- Le puits qu'on creuse aujourd'hui, c'est pour prévenir la soif de demain. Demain, il sera trop tard. Car celui qui meurt de soif n'a point de force pour creuser, me répondit le vieux diable en caressant sa barbe méphitique.
Mais à chaque fois que je me fachais et brandissais mon sabre étincelant et mon kalach pour bousiller tous ces misérables, il me disait, mon papa, de rengainer mes armes tout de suite, et le répétait que c'est dans les sociétés arrierées que la moquerie et les méchancetés sont les plus développées, de même que la peur et les superstitions.
Eh Allah, que j'avais mal ! Mais cette fois, je n'allais pas crier, wallahi ! Je n'allais pas leur donner ce plaisir de m'entendre hurler de douleur et appeler leur Allah au secours. On ne partageait d'ailleurs plus le même Allah ! Ils avaient le leur, au nom duquel ils massacraient les gens comme des mouches. J'avais le mien, qui me dictait d'être gentil avec tout le monde et seulement très méchant avec les méchants.
"Il n'y a pas de honte à se tromper souvent. L'erreur, dit-on, est le propre de l'homme."
«Comme la mémoire de l'oralité est fêlée et mensongère! Elle ne retient de l'histoire que sa coquille vide. Et au bout de deux ou trois générations, l'essentiel est oublié au profit de la légende!»
-Mariko, il ne faut pas tuer les animaux comme tu le fais. Si tous les chausseurs faisaient comme toi, il n'en resterait plus un seul. Continue et tu risques de faire fuir la nature.
On ne peut vivre du rêve des autres. Il nous faut réinventer nos propres rêves du bonheur, de conquêtes du paradis! Rêver par la tête d'autrui est toujours fatal!
Les gamins imams ne se contentaient pas de nous gaver de peurs et d'ignorance, comme ils étaient plus riches que la Banque Mondiale qu'ils combattaient d'ailleurs, je l'ai dit, ils achetaient tout le monde en distribuant beaucoup de fric.
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"Une société qui refuse les interrogations est une société en péril. Celle qui n'a que des réponses toutes faites est déjà morte."
Les oeuvres de mon papa voyageaient dans le monde entier et se vendaient comme des petits pains. Notre famille était riche et généreuse. Et tous les parents proches et lointains, ils venaient chez nous, mangeaient chez nous, dormaient chez nous. Et même que certains se débrouillaient pour venir crever chez nous. Mon papa était alors obligé de rapatrier leur corps jusqu'à Bazana et environs où, dans la pure tradition, leurs dépouilles recevaient tous les honneurs.
Mon papa, il distribuait son argent à tout le monde, comme s'il le ramassait par terre. Et c'était peut-être pourquoi tout le monde lui foutait la paix. Même nos voisins de quartier, ils venaient chez nous pour s'approvisionner en riz, mil, thé, sucre, argent de poche et prix de condiments et d'ordonnance médicale... Il donnait toujours, mon papa. De même que ma mère qui ne se fatiguait jamais de voler au secours de qui frappait à nos portes.