroxysme .



"Ces gens qui ne sont pas faits pour le combat ne peuvent être

qu'un poids pour la communauté nationale ". "les faibles n'ont pas leur place, c'est la loi de Dieu".

Un roman historique puissant , fort, magnifiquement écrit , sans concession ni fioritures, ni misérabilisme , l'auteur nous emmène sur le terrain de l'indicible pour comprendre sans" Jamais oublier".

Un ouvrage qu'il faut lire si l'on en a le courage !



Mais ce n'est que mon avis , bien sûr !Merci à ma libraire Marie de "La taverne du livre à Nancy".











Commenter  J’apprécie          412
L'Audience

C'est un livre passionnant inspiré d'un cas réel, celui de Christine Brittini Colleps, affaire judicaire de 2012, qui a été jugée au Texas pour avoir eu des relations sexuelles avec plusieurs de ses élèves majeurs au moment des faits.

Dans le livre l'héroïne est Deborah Aunus, âgée d'une trentaine d'années.

Elle vit seule avec ses trois enfants et est revenue dans la ville de son enfance pour soutenir sa mère. Son mari est militaire et est en mission en Afghanistan.

L'action du livre se déroule sur toute la durée de l'audience.

Les étudiants sont interrogés un par un et ne semblent avoir aucun regret ni aucun ressentiment vis à vis de ce qui s'est passé;

Certes le comportement très "libre" de l'héroïne, qui ne fait pas de barrage entre sa vie professionnelle et sa vie privée, qui publie des photos osées sur facebook et qui dialogue avec certains de ses étudiants très librement, va lui attirer des reproches, et au-delà, les foudres du juge et de la procureure, qui ne sont pas vraiment "tout blancs" puisqu'on apprend au fil du récit, qu'il y a eu une liaison adultère entre eux.

C'est donc en fait le procès d'une certaine Amérique conservatrice qui est fait ici, même si ces tenants de l'ordre moral semblent inébranlables dans leurs convictions et leur position de force.

Quatre journées d'audience, quatre parties dans le livre.

Au travers des témoignages des "victimes" c'est l'Amérique profonde qui apparaît: un des lycéens est fils de commerçant, un autre habite les beaux quartiers, un autre est latino..

C'est un monde très replié sur lui-même, qui fait penser à la bourgeoisie qui apparaît dans les films de Chabrol.

L'avocat qui invoque ses origines juives hongroises va s'attirer la méfiance du public, la journaliste veut faire un coup et insiste sur le côté sordide de l'affaire.

Tout le monde joue son rôle, qui n'est pas forcément glorieux.

Tout le côté puritain de cette société texane hyper conservatrice est passé au scalpel.

C'est du beau travail et le livre se lit d'une traite.
Commenter  J’apprécie          290
Quand l'arbre tombe

Dans le parc d'une propriété du Val de Loire les arbres tombent, sans raison apparente, sans signe avant-coureur. le propriétaire, Paul est au crépuscule de sa vie et ne comprends pas pourquoi ses arbres s'effondrent les uns après les autres. Il demande à sa fille de venir l'aider.



C'est Zélie qui raconte cette période, leur combat commun contre la disparition des arbres mais aussi leur histoire familiale, sa lâcheté à elle, le suicide de son frère, la vie passée de son père qu'elle n'a jamais osé aborder avant ce séjour.



Facile et agréable à lire, ce roman comporte beaucoup de zones floues sans que ça soit ressenti comme un manque, l'importance étant donnée à la vieillesse inéluctable mais aussi aux tragédies jamais réellement abordées ! Un instant qui englobe deux vies, des relations et des sentiments jamais avoués.



La forêt qui tombe petit à petit est la métaphore de la vieillesse qui enlève peu à peu à Paul, ce qu'il a été, ce qu'il a représenté pour sa fille, la perte de sa vision et de sa mémoire, jusqu'à son anéantissement par la mort ! le chêne c'est le père, miné de l'intérieur et qui un jour s'effondre.



Non exempt de violence, ce roman est très pudique dans les sentiments et ressentis et l'ambiance des solitudes est très bien exprimée. Il est touchant aussi car nous avons tous été confrontés à la disparition de personnes que nous aimions avec la peine et les regrets qui ont suivi.



