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Citation de enkidu_


La relation de l’homme à la femme n’est autre que celle du sujet à l’objet. C’est à la perfection même de l’objet que la femme cherche à atteindre. Elle est la chose de l’homme ou la chose de l’enfant et ne veut être en tout et malgré tous les déguisements dont cette volonté se couvre considérée que comme une chose. On ne saurait méconnaître plus gravement ce qu’est la volonté profonde d’une femme qu’en prêtant intérêt à ce qui lui arrive, en essayant d’entrer dans ses espoirs et dans ses sentiments, de pénétrer sa vie et son être. La femme ne veut pas être traitée comme un sujet, son but est la passivité, qui ne fait qu’un avec la féminité même ; elle veut pouvoir sentir qu’une volonté est dirigée sur elle et se soucie peu qu’on la craigne ou qu’on la ménage : elle ne veut pas compter. Son besoin est d’être désirée comme un corps, possédée comme un bien. De même que la sensation pure n’acquiert de la réalité qu’au moment où elle est conçue, c’est-à-dire où on la pose en face de soi, la femme ne vient à exister et à avoir le sentiment de son existence qu’au moment où elle est élevée au rang d’objet par ces sujets que sont l’homme ou l’enfant, c’est-à-dire que dans la mesure où elle reçoit cette existence d’autrui.

Ce qu’exprime, sur le plan de la théorie de la connaissance, cette opposition du sujet et de l’objet est ce qu’exprime ontologiquement l’opposition de la forme et de la matière. Celle-ci n’est que la traduction de celle-là du langage de la transcendantalité dans celui de la transcendance, du langage de la critique de l’expérience dans celui de la métaphysique.

La matière, l’absolument non-individualisé, ce qui peut recevoir toute forme sans posséder soi-même aucune qualité définie et durable, est aussi dépourvue d’essence que la sensation pure, matière de l’expérience, l’est d’existence. Ainsi l’opposition sujet-objet est-elle une opposition d’existence (en ce que la sensation n’acquiert de réalité que comme objet et par rapport à un sujet), tandis que l’opposition forme-matière est une opposition d’essence (la matière non encore informée étant absolument dépourvue de qualités).
(…)
C’est abaisser Platon au niveau d’un penseur superficiel que de vouloir assimiler ce non-étant à l’espace, comme on le fait souvent. Jamais un philosophe n’aura l’idée d’accorder à l’espace une existence métaphysique, mais jamais non plus il ne l’identifiera au non-étant en soi. Il est même caractéristique du bavard insolent et ignorant de voir dans l’espace vide un « rien du tout » ou un « néant » et sa réalité n’est perceptible et n’apparaît comme un problème qu’à partir d’un certain degré de réflexion.
(…)
Ainsi, cette dualité de l’homme et de la femme se révèle être en fait un dualisme, celui de la vie supérieure et de la vie inférieure, du sujet et de l’objet, de la forme et de la matière, du quelque chose et du rien. Tout être métaphysique, tout être transcendantal est un être logique et moral. La femme est alogique et amorale. Elle n’est pas négation, elle est néant, elle n’est pas oui, mais elle n’est pas davantage non.

L’homme a en lui la possibilité et de l’absolu quelque chose et de l’absolu néant et toute son action orientée soit dans un sens, soit dans l’autre. La femme, elle, ne pèche pas, car elle est elle-même, le péché, comme possibilité en l’homme. L’homme absolu a été fait à l’image de Dieu, qui est l’absolu quelque chose ; la femme, et aussi bien la femme dans l’homme, est le symbole du rien. C’est là la signification de la femme dans l’univers, ce qui fait que l’homme et la femme se complètent et se conditionnent l’un l’autre.
(…)
Tout ce que la femme a de qualités se rapport à son non-être, à son défaut d’essence : c’est parce qu’elle n’a pas de vie vraie et inaltérable, mais une vie uniquement terrestre, qu’en tant qu’entremetteuse elle se met au service de la procréation et de la propagation de l’espèce et que l’homme qui a de l’ascendant sur elle la transforme et la modèle. (pp. 238 & 241-242)
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