AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Orlando Figes (79)


Les dirigeants du gouvernement provisoire comparaient la situation de la Russie à celle de la France à la veille de la guerre contre l'Autriche en 1795 : il leur semblait qu'une guerre révolutionnaire donnerait naissance à un nouveau patriotisme civique, tout comme la défense de la patrie avait inspiré l'appel aux armes des citoyens dans La Marseillaise.
Ils décidèrent que le lancement d'un offensive galvaniserait l'esprit combatif des troupes et prédisaient que les pertes russes seraient de 6 000 hommes : elles furent de 400 000 et le nombre de déserteurs plus grand encore...
Commenter  J’apprécie          260
Ce n'est pas le marxisme qui fit de Lénine un révolutionnaire, mais Lénine qui rendit le marxisme révolutionnaire.
Commenter  J’apprécie          220
Pour un Etat parti qui visait à contrôler toute la société, la bureaucratie soviétique gonfla de manière spectaculaire au cours des premières années du régime Bolchevik.
De 1917 à 1921, le nombre d'employés de l'Etat passa de 576 000 à 2 400 000.La Russie comptait deux fois plus de bureaucrates que d'ouvriers. Telle était la base sociale du régime : il ne s'agissait plus d'une dictature du prolétariat mais d'une dictature de la bureaucratie.
Commenter  J’apprécie          212
C'est en étranger que Lénine arriva en Russie en 1917.
Il avait passé les dix-sept années précédentes en exil. L'homme qui allait devenir le dictateur de la Russie n'avait aucune connaissance direct de la façon dont vivait le peuple. Il n'avait jamais eu d'emploi sauf deux ans avocat, vivait à l'écart de la société et ne connaissait pas les couches populaires.
Selon Gorki, c'est cette ignorance du travail quotidien et des souffrances qu'il impliquait, qui avait nourri chez Lénine une totale absence de pitié pour le petit peuple.
Commenter  J’apprécie          212
A la veille de 1917, l'ouvrière passait une quarantaine d'heures par semaine en queues diverses pour ses provisions. Les queues pour le pain devinrent une sorte de forum ou de club politique. c'est là que la rue commença de s'organiser en vue de la révolution imminente.
La révolution de Février est née dans les queues pour le pain!
Commenter  J’apprécie          2111
La prochaine révolution, la chose paraissait acquise, ne serait pas une célébration sans effusion de sang sur le thème Liberté, Egalité, Fraternité. Ce serait une terrible tempête, une explosion violente de colère et de haine refoulées de la part des dépossédés, qui emporterait l'ancienne civilisation.
Commenter  J’apprécie          210
Il vivait hors du champ des lois de l'Etat. Des siècles de servage avaient nourri chez le paysan une profonde méfiance envers toute autorité hors de son village. Ce qu'il voulait, c'était la "volia", la vieille notion paysanne de liberté et d'autonomie sans contrainte exercées par quelque pouvoir que ce soit.

