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Critiques de Osamu Dazaï (87)
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Le Mont Crépitant

Quand un enfant terrible des lettres nippones revisite les contes traditionnels japonais…



Après avoir lu ce recueil, assez facétieux, j’ai été étonnée d’apprendre que Dazai Osamu était considéré comme un décadent, un ange noir, un enfant terrible de la littérature japonaise.

Cet auteur a laissé une empreinte considérable sur la littérature japonaise moderne. On le lit dans les écoles, on le commente, on le cite : il est maintenant un classique du XXe siècle au panthéon littéraire du Japon. Il est connu pour son style « watakushi shôsetsu » ou « shishôsetsu », style issu du naturalisme japonais (milieu naturel et réalisme) qui incorpore des éléments autobiographiques dans un récit écrit à la première personne du singulier. Contrairement à ses prédécesseurs, Dazai ne se contente pas du réalisme ; il l’enrichit d’une tournure existentielle et psychologique qui le rend proche des lecteurs d’aujourd’hui.

Il est aussi connu comme un homme aimant manier l'ironie, à la fois pessimiste et fantaisiste. Il connut une vie tourmentée et est considéré en effet comme l’ange noir des lettres japonaises, véritable décadent : addiction à un médicament contenant de la morphine, désintoxication, adultère de son épouse avec son meilleur ami, tentatives de suicide, divorce, guerre. Il mourut avec sa maîtresse le 13 juin 1948 (suicide par noyade) à Tokyo. Nous trouvons pas mal de photos de lui sur Internet et même de son corps retrouvé au bord d’une berge, cela m’a fait forte impression. Le ton dépressif n’est pas si commun dans la littérature japonaise, cela mérite, je trouve, d’être souligné.



Pourtant, ce livre à la belle couverture automnale des éditions Picquier, n’est pas un recueil dans laquelle l’auteur a laissé infuser sa mélancolie. Au contraire, il est espiègle et facétieux. Il rassemble des contes populaires, les totgi-zôshi, issus du Japon médiéval et dont les auteurs sont inconnus. Ils datent de l’époque de Muromachi (1392-1573) et figurent parmi les plus célèbres au Japon. Osamu Dazai en donne une interprétation personnelle et lumineuse par la voix d'un narrateur quelque peu placé dans une situation originale puisqu’il est censé les lire à sa petite fille dans un abri antiaérien et il les raconte uniquement de mémoire n’ayant pas de livre de conte mais un simple livre d’image à sa disposition.



"A voix haute il lui lit des contes comme Momotarô, Le Mont Crépitant, Le moineau à la langue coupée, Les Deux Bossus ou Monsieur Urashima. Bien qu'il soit pauvrement vêtu et qu'à sa figure on le prenne pour un idiot, ce père est loin d'être un homme insignifiant. Il possède en effet un art vraiment singulier pour imaginer des histoires. Il était une fois, il y a bien, bien longtemps... Ainsi, tandis qu'il lui fait la lecture de sa voix étrange et comme stupide, c'est une autre histoire, toute personnelle, qui mûrit au fond de son cœur. "



Ces contes font un peu penser aux contes de Jean de la Fontaine, ou encore à ceux du Père Castor que je visionnais avec mes petits, les animaux prenant parfois la parole et comme tous contes il y a une morale. Cette morale est ancrée dans la culture japonaise mais comporte surtout une dimension universelle. Elle est cependant plus compliquée à appréhender que les contes de Jean de La Fontaine par exemple, dénouée de manichéisme, la frontière entre le bien et le mal est par moment difficile à déterminer, subtilité bien présente dans la nouvelle qui donne le titre du recueil.



Il faut se représenter le narrateur, figé dans son abri antiaérien avec sa petite fille de cinq ans, qui dispose donc de temps tout en étant dans une situation relativement angoissante et oppressante. Rien de mieux pour s’évader, et apporter une touche de légèreté à l’enfermement, avec ces contes populaires dans lesquels le fantastique et la magie opèrent et où les animaux parlent. Il va décortiquer chacun des contes, faire des digressions sur certains détails des contes, donner sa propre interprétation de la morale à laquelle aboutit chacun, il va se questionner avec nous, établir par moment des parallèles avec la mythologie grecque ce qui donne une dimension plus intéressante que si ces histoires nous étaient seulement racontées. Nous avons en outre l’impression d’être nous aussi dans l’abri, blottis, à échanger avec lui, dans une discussion nous amenant à réfléchir.



« Moi aussi j’ai médité cette question, et j’ai compris pourquoi la conduite du lapin était si peu virile. Ce lapin n’est pas un homme, j’en suis convaincu, mais une jeune fille de quinze ans. Belle mais ne connaissant pas encore le désir, elle appartient précisément à cette catégorie de femmes parmi lesquelles se recrutent les natures les plus cruelles de l’humanité. On trouve dans la mythologie grecque nombre de déesses d’une grande beauté. D’entre elles, si l’on excepte Aphrodite, la déesse vierge Artémis est probablement celle qui a le plus d’attraits… ».



Quatre contes, quatre morales, quatre tons différents, quatre interprétations et moult digressions. Ainsi trouverez-vous du tragi-comique facétieux avec la première Les deux bossus où deux vieillards ayant une grosse bosse sur une joue vont avoir des destinées différentes quant à cet appendice, un équivalent du conte grec de la boite de Pandore avec la seconde nouvelle Monsieur Urashima, sans aucun doute ma préférée, qui se base sur le célèbre conte Urashima Tarô où un jeune pêcheur un peu imbu de lui-même va suivre une tortue afin de retrouver au fond de l’océan le légendaire palais du dragon. Il va rencontrer Otohime, un personnage mythologique qui va lui offrir un mystérieux coquillage…Vous trouverez de la subtilité et de la cruauté avec la nouvelle Le mont crépitant dans laquelle un raton se fait torturer par un lapin de façon ignoble, mais le raton ne paie-t-il pas pour sa cupidité (étonnant que ce conte soit destiné aux enfants soit dit en passant) ; enfin le quatrième conte Le moineau à la langue coupée dans lequel le personnage au cœur pur n’est pas celui que nous pensons, il est récompensé même s’il a déçu sa famille, son épouse et la société eu égard au geste d’humanité envers un moineau…

« Les contes japonais sont bien plus cruels que les mythes grecs » et ce n’est pas faux après lecture de ces contes. Mais ils sont souvent très drôles (la discussion avec la tortue dans le second conte est brillante) et parfois teintés de beauté.



« C’est ça, la vie au palais du Dragon : se nourrir d’algues, s’enivrer de pétales de fleurs, se désaltérer de cerises, charmer ses oreilles au son du koto d’Otohima et contempler les danses pareilles à des tempêtes de fleurs qu’exécutent les petits poissons ».



