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Critiques de Ornela Vorpsi (34)
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Buvez du cacao Van Houten !

J'ai lu des milliers de livres, mais il y a une dizaine d'années, en 2009, c'était bien la toute première fois que je tenais en main un ouvrage écrit par quelqu'un qui nous vient de l'Albanie. L'auteure de ce recueil de 13 nouvelles est, en effet, née à Tirana, la capitale, en 1968, mais réside à Paris depuis ses études à l'université Paris VIII (Saint-Denis), en 1995. Ornela Vorpsi est diplômée de l'académie des beaux-arts de Tirana (1987-1991) et de l'académie des beaux-arts de Brera (Milan, 1992-1995). Elle écrit en Albanais, Italien et Français. L'écrivain Aleksander Hermon de Sarajevo et la talentueuse Zadie Smith de Londres la comptent parmi les 35 meilleurs auteurs de fiction d'Europe.



Pourtant Ornela a commencé sa carrière avec une monographie photo "Nothing Obvious" (rien d'évident) en 2001. Le nombre d'endroits où cette dame a entretemps organisé des expositions, laisse tout simplement rêveur : Genève, Bruxelles, Milan, Zurich, Bologne .... sans oublier bien sûr Tirana et Paris.



Ornela Vorpsi a publié 9 ouvrages à ce jour. C'est son 2e livre, de 2004, "Le pays où l'on ne meurt jamais", que j'ai lu et qui m'a plu. Il est vrai que l'Albanie du règne dictatorial d'Enver Hoxha durant 43 ans, jusqu'à sa mort en 1985, rendait ce pays incontestablement le plus énigmatique d'Europe. À moins d'être un communiste convaincu, on n'y entrait absolument pas et encore fallait-il l'appui du Parti communiste de son propre pays pour figurer sur une longue liste d'attente, car ce stalinien et maoïste n'aimait pas trop les "fouineurs" étrangers. En plus, c'était un système de quotas nationaux extrêmement strict. Je le sais parce qu'un ami luxembourgeois, pour me faire plaisir, s'était débrouillé pour m'avoir sur la liste des amitiés albano-luxembourgeoises. Comme le tiran ne laissait entrer que 2 ou 3 dangereux communistes luxembourgeois par an, il fallait énormément de patience.



C'est dans ce contexte que j'ai trouvé "Il paese dove non si muore mai" particulièrement intéressant et révélateur. Dans le recueil des nouvelles sous rubrique, s'il y a un élément commun dans toutes ces nouvelles c'était le souhait de quitter ce paradis terrestre d'Hoxha, le plus vite possible. Un deuxième aspect que ses nouvelles abordent, c'est, pour celles et ceux qui ont réussi à s'évader du "pays des aigles" (traduction du nom de la république) "le dur métier d'immigré" ailleurs, comme à Paris par exemple.



Si l'Enver est mort depuis bientôt 35 ans, sa veuve, Nexhmije Hoxha, se porte très bien, en dépit de ses 98 ans.



Les 13 nouvelles dans ce petit fascicule de 159 pages sont brèves, en moyenne une bonne dizaine de pages et donc exclus à résumer. Ce que je peux en dire c'est que l'auteure dispose d'une grande force d'évocation. Ce que notre Ornela évoque, on le voit et on le ressent, sans que l'on ait besoin d'une solide dose d'imagination.

Une seconde grande qualité de son oeuvre réside dans la formulation très poétique de ses récits.



La première fois que j'ai lu le titre de ce recueil et un commentaire très bref, j'ai été sidéré que Vladimir Maïakovski, connaissait le cacao Van Houten. Lui, le grand poète mort en 1930 dans la lointaine Russie et le cacao et chocolat Van Houten du pays d'à côté, que j'ai souvent vu dans la cuisine de ma mère et, avant, de ma grand-mère. J'ai vérifié et c'est effectivement à Amsterdam qu'un certain Coenraad Van Houten a eu l'idée géniale, en 1828, d'extraire du cacao une poudre facile à délayer dans l'eau ou du lait. Une invention qui a rapporté gros, puisque la société Van Houten a créé des usines en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis, à Singapour ...et en France. Ce n'est qu'un siècle et demi plus tard que le groupe suisse Suchard a racheté la marque, qui existe donc toujours. Demandez à votre boulanger ou pâtissier.



