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Citations de Otto Weininger (86)


(...) Ce temps pour lequel l'Histoire, la vie, la science ont été réduites à l'économie et à la technique ; ce temps qui a cru pouvoir expliquer le génie comme une sorte de folie, mais qui ne possède plus un seul grand artiste ni un seul grand philosophe, ce temps si peu original alors qu'il recherche tant l'originalité.
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Tout porte à croire que les individus entre lesquels a lieu l’attraction sexuelle la plus forte sont, comme chez l’homme, ceux qui sont dans une relation telle entre eux que l’un possède autant de H que l’autre de F.
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La relation de l’homme à la femme n’est autre que celle du sujet à l’objet. C’est à la perfection même de l’objet que la femme cherche à atteindre. Elle est la chose de l’homme ou la chose de l’enfant et ne veut être en tout et malgré tous les déguisements dont cette volonté se couvre considérée que comme une chose. On ne saurait méconnaître plus gravement ce qu’est la volonté profonde d’une femme qu’en prêtant intérêt à ce qui lui arrive, en essayant d’entrer dans ses espoirs et dans ses sentiments, de pénétrer sa vie et son être. La femme ne veut pas être traitée comme un sujet, son but est la passivité, qui ne fait qu’un avec la féminité même ; elle veut pouvoir sentir qu’une volonté est dirigée sur elle et se soucie peu qu’on la craigne ou qu’on la ménage : elle ne veut pas compter. Son besoin est d’être désirée comme un corps, possédée comme un bien. De même que la sensation pure n’acquiert de la réalité qu’au moment où elle est conçue, c’est-à-dire où on la pose en face de soi, la femme ne vient à exister et à avoir le sentiment de son existence qu’au moment où elle est élevée au rang d’objet par ces sujets que sont l’homme ou l’enfant, c’est-à-dire que dans la mesure où elle reçoit cette existence d’autrui.

Ce qu’exprime, sur le plan de la théorie de la connaissance, cette opposition du sujet et de l’objet est ce qu’exprime ontologiquement l’opposition de la forme et de la matière. Celle-ci n’est que la traduction de celle-là du langage de la transcendantalité dans celui de la transcendance, du langage de la critique de l’expérience dans celui de la métaphysique.

La matière, l’absolument non-individualisé, ce qui peut recevoir toute forme sans posséder soi-même aucune qualité définie et durable, est aussi dépourvue d’essence que la sensation pure, matière de l’expérience, l’est d’existence. Ainsi l’opposition sujet-objet est-elle une opposition d’existence (en ce que la sensation n’acquiert de réalité que comme objet et par rapport à un sujet), tandis que l’opposition forme-matière est une opposition d’essence (la matière non encore informée étant absolument dépourvue de qualités).
(…)
C’est abaisser Platon au niveau d’un penseur superficiel que de vouloir assimiler ce non-étant à l’espace, comme on le fait souvent. Jamais un philosophe n’aura l’idée d’accorder à l’espace une existence métaphysique, mais jamais non plus il ne l’identifiera au non-étant en soi. Il est même caractéristique du bavard insolent et ignorant de voir dans l’espace vide un « rien du tout » ou un « néant » et sa réalité n’est perceptible et n’apparaît comme un problème qu’à partir d’un certain degré de réflexion.
(…)
Ainsi, cette dualité de l’homme et de la femme se révèle être en fait un dualisme, celui de la vie supérieure et de la vie inférieure, du sujet et de l’objet, de la forme et de la matière, du quelque chose et du rien. Tout être métaphysique, tout être transcendantal est un être logique et moral. La femme est alogique et amorale. Elle n’est pas négation, elle est néant, elle n’est pas oui, mais elle n’est pas davantage non.