J’ai trouvé le livre agréable à lire, il invite à la rêverie et permet de renouer avec les contes de l’enfance. Il m’a permis de découvrir des contes populaires japonais qui m’étaient totalement inconnus et de découvrir par là-même des éléments de la culture japonaise. La réflexion menée sur la façon dont les contes pour enfant sont faits, notamment dans la nouvelle qui donne son nom au recueil, Le mont crépitant, est très intéressante. L’interprétation qui en est fait par le narrateur, qui se dit insignifiant mais rien n’est moins sûr lorsque nous découvrons la profondeur de ses réflexions, permet de créer une connivence avec le lecteur, apporte des clés de lecture amenant de la profondeur à ces contes normalement destinés aux enfants, quoique je les ai trouvés plus subtiles et plus complexes que certains de nos contes à la morale plus évidente. Dans tous les cas ce livre nous interroge sur notre rapport aux contes.

Il me tarde de découvrir cependant les autres écrits plus personnels de l’auteur, ses romans, notamment Soleil couchant qui est devenu si populaire qu’il a donné naissance à une expression qui signifie « Les gens du soleil couchant ». Pas mal pour cet homme sans soleil…

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Soleil couchant

Osamu Dazaï (1909-1948), l'enfant terrible des lettres japonaises a composé Soleil couchant après la capitulation du Japon. le livre est publié en 1947 qui est aussi l'année de naissance de sa fille. En 1948 paraît son autre chef d'oeuvre, La déchéance d'un homme et puis Osamu se suicide. Dans Soleil couchant, le désenchantement stoïque, la révolte scandaleuse et l'angoisse auto-destructrice que l'écrivain confesse, sans masque, par l'intermédiaire de trois personnages se confond avec le profond désarroi de tout un pays au sortir de la guerre. "Shayō, le Soleil couchant" fait sensation dès sa sortie. Très vite, l'expression « peuple du Soleil couchant » se répand pour désigner l'aristocratie japonaise en voie de disparition. La force et la modernité du livre proviennent de cette authenticité incomparable associée à une très grande maîtrise littéraire. C'est aussi un livre qui fait la part belle aux femmes.





Kazuko, la jeune narratrice, vit avec sa mère qu'elle admire profondément dans une maison du quartier résidentiel de Nishikata à Tokyo. Elle est divorcée et privée d'horizons. En plein désarroi. La mort du père et la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale ont considérablement réduit les ressources de la famille. Il a fallu à contre cœur écouter l'oncle Wada qui s'occupe du budget de la famille, vendre la villa, renvoyer les domestiques pour déménager dans une petite maison de la péninsule d'Izu, disposant d' un salon chinois et d'une grande chambre -supérieure- occidentale. La fragile harmonie de la vie à la campagne, où Kazuko cultive la terre et soigne sa mère malade est perturbée par l'apparition d'un serpent, symbole funeste dans la famille. Naoji, le frère de Kazuko, écrivain et ancien opiomane qui était porté disparu est de retour...



L'écriture d'Osamu Dazaï n'est pas linéaire mais spiralaire. le livre s'ouvre par la fin d'un dialogue. La mère est en train de manger un potage et pousse un cri. La narratrice pense qu'un cheveu est tombé dedans. La mère nie. Suit une ellipse où la narratrice décrit les différentes manières de tenir sa cuiller à soupe et présente les membres de la famille. En fait le cri de la mère n'est pas lié à un cheveu mais à un souvenir de mauvais présage. Un après-midi Kazuko alors petite fille avait brûlé les oeufs d'une couleuvre, pensant qu'il s'agissait de ceux d'une vipère et s'était fait gronder. Quand le père était mourant, la mère crut voir une corde noire au pied du lit. Il s'agissait d' un serpent qui se faufila dans le couloir et disparut. Alors qu'elle marchait près de l'étang afin de couper des roses pour le service funèbre, Kazuko le vit. Puis le même jour, elle le retrouva dans les iris alors qu'elle traversait un jardin (pour aller prendre un recueil de peintures de Marie Laurencin). Il fit frémir sa langue qui avait l'air d'une flamme, il paraissait chercher quelque chose. Elle pensa alors qu'il s'agissait d'une femelle. Mère et fille ont songé ensemble qu'il s'agissait de la mère des oeufs brûlés dix ans plus tôt. A présent Kazuko attribue la détérioration de la santé de sa mère au geste sacrilège des oeufs brûlés et culpabilise. Ce motif du serpent réapparaîtra à différents moments du roman avec celui du feu. Ils sont annonciateurs d'événements funestes mais aussi d'une renaissance à la fin du livre.



Autre caractéristique du style d'Osamu Dazaï, le recours aux journaux intimes et aux lettres à l'intérieur du récit. Les trois personnages ne communiquent jamais directement.

Naoji réapparaît et fait vivre un enfer quotidien aux deux femmes à cause de ses addictions et de son caractère suicidaire. La mère l'aime absolument sans jamais se plaindre. Kazuko est jalouse et révoltée. D'abord elle a un secret. Ensuite à cause des dépenses du frère pour acheter de la drogue et de la maladie coûteuse de la mère, l'oncle Wada suggère que Naoji se remarie. Trop, c'est trop ! Cependant elle tombe sur le journal intime de son frère. Elle découvre alors l'écrivain qu'il est, son désespoir et sa révolte. Kazuko enfermée dans son rôle de domestique et de garde-malade, de ses taches subalternes et répétitives, tombe amoureuse de Uehara, l'écrivain mentor de son frère. Elle lui écrit trois lettres sans obtenir de réponses...A la fin elle trouvera la lettre-testament de Naoji. Un texte magnifique à lui tout seul, testament de l'écrivain. Naoji demande à être enterré dans le kimono de sa mère. Kazuko a pris en son sein la force de sa mère et aussi la liberté individuelle de son frère. Elle est bien décidée à se battre dans ce Japon nouveau.



Il y aurait bien d'autres choses à dire sur ce court roman que l'on peut trouver dans deux traductions. Les pages sur la mère sont bouleversantes, le testament du frère est un texte sensationnel à lui tout seul, un cri. Je vous renvoie aux excellentes critiques des amis babelionautes.
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Soleil couchant

Soleil couchant, c'est le titre de ce roman mais c'est également une expression qui s'applique à l'aristocratie japonaise, en déclin après la Seconde guerre mondiale. Certains possèdent des titres de noblesse mais pas tous n'ont le raffinement, le ton, le maintien, tout ce qui symbolise et représente un aristocrate. Mais les temps sont durs et certains, s'ils possèdent toutes les qualités requises, n'ont plus les moyens financiers qu'ils avaient. C'est le cas de la famille de Kazuko. Cette jeune femme au tournant de la trentaine, divorcée, éprouvée par des amours malheureux ou incompris, est retournée vivre chez sa mère malade dont elle s'occupe dans le plus grand dénuement. le père est décédé il y a un certain temps. le frère Naoji est revenu de la guerre drogué et alcoolique, lui soutirant de l'argent.



J'aime beaucoup les romans qui dépeignent les fins de règne, quand des gens s'accrochent aux traditions propres à des époques révolues. Soleil couhant est exactement cela. Sans argent ni qui que ce soit pour accorder de la valeur à leur noblesse, Kazuko et sa famille sombrent dans la déchéance. Ils sont malmenés par une vie qui ne leur fait plus de place, qui n'a plus de sens pour eux. Cette histoire, c'est aussi celle de l'auteur lui-même, Osamu Dazai. le parcours de Naoji ressemble au sien (aristocrate, mère malade, études délaissées, alcool) et ses préoccapations le rejoignent (les pensées suicidaires). Et il y a aussi un peu de Kazuko en lui, je suppose. Tous des âmes sensibles.



