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3.29/5 (sur 55 notes)

Nationalité : Israël
Né(e) à : Tel Aviv , le 26/11/1960
Biographie :

Orly Castel-Bloom est une écrivaine israélienne.

Elle est l'auteur de onze livres publiés, parmi lesquels des recueils de nouvelles et des romans.

Son premier recueil de nouvelles "Pas loin du centre-ville" a été publié en 1987 chez Am Oved.

Son roman de 1992, "Dolly City" a été inclus dans la Collection UNESCO d'œuvres représentatives. "Dolly City" a été adapté en pièce de théâtre et joué à Tel-Aviv, ville natale et de résidence de l'auteur.

Nommée parmi les 50 femmes les plus influentes d'Israël en 1999, Castel-Bloom a reçu deux fois le prix du Premier ministre en Israël, le prix Tel Aviv de la Fiction et a été nominée pour le prix Sapir.

Le critique littéraire israélien Gershon Shaked l'a caractérisée comme un écrivain postmoderne qui "évoque le désespoir d'une génération qui n'est même plus capable de rêver les rêves de l'histoire sioniste."
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Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Orly_Castel-Bloom
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Orly Castel-Bloom
Quand je serai vieille, dans un temps à venir, je souffrirai de nombreuses déficiences, cognitives et autres. Je serai toujours nerveuse et croirai qu’il est tard, trop tard, que tout est derrière moi.
Quand je serai vieille, je ne me souviendrai pas de ce qu’on vient de me dire il y a à peine un instant. Je m’arrêterai, ahurie, en pleine rue, et me demanderai où j'’étais en train d’aller. Et chez moi, je ne saurai pas pourquoi j’avais ouvert le réfrigérateur. Mis à part tout cela, je croirai aussi que c’est tous les jours shabbat et qu’on m’appelle Simha.
Comme tout cela reposera dans ma conscience, tous les jours au crépuscule j’allumerai des bougies de shabbat et, pour savoir l’heure exacte du début de shabbat, je frapperai à la porte des voisins de palier et leur poserai la question.
Ce n’est pas tout, une fois que j’aurai su l’heure du début de shabbat et que je l’aurai oubliée, je leur demanderai quel était le déguisement de leurs enfants cette année, même si la fête de Pourim est déjà passée et que leurs enfants ont quarante ans. Je les agacerai. Je leur demanderai plusieurs fois par jour des aubergines pour ma ratatouille, et du sucre, même si j’ai un sucrier.
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Il avait mis au point une méthode de lecture horizontale, c'est-à-dire qu’il lisait plusieurs livres à la fois. Pour s’imposer des défis, il s’exerçait à augmenter le nombre de livres qu’il lisait simultanément. La lecture horizontale exigeait un effort particulier et le distrayait des problèmes immédiats. Il vérifiait qu’il ne confondait pas l’intrigue d’un livre avec celle d’un autre ou n’attribuait pas à l’un les personnages de l’autre. Ces vérifications constituaient d’excellents exercices cérébraux, destinés à entretenir la pensée spatiale opposée à la pensée linéaire de tireur d’élite, ainsi espérait-il se protéger, car Da’el était après tout un jeune homme fort sensible.
Mandy ignorait que son fils lisait plusieurs livres à la fois, jusqu’à cinq parfois, mais elle considérait cette lecture intensive comme propice à son équilibre. Après avoir tiré sur quelqu'un, il avait besoin de se rattacher à quelque chose d’élevé, interprétait-elle, tout prête à satisfaire ce besoin supérieur.
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L’on a fait de mon fils un tireur d’élite sur la ligne de front sans me demander mon avis et je suis incapable de faire face à cette tension. Je veux dormir, dormir et me réveiller de plus en plus jeune, un jour après sa libération. A la fin de son service, j’aurai l’air d’avoir trente-cinq ans », avait plaisanté Amanda dont la poitrine était déjà remontée, le ventre effacé, les hanches vidées de leur cellulite, les sourcils rehaussés, les pommettes saillantes implantées, la peau du tiers inférieur du visage et du cou retendue. Seuls ses longs cheveux étaient blancs. Beaux, abondants, ondulés et blancs, parce qu’elle était allergique aux colorants capillaires. Avec son visage recomposé, son nez menu qui datait des vacances de la pâque de ses dix-sept ans, sa blanche chevelure ondulée, elle ressemblait à une œuvre d’art ambulante.