Au risque de raconter une histoire digne des magazines Paris Match ou Point de Vue, je ne peux m'empêcher de vous relater une anecdote albanaise surprenante. Ce pays exotique entre la Grèce et le Monténégro, le long de la mer adriatique, a eu de 1928 à 1939 et l'invasion mussolinienne, un roi, Zog 1er (Ahmet Zogu, 1895-1961). Le seul descendant royal, son petit-fils, le prince Leka Zogu (né en 1982) a épousé, en 2006, devant à peu près la moitié de la population albanaise, la belle actrice Elia Zaharia. Ce qui prouve que l'horrible Hoxha n'a pas réussi à éliminer les aspirations romantiques de son peuple longtemps martyrisé par ses soins.



Et il y a plus, la belle nouvelle princesse, née à Tirana en 1983 a, comme Ornela Vorpsi, fait ses études à l'université Paris VIII Saint-Denis, quelques années plus tard, de 2007-2010.

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L'été d'Olta

La vie vue sous le regard délicieusement mordant la petite Olta, c'est un dur métier ; à la fois drôle et grave.

Servi par une écriture vive, facile à lire, voilà un roman que j'ai pris grand plaisir à découvrir.
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Le pays où l'on ne meurt jamais

Un livre où l'on plonge dans le quotidien du peuple albanais, où la misère et la pauvreté sont visibles de toutes parts, où le peuple est surveillé et emprisonné pour si peu, un rien. Le tout vu à travers les yeux d’une gamine de 13 ans qui aimait passionnément sa mère et haïssait totalement son père. Et c’est bien grâce à ce regard enfantin, parfois naïf, que les nouvelles défilent sous mes yeux avec de temps en temps un brin d’humour, une note d’espoir mais aussi et malgré tout beaucoup de grandes tragédies humaines.



Univers machiste, conflits conjugaux où l’homme gagne toujours, où les femmes sont considérées comme des objets, et celles qui ont la malchance d’être jolies comme des putes...



Alors, pour sortir un peu de cette misère, d’autant plus quand on est une adolescente, on s’évade par les rêves, par les livres. On se raccroche à des petits riens, du moment qu’ils nous apportent un peu de bonheur, des photos, des cartes postales de l’Italie...



Une découverte frappante de l’Albanie... Et dire que ce n’est qu’à quelques kilomètres d’ici...



Un autre monde...



Un autre temps...



Un autre peuple...



Un autre auteur : Ornela Vorpsi



Un autre roman : Le pays où l’on ne meurt jamais
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L'été d'Olta

Olta, la narratrice, grandit au sein de la République Populaire Socialiste d’Albanie, dans les années 1970. Enfant unique, elle partage sa vie entre son père, jeune homme riche et coureur de jupons et sa mère, femme perverse, d’une beauté fascinante.

Le pays communiste vit isolé du reste du monde, capitaliste, et vient de passer une alliance avec la Chine de Mao. Paranoïaque, le régime communiste fait vivre la population au rythme de la propagande de radio Tirana. Le pays est persuadé que le monde entier l’envie et rêve de le détruire.

L’auteur semble faire un parallèle entre cette dictature sanguinaire et cette mère instable, obsédée par sa propre beauté et atteinte de délire de persécution. Les hommes sont dépeints comme imprévisibles et dangereux, à l’image de la police envoyant sous n’importe quel prétexte des prisonniers en camps de travail, des intellectuels riches pour la plupart.

Un ton enfantin et malicieux, naïf par jeu, permet de mettre à distance la tragédie pour faire transparaître la curiosité et l’instinct, la découverte du désir chez l’enfant. Sous la plume acide de l’auteure, la femme transparaît toujours sous l’enfant. Un livre que je qualifierais d’intéressant, foisonnant dans ces approches de la dictature, de l’enfance, des interdits et du conflit parental.