Justement, il se dégage du roman Soleil couchant une grande sensibilité, tellement qu'on ne peut en vouloir aux personnages pour les choix qu'ils font. Leur histoire, c'est celle de beaucoup de Japonais aux prises avec le poids des tradition, le choc d'une société en mutation, la quête de l'amour et, surtout, le désespoir d'une génération. Touchant ! Un roman fascinant et pertinent pour comprendre je Japon de l’après-guerre.
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Le Mont Crépitant

Osamu Dazai l'enfant terrible des lettres japonaises est un maître conteur à nul autre pareil. Sous les bombardements de la DCA américaine, dans l'abri anti-aérien, lui est venu une idée lumineuse pendant qu'il racontait des contes à ses enfants. Reprendre quatre contes traditionnels bien connus des Japonais et les réécrire à sa façon, très libre et tragi-comique.

Dazai s'adresse à un lecteur adulte avec lequel il simule un échange informel au sujet de ces contes pour enfant, provoquant la sympathie. C'est typique de son style spontané, aucun écrivain japonais n'est aussi attachant qu'Osamu. Il intervient souvent entre une péripétie et une autre qu'il feint de réécrire sous nos yeux. Il se lance alors dans des digressions humoristiques et savantes. Il rapproche par exemple les personnages japonais traditionnels de ceux de la mythologie grecque (Pandore, Artémis, La Méduse). Les personnages transformés par ses soins ne sont jamais héroïques, ils sont même bourrés de défauts et de vices, ils connaissent souvent des problèmes conjugaux ou familiaux qui les isolent et ils boivent souvent trop comme Osamu Dazai lui-même. Ces personnages de conte évoluent sous nos yeux vers des personnages plus complexes confrontés à des dilemmes moraux insolubles. Les histoires qui en résultent sont stimulantes et subtilement subversives avec des passages hilarants.





Dans le premier conte très drôle intitulé Les deux bossus la morale traditionnelle est totalement bouleversée. Personne n'a rien fait de mal, et pourtant tout le monde est fort marri à la fin de l'histoire. Les deux bossus sont seuls (l'un débauché qui adore sa bosse, l'autre austère qui exècre sa bosse) et négligés par leur famille. Ils sont le jouet des démons qui les confondent. Libre à vous d'interpréter.



Dans Monsieur Urashima, au début hilarant, le brave Urashima a sauvé une tortue à la langue de vipère . Il est récompensé alors qu'il n'a rien demandé par ladite tortue d'une drôle de façon. Il se retrouve dans un éden aquatique assez bling bling qu'il nous décrit en détails. Et puis soudain il a le mal du pays. La princesse Oto plutôt discrète jusqu'alors lui offre un cadeau d'adieu assez spécial. Deux interprétations possibles : elle l'a puni pour être resté dans son palais sans se soucier de la moralité ou bien alors elle a évité à M. Urashima une vie pleine d'hypocrisie.



L'histoire du Mont Crépitant est diabolique. Sacré petit lapin ! On n'est pas chez Chantal Goya. Il s'est vengé effroyablement sur un gros raton (sans doute un chien) dégoûtant qui avait tué une petite vieille . Elle préparait la soupe et traitait le lapin avec gentillesse. Osamu trouve la peine disproportionnée...Et il a une théorie...qui rend la morale plus souple.



Avant de raconter le Moineau à la langue coupée, Osamu Dazai nous explique pourquoi il a renoncé à réécrire le Monotarô. Il est difficile de se moquer du conte préféré des Japonais sans se moquer du Japon et voyez-vous ce n'était vraiment pas le moment. le Moineau à la langue coupée, comme vous vous en doutez n'est pas drôle. C' est une histoire mélancolique sur le mariage et la solitude.





j'en aurais bien lu d'autres.
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Pays natal (Retour à Tsugaru)

Osamu Dazaï (1909-1948) l'enfant terrible des lettres japonaises a mis son âme à nu dans chacun de ses livres.

Tsugaru est une région isolée à l'extrême nord du Honshu, la plus grande île de l'archipel. En 1944, Dazaï est très célèbre pour ses nouvelles et ses contes mais aussi pour sa vie dissolue. Son éditeur publie une collection d'ouvrages sur la diversité régionale. Dazaï Osamu a besoin d'argent, on est en pleine guerre, il est père de famille et il se tient à carreaux, entre deux beuveries. Et puis il ressent sans doute le besoin de retourner au pays natal. Il raconte son périple, il décrit le paysage de cette région méconnue des autres Japonais, les moeurs des gens. Il cite des géographes et des historiographes façon guide touristique mais il s'intéresse bien davantage aux gens qu'aux lieux. On fait connaissance avec ses amis d'enfance, tous amateurs de saké, avec sa famille et la femme qui l' a élevé.



J'ai lu ce livre sans ennui aucun. J'aime beaucoup Osamu, un merveilleux conteur  qui s'adresse au lecteur comme à un ami. Un personnage complexe, contradictoire, désespéré et désespérant, mélancolique et chaleureux, lucide et plein d'humour. Et plus pudique qu'il n'y paraît. Quand il décrit le paysage de plus en plus sauvage et effrayant, c'est sa famille aussi qu il décrit. le livre donne quelques clés sur sa personnalité, le manque d'amour dont il a souffert enfant, la terrible ombre du père dont il prétend garder peu de souvenirs, le vide causé par l'absence de la mère à peine évoqué, le frère aîné qui lui a succédé et qui ne le regarde pas en face. Les retrouvailles avec la servante de la famille, la seule personne qui lui ait jamais donné confiance, sont très fortes.



« Les adultes sont des gens sans gaieté. Même lorsque l'on s'aime, il faut être prudent et garder une certaine distance. Et pourquoi cette prudence ? La réponse est toute simple : trop souvent, il arrive que l'on soit victime d'une splendide trahison, et que cela fasse honte. Les êtres humains ne sont pas dignes de confiance : cette découverte est la première leçon qui marque le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Un "adulte", c'est un adolescent qui a été trahi. »
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La Femme de Villon

J'entre dans une gargote d'un autre temps, il pleut dehors, banalité d'un homme mouillé. Une serveuse, le kimono lâche, m'installe à côté, d'un grand écriv(a)in. Dazai Osamu se fait-il appeler, dans le genre un peu fou, l'ivresse littéraire ou l'alcoolisme chronique, les deux font merveille dans mes livres, tendance suicidaire en plus. Il me raconte un peu l'histoire de sa vie ou d'un baron fauché. de sa vie et surtout de celle de sa femme. L'homme rentre tous les soirs ivre, ou ne rentre pas, ça dépend des soirs. Sa femme l'attend ou pas, avec son fils de quatre ans, si rachitique qu'on lui donne deux ans. C'est une peinture, triste et sombre, de la société japonaise juste après-guerre. de la misère d'un couple, jusqu'au moment où la femme prend conscience. L'essentiel est de vivre, alors l'homme peut bien continuer à boire, la femme peut bien commencer à retrouver le sourire, à s'amuser avec ses clients, je peux continuer à lire, à boire, à découvrir de nouveaux vieux auteurs japonais et d'ailleurs, parce qu'il n'y a pas que le saké et les hôtesses dans la vie.
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Bambou-bleu et autres contes

Bambou-bleu et autres contes est un recueil constitué de trois histoires, écrites par l’auteur japonais Osamu Dazai à plusieurs années d’écart et assemblées tardivement. La première, le conte éponyme, ne nous amène pas au Japon mais plutôt en Chine. Ça m’a surpris mais bon, pourquoi pas? Le conte en lui-même est sympathique, de facture classique. On y retrouve Yu Rong, un pauvre orphelin que l’oncle bienfaiteur a marié de force à une laideronne acariâtre. Lettré délicat, il ne souhaite que réussir les examens mandarinaux pour entrer dans l’administration impériale mais n’y arrive jamais. Au comble du désespoir, il vit une expérience mystique, surnaturelle, digne des princesses des contes occidentaux. Ça faisait plutôt traditionnel, avec son dénouement et sa morale.