#Quandlarbretombe #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022



Challenge Riquiqui 2022

Lecture Thématique octobre 2022 : Le verbe haut !
Commenter  J’apprécie          270
L'Audience

Procès de Deborah, mère trentenaire de trois jeunes enfants, épouse d’un soldat combattant en Afghanistan.

Qu'a-t-elle fait pour en arriver là ? Elle a eu quatre amants en même temps.

Oui et alors ? ils étaient majeurs, consentants et plus car affinités, et elle n’était guère plus âgée qu’eux. Oui mais : elle était leur prof de lycée à l'époque des faits, et au Texas ce genre de relations est puni par la loi depuis 2003. En plus cette cochonne s’exhibait sur FB, dans des postures coquines. Une enseignante est censée avoir plus de réserve, et au moins ne pas « ouvrir son cercle » à ses élèves.



On peut être surpris et gêné par la profusion de détails sexuels dans les premiers chapitres, s’interroger sur les intentions de l’auteur, avoir envie d’abandonner cet ouvrage à première vue purement racoleur. Cet aspect s’estompe au profit de flashbacks sur l’accusée, sur la façon dont elle a vécu ces événements, sur son passé et ses blessures. On découvre alors une femme touchante, immature, assurément en souffrance, dont la nymphomanie est un symptôme, pour qui le sexe est plaisir et fuite : « Y a d'autres choses que le plaisir, dans le sexe (…) L'absence. (…) D'un peu tout. Des gens, de leurs questions, des journées qu'ils t'imposent. » Son portrait se précise, elle n’est pas une salope manipulatrice qui abuserait de son pouvoir de prof, pas une prédatrice comme on aime à la présenter. « Prédatrice ? Plutôt dévoratrice d’elle-même ». On alterne entre sympathie, pitié, dégoût et incompréhension à son égard.



L’auteur plonge son lecteur dans l’atmosphère du tribunal, oppressante, étouffante. Il fait chaud dans la salle d’audience, la climatisation est en panne. Moiteur, sueur et odeurs corporelles, impudiques et gênantes, se mêlant aux scènes de sexe décrites en détail au cours du procès, les rendant encore plus explicites.



Récit très fort, révoltant et émouvant : on s’indigne du puritanisme et de la démagogie de certaines lois, du fonctionnement de la justice aux USA, de ces juristes dont les perspectives de carrière priment sur l'intérêt des accusés, de l'indécence des procureurs, de la presse et des journalistes en mal de gloire, de la foule avide de sensationnalisme, du danger des réseaux sociaux où l'intime dévoilé - volontairement ou à son insu - est vite relayé, moqué, utilisé comme arme. On s’indigne de voir l'accusée exhibée, piétinée, présentée comme une chienne. On s'agace de son manque de jugeote et de son inertie lors du procès, tout en admirant la dignité de son mutisme.



Un roman qui m'a longtemps rebutée parce que je jugeais sa crudité gratuite, hors de propos, racoleuse. J'ai failli en abandonner plusieurs fois la lecture. Je l'ai finalement apprivoisé, très lentement, son intensité m'est apparue progressivement et elle continue à se révéler une fois l'ouvrage terminé.

Une lecture marquante, je n'abandonne pas Deborah après avoir refermé le livre, je cherche encore à comprendre cette femme inaccessible et paradoxale, à la fois gourmande et glacée, tellement ouverte au plaisir et à ce point emmurée dans ses souffrances.
Commenter  J’apprécie          260
Quand l'arbre tombe

Beaucoup de sujets dans ce livre, celui principal et tous ceux à côté, comme le fait admirablement l'autrice, de nous raconter une histoire de famille simple et lâche parfois des petites phrases piquantes qui nous laisse pantois. L'arbre qui tombe, ça peut être un arbre bien-sûr, mais aussi le père, la famille. Des enfants qui poussent le font en silence, et peuvent pousser de travers. Un père qui tombe, ça fait du bruit, ça oblige. Pourquoi ces arbres meurent sans raison ? Particulièrement apprécié ce chapitre du capitalisme moribond : quand, pendant toute une génération l'argent-roi a permis une classe moyenne, a permis de construire une société, alors que pour la génération suivante, actuelle, ce même argent-roi est destructeur, diviseur, au détriment du plus grand nombre. Dans une forêt, les arbres sont solidaires, interdépendants. Jdcjdr.
Commenter  J’apprécie          210
Quand l'arbre tombe

Zélie est pianiste. Lorsque la jeune femme reçoit un appel de Paul, son père, elle décide de le rejoindre rapidement. L’homme semble très inquiet. En effet, depuis quelques temps, il se rend compte que les arbres du parc de sa propriété tombent sans raison. C’est l’occasion pour Zélie et son père de renouer des liens qui semblent s’être délités au fil du temps.