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L'été d'Olta

Ornela Vorpsi est une artiste multicartes. Peintre, photographe, vidéaste et romancière, entre autres. Cette albanaise a écrit plusieurs livres en italien avant de passer au français avec son avant-dernier livre, Tu convoiteras. Au moment où elle publiait L'été d'Olta, elle exposait à Tirana, ville où elle n'habite plus depuis longtemps mais qu'elle n'a jamais perdu de vue. Tout naturellement, L'été d'Olta est une histoire purement albanaise, le quotidien = d'une fillette qui doit ressembler quelque peu à celle qu'elle a vêcu à la fin des années 70. Avec un père arrêté et emprisonné pour des raisons politiques et une mère, très belle et un peu instable qui a fait de sa fille son souffre-douleur. Dans ce contexte, Olta grandit en se posant des tas de questions sur le sens de la vie, essayant de comprendre de quel bois est fait son pays, qui après s'être allié avec l'URSS, s'est acoquiné avec la Chine avant de reprendre son splendide isolement. Une Albanie où règne la méfiance et la délation. La plume d'Ornela Vorpsi exhale des parfums d'une enfance confrontée à un monde d'adultes, cruel et souvent incompréhensible. Plus qu'un récit à progression dramatique, la romancière décrit des sentiments et des étonnements dans un style impressionniste qui rend la lecture plutôt agréable même si non mémorable.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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L'été d'Olta

Drôle de livre... Je l’ai lu il y a deux mois et j’ai des difficultés a retrouver le fil de ce livre.

Pourtant, le début de cette lecture était très prometteuse et je dirais même réjouissante. Puis cela c’est dilué, l’histoire l’écriture la séduction sont tombés peu à peu.

Est-ce moi, est-ce le livre… Parfois c’est ainsi, on se lasse plus vite que de raison.

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Tu convoiteras

Tu convoiteras est le premier texte de cette autrice albanaise écrit directement en français. Ses précédents ouvrages étaient écrits en italien.



Ornella Vorpsi nous plonge dans l'angoisse de Katarina. Femme mariée, mère d'un petit garçon, Katarina trompe son mari avec de nombreux amants. C'est plus fort qu'elle, un appel irrépressible qui la consume.

Entre envie, besoin et culpabilité.



Cette nuit là, Katarina est particulièrement tiraillée. Son fils est malade, très fievreux. Mais le lendemain, elle doit retrouver un des ses amants beaucoup plus jeune et qu'elle n'a pas vu depuis un certain temps. Ce RV est immanquable.Elle devra donc déposer son fils à la crèche. Et ce, même s'il est encore malade.



Est-ce qu'une mère aimante peut faire ça ? se débarrasser de son fils malade pour retrouver son amant ? Katarina sait que c'est une limite à ne pas franchir. Et pourtant, dans cette nuit où le doute la tenaille, elle prend sa décision. Elle déposera son fils à la crèche.



"Elle donnera à son enfant une dose supplémentaire de Doliprane. Cette pensée lui parvient depuis un coin reculé de son corps. Avec un petit Lexomil. Comme ça il dormira tranquillement, il ne gênera pas les éducatrices".



C'est par ces mots que le roman démarre.



Ornella situe ce roman du milieu de la nuit précédant ce RV avec l'amant jusqu'à la fin de journée suivante.

La conscience de Katarina qui tente de se réveiller mais qu'elle enfouit au plus profond.

Son enfance, ses rapports avec son père et sa mère, qui surgissent comme des absolutions à ce qu'elle est en train de faire.



C'est l'histoire d'une "névrose", d'une dépendance et de ses conséquences.



Je suis assez partagée par ce récit. C'est à la fois très intense, et en même temps comme inachevé. La fin est très abrupte. J'ai le sentiment que l'autrice n'a pas exploré complètement les mécanismes psychologiques de cette ambivalence : désir et remords, déception et culpabilité.



En tout cas un récit qui restera gravé en mémoire.



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Le pays où l'on ne meurt jamais

"Je dédie ce livre au mot humilité, qui est absent du lexique albanais. Une telle absence peut donner lieu à des phénomènes très curieux dans la destinée d'un peuple."