La nouvelle suivante, À propos d’amour et de beauté, met en scène une famille de cinq enfants, trois frères et deux sœurs. Après avoir avoir dressé leur portrait, l’auteur les fait interagir, discourir sur différents thèmes. Je devais être fatigué (ou peu intéressé par leurs propos) car je m’en souviens à peine. Et je ne souhaitais pas me retaper ces pages. Peut-être aurais-je dû le faire car la troisième et dernière histoire, Lanternes romantiques, reprend les mêmes personnages. Cette fois-ci, les membres de cette fratrie se relaient dans une réécriture du conte de Raiponce. J’ai trouvé cela original, surtout que l’essentiel du nouveau conte se déroule après après la délivrance de la fille de la sorcière et son mariage avec le prince. La personnalité de chacun des frères et sœurs transpire à travers les aventures qu’ils font vivre aux personnages du conte de fées, plus moderne par son propos.



Bref, comme je l’ai écrit plus haut, ces trois contes sont agréables à lire, sans plus. C’était ma première lecture d’une œuvre d’Osamu Dazai, peut-être pas le recueil idéal pour pénétrer l’univers de ce célèbre écrivain japonais. Dans tous les cas, après avoir lu un peu sur lui, j’ai cru comprendre que ces contes ne sont pas tant représentatifs des thèmes de prédilection de l’écrivain ni de son style.
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La déchéance d'un homme

Je m'attendais à un roman tragique au vu du titre révélateur mais j'étais bien en deçà de la vérité. L'oeuvre est inconfortable. Elle m'a inspiré non seulement terreur et pitié mais un sentiment de gâchis et d'impuissance terribles.

La Déchéance d'un homme est initialement parue en feuilleton en 1948, l'année du suicide réussi de Dazaï Osamu, qui a mené jusqu'à sa mort une vie tumultueuse et désespérée. Il s'agit donc d' un "shishôsetsu", un roman personnel où figurent de nombreux éléments autobiographiques. Presque des confessions,. Mais c'est aussi une fiction très bien construite, d'une grande sobriété. dans la préface fictive, un narrateur extérieur décrit trois photographies d' un même personnage à trois âges de la vie : l'enfant "plein de rides qui sourit comme un singe"; le bel étudiant au sourire factice, l'homme sans âge au visage de mort. Cette préface est suivie des trois carnets de Yôzo. A la fin l'épilogue nous explique comment ces carnets ont été confiés au narrateur. Il y a donc une distanciation par rapport aux événements qui donne de l'air à la lecture.

Yôzo depuis l'enfance est spectateur de sa vie. Il est timide, hypersensible, susceptible. Il éprouve une profonde honte. Il ne s'intéresse pas à ce qui intéresse les autres, Il ne s'ouvre à personne. Il a peur. Il est terrorisé. Il semble avoir été traumatisé mais nous n'en saurons pas plus. Il ne peut pas dire la vérité. Au Japon, dans ces familles aisées encore très traditionnelles, on ne se livre pas, on ne s'épanche pas, on respecte la hiérarchie et on déjeune en silence. Pour donner le change, Yôzo fait le "bouffon", il s'arrange pour que les autres autour de lui soient contents sans connaître ses pensées. il ne semble pas avoir de désir propre, il ne sait pas comment aimer les autres alors il porte un masque. Plus tard étudiant, il joue au communiste parce que c'est illégal et qu'il peut manger et surtout boire à l'oeil. Il fait une première tentative de suicide en compagnie d' une femme qu'il n'aime pas. Il a joué au suicide romantique et se retrouve en prison. Les femmes qu'il rencontrent sont généralement aimantes et l'entretiennent. Mais les histoires sont finies avant d'avoir commencé. Yôzo se complaît dans la fatalité et s'enfonce dans sa déchéance.

Le roman est dur mais c'est un livre à nul autre pareil qui vous poursuit longtemps.





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Bambou Bleu

Les trois nouvelles pétillantes du recueil sont l'oeuvre du ténébreux Osamu Dazai (1909-1948), oui l'auteur de la Déchéance d'un homme. Elles sont légères, pleines de créativité, d'humour et de virtuosité. Elles lui valurent un succès immense auprès du public japonais.

1) Bambou Bleu (1948). Ozamu Dazai a réécrit à sa sauce un conte chinois du XVIIème siècle, intitulé Robe de corbeau. le héros, Yu Rong, est un pauvre lettré, orphelin, malchanceux, joli garçon et… doté d'un boulard terrible. Son oncle poivrot lui a fait épouser une femme hideuse, qui, d'après les commères du canton, fut sa concubine. Non seulement c'est un laideron mais aussi une mégère qui méprise totalement son très noble et très confucéen époux. Plutôt que d'atteindre le Souverain Bien, il ferait mieux de trouver de quoi faire bouillir la marmite et vlan elle lui jette « ses affaires souillées de femme » à la figure. Sa vie n'a plus aucun sens. Alors le jour de ses trente ans, en désespoir de cause Yu Rong prend une grande et grave résolution : Il s'affermira dans la Voie. il prend son petit ballot, gifle vigoureusement sa femme et se rend à la capitale passer ses examens mandarinaux. Il y échoue « merveilleusement bien ». Abattu, Yu Rong s'étend dans l'herbe tendre et aperçoit alors une nuée de corbeaux. Il envie leur bonheur. Il ferme les yeux…



2) A propos d'amour et de beauté (1939) nous présente une famille extravagante. Ils sont cinq frères et soeurs, de 18 à 29 ans, bien différents physiquement et moralement, tous bourrés de défauts et tous amoureux de littérature. A la saison des pluies propice au spleen romantique, ils se réunissent au salon. La mère affectueuse leur verse un verre de jus de pomme et ils se lancent à composer l'un après l'autre le début d'une histoire, dévoilant leur petit caractère. Chamailleries, rivalités, jalousies se mêlent au jeu qui rappelle celui du cadavre exquis…

3) Lanternes romantiques (publiées en feuilleton en 1940-1941) reprend la nouvelle précédente. On fait connaissance avec le grand-père, alerte octogénaire, qui trouve une idée aussi dangereuse que stimulante ; chaque semaine, il décerne une grosse médaille rutilante au plus méritant de la maisonnée. Et puis le petit jeu littéraire reprend. Cette fois-ci le benjamin commence par plagier Raiponce des frères Grimm avec l'aide de son affectueuse grand-mère. Les autres continuent chacun dans leur style…



Merci beaucoup Batlamb ! Je me suis bien amusée.