C’est un beau roman que propose ici l’auteure, même si j’avoue avoir eu parfois un peu de mal à rentrer pleinement dans l’histoire, notamment dû aux trop nombreuses descriptions qui m’ont parfois perdue.



Malgré ce petit bémol, j’ai suivi avec beaucoup d’émotions l’histoire de cette famille, qui a vécu de véritables drames. L’histoire nous est dévoilée par petites touches et le lecteur découvrira peu à peu les liens qui unissaient chaque membre de la famille.



Ainsi, l’histoire personnelle de Paul nous sera livrée mais également l’histoire du frère de Zélie. Beaucoup d’émotions parsèment ce texte fort.



La plume de l’auteure est élégante et tout en poésie. Les chapitres sont courts et cela rythme la lecture. Malgré les très nombreuses descriptions qui y sont faites, le texte se lit de manière très fluide.



Un beau roman qui explore les liens familiaux. Beaucoup d’émotions sont présentes.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
Commenter  J’apprécie          200
Hadamar

Hadamar. Étymologiquement Hades mare la "ville de l'enfer".



Hadamar a été le théâtre de l'opération T4 (ou mort miséricordieuse), dans un asile regroupant des déficients mentaux, des malades psychiatriques, mais aussi des "moitiés-juifs" (de père), des autistes, etc.



"(...) il y a dans cette étymologie une vision, un cri poussé du Moyen Age à la vue prophétique de ce qui aurait lieu ici au XXe siècle. Hades mare. Une des portes de l'enfer a été dressée en plein cœur de l'Allemagne, entre champs et collines."



Si l'histoire de ce livre emprunte la fiction, tous les crimes qui y ont été commis font bien partie de l'Histoire.



Franz, un Allemand libéré du camp de Dachau où il était enfermé comme prisonnier politique, s'en va retrouver son fils Kasper. En partant à sa recherche, il croise un soldat américain, Wilson, qui depuis trois mois fait des recherches sur ce qui s'est passé à Hadamar, dans cet asile où tout semble s'être évaporé. A mesure de ses investigations, il découvre l'horreur de ces lieux et en est particulièrement touché car sa soeur, Emma, est elle-même atteinte d'une maladie psychiatrique.



Il révèlera à Franz où se trouve son fils, si seulement celui-ci, ancien journaliste, consent à rédiger un article sur les crimes commis à Hadamar...



J'ai été littéralement captivée par ce roman historique à l'écriture sobre et fluide. L'émotion s'immisce subtilement, et malgré l'horreur du sujet, n'est pas plombante grâce à des faits plus suggérés qu'étalés crument.



Un très beau livre.
Commenter  J’apprécie          192
L'Audience

Au début j’ai douté : soit je boudais comme un sale gamin qui n’a pas eu le jouet souhaité, soit je me contentais de ce qu’on me donnait.

Je m’explique : ce style lapidaire, hachuré, très scénaristique – donc très visuel – me rebutait ; technique éculée d’écriture devenue presque une norme obligatoire pour avoir un style.

Puis, le contexte aidant, j’ai rapidement compris qu’il ne pouvait ici-même en être autrement : comment retranscrire en effet la pesanteur suffocante de cette ville texane de K. – lettre kafkaïenne par excellence, identifiant un homme perdu dans l’absurdité d’un autre Procès ! –, théâtre d’une « débauche » sexuelle inédite, spectaculaire, exhibitionniste, orchestrée par une enseignante de mathématiques avec quelques-uns de ses élèves ? Ce que la loi de l’état prohibe.

Comment écrire, sinon en un spasme, l’exultation du corps de cette femme qui veut se soulager de l’étouffante atmosphère d’un Texas puritain, à la lisière de l’intégrisme ; et raconter le châtiment qui lui succédera, dans une salle de tribunal où tout suinte, depuis les murs jusqu’aux hommes ?