L’homme a en lui la possibilité et de l’absolu quelque chose et de l’absolu néant et toute son action orientée soit dans un sens, soit dans l’autre. La femme, elle, ne pèche pas, car elle est elle-même, le péché, comme possibilité en l’homme. L’homme absolu a été fait à l’image de Dieu, qui est l’absolu quelque chose ; la femme, et aussi bien la femme dans l’homme, est le symbole du rien. C’est là la signification de la femme dans l’univers, ce qui fait que l’homme et la femme se complètent et se conditionnent l’un l’autre.
(…)
Tout ce que la femme a de qualités se rapport à son non-être, à son défaut d’essence : c’est parce qu’elle n’a pas de vie vraie et inaltérable, mais une vie uniquement terrestre, qu’en tant qu’entremetteuse elle se met au service de la procréation et de la propagation de l’espèce et que l’homme qui a de l’ascendant sur elle la transforme et la modèle. (pp. 238 & 241-242)
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L’hystérie de la femme hystérique est une conséquence de sa soumission. Le type de la femme hystérique est, au sens de l’esprit, la servante ; son opposé, le type même de la femme absolument non-hystérique, est la mégère. C’est là encore un principe de division fondamental qui vaut pour la totalité des femmes.
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Lorsque deux individus dont la formule que nous avons posée permettrait de dire qu’ils se conviennent mal mutuellement s’unissent et que, plus tard, le complément réel de l’un des deux apparaît, la tendance qui surgit chez ce dernier et qui le pousse alors à rejeter ce qui, à ce moment précis, se révèle subitement n’avoir été pour lui qu’un pis-aller, a le caractère de nécessité d’une loi de la nature. C’est là qu’est l’adultère, celui-ci survenant alors comme quelque chose qui se produit au niveau le plus élémentaire et se présentant donc comme un pur phénomène naturel, tout comme, lorsque FeSO4 entre en combinaison avec 2KOH, les ions SO4 se séparent des ions Fe pour rallier les ions K.
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La grandeur est dans la conscience, devant laquelle les brumes de l’inconscient disparaissent comme nuées au soleil.
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C’est toujours là où il y a entre les parents l’affinité sexuelle la plus grande que la fécondation a lieu avec le plus de succès.
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Jamais peut-être aucun livre n’aura tant honoré la femme que celui-ci.
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F n’a […] qu’une seule sorte de souvenirs, ceux qui sont rattachés à l’instinct sexuel et à la reproduction : amants et prétendants, nuit de noces, enfants et leurs poupées, fleurs reçues, sérénades, poèmes écrits pour elle, mots des hommes qui lui ont imposé et surtout […] compliments qui lui ont été faits. C’est là TOUTE la mémoire de la femme véritable.
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La seule et unique attitude logique à cet égard […] est de laisser les « invertis » trouver leur satisfaction où ils la cherchent, c’est-à-dire entre eux.
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L'attitude qu'il convient d'adopter pratiquement en ce qui concerne l'ensemble de ce phénomène [le mouvement féministe], sans pour autant que cette règle (ne serait-ce qu'en considération de son caractère fluctuant) doive ou puisse même ici servir de base pour l'édification d'un véritable système de lois, devrait par conséquent être la suivante : laisser toute liberté, de manière à ce qu'aucun obstacle ne se dresse sur leur route, à celles dont les besoins psychiques réels, lesquels au demeurant ne varient qu'en fonction de ce qu'est leur complexion physique, les portent à des activités d'homme, et qui sont donc celles qui présentent des traits de l'homme, mais refuser toute création de PARTI, toute idée de RÉVOLUTION, qui ne saurait avoir AUCUN FONDEMENT, c'est-à-dire en un mot tout le MOUVEMENT féministe, qui, chez un si grand nombre de femmes, est la cause d'un effort contre-nature, artificiel et, en fin de compte, mensonger. Et, dans le même sens, qu'on nous épargne aussi les habituelles inepties au sujet de la prétendue "égalité totale" ! L'être féminin même le plus proche par sa complexion de l'homme n'est jamais guère, il faut l'avoir bien présent à l'esprit, qu'un être, possédant environ 50% de H [c'est-à-dire de "substance masculine", ce qui regroupe tous les caractères masculins chez un être], et c'est à cette seule proportion, à ce seul taux, de H, précisément qu'il doit tout ce qui fait ou mieux tout ce qui pourrait faire, qu'on lui accorde de l'attention.
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La classification des êtres vivants en « mâles » et « femelles » apparaît comme insuffisante à rendre compte de la réalité. […]
La différenciation sexuelle n’est en effet jamais complète. Toutes les propriétés du sexe masculin se retrouvent chez le sexe féminin à un état de moindre développement, et vice versa. […]
On définira donc un individu A ou un individu B non plus comme un « homme » ou une « femme », mais comme un composé de masculin et de féminin […].
[...] Aucun être vivant ne peut être défini sans autre unisexuellement. La réalité offre plutôt l’exemple d’une oscillation entre deux points extrêmes, eux-mêmes parfaitement idéaux.
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Cet avènement du moi en lui [dépassement de la dualité, confusion du sujet et objet], tout grand homme le connaît. Qu’il en fasse l’expérience, et donc devienne conscient de lui-même, à l’occasion de l’amour d’une femme – car le grand homme aime plus intensément que l’homme moyen – ou qu’il accède au sentiment de son essence véritable et profonde par la conscience de la faute et grâce, ici encore, à un effet de contraste qui lui représente son action comme une trahison à l’égard de lui-même – la conscience de la faute étant également chez le grand homme plus forte et plus différenciée ; que l’avènement du moi en lui le conduise à se fondre dans le tout de l’univers, à voir toutes choses en Dieu, ou lui révèle au contraire le dualisme terrible de la nature et de l’esprit, éveillant dans son être un besoin de rédemption ou de délivrance intérieure, ce qu’il apporte, et ne cessera d’apporter, avec lui et de son propre fait, c’est-à-dire sans aucune intervention de la pensée humaine, n’est rien de moins que le germe d’une vision du monde. Une vision du monde n’est pas une grande synthèse élaborée par un savant zélé assis à sa table de travail et entouré de toute une bibliothèque, elle est quelque chose de vécu, et elle peut être, considérée dans sa totalité, claire et non-équivoque alors même que de nombreux points de détail resteraient ou obscurs ou contradictoires. C’est l’avènement du moi dans la conscience qui est à la racine de toute vision du monde, de tout regard porté sur le monde dans lequel celui-ci soit considéré comme un tout, cela étant vrai pour l’artiste comme pour le philosophe. Et si radicalement que puissent s’opposer les différentes visions du monde, elles ont toutes en commun, dans la mesure où elles méritent ce titre, une chose qui est précisément ce qu’elles doivent à cette expérience de l’avènement du moi, à savoir cette que tout grand homme possède, cette conviction de l’existence d’un moi, ou d’une âme, seule dans l’univers et devant lui, et contemplant le monde entier.
(…)
L’homme de génie est celui chez qui le moi est le plus intense, le plus vivant, le plus conscient, le plus continu et le plus unitaire. Mais en même temps, le moi est le point central de l’aperception, ce qui fonde son unité, ce qui opère la « synthèse » du divers.