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La Femme de Villon

Madame Otani, jeune femme de 26 ans, mère d'un enfant de 4 ans manifestement attardé, voit rentrer une nuit son alcoolique de mari dans leur miséreuse demeure…poursuivi par un couple, auquel il aurait volé de l'argent. Brandissant un couteau, il se sauve ! La laissant se débrouiller avec ces gens qui vont lui raconter le forfait et son contexte : ils sont tenanciers d'un bar et ont parmi leurs habitués Monsieur Otani, poète souvent sans le sou, qui a pris la fâcheuse habitude de ne pas payer ses consommations. Madame Otani apprend d'eux qu'il est souvent accompagné de femmes, et que sa dette envers l'établissement a pris une ampleur que les patrons aimeraient résorber. Si ce récit des aventures de son mari fait rire Mme Otani, qui ne semble pas surprise outre mesure, un minimum d'honneur exige que cette dette soit remboursée. Elle va donc s'y atteler dès le lendemain en se proposant à travailler gratuitement au bar. Elle va avaler quelques couleuvres, entre le mari qui se pointe pour s'attabler avec de nouvelles dames, des clients masculins pas toujours délicats, et la nécessité d'assumer la responsabilité du gamin, et d'éponger les dettes de Monsieur à la sueur de son front.



Comme la plupart du temps, Dazai commet ici un texte quasi-autobiographique. Très court, il s'agit en fait d'une nouvelle, dont la lecture est agréable. Bien sûr, on y trouve les aspects noirs de la vie de Dazai : la pauvreté, l'alcoolisme, le goût pour les femmes, son instabilité qui n'en font pas un père très fiable, cet homme fuyant ses responsabilités. On ajoutera que l'enfant attardé est aussi autobiographique, car un de ses enfants souffre en effet d'un handicap mental. Mais la narration est assez enlevée, grâce à l'heureuse insertion de dialogues finalement assez légers, qui viennent soulager la narration de Mme Otani.



S'il se glisse clairement dans la peau de M.Otani, poète assez connu, le tour de force de Dazai est de prendre comme narratrice la femme du poète. Il se met ainsi en quelque sorte à sa place, comme pour mieux comprendre ce que lui, Dazai, peut faire endurer à sa propre femme au quotidien. Son personnage masculin a écrit un essai sur François Villon, dont on connaît les frasques et la fin tragique. C'est en fait Dazai qui s'identifie à Otani qui s'identifie à Villon…Et si Mme Otani assume courageusement de laver l'honneur de son mari sans se plaindre, le seul moment où elle craque est justement à la vue du rapprochement Otani/Villon sur une affiche dans le train : « de voir ainsi accolés le nom de mon mari et celui de François Villon, je ne sais pourquoi, j'ai senti mes yeux s'embuer de larmes amères et je n'ai plus rien vu. »

C'est que Dazai est pétri de contradictions, se montrant irresponsable, dépensier, alcoolique et infidèle, et en même temps parfaitement conscient de ses terribles défauts, qui le minent de culpabilité et de remords, le poussant aux pensées et propos masochistes et suicidaires. Alors son procédé littéraire lui sonne comme une manière d'expier ses fautes. Au fond, ce n'est pas un mauvais bougre, et d'ailleurs, contrairement à une des critiques lues par ailleurs sur cette nouvelle, non non non, je ne pense pas que M. Otani soit un monstre violent, il ne semble pas qu'il lève la main sur sa femme. Simplement, il peut s'emporter quand il a bu, et de ce fait devenir dangereux.



L'écriture est comme toujours chez Dazai simple et classique à la fois, je dirais un style populaire de qualité. C'est un bon moment de lecture, un texte court, que j'aurai plaisir à relire un jour. Selon moi il n'est pas si noir, éclairé par des dialogues bien sentis et teintés d'une forme d'humour qui dédramatisent la situation.

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Le Mont Crépitant

Dazai revisite ici quatre contes populaires japonais à sa façon. Il convoque un narrateur qui va nous les raconter, mais d’abord à sa fille…dans un abri antiaérien où ils sont retranchés avec sa femme et le petit frère. Ce père a trouvé le moyen d’apaiser l’angoisse de la famille, et ne va pas se gêner pour teinter ces histoires de sa façon de penser, en commentant le comportement et la mentalité de ses personnages, prenant des libertés avec les œuvres originales en en faisant un récit oral, sans support écrit…Ce narrateur est un faux-nez de Dazai, qui ne va pas s’en cacher à plusieurs reprises.



Les deux bossus, c’est l’histoire d’un pauvre paysan septuagénaire de Shikoku, qui se sent bien seul face à sa vieille et à leur fils (surnommé le saint) qui ne pensent qu’à bosser ! Ils sont bien incapables de le regarder vraiment. Même quand il a attrapé subitement sa bosse à la joue droite vingt ans plus tôt, cela ne les a pas beaucoup perturbés. Alors un soir, alcoolisé, il tombe sur un banquet de démons qui lui arrachent sa bosse ! Mais il existe dans le village un deuxième vieillard possédant une bosse à la joue…Curieusement, il est comme un double inversé du premier : sa bosse touche sa joue gauche, sa femme et sa fille sont toujours souriantes et agréables, et il est aisé financièrement. Le premier vieux lui raconte son histoire, du coup il file à la rencontre des démons pour se faire enlever cette bosse qu’il ne supporte pas…Mais cela ne va pas se passer comme il aimerait…Une histoire sans morale évidente, de l’aveu même de ce narrateur fantasque, mais bien intéressante.



Monsieur Urashima est la célèbre histoire revisitée de Urashima Tarô. L’homme a sauvé sur la plage une tortue, qui va se mettre à lui parler. Pour le remercier, elle l’entraîne sous la mer à la découverte du fabuleux palais du Dragon de la belle princesse Otohime. Urashima va y passer quelques temps, mais s’émerveiller puis se lasser de cet univers étrange et merveilleux, de l’attitude d’Otohime, muette, indifférente et solitaire, qui n’a d’autre activité que jouer du koto en mâchant des fleurs violettes de cerisier de mer…Elle lui remet en souvenir un coquillage, que la tortue lui conseille de ne jamais ouvrir. Ce qu’évidemment il va faire au retour sur la terre ferme. Dazai propose plusieurs hypothèses sur la fin de l’histoire, au choix du lecteur, en convoquant, et le mythe grec de la boîte de Pandore et la version traditionnelle japonaise. Une étrange nouvelle encore, dominée par la poésie d’un monde sous-marin, à la faune et à la flore merveilleusement colorées, et par des échanges acides entre la tortue et le Urashima autour de questions de comportement de l’homme de la terre et de savoir-vivre.