Habilement, Oriane Jeancourt Galignani oscille entre le présent – une audience – et le passé – la quête du plaisir de Deborah Aunus avec de jeunes éphèbes, pendant que, « horreur ! », son militaire de mari se bat pour la patrie reconnaissante en Afghanistan.

Deborah, sous le poids de son crime – son péché mortel ?! –, devient la paria de la communauté en même temps que la bête de foire : enfin il se passe quelque chose à K. ! Face à elle, une horde moraliste, et non-moins voyeuriste, la condamne d’emblée, tout en s’excitant à écouter le récit de ses frasques sexuelles, et peut-être les vivre par procuration, qui sait ?

La voici donc cette Amérique « vertueuse », capable de s’émouvoir des « déviances » charnelles d’une adulte, mais incapable de mettre un terme aux tueries chaque année répétées sur son sol « grâce » à la vente libre d’armes. Obsession du sexe jusqu’à la nausée, tels ces inquisiteurs qui voyaient souvent le Malin entre les cuisses des femmes.

Car, au-delà des condamnations hypocrites de la paisible ville de K., c’est une société dans son ensemble qui est autopsiée. Deborah Aunus risque la prison pour avoir couché avec des élèves pourtant majeurs, ce qui, sans être inspiré par le bon sens, ne relève pas d’un crime.

Le récit montre, avec une ironie amère, l’absurdité de ce puritanisme outrancier : on apprend, par exemple, qu’une journaliste couvrant le procès a beaucoup « donné de sa personne » pour gravir les échelons, ou, mieux, que le juge marié succombe aux charmes de la procureure qui veut la tête de Deborah. Devant cette tartufferie – ce spectacle qui abreuve les foules avides, via les caméras –, on ne peut que songer aux vers de Molière :

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir.

Par de pareils objets, les âmes sont blessées

Et cela fait venir de coupables pensées. »

Dit autrement : fautons en cachette et tout ira bien ! Hélas, Deborah ne s’est pas protégée derrière le vernis dissimulateur des apparences.

Pourquoi cette fuite en avant, cette imprudence ? Parce que L’audience incarne l’affirmation baudelairienne que le plus terrible des vices est bien ce « monstre délicat » qu’on appelle l’ennui. C’est l’ennui, selon moi, qui a précipité Deborah dans cette recherche instinctive du plaisir, comme rempart à la flétrissure du temps qui passe sans surprise.

Mais ce sont là des états d’âme, et les états d’âme n’ont pas leur place à Pleasantville où tout doit être aussi lisse qu’un emballage d’aspirateur…



(PS : Je tiens à remercier Babelio, via Masse critique, ainsi qu’Albin-Michel, pour m’avoir gracieusement offert ce livre)

Commenter  J’apprécie          151
La femme-écrevisse

Sentiment mitigé. Ce livre fait partie de ceux, nombreux, qui placent un tableau (ici une gravure) au centre de l'histoire (on songe au Tableau du maître flamand, La jeune fille à la perle, Le portrait - Nikolaï Gogol - et même Le portrait de Dorian Gray, parmi bien d'autgres) pour lui faire jouer un rôle ici maléfique, comme c'est assez souvent le cas des bouquins usant de cet artifice.

Contrairement à beaucoup je n'ai guère aimé la première partie du livre centrée sur Rembrandt et Margot von Hauser. On comprend bien que l'auteure a voulu adopter un style qui correspond à l'oeuvre mais, justement, j'ai trouvé ce style peu adapté à l'oeuvre et à ce que devait être la société néerlandaise de l'époque et, de manière générale, j'ai trouvé ce style ampoulé et pompeux, flirtant parfois avec les limites du ridicule.