C'est dans cette subjectivité morale que s'enracinait l'anarchisme instinctif du paysan.
Commenter  J’apprécie          212
Pour Lénine comme pour la plupart de ses partisans, la guerre civile était une étape vitale de toute révolution sociale et n'était jamais qu'une forme violente de lutte des classes.
Lénine avait toujours admis la nécessité d'employer la terreur pour "défendre la révolution". D'emblée, il avait prôné la terreur de masse des classes inférieures contre les riches et les privilégiés avec le slogan : "Piller les pillards".
Commenter  J’apprécie          205
L'orthodoxie était la base de la nation russe, les Ukrainiens et les Biélorusses n'étaient pas des peuples séparés mais des Petits-Russiens" ou des Russes "Blancs".
Les tenants de l'autocratie étaient donc privés de tout moyen conceptuel de traiter les problèmes du nationalisme car le simple fait de reconnaître la validité des prétentions de non-Russes revenait à miner la base raciale de leur idéologie dominante.
Commenter  J’apprécie          202
Les classes possédantes parlaient des instincts " sombres" et "sauvages " du peuple.
Autrement dit, seules les prétentions sociales de ceux qui se jugeaient "civilisés" et "respectables" qualifiaient d'"anarchique" la violence de la foule.
Commenter  J’apprécie          170
Une espèce d'hostilité envers les libéraux, un sentiment de méfiance ne cessait de croître. C'est précisément ce sentiment de méfiance, la conscience qu'avaient les ouvriers que leur propres aspirations ne recoupaient pas celles des libéraux, qui précipita la chute de gouvernement en 1917.
Commenter  J’apprécie          152
La collectivisation marqua le grand tournant de l'histoire soviétique. Elle détruisit un mode de vie qui s'était développé au fil des siècles : une vie fondée sur la ferme familiale, l'ancienne commune paysanne, le village indépendant et son église, mais aussi le marché rural, dans lesquels les bolcheviks voyaient autant d'obstacles à l'industrialisation socialiste. Des millions de personnes furent arrachées à leurs foyers et dispersées à travers l'Union soviétique : récalcitrants fuyant les fermes collectives ; victimes de la famine provoquée par la réquisition excessive des grains des kolkhozes ; orphelins ; "koulaks" et leurs familles. Cette population nomade devint la principale main-d'œuvre de la révolution industrielle de Staline, emplissant les villes et les chantiers industriels, les camps de travail et les "colonies spéciales" du Goulag (administration centrale des camps). Le premier plan quinquennal, qui fixa cette forme de développement forcé, lança un nouveau type de révolution sociale (une "révolution par le haut") qui consolida le régime stalinien : dislocation des liens et allégeances d'antan, dissolution de la morale et imposition de valeurs et identités nouvelles ("soviétiques"). La population tout entière se trouva subordonnée à l'État et tributaire de celui-ci en toute chose ou presque : logement, scolarité, travail et vivres, tous relevant de l'économie planifiée.
Commenter  J’apprécie          90
Trois vieilles malles venaient d'être livrées. Entreposées dans le couloir, elles bloquaient l'accès à la salle animée de Mémorial, à Moscou, ou l'on recevait le public et les chercheurs en histoire. En cet automne 2007, j'étais venu y voir des collègues de la section "recherches" de cette organisation des droits de l'homme. Remarquant mon intérêt pour les malles, ils me confièrent qu'elles contenaient les plus grosses archives privées données à Mémorial depuis sa création vingt ans auparavant.
Commenter  J’apprécie          90
Viatcheslav Kolobkov se souvient de la peur panique de son père, ouvrier de Leningrad, quand une voiture s'arrêtait devant chez eux la nuit :