Dans le Mont Crépitant, un raton échappe de peu à passer en soupe que voulait mitonner un couple de vieux. Le raton s’en sort en tuant la vieille accidentellement. Il part raconter son histoire à un lapin, en fait une lapine, dont il est amoureux transi. La lapine ne partage absolument pas cette attirance et elle qui trouvait dans le jardin des vieux de quoi se nourrir, va ourdir sa vengeance contre le raton, en le faisant marcher avec cruauté. Le raton a des allures de naïf soumis, qui fait aussi preuve d’égoïsme, de lâcheté et de misogynie. Une sorte de fable quelque peu féministe, qui détonne dans ces années 1940, qui plus est au Japon ?



Dans le moineau à la langue coupée, un vieux taciturne et solitaire vit avec sa vieille femme acariâtre dans une maison retirée à l’orée d’un bois de bambous. Essentiellement retranché dans son bureau à marmonner face à ses paroles acerbes, un petit oiseau se met à le visiter régulièrement. Un jour, l’oiseau lui parle, et d’une jolie voix féminine ! Sa femme l’entend et imagine qu’il a eu la visite d’une femme. Jalouse, elle s’empare du moineau bavard et lui tranche la langue. Le vieux n’aura de cesse de retrouver ce moineau en passant ses journées au cœur du bois de bambous. Un jour, épuisé, il s’endort sur la neige à l’entrée du bois…Ce sera la clé pour retrouver…O-Teru, une petite poupée de femme, muette faute de langue…Mais l’attitude du vieux qui pourtant semble avoir trouvé sa pépite, est déroutante…La fin, quand la vieille s’en mêle, est assez rocambolesque et complètement inattendue.



Ces petites histoires, dérivées de contes d’origine à destination des enfants, sont ici rehaussées d’une réflexion de Dazai parfois assez complexe. Elles s’adressent donc en réalité plutôt à un public adulte. Elles prennent souvent un tour déroutant. L’irruption du narrateur Dazai est imprévisible, parfois trop longue en début de nouvelle (Le Mont Crépitant), parfois en fin de nouvelle, ses interventions sont aussi utiles qu’agaçantes. C’est sa façon de dynamiter le cours d’histoires trop connues des Japonais. Il convoque par deux fois, dans Le Mont Crépitant et Monsieur Urashima, la mythologie grecque, comme pour souligner que ces récits sont universels, mais peuvent comporter des versions différentes. Chacun peut construire son histoire, selon la culture d’origine et les précautions prises pour ne pas choquer son public, ou au contraire pour mettre du piment dans le récit. En tout cas, sa limite à lui, Dazai, avec un humour fin, est d’affirmer que non, finalement il a renoncé à revisiter l’histoire de Momotaro : c’est une icône, qui fait trop l’unanimité, et on ne touche pas à un tel mythe japonais ! Il a préféré s’en tenir à des seconds couteaux dont il était possible de tirer un trait de caractère moins consensuel pour se moquer.

On retrouve un fil conducteur qui donne une certaine unité au recueil, ce sentiment de solitude qu’on peut éprouver dans un couple qui ne marche pas ou dont l’amour est usé jusqu’à la corde. Ce n’est sans doute pas le meilleur livre de Dazai, mais il est comme toujours intelligent et attachant par son inégalité même. De quoi passer un agréable moment de lecture.

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Cent vues du Mont Fuji

J'ai passé de nombreuses semaines avec ce recueil d'Osamu Dazai. Mauvais signe ? Pas du tout ! Ici, c'était bien pour prendre le temps de déguster chacun des textes. Je ne reviendrai pas sur le contenu de chacun d'entre eux, tellement je me suis évertué à mettre en ligne de multiples citations. En fait, je n'en avais jamais mis autant tirées d'une même oeuvre. Sans être forcément toutes de pures perles littéraires, elles ont le mérite de dévoiler et reconstituer tel un puzzle la personnalité et le destin de cet écrivain finalement assez peu connu en France, et pourtant aujourd'hui très cher au coeur des japonais.



En effet, à travers ces récits, Dazai nous livre tout simplement ses mémoires : une rencontre, un moment dans sa vie, un état d'esprit, lui offrent autant de prétextes à se raconter. Pour saisir d'un trait sa vie particulièrement agitée et tragique, le récit « Huit tableaux de Tôkyô » est sans doute le plus éloquent et complet. Pour faire court, celui qui est né Shûji Tsushima, au sein d'une famille bourgeoise à la nombreuse fratrie, s'est très vite inscrit en rebelle contre son milieu, y compris politiquement, étant attiré par les idées communistes. Il rêve d'une carrière littéraire sans totalement s'en donner les moyens, faute de persévérance et surtout en raison d'un caractère fantasque, mêlant un fort égocentrisme et un manque de confiance en lui chronique. Amoureux des drogues, et de la bouteille, où il engloutit le peu d'argent qu'il gagne, il vit trop souvent grâce à l'aide financière d'un de ses frères. Il en profite, mais très endetté, il se sent coupable et bon à rien. Pourtant, il possède bien un talent littéraire naturel, qu'il gâche trop souvent. Il est obligé de bouger au moment de la guerre, deux habitations successives ayant été détruites par les bombardements. D'abord marié à une ancienne prostituée, il est trompé plusieurs fois, et finit par se séparer de cette femme qui finalement aura sans doute le plus marqué sa vie sentimentale. Il se remariera…Et après deux tentatives de suicide infructueuses plus tôt dans sa vie, il finira à la quarantaine par y parvenir, accompagné d'une jeune maîtresse. Car entre ses fréquents moments de dépression, le bougre est aussi un cabotin qui aime séduire. Une personnalité à la fois autocentrée et masochiste, qui se révèle au fil des pages à la fois agaçante et finalement très attachante, car lucide, mais un poil naïf avec les femmes, et non dénué d'humour et d'auto-dérision. Un adolescent ! Sa mort prématurée laisse à son oeuvre un goût d'inachevé et des regrets. Elle est riche de nombreuses nouvelles, mais force est de constater que ses deux romans phares, La déchéance d'un homme et Soleil couchant, ont été écrits dans les toutes dernières années de sa vie…alors même que, dans l'intuition qu'il ne vivrait pas vieux (il pense très souvent au suicide), il intitulera précisément son premier recueil de nouvelles bien structuré, publié en 1936, « Mes dernières années ». Cent vues du Mont Fuji est une oeuvre clé pour comprendre le parcours de vie de cet étonnant artiste.



Un mot sur le style, qui selon moi est la marque d'un écrivain populaire qui ne sacrifie pas la qualité : à une dominante faite de simplicité, qui flirte parfois avec la platitude, se mêlent de nombreux passages de très haute tenue littéraire. La traduction influant évidemment sur l'impression laissée au lecteur français, il est difficile de dire si cette apparence d'une certaine inconstance en est le résultat où si c'est une caractéristique de la version nippone. C'est probablement le cas, ce qui traduirait l'instabilité de l'auteur dans sa personnalité même.



Un écrivain à découvrir sans faute en ce qu'il s'inscrit parmi les géants de la littérature japonaise du XXème siècle, et parce qu'il est une icône pour une partie de la jeune génération de Japonais.