J'ai failli abandonner au premier quart pour décider finalement de continuer la lecture après avoir lu quelques critiques sur Babelio. Les deux autres parties, centrées sur les histoires plus contemporaines de Grégoire et son grand-père Ferdinand von Hauser, lointains descendants de Margot (on ne nous révèle pas comment la pauvre servante hollandaise a pu devenir l'ancêtre d'une illustre famille d'aristocrates allemands mais passons...). Le style m'y a semblé plus supportable et le récit un peu plus structuré, même s'il est toujours question de folie induite par la contemplation de cette femme-écrevisse. Grégoire égaré dans les rues de Londres des années 90 et Ferdinand tout aussi égaré dans les studios de Babelsberg (Berlin) dans les années 20-30 avec la montée du nazisme en arrière-plan m'ont semblé plus attachants (même si guère sympathiques, surtout Ferdinand) et plus clairement porteurs d'un mystère qui soutient l'attention dans la lecture. Quelques réflexions originales sinon intéressantes aussi sur le nazisme demeurant tapi dans les replis d'une démocratie honnie par les aristos de tous poils mais aussi une attaque assez claire de la démarche féministe dans la relecture de l'histoire. Etrange bouquin dont le message n'est décidément pas clair. J'ai donc décidé de le laisser au niveau d'un récit bizarre au style quelque peu horripilant. Pas détestable mais pas ma meilleure lecture de cette année, loin s'en faut...
Commenter  J’apprécie          130
L'Audience

Comme le titre l'indique, ce livre d'Oriane Jeancourt Galignani, journaliste de Transfuge, également (jolie et talentueuse) chroniqueuse littéraire à l'émission le Cercle (lorsque celle ci parlait encore de bouquins), nous relate le compte rendu d'un procès,celui d’une jeune femme qui a commis l’incroyable crime de coucher avec quatre de ses élèves majeurs, un fait divers qui a fait, en 2011, grand bruit dans toute l’Amérique. L’audience est le récit du procès, avec quelques retours sur le passé pour comprendre ce que les jurés ne peuvent percevoir.



L'auteur dissèque ce procès de façon froide presque clinique, et parvient à se focaliser sur les intérêts respectifs des différents acteurs peuvent en tirer aux dépens d’une pauvre femme qui se laisse dévorer par tous les ogres du prétoire, des médias et de la foule des curieux



Par un style (un peu trop?) sec et précis, l'auteur ne nous cache rien du puritanisme américain, du fonctionnement de la justice avec des hommes de loi dont les perspectives de carrière semblent primer sur l'intérêt des accusés.



On est certes un peu déçu que le personnage central de Deborah trop passif, trop mutique (son inertie lors du procès la rend assez opaque), échappe du coup un peu au lecteur, mais on ne peut que s'incliner devant le talent d' Oriane Jeancourt Galignani à nous plonger dans un univers dans lequel tout semble écrit à l'avance, tant les gens qui y habitent semblent contraints de respecter une norme sociale élaborée à l'avance par les WASP.



Un roman un peu froid mais intelligent et qui pousse à la réflexion, donc à lire sans hésiter.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          130
L'Audience

C’est l’audience de Debbie Aunus, jeune américaine professeure de mathématiques, mariée à un soldat en Afghanistan, mère de trois enfants. Nymphomane, accusée d’avoir couché avec plusieurs de ses élèves pourtant majeurs, elle est aujourd’hui sur le banc des accusés car une loi récente du Texas punit d’emprisonnement ce comportement. Pour son avocat, cette loi n’a pas lieu d’être puisque l’Etat reconnaît par ailleurs que ces mêmes élèves sont majeurs et vaccinés : Il s’agit d’une justice de mœurs qu’il s’engage à combattre.

« L’avocat ne s’intéressait pas à ce qu’elle avait commis, mais « à cette vieille passion du châtiment incrustée dans cet Etat depuis les puritains ».

C’est sans compter sur la Procureure avide de succès médiatique se posant en défenderesse des bonnes mœurs et valeurs puritaines de l’Amérique, qui veut faire de ce cas un exemple.





L’audience commence par le témoignage à charge des prétendues victimes, mais celles-ci ressemblent à tout sauf à des victimes.

« Steeve, avez-vous consenti à ce rapport sexuel du 27 avril et à ceux qui ont suivi ?

- J’ai une tête à me faire violer par une fille qui fait la moitié de mon poids ? ».

Et s’il n’y a pas de victimes, que cherche à protéger la société par ces lois et jugements ? Les valeurs puritaines de la société s’opposent dans ce procès à la liberté sexuelle et à la vie privée. Les principaux griefs de ce procès sont donc d’avoir délaissé sa famille en trompant son mari, puis d’abuser de son autorité en mettant en danger la santé de ces jeunes (en ayant eu des relations non protégées).