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« Lirit s’apprêtait à faire irruption dans le marché somnolent des pyjamas israéliens avec un produit décoiffant, le coton biologique de la variété ‘fima’, cultivé par goutte-à-goutte enfoui, au kibbouts Ein Kisoufim.
Ce serait une réussite énorme ! Car que restait-il aux humains, sinon la confiance dans leurs pyjamas. Qui seraient eux-aussi en matière naturelle. Ce qui enveloppait les cauchemars naturels serait tout aussi nature et les deux vivraient en harmonie. »
p. 224
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« Un homme moyen est capable de dire deux cents mots à la minute et d’en écouter cent soixante. Ce qui signifie qu’il y aura toujours des gens pour parler en l’air en raison de l’écoute limitée de l’homme moyen. Il y aura toujours des mots qui tombent dans le vide. »
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Contrairement à leurs parents, les deux filles étaient blondes naturelles, sans doute des gènes de la génération précédente, une blondeur qui non seulement dissimulait leurs origines égyptiennes mais les avantageait par rapport aux filles ashkénazes de la classe qui, à l’école primaire comme au lycée, étaient plutôt châtain. Il y eut des périodes où elles furent quasiment comme des sœurs. Tous les vendredis, chez les parents de la fille unique et en compagnie de Vita, elles regardaient le film hebdomadaire en arabe sur l’unique chaîne de télévision et sans baisser le volume, parce que chez la grande et sous l’autorité de Viviane, il fallait baisser le son au maximum.
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Elle n’oublierait jamais la scène que sa mère Flore avait faite à son père le jour où elle avait découvert le pot aux roses, le salaire de son mari divisé en deux parts égales. Viviane avait beau se garder d’évoquer ce que son père avait fait durant vingt ans au vu et au su de tous, la chose se savait. À elle, rien de tel ni même d’approchant n’arriverait. Jour et nuit, elle garderait les yeux grands ouverts. Une infidélité ou deux, bon, passe encore, mais quinze ans, vingt ans, et des enfants de surcroît ? Tous ses radars étaient dirigés vers le pays d’exil dont elle parlait avec ses sœurs au café Ritz, et ensemble, elles se demandaient comment Flore n’avait rien remarqué et, après une analyse poussée, elles en déduisaient qu’elle était trop occupée à choyer son fils aîné.
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Les cochons se multiplient vite. Une femelle qui a fini d’allaiter est de nouveau féconde au bout de quelques jours. Les pourceaux les plus forts poussent les faibles vers les mamelles les plus éloignées de la truie, qui sont moins pleines en général, et les petits finissent par mourir de faim. Mais on peut repérer ces petits pourceaux et les vendre avant qu’ils ne meurent. Leur chair délicate est très appréciée à la table des riches.
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Quant aux fellahs qui vivaient dans des masures de boue, ils étaient les seuls à répéter maktoub, maktoub, c’est le destin, et n’imaginaient pas qu’il pût exister sur terre une autre forme de vie, moins épuisante, moins prévisible. Ils continuaient à boire l’eau du Nil dans les canaux malgré la bilharziose, les enfants attrapaient le trachome, et les adultes des maladies des reins dont ils mouraient jeunes.
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Un des convives avait avoué qu’il prenait du Viagra même s’il n’en avait pas vraiment besoin, mais que sa vie sexuelle s’en trouvait améliorée et par ricochet, toute sa vie en général. Un autre avait ajouté que lui aussi prenait du Viagra exactement pour la même raison. Les femmes avaient révélé en riant leurs secrets d’alcôve. Les hommes étaient satisfaits du parler libre de leurs épouses.
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