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Cent vues du Mont Fuji

Les récits présentés dans cette anthologie sont tous autobiographiques. Dazai s'y met en scène, non sans malice, en se jouant des conventions et des apparences, sans fard, en étant brillant et drôle, mais aussi, le plus souvent, sarcastique et cruel, écrasé, après avoir mené une vie des plus dissolues, sous le poids de ses fautes et obsédé par la mort. Dazai devrait sans doute repousser le lecteur, tant il s'est abandonné à son pessimisme, à ses passions et ses vices. Or, il semble qu'il puisse aussi l'attirer comme un aimant, sans doute parce qu'il a mis dans son oeuvre autant de lui même, avec cette irrévérence et sincérité qui le caractérisaient.
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La déchéance d'un homme

C'est l'histoire de la longue descente aux enfers d'un homme au caractère inconsistant et dépressif qui va rater sa vie.

Yôzô est pourtant fils de bonne famille, mais il cache une nature mélancolique, peureuse et apathique et décide de jouer au bouffon, de faire rire par ces facéties...Mais un jour, un élève de sa classe le démasque ("c'est de la frime !"), et c'est le début du naufrage. Yôzô, oisif et indécis dans ses choix échouera dans ses études, et ne parvient pas à trouver un emploi stable. Il ment à sa famille, demande régulièrement de l'argent à son père, qui finira par lui refuser en apprenant la vie dissolue de son fils...Entraîné par des fréquentations douteuses, notamment d'un "ami" qui profite de sa faiblesse pour l'initier aux femmes et à l'alcool, son manque d'argent lui fait rechercher sans scrupules des femmes qui vont s'émouvoir et l'entretenir.

Mais le vague à l'âme est permanent, tenace, et un jour il tente de se suicider avec son premier amour...il en réchappe, mais elle se noie. Une seconde l'accueillera chez elle, mais malgré ses bons soins il finira par se sauver littéralement ! La troisième, épousée, ne sera pas davantage synonyme d'apaisement : après quelques années, elle le trompera, et pire encore, son fameux "ami" le mènera sur la scène du forfait pour surprendre les ébats...

Yôzô, écoeuré de tout le monde et de lui-même, toujours aussi faible, tente à nouveau de se suicider en absorbant une forte dose de médicaments. En réchappant encore, il va sombrer dans des addictions au saké, puis à la morphine...son état de santé physique et mental se détériore, conduisant son frère, qui lui apprend la mort de son père, et sa femme, à le placer un temps en hôpital psychiatrique. Son frère lui achètera finalement une bicoque branlante à la campagne, où il vivra ni heureux ni malheureux, juste les jours passant, devenu un vieillard à 27 ans...mais cependant encore capable d'une pirouette, d'une facétie...



L'ambiance de ce roman est très sombre. Cependant, curieusement, l'émotion n'est ressentie qu'en de rares moments. Le récit est assez court, condensant l'action, parfois peut-être trop peu détaillée, pour privilégier les réflexions du "héros" sur sa vision amère et désespérée de lui-même et de la vie, même s'il conserve souvent une pointe de dérision. Cela provoque une forme de distanciation, de détachement chez le lecteur, peut-être voulus car c'est bien finalement l'état de Yôzô à la fin, devenu un peu spectateur de sa vie passée.



Cette histoire fait très fortement écho à la propre vie, tragique, de l'écrivain, qui pour autant se garde bien de revendiquer cet évident caractère autobiographique : en une préface et un épilogue, il crée un narrateur qui aurait récupéré les carnets de notes de Yôzô chez la femme qui fut son second amour, les deux se demandant d'ailleurs si Yôzô est toujours en vie dix ans après son installation dans sa dernière demeure.

Il faut rappeler qu'Osamu Dazaï, après une vie aussi dissolue que son héros se suicidera par noyade à 39 ans, après plusieurs tentatives commencées à 20 ans !



Dernier élément à souligner, le romancier nous donne à voir des aspects intéressants de la société japonaise, dans les années 1930, avec le sens de l'honneur (ici perdu), l'obligation de cacher ses émotions, de dissimuler, la place de la femme dans la société, bien basse, elle qui doit être docile et entièrement dévouée à son mari...



Au final, une belle découverte que cet écrivain maudit, très renommé au Japon et trop peu connu dans notre pays.

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Le Mont Crépitant

Osamu Dazai interprète et invente des contes japonais à morale...



Quel recueil de nouvelles frais ! Et pourtant, ce n'est généralement pas mon style mais la prose ironique, amusante et sans langue de bois de Dazai a de quoi réveiller l'intérêt !

Avec ces quatre contes intitulés "Les Deux Bossus", "Monsieur Urashima", "Le Mont crépitant" et "Le Moineau à la langue coupée", l'auteur réécrit de vieilles histoires japonaises et les remet au goût du jour, tout en s'intégrant pleinement dans le processus de narration, comme si lui-même était un personnage. Ses remarques portent aussi bien sur ses choix en tant qu'auteur que sur les actions de ses protagonistes. La langue est vivante, les personnages sont pleins de défauts desquels on retire des morales comme avec La Fontaine.

Souvent la fin et les interprétations laissent un peu pantois, mais le voyage dans chaque nouvelle est bourré de charme. Il ne faudrait pas passer à côté !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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La Femme de Villon

Dazai Ozamu ( 1909-1948) est un grand écrivain japonais, un génie littéraire. Il sombre dans l'alcoolisme très jeune et mène une vie dissolue à la manière d'un Villon dont il est un fin connaisseur. Il connaît beaucoup d'histoires d'amour impossibles et fait de très nombreuses tentatives de suicide.

1946. Madame Otami, la narratrice, est réveillée en pleine nuit. Quelqu'un vient d'ouvrir la porte. Non, ce n'est pas son mari. Elle l'entend fourailler dans le tiroir du bureau, puis demander des nouvelles du petit. Ce n'est pas son habitude. Il n'en a cure d'habitude. L'enfant souffre de malnutrition, il est très faible, probablement retardé. M Otami est alcoolique. Ce sont les tenanciers d'un débit de boisson qui réclament l'argent que Monsieur Otami a volé. Celui-ci sort son couteau du kimono, menace, avant de s'enfuir...

Otami est paraît-il le double fictif de Dazai Osamu. Il est terriblement lucide envers lui-même. Mais le personnage central est la narratrice, Madame Otami, la femme de l'écrivain. Une sacrée bonne femme. Elle fait face à tout, avec son enfant handicapé ficelé dans le dos. Comme beaucoup de Japonaises au sortir de la guerre, elle affronte la misère avec pragmatisme. Elle va travailler au débit de boisson, un endroit bien vulgaire, pour éponger les dettes de son mari. Elle ne fuit pas, elle ne parle pas de se suicider, elle n'a pas de remords comme lui : "Monstre ou pas peu importe ! L'essentiel c'est de vivre ! " le livre est très émouvant sans être misérabiliste car les dialogues sont vivants, modernes, le rythme enlevé et la narration teintée d'ironie douce.

( édition Sillages, traduction de Paul Anouilh)









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Cours, Melos !