Douze jurés ont la vie de cette femme entre leurs mains, des pères et des mères de familles qui souhaitent exprimer leur désapprobation morale face au comportement de cette professeure et épouse.

Sauront-ils s’ériger, comme le leur demande l’avocat de la défense, contre un législateur de la morale trop présent ? Ou bien la crainte et l’antipathie vont-elles l’emporter contre cette prévenue qui ne consent pas à dire un seul mot pour sa défense, et n’accorde même pas un regard à ceux qui la défendent à la barre ? Seule la lecture de cette audience vous le dira !





*****



D'un style enlevé et bien rythmé, l’auteur alterne d’une part le récit de l’audience avec ses témoignages (où l’accusée demeure silencieuse car elle ne peut justifier ce que la société ne veut entendre), et d’autre part ses souvenirs à elle (tus à l’audience mais dévoilés aux lecteurs seuls), expliquant ce qui a pu pousser une enseignante qui semblait stable ou aurait dû l’être, à commettre des erreurs répétées.

Grâce à ce procédé nous apparaît clairement la distorsion inéluctable entre ce qui est présenté à l’audience, où seuls certains faits sont mis en lumière, et la vérité complexe qui régit les actions humaines. Son avocat parviendra-t-il à amoindrir cet écart afin d’amener les jurés à la clémence ?





Ce roman démontre toute l’importance, pour l’issue du procès, de la manière dont les jurés perçoivent l’accusée. Ici le masque de Debbie la fait paraître hostile et coupable aux yeux des jurés, alors qu’au fil de ses souvenirs aidés par un narrateur omniscient, le vernis se craquelle pour le lecteur : On se rend compte qu’elle ne cherche pas à abuser de son autorité envers ses élèves, qu’elle fait attention à eux, cherche seulement à s’apaiser dans une sphère qui demeure strictement privée... Et au demeurant, c’est elle qui finira par être abusée.





« L’Audience » dénonce donc également le danger de la trop grande intrusion de la loi et de la justice dans la vie privée et la morale d’une société.

Pour autant la réflexion suggérée par ce roman est plus subtile que manichéenne car ni la prétendue coupable ni les prétendues victimes ne sont toutes blanches ou toutes noires : La prévenue a couché avec des élèves sous son autorité sans protection, mais ce sont ces mêmes élèves, majeurs, consentants et expérimentés, qui à force de se refiler la prof comme un objet vont finalement concourir à sa perte.

C’est tout le paradoxe du système que devront trancher les jurés « en leur âme et conscience ».





Le comportement de la prévenue mérite-t-il d’encourir réellement une peine de prison punissant des actes fautifs et dangereux ? Ou bien une interdiction d’exercer qui l’éloignerait des élèves ou encore une sanction disciplinaire pour atteinte à la morale au vu de son autorité et de l’image de l’établissement, seraient-elles plus appropriées…?

L’alternance des chapitres permet de voir comment on interpréterait l’audience si on devait juger, puis ensuite de se rendre compte de la façon dont les faits peuvent être diversement interprétés… Si tout semble fait pour faire éclater la vérité, le prétoire ne serait-il qu’un leurre ? Existe-t-il une seule vérité ? Il semble qu’il y ait toujours la vérité que l’on croit appréhender et une autre, plus profonde, intime, qui justifie l’intervention des avocats de la défense.





En ce sens, je parlerai bientôt de deux de mes lectures de Robert Badinter (« L’Exécution » et « L’Abolition »).

En attendant sur la question de la distorsion entre faits réels et interprétation judiciaire vous pouvez découvrir « Persécution » de Alexandro Piperno.

Et si vous souhaitez pénétrer au cœur de la pression qui pèse sur un jury américain durant un procès médiatique, je vous conseille « Le maître du jeu » de John Grisham.




Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
Commenter  J’apprécie          120
La femme-écrevisse

Inventer une eau-forte créée par l’un plus grand peintre de l’histoire de la peinture pour montrer les liens entre art et folie au cours des siècles, quelle épopée ! Oriane Jeancourt-Galignani raconte l’histoire d’une gravure La femme-écrevisse, que Rembrandt aurait réalisé vers au milieu du 17ème siècle, représentant le bas d’une femme avec la tête du crustacé. Celle-ci a traversé les siècles dans la même famille avant d’être exposée au Louvre dans la salle 33.