Chaque nuit, il demeurait éveillé, guettant un bruit de moteur. Quand une voiture arrivait, il se dressait, raide, dans son lit. Il sentait la peur à plein nez, avec sa transpiration nerveuse, et je devinais qu'il tremblait de tout son corps même si je ne pouvais le voir dans l'obscurité. "Ils sont venus pour moi !" disait-il immanquablement quand il entendait une voiture. Il était convaincu d'être arrêté pour une chose qu'il avait dite : parfois, à la maison, il maudissait les bolcheviks. Quand il entendait une automobile s'arrêter et la porte claquer, il se levait et, paniqué, se mettait à chercher à tâtons les choses dont il pensait avoir le plus besoin. Il gardait toujours ses affaires à proximité de son lit pour être prêt quand "ils" viendraient le chercher. Je me souviens des miches de pain qui s'y trouvaient : sa plus grande peur était de partir sans pain. Bien souvent, mon père fermait à peine l'œil de la nuit : attendant une voiture qui ne venait jamais.
Commenter  J’apprécie          84
J'ai toujours ces vers présents à l'esprit : " Donne sans rien attendre en retour : telle est la clé qui ouvre les coeurs "
Commenter  J’apprécie          80
En décembre 1952, lors d'une réunion du Comité central, Staline déclara que "chaque Juif est un espion en puissance pour le compte des États-Unis", faisant ainsi de toute la population juive la cible de sa terreur. Des milliers de Juifs furent arrêtés, chassés de leur emploi et de leur habitation, et déportés comme "parasites déracinés" des grandes villes vers des régions reculées de l'URSS. Staline ordonna la construction d'un immense réseau de nouveaux camps de travail en Extrême-Orient, pour y envoyer tous les Juifs. À travers toute l'Union soviétique, on maudit les Juifs. Les patients refusaient de consulter des médecins juifs, harcelés au point de devoir délaisser leur pratique et de travailler comme ouvriers. Des rumeurs coururent sur des médecins qui tuaient les bébés dans leurs services. Les mères enceintes ne voulaient plus aller à l'hôpital. La presse reçut des lettres appelant les autorités soviétiques à "éliminer les parasites", à les "exiler des grandes villes, où ces porcs sont beaucoup trop nombreux".
C'est alors, au faîte de cette hystérie, que Staline mourut.
Commenter  J’apprécie          60
Pour les bolcheviks, la réalisation radicale de la "personnalité collective" impliquait de "faire exploser la coquille de la vie privée". Tolérer une "distinction entre vie privée et vie publique", assurait la femme de Lénine, Nadejda Kroupskaïa, "débouchera tôt ou tard sur la trahison du communisme". Selon les bolcheviks, l'idée d'une "vie privée" distincte du champ politique était un non-sens parce que la politique affectait tout ; dans la prétendue "vie privée" d'une personne, il n'était rien qui ne fût politique. Ainsi la sphère personnelle devait-elle être soumise à la supervision et au contrôle publics. Aux yeux des bolcheviks, les espaces privés soustraits à la coupe de l'État étaient de dangereuses pépinières de contre-révolutionnaires, qu'il convenait de débusquer et d'extirper.
Commenter  J’apprécie          60
Selon Lazarev, qui entra au Parti par la base, l'idéologie bolchevik ne joua pour ainsi dire aucun rôle dans la guerre, tandis que les slogans d'avant-guerre qui servirent le culte de Staline et le Parti perdirent une bonne partie de leur force et de leur signification :

La légende court que les soldats montaient à l'attaque en criant : "Pour Staline !" En vérité, nous ne parlions jamais de Staline, et, quand nous engagions la bataille, c'était "Pour la patrie !" que nous criions. Nos autres cris de guerre étaient des obscénités.
Commenter  J’apprécie          50
Les enfants étaient initiés au culte de "l'oncle Lénine" dès leur premier âge. Dans les jardins d'enfants, on les appelait les "octobrins" ou "petits octobres" ("oktiabriata"), dès l'instant où ils étaient capables de montrer du doigt le portrait du dirigeant soviétique. Après la mort de Lénine, craignant qu'une génération entière ne grandît sans savoir qui il était, ordre fut donné aux écoles d'aménager des "coins Lénine", des sanctuaires politiques réservés au culte du fondateur quasi divin de l'État soviétique. Les récits légendaires autour de Lénine et des autres héros de la révolution étaient un instrument d'éducation politique important. La plupart des enfants ne comprenaient pas l'idéologie de l'État soviétique — à leurs yeux, la révolution n'était qu'une simple lutte entre le "bien" et le "mal" —, mais ils pouvaient s'identifier aux actes héroïques des révolutionnaires.
Commenter  J’apprécie          50
ça n'est rien, sans doute une erreur, je reviens très vite.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Orlando Figes (104)Voir plus

Quiz Voir plus

Histoire de Paris (2)

Paradoxalement, le Pont-Neuf est le plus vieux pont de Paris ...

c'est vrai
c'est faux

11 questions
5 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire de france , paris xixe siècle , moyen-âge , urbanisme , Églises , Vie intellectuelle , musée , histoire contemporaineCréer un quiz sur cet auteur

{* *}