Par contre, dans le lexique albanais, on trouve pas mal de synonymes de putain, de traînée, de pervertie, de traître, de vendu, de tuerie, aussi... Eh oui, la "Mère-Parti" n'est pas si affectueuse que cela, sa terre se nourrit beaucoup plus du sang de ses filles lassées d'insultes que d'engrais. A croire que là-bas la Nature n'aime pas le beau, ne supporte pas la grâce surtout si elle est humaine, et qu'elle entame alors une lente procédure conduisant à l'auto-destruction de la beauté.



En effet, toute fille qui présente quelques traits avantageux mérite les marques du mépris, les lacérations de la cruauté... que ce soit dans la rue ou dans la maison... "certaines règles naissent ainsi dans l'esprit d'un peuple, tout naturellement comme les feuilles sur une plante. Elles se fondent en gros sur thèse unique : qui est belle est une pute, qui est laide - la pauvre! - ne l'est pas."



Un pays où les sentiments ne sont jamais tièdes, où l'extrême est roi, le coeur passionné... Je t'aime ou je te hais, mais jamais à moitié..



Votre seul espoir : la nuit. Seule la solitude de la nuit, la torpeur qui s'installe une fois glissée sous les couvertures permet le repos de ces âmes agrippées chaque jour par la haine.. A ce moment-là seulement vous connaîtrez un peu de ce mot qu'on prononce tout bas : liberté.



Sinon, il vous reste l'option du suicide. Et encore... : "le suicide ne fait pas partie des grandes aspirations du peuple albanais ; celui-ci, dans son perpétuel combat pour une vie décente, néglige le refuge que la mort peut offrir". Ah. Porte donc ta honte, même après ta mort. Après tout, une "baisée dans les buissons" ne peut rien faire de bon.



Et lorsque l'Albanais tente l'exil, lorsque l'Alabanais met le pied sur une autre terre que la sienne, il comprend alors qu'il est mortel. Il n'aspire donc plus qu'à une chose : retourner là d'où il vient, ce pays où l'on ne meurt jamais.



Un récit dur comme la boue séchée des briques ornant le toit du camp d'internement. Acéré, comme la haine envers celui qui respire. Ironique aussi, comme ces hommes qui forniquent et disent ensuite à leurs "brèves" compagnes d'aller se faire recoudre, pour le suivant. Sans pudeur, mais sans voyeurisme non plus. Cru, sans être obscène. Vrai.
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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Le pays où l'on ne meurt jamais

J'ai déniché ce roman chez un bouquiniste et l'ai acheté sans trop savoir à quoi m'attendre. Jusqu'ici le seul auteur albanais que j'avais lu c'était l'excellentissime Ismaïl Kadaré, j'étais donc prête pour une nouvelle expérience.

Et c'est bien d'une expérience dont il s'agit ici. Je n'ai pas vraiment eu l'impression de lire un roman mais plutôt de discuter avec une inconnue ou de regarder à travers le trou d'une serrure.

Sans réel début, sans réelle fin, il s'agit d'un petit bout de vie d'un intensité déconcertante.

Comment moi, l'occidentale, en 2014, puis-je ne pas être écœurée, choquée par les mœurs décrites dans cet ouvrage? Je bondissais d'indignation à chaque phrase, chaque page m'a soulevé le cœur.

Le problème c'est que l'écriture est assez redoutable d'efficacité et qu'il est difficile de ne pas vouloir en savoir plus.

Était-ce une expérience agréable? Pas vraiment! Lecture intéressante? en revanche oui!



Une découverte surprenante.
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L'été d'Olta

Une histoire qui aurait pu être sympa si elle n’eut-été aussi ennuyeuse.



Une fille qui habite avec sa mère magnifiquement belle. Le père a disparu, emprisonné par le régime et la mère déjà instable disjoncte de plus en plus.



Rarement drôle et plutôt lassant
Lien : http://noid.ch/lete-dolta/
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Buvez du cacao Van Houten !