En proposant dans « La femme-écrevisse » trois univers à trois dates différentes, Oriane Jeancourt-Galignani construit un roman comme une fresque.

Au milieu du 17ème siècle, Margot accoste à Amsterdam, une ville qui s’invente dite » ville libre, ville élue, lieu des possibles face à la Mer du Nord ». Elle rejoint la maison du Peintre située dans le quartier des nouveaux riches. Elle a quarante ans. Elle est veuve. Elle va s’occuper d’un petit garçon Titus, orphelin de sa mère, et aussi de la cuisine de la maison sous l’œil d’un tableau emblématique « La fameuse femme-écrevisse ».

L’art du Peintre change en même temps que leur relation devient plus intime et qu’elle est aussi son modèle. Les chairs sensuelles apparaissent, les corps se dénudent. Margot apprend son art, surtout celui de la gravure. Et, puis les grands travaux de la ville atteignent l’atelier déversant une poudre blanche sur tout. La ruine. La folie. L’enferment de Margot dans un asile l’oblige à créer sa gravure qui pourra ainsi traverser les siècles.

Vers les années 1920, Ferdinand s’ouvre à la carrière de comédien dans l’Allemagne qui construit son enfer. Sa famille a son destin lié à l’histoire mais aussi à Rembrandt. « La femme écrevisse » exerce toujours son pouvoir entre fascination et délire. C’est l’époque de la fin de la République de Weimar et la montée du nazisme qui sont traités avec celui du cinéma d’avant la seconde guerre mondiale.

A la fin du XXème siècle, Lucie et Grégoire découvrent « La femme-écrevisse » au Louvre. Peu après, Grégoire, le petite-fils de Ferdinand, s’enfuit à Londres pour récupérer la gravure dans une vieille boutique, ex librairie, transformée en disquaire. Ici, c’est le Londres d’après les Trente glorieuses qui est abordé avec une incursion dans le monde du jazz. Lucie s’empare plus tard de cette figure monstrueuse pour en faire une égérie du féminisme.

Dans « La femme-écrevisse », Oriane Jeancourt-Galignani explique par la fiction le changement constaté dans sa façon de peindre. La transformation, comme la femme-écrevisse, ouvre l’artiste à d’autres chemins pour se réinventer. Rembrandt se montre capable d’une certaine sensualité. L’auteure établit un lien entre son modèle et sa façon de percevoir le monde.

Directrice de la revue culturelle Transfuge, Oriane Jeancourt-Galignani transmet son amour de l’art, ses connaissances et ses références. Mais, ici pas d’explications pédantes, le style est léger et agréable.

Les trois personnages ont en commun leur fascination pour un tableau et leur passion jusqu’en en perdre un peu, beaucoup la raison ! Oriane Jeancourt-Galignani décrit la folie destructrice en instillant du fantastique, celle que tous les passionnés connaissent. Les pinces et la tête difforme de la femme de cette gravure contraignent ceux qui se laissent prendre à sa fascination à une transformation qui peut complétement changé à jamais le cours de leurs vies.

Dans « La femme-écrevisse », Oriane Jeancourt-Galignani présente un roman très abouti qui embarque dans une aventure extraordinaire sur l’art, la métamorphose et la création. Légèreté pour cette aventure épique d’une grande maitrise.

https://vagabondageautourdesoi.com/2020/09/25/oriane-jeancourt-galignani-la-femme-ecrivisse/
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          101




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Oriane Jeancourt Galignani (205)Voir plus

Quiz Voir plus

Les plats préférés des personnages de BD

Je suis surnommé ainsi en raison de mon « œil crevé », j'ai été créé par E. C. Segar en 1919. Ma force peu commune est due à mon plat préféré...

Brocolis
Carottes
Épinards en boîte
Hamburgers
Lasagnes
Miel
Piranhas
Sangliers
Sardines à l'huile
Vache qui rit

10 questions
97 lecteurs ont répondu
Thèmes : nourriture , repas , plats , bande dessinée , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}