Le moi du génie ne peut donc qu'être lui-même aperception universelle, le point qu'il forme dans l'espace, que contient à lui seul tout cet espace : le grand homme porte en lui le monde entier, et le génie est un microcosme vivant.
(...)
A l'infini de l'univers répond chez le génie un véritable infini en lui même ; le chaos et le cosmos sont pour lui des réalités intérieures, de même que toute particularité et toute totalité, toute multiplicité et toute unité. L'homme de génie est l'homme conscient de son lien avec le monde, et le génie est proprement la part divine en l'homme.
(...)
L'homme de génie vit dans un état de conscience universelle, est la conscience de l'univers ; l'homme de la rue contient également l'univers, mais sans que cela l'amène encore au niveau de la conscience créatrice. L'un vit avec le tout dans un rapport conscient et actif, l'autre dans un rapport inconscient et virtuel ; l'homme de génie est un microcosme actuel, l'homme non-génial, un microcosme virtuel. Seul l'homme de génie est totalement homme ; l'être-homme, l'humanité (au sens kantien du terme) présente en chaque individu humain « dunamei », c'est-à-dire en puissance, ne se déploie pleinement, « energeiai » , que chez l’homme de génie.
(...)
C'est parce-que l'homme de génie est celui qui a pris conscience de son moi qu'il ressent le moi chez les autres.
(...)
Personne plus que lui ne souffre des souffrances des hommes avec lesquels il vit.
(...)
Je pense avoir suffisamment démontré par là que le génie n'est qu'une moralité supérieure. Le grand homme n'est pas seulement le plus fidèle à lui-même, le moins oublieux de sa propre vie, celui à qui l'erreur et le mensonge sont les plus odieux et insupportables ; il est aussi le plus social, l'homme le plus solitaire en même que le plus solidaire. Le génie est une forme supérieure de l'être, non seulement intellectuellement, mais moralement.

Le génie exprime l'idée de l'homme. Il montre ce que l'homme est, à savoir un sujet dont l'objet est représenté par l'univers entier, et il en est l'affirmation vivante et éternelle. (pp. 146-156)
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La société connaît le crime, non le péché ; impose le châtiment sans viser le repentir. Les lois pénales ne poursuivent le mensonge que pour autant qu'il soit la cause de dommages extérieurs et visibles et dans sa forme solennelle de parjure, et on n'a jamais vu l'erreur comptée au nombre des délits contre la loi écrite. (p. 132)
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Le christianisme est héroïque, alors que le Juif, n’étant jamais tout entier dans ce qu’il fait, est toujours lâche et représente l’antithèse même du héros.
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Le lecteur qui m’aurait suivi jusqu’ici n’hésitera plus, sans doute, à se demander si les femmes sont encore pour moi des êtres humains et si ma théorie ne m’oblige pas à les ranger bien plutôt dans la catégorie des animaux ou des plantes ? […] [La femme] n’a pas plus de réalité métaphysique qu’eux, elle n’est pas davantage, elle est, tout comme eux, apparence et non pas chose en soi.
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Seul celui qui sent autrui comme étant également un MOI, une MONADE et UN CENTRE DU MONDE possède une sensibilité, une manière de penser, une vie, propres, ECHAPPE A LA TENTATION de l’utiliser comme un MOYEN en vue d’une FIN et saura reconnaître en lui, selon l’éthique kantienne, une personnalité […], le REVERER et non plus s’EMPORTER CONTRE LUI. LA PREMIERE CONDITION PSYCHOLOGIQUE DE TOUT ALTRUISME PRATIQUE EST UN INDIVIDUALISME THEORIQUE.
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A la question de savoir en quoi consiste se comporter moralement envers autrui, il faut ainsi répondre : non à pénétrer dans sa solitude et violer les frontières qu’il a tracées autour de lui pour lui apporter une aide qu’il n’a pas demandée, mais à lui témoigner le respect par quoi ces frontières sont maintenues.
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Dans l’Histoire de la recherche comme dans la vie de l’individu, on a toujours l’ « idée » ou l’ « intuition » des choses bien avant d’en avoir la connaissance claire.
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Quel homme énigmatique, rare, ce Weininger ! Né coupable, comme moi !

[August Strindberg]
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