Cours, Melos ! (走れメロス, Hashire Merosu) est une courte nouvelle écrite par l'auteur japonais Osamu Dazai et publiée en 1940. La nouvelle est inspirée de la légende antique Damon et Pythias et d'un poème de Schiller. C'est un classique étudié dans les écoles au Japon. L'intrigue, qui se déroule en Grèce antique, a pour thème principal l'amitié indéfectible d'un jeune paysan, Melos, pour son ami cordonnier Selinuntius.

La nouvelle, traduite par Silvain Chupin, est aussi disponible en audio.

On peut en faire une lecture littérale, enfantine, une lecture philosophique une lecture politique ou autobiographique. Osamu Dazaï était rongé par le remords. Il estimait qu'il était faible et n'avait aucun courage.

Lisez-la ou écoutez-la, vous m'en direz des nouvelles !
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Soleil couchant

À mi-chemin entre la confession et la chronique historique, ce roman d'Osamu Dazai relate le déclin de l'aristocratie japonaise après 1945, à travers le destin symbolique de la famille de l'héroïne prénommée Kazuko.



Les valeurs de l'aristocratie se retrouvent bafouées et brisées par la défaite. Parmi ces valeurs on trouve en particulier celles du christianisme, qui furent un temps prisées de l'élite japonaise pendant la première moitié du XXème siècle.



Dans ce contexte, Dazaï élabore une métaphore filée où le serpent fait le pont entre le jardin d'Eden et le Zarathoustra de Nietzsche. Cette trajectoire est empruntée par Kazuko, dans l'espoir de faire naître un homme nouveau qui serait à même de surmonter la crise morale décrite par Dazaï, et qui n'est pas sans rapport avec le suicide de ce dernier.



De fait, les passages épistolaires mettant en scène Naoji, le frère de Kazuko, se lisent comme le testament de Dazaï. Cyniques et désespérées, ces lettres sont le reflet négatif de celles pleines d'espoir que Kazuko adresse à son amant, un écrivain dans lequel on reconnaît aussi les excès et l'iconoclasme de l'auteur. C'est en fait le tour de force de Dazaï d'avoir réparti ses traits de caractère entre l'ensemble de ses personnages, tout en conférant à chacun une personnalité distincte. En adoptant une voix féminine, il se place du point de vue des femmes qui ont partagé sa vie dissolue. Faute de pardon, il se fait poète de la honte via l'étrange (dis)harmonie de ses personnages et de leurs névroses, élaborant ainsi une oeuvre-phare du shisōsetsu, littéralement « roman du je ».
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Bambou Bleu

Un petit livre composé de trois textes, qui tournent autour du concept du conte. Le premier, qui donne son titre au recueil, est la réécriture d’un récit issu d’un livre d’un lettré chinois du XVIIe siècle. Les deux textes suivants se passent dans l’intérieur d’une famille japonaise, qui s’amuse à écrire des textes en collaboration, dans le troisième le texte écrit s’inspire d’un conte des frères Grimm.



Dans le Bambou bleu, nous suivons un lettré pauvre et moqué par sa famille, qui connaîtra une forme de bonheur grâce à une transformation en corbeau. Difficile de faire la part entre le rêve et la réalité, entre vrai et l’imaginaire, mais au final les deux finissent par se rejoindre, dans une forme d’acceptation du réel, pas idéal, mais qui peut devenir supportable.



La famille composée d’une nombreuse fratrie des deux textes suivants est aussi d’une certaine façon entre le réel et l’imaginaire : celui des récits que ses membres inventent comme un jeu, mais qui est révélateur de la personnalité de chacun. L’histoire écrite par nos personnages en devient une sorte d’interrogation sur l’acte d’écrire, sur la façon dont la fiction naît, prend forme dans les positionnements et attitudes de l’écrivant, dans un rapport social aussi, constitué par les réactions escomptées des lecteurs et la façon dont celui qui écrit voudrait être perçu par ceux qui vont le lire, et donc le juger. Il y a une ironie vis-à-vis des personnages, et de leurs ambitions, mais qui peut être une ironie vis-à-vis de n’importe quelle personne ayant l’ambition d’écrire, et donc de l’auteur vis-à-vis de lui-même.



Mineur sans doute, mais plaisant et sympathique.
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Soleil couchant

Un magnifique court récit sur la fin d’une époque et un pays en changement !

Ce pays est bien entendu, le Japon, le pays du Soleil Levant mais Osamu Dazai va nous décrire le couchant de son pays au travers du Crépuscule de l’aristocratie en cette période d’après-guerre.



C’est l’histoire d’un triangle de personnages, Kazuko, son frère Naoji et leur mère. Un triangle, car au-delà de leurs liens familiaux, il semble y avoir d’autres liens qui les entrainent les uns avec les autres et les emmêlent dans le fil de leur déchéance.

Les propriétés de ce triangle sont selon moi difficiles à définir. Un triangle quelconque, isocèle ou équilatéral selon que nous regardions, le côté ascendant-descendants, l’impact de chacun de leurs actes, la chronologie de leur mort.



En effet, au moment de devoir se résoudre à vivre plus simplement, il ne reste de cette famille aristocrate que Kazuko et sa mère mourante. Son père est déjà mort, son frère Naoji est porté disparu au combat et seul un oncle lui reste assez proche.

Nous allons les suivre vers leur progressive déchéance avec leur perte de repères, les désenchantements, la décadence, puis la révolte, quelle qu’en soit la forme. Et pour cela, Osamu Dazai va nous donner à lire de nombreux dialogues, et surtout des lettres.



La question posée est alors qu’est ce qui est à l’origine de leur devenir, l’un d’entre eux, tous ou aucun et ce sont seulement tous les changements en cours dans leur pays ?



La particularité de ce récit pour moi a été que je l’ai fini, puis y suis revenu régulièrement. J’ai relu de nombreux passages dans différents ordres, un passage en appelant un autre. Je ne l’ai pas relu pour savourer de nouveau quelque chose que j’avais initialement apprécié comme pour d’autres livres mais pour une meilleure compréhension et au fur et à mesure comme par nécessité.

Et à chaque relecture, ma vision changeait, il prenait de l’ampleur, devenait de plus en plus intense car j’y entrevoyais davantage. Il y a bien plusieurs niveaux de lecture. Le premier niveau, en lecture linéaire, est déjà fort agréable, suivre l’évolution de Kazuko dans son adaptation aux changements de vie. Néanmoins, le niveau suivant, en lecture je dirais « labyrinthique » (mais je ne connais pas le vocabulaire littéraire adéquate car pas non plus cyclique, si l’un d’entre vous pouvait me renseigner !?!) est bien plus et je sais que c’est cela justement qui va me rester de ce livre.

Cette structure se superpose en fait parfaitement à ce que j’ai pu aussi percevoir des liens entre ces trois personnages. J’ai suivi le fil qui les enserre progressivement et forme un motif équivalent à celui d’une toile d’araignée avec un résultat tout aussi fatal que pour sa proie.



Je ne lui ai pourtant pas mis la note maximale uniquement par ressenti personnel et en comparaison de ce que j’ai pu ressentir à la lecture d’autres auteurs japonais comme Yukio Mishima.

Cependant, il est certain que je vais poursuivre avec Osamu Dazai, non seulement après la lecture de ce récit mais aussi de sa biographie.
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