De ces treize courtes nouvelles, je salue l'écriture, très simple mais soignée, précise, des mots en images! L'analyse de l'humain y est ici féroce mais vraie, les personnages sont prêts à tout pour se vendre. Un beau recueil pour les amateurs de nouvelles, de récits psychologiques, de littérature italienne!
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Le pays où l'on ne meurt jamais

Au fond du lac, c’est une autre histoire



A travers la vision d’une fillette, Ornela Vorpsi évoque ce pays où l’on ne meurt jamais, où « on ne plaisante pas », les imaginaires traditionnels prédominants.



La « tradition » se focalise sur l’interdit, les corps, le sexe des femmes, la virginité, omniprésent dans les récits de la locutrice. L’incompréhension de l’âge se mêle au poids des mots, des assignations.



L’auteure nous fais (re)sentir la présence du soleil, des regards, « Dans la rue, leurs regards te pénètrent jusqu’à a moelle des os, si profondément que ton être devient transparent. Une fois en toi, la fouille est méticuleuse ».



Les expériences de la fin de l’enfance, la relation aux autres, à la mère, à la famille et à ce père presque inconnu.



Surveillance des gestes, de la morale, des opinions, sous cette dictature qui enferme le père.



L’auteure rend somptueusement et simplement la présence de ces femmes, leurs beautés, la convoitise des hommes, les amitiés scolaires, l’enfance qui s’enfuit, et les livres comme ouverture, comme rêveries. Souvent de petits paragraphes comme autant de pointes de couleurs, de lumière.



Le lac, les noyades des femmes, car « les hommes ne vont pas se noyer dans le lac … ces messieurs ne tombent pas enceints – ainsi sont-ils préservés du pire ».



Et la terre promise au sortir de l’avion, là ou l’on peut mourir…
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Vert venin

Mirsad. « Est-il vraiment nécessaire d’aller réconforter l’ami qui va mal, qui vit enfermé chez lui depuis cinq mois, qui ne mange plus et ne boit plus, qui souhaite et ne souhaite pas mourir pour la seule raison que la littérature des pays tourmentés n’attire plus autant l’attention qu’elle le devrait ? »



Réflexions sur les voyages, la liberté recherchée « toujours de l’autre coté », la peur du voyage en avion,



Sarajevo, les Balkans, « L’odeur des Balkans réveille le passé qui tourmente. De nostalgie, d’amour, de rancoeur, de désolation, d’impuissance, d’éloignement, de proximité », l’Albanie, Milica, « l’amertume voile son visage », une albanaise vivant en occident, Dusan, les « innombrables histoires de guerre et d’horreurs entre Serbes et Croates, Serbes et Bosniaques, Serbes et Albanais du Kosovo », le présent et les souvenirs, les décalages, les pourboires, la revendication d’un Bosnien comme citoyen de Bosnie, Michele, les femmes, les sexualités, la virginité, Fatmir…



Une subtile variation sur les lieux d’ancrage de la mémoire, des émotions ou des rencontres.



« Une fois rentrée chez moi, il me faudra réanimer mon appartement. Je dispose d’un même recours après chaque voyage : la voix de Sarah Vaughan. Allongée sur le sol, je ferme les yeux et j’écoute. C’est là que mon voyage prend fin. Dans ses notes, loin de tout ce qui m’est proche ».


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Ci-gît l'amour fou

Je voulais, pour le titre, mais dès les trois premiers chapitres, j'ai su que je ne tiendrai pas. Un flou que je n'aime pas, un style qui ne m'accroche pas...
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Buvez du cacao Van Houten !

J'ai lu, sans grande conviction, les histoires qui forment ce livre. Je n'ai pas eu le temps de m'attacher aux personnages car les nouvelles sont courtes, trop courtes. Certaines m'ont laissée dubitative. Cela ne me laissera pas un souvenir mémorable !
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Le pays où l'on ne meurt jamais

Il Paese Dove Non Si Muore Mai

Traduction : Marguerite Pozzoli en collaboration avec l'auteur





Plus qu'un roman véritable, ce petit livre de cent-cinquante pages est une suite de scènes et de portraits ayant pour toile de fond l'Albanie communiste dans laquelle naquit l'auteur. Celui-ci appartenant au sexe féminin, le point de vue diffère sensiblement et met l'accent sur l'extraordinaire machisme qui caractérise la population mâle du pays, si policés que s'attachent à paraître ses membres les plus cultivés.



Ce machisme, certes, on le voyait déjà poindre son nez écoeurant ici et là, tant dans "Le Général de l'Armée Morte" de Kadare, dont l'essentiel de l'intrigue se déroule, il est vrai, dans l'Albanie rurale, que dans les romans de Fatos Kongoli, romans plus urbains certes mais dans lesquels le statut de la femme est loin d'être toujours facile. Vorpsi, elle, évoque le phénomène avec une franchise totale : son héroïne, Elona-Ornela-Eva, se voit tout de suite suspectée de "putinerie" dès lors qu'elle passe de l'enfance à l'adolescence.



Ce qui exaspère encore plus la lectrice, c'est que, comme d'habitude dans ce genre de sociétés, les femmes sont les premières à vouer la féminité au Diable et au péché. La mère de l'héroïne la menace de faire vérifier sa virginité par le médecin alors que la pauvre petite vient à peine d'atteindre ses treize ans et est par ailleurs si surveillée, tant à droite qu'à gauche, qu'elle aurait bien du mal à s'en aller courir une précoce prétentaine. En outre, comme le dit le proverbe albanais : "Un homme se lave avec un bout de savon et redevient comme neuf mais une fille, même la mer ne la lave pas."



Raisonnement pour le moins absurde, en particulier à mes yeux de Bretonne qui a tous les jours sous les yeux les millions de litres d'eau, bien froide et bien verte, de l'Atlantique. Raisonnement d'homme, ajouterai-je, et d'homme injuste et sournois, raisonnement sans doute repris et ressassé par la bonne vieille église chrétienne - Vorpsi est orthodoxe - et, de manière générale, par toutes les religions patriarcales dont nul n'ignore la haine profonde qu'elles vouent à la Femme.



Alors, bien sûr, on ne parle pas toujours sexe et virginité des filles dans "Le Pays Où L'On Ne Meurt Jamais". Certaines scènes sont plus légères et font sourire ou alors, comme tout ce qui touche à l'indifférence du père de l'héroïne, indignent et/ou attendrissent. Mais, en dépit de tous mes efforts, c'est avec un malaise certain et la volonté bien arrêtée de ne jamais visiter l'Albanie que j'ai refermé ce livre qu'il faut lire car si déjà les écrivains albanais mâles sont peu traduits chez nous, la situation est encore plus grave pour leurs homologues féminines. Ce qu'on ne peut que déplorer parce que, tant que la littérature albanaise s'exprimera essentiellement par la voix masculine, il lui manquera quelque chose de très important : l'autre moitié de son soleil. ;o)
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Le pays où l'on ne meurt jamais



En tentant de définir son peuple l'auteure albanaise tend à l'universel et nous parle à travers des souvenirs d'enfance sous la dictature de hoxha  de la condition humaine et féminine,  de la vie en dictature, de l'enfance à qui l'adulte n'explique rien... Avec sa narratrice aux 3 prénoms et son titre "orwellien" j'ai beaucoup aimé ce court récit que j'ai reçu comme un conte philosophique.



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Le pays où l'on ne meurt jamais

Je découvre Ornela Vorpsi, née à Tirana, puis émigrée à Milan, désormais installée à Paris. Elle a publié ce livre de souvenirs datant de son adolescence. L'Albanie, c'était un drôle de petit pays d'Europe, peuplé d'hommes fiers, machistes sans états d'âme et obsédés par les femmes. Les plus belles d'entre elles sont "nécessairement" des putains. Entre Albanais, on se hait réciproquement tout le temps qu'on vit et on aime les autres seulement quand ils sont morts. Le titre du roman prétend qu'on ne meurt pas en Albanie: ce n'est pas vrai, on y meurt, mais on ne veut surtout pas le savoir ! La pauvreté extrême touche tout le monde, sauf quelques privilégiés. Quand Ornela vivait à Tirana, le pouvoir était entre les mains de communistes fanatiques (qu'on disait "pro-chinois") qui gouvernaient d'une manière tyrannique. L'auteure mentionne les horreurs de cette dictature, mais sans jamais insister lourdement.



Le livre se compose d'un grand nombre de petits chapitres, tableaux de la vie quotidienne de l'adolescente qu'elle était alors. Ils font une peinture impressionniste de la vie familiale et de la société, sur un ton doux-amer. Pas de pathos, par exemple, dans l'évocation des emprisonnements (notamment celui de son père, qu'elle déteste) ou l'entraînement militaire obligatoire des très jeunes filles. La figure centrale, c'est celle de sa maman, une très belle femme convoitée par les hommes, en proie à une nervosité mal contrôlée, qui ne veut plus jamais revoir son mari. Les relations entre mère et fille sont parfois compliquées, mais essentielles pour Ornela.



C'est un joli livre de souvenirs sur la condition des adolescentes, mais dans le contexte particulier d'une dictature communiste.

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Le pays où l'on ne meurt jamais

L’Albanie est un pays méditerranéen, desséché par le soleil, où l’on mange des olives ; un pays enfermé où sévissait une terrible dictature et où n’importe qui allait en prison ou au bagne… et un pays où les femmes belles ne peuvent être d’office que de futures prostituées. En 14 chapitres qui sont autant de petites nouvelles, l’auteur nous décrit son enfance à Tirana. Avec humour, justesse, elle nous immerge dans la rudesse et la débrouillardise de cette vie jusqu’à son exil en Italie.
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Vert venin

Vert venin: vert du teint brouillé par le capitalisme, "vert de la migration", "vert de la dénutrition".

"A Paris, je suis verte" avoue la narratrice (Ornela Vorpsi? née elle aussi à Tirana) Albanaise vivant à présent en France, n'hésitant pas à partir pour Sarajevo (proche de l'Albanie) pour "réconforter un ami triste" Mirsad qui "ne sort plus depuis cinq mois".

Le voyage de la future "oreille attentive" débute par une phobie de l'avion, difficile à maîtriser, puis tourne au malaise près du sol de son enfance, car à présent "occidentale qui descend dans les Balkans", elle regarde les choses de l'extérieur, en spectatrice qui a honte d'avoir fui. Tous sont pourtant chaleureux,mais un rire ou une parole de trop et la violence sourd, inexorable.

Le rendez-vous avec Mirsad ne comblera pas ses attentes mais d'autres rencontres (Aurel le fils des voisins qui veut se marier avec sa mère pour la soustraire aux coups du père, Ahmed le beau Bosniaque auquel on donnerait "cent vingt-neuf ans", Béni fatigué de la vie..) surviennent et des souvenirs émergent peu à peu (ceux du père prisonnier "politique de Spaç" ceux de la mère naïve...) entre Paris, Milan et Tirana.

Prise de conscience d'une Yougoslavie nostalgique,amère,désolée, "qui désire l'Europe", qui "a besoin d'argent", où les coups pleuvent sans crier gare, où il ne faut "pas commettre d'erreurs", où l'eau de vie (réputée curative) imbibe plus qu'il ne faudrait,où le bonheur se niche parfois dans la mie d'un bon pain,où les faux-espoirs sont plus courants que les vrais

Vert venin est un livre fort et émouvant qui remet les pendules à l'heure et permet de relativiser, de mesurer le bonheur de vivre de l'autre côté.

Un livre à mettre en parallèle avec Côme de Srdjan Valjarevic (l'histoire tout en non-dits d'un écrivain serbe imbibé d'alcool, parachuté "villa Maranèse" au bord du lac de Côme aux frais d'une bourse Rockfeller alors que chez lui on manque de tout et que la guerre frappe ) car ce Serbe là ressemble à Dusan, un autre Serbe, "écrasé par ses démons" qui voudrait "faire un enfant symbole de paix entre Serbes et Albanais" à la narratrice.

Ornela Vorpsi, romancière, a commis son premier ouvrage, en 2004, (Le pays où l'on ne meurt jamais), un roman couronné par les prix italiens Grinzane-Cavour et Viareggio.
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