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Citations de Panaït Istrati (341)


J'ai envie de croire qu'à la minute où je suis venu au monde, mon premier geste a été d'embrasser la terre. Là-bas, dans le hameau de Baldovinesti, sur l'embouchure du Sereth, la terre a
sûrement dû se fourrer en moi avec la violence de l'amour. Toute la terre ! Toutes ses beautés !
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La terre est belle ?...Mais non, c'est un mensonge !... Toute la beauté vient de notre cœur, tant que ce cœur est plein de joie. Le jour où cette joie s'envole, la terre n'est plus qu'un cimetière.
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Lorsqu'on voit un homme estropié d'une jambe, ou d'un bras, personne ne lui jette l'opprobe, chacun a de la pitié ; mais tout le monde recule, personne n'éprouve de pitié devant un estropié de l'âme !... Et pourtant c'est le pillier même de la vie qui lui manque. Il me manquait.
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Mais qu'en savions-nous, les enfants ? Hormis l'ingrate existence de tous ceux qui naissent dans une chaumière ; hormis ces privations constantes qui liment, qui modifient l'être humain et qui ne révoltent plus personne, à force d'habitude, que savions-nous de l'universel gémissement qui s'échappait des millions de poitrines paysannes, d'un bout à l'autre de la Roumanie ? (p. 70)
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N'empêche, ma mère en bavait. Et comme j'étais, ce soir-là, en proie à de tristes pressentiments, je me disais que si nous perdions notre vache, la seule façon de remonter ma mère, c'était de lui faire la joie de m'engager aux docks, y rester quatre ans, en sortir "mécanicien" et toucher à un avenir de quatre-vingt-dix francs par mois, date à laquelle une épouse et sa prodigieuse fécondité vous attendent au tournant pour vous couvrir de baisers, de dettes et de merde. (p. 9)
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Je n'ai point aimé l'école, pour laquelle mes aptitudes ont toujours été médiocres, sauf en une seule matière, -La lecture-, qui m'a régulièrement valu la note la plus élévée. M. Moïssesco, à la bonté duquel je suis redevable d'avoir terminé les quatre classes primaires, s'acharnait à voir en moi un élève au tempérament prometteur et me faisait lire devant tous les inspecteurs scolaires.
Là encore, bel enseignement à tirer pour ceux qui se consacrent à l'instruction publique, à cette mégère qui ne comprend rien à l'âme de l'enfant, qui le fait marcher au son du tambour battant et à coups de fouet. (p. 10)
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Ce n'est pas vrai du tout, que l'être humain soit une créature qui comprenne la vie. Son intelligence ne lui sert pas à grand-chose ; par le fait qu'il parle, il n'en est pas moins bête. Mais là où sa bêtise dépasse même l'inconscience des animaux, c'est quand il s'agit de deviner et de sentir la détresse de son semblable.
Il nous arrive, parfois, de voir dans la rue un homme à la face blême et au regard perdu, ou bien une femme en pleurs. Si nous étions des êtres supérieurs, nous devrions arrêter cet homme ou cette femme, et leur offrir promptement notre assistance. C'est là toute la supériorité que j'attribuerais à l'être humain sur la bête. Il n'en est rien !
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La valeur d’une œuvre réside dans le bonheur qu’elle crée, non dans le prix dont on l’affuble.
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Mais un jour que je me trouvais chez "Monsieur l'Administrateur", celui-ci daigna me questionner sur ce que j'allais "devenir", et aussitôt ma mère vint lui raconter, du fond de ses entrailles, combien nous étions misérables- ce qui me fit de la peine, car on ne doit pas être à ce point sincère avec les égoïstes. (p.8)
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Je dédie ce livre:
Au peuple de Roumanie,
A ses onze mille assassinés par le
Gouvernement roumain
Aux trois villages: Stanilesti, Baïlesti
Hodivoaïa, rasés à coup de canon
Crimes perpétrés en mars 1907
et restés impunis.



Panaït Istrati, mars 1928
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Il a la bonté dans les yeux, et je crois au langage du regard, l'homme peut tout feindre par la parole, rien par le regard.
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Le paysan fait le blé et l'apporte à la ville, qui le dévore sans lui laisser dans les mains de quoi s'acheter une chemise. Or la ville, c'est l'ouvrier. C'est donc lui qui doit être le responsable, la conscience qui régularise la vie de tout le pays. (p.40)
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Longtemps, longtemps - sous les reflets d'un crépuscule d'orage, cheminant sur la chaussée, droite comme une corde tendue entre les rangées d'arbre et entre les champs de blé - Stavro chanta et se lamenta en arménien. Longtemps Mikhaïl et Adrien écoutèrent sans rien comprendre mais sentant tout. Puis la nuit les enveloppa et les réduisit à eux-mêmes et à leurs pensées.
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L'homme de coeur, l'ami opprimé ne se dispute pas avec ses frères de souffrance à cause d'idées, mais il va les chercher là où ils se trouvent, les rassemble dans un même lieu et leur dit un mot, un seul mot : Révoltez-vous !

Panaît Istrati
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Constanza est un petit Stamboul roumain, mollement couché sur cet antique promontoire de la mer Noire qui est sanctifié par l'exil d'Ovide, le poète malheureux, dont la statue songeuse orne la place qui porte son nom, et fait battre dans les cœurs des Roumains tout l'orgueil de la race latine. Turcs, Juifs, Bulgare, Arméniens, Grecs, Tartares se coudoient ici dans une pittoresque promiscuité, débattent les affaires les plus variées et font entendre aux Roumains tous les dialectes du Proche Orient. Ici, le voyageur cosmopolite se sent chez lui : il y trouve les mets préparés à son goût, la compagnie qu'il aime et les habitudes qui lui vont.
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Je sais une chose : je sais qu'une écrasante majorité d'hommes de ma classe est arrivée au pouvoir ; qu'en y arrivant, elle s'est tout de suite mise à bouffer et que, la bouche pleine, elle écarte de sa table et laisse mourir de faim tous les frérots qui ne sont pas de son avis.
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- Mais comment est-il possible d'écrire des livres pour les hommes, sans aimer les hommes?
- Très bien: c'est pour gagner de l'argent et...
- Gagne-t-on de l'argent en écrivant des livres?
- Beaucoup, preuve barba Spiro; et puis, de la gloire.
- Quelle gloire? Il n'y a pas de gloire si l'on a le cœur sec.
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Dans tout pays bourgeois, un manuel qui ne demande qu'à gagner son pain, pourvu qu'on lui fiche la paix, ce n'est pas une "affaire". C'en est une, une grosse, dans la "patrie du prolétariat". D'abord, la paix n'existe pour personne, en Russie, pas même pour le bureaucrate, qui passe jour et nuit à se demander s'il est bien "dans la ligne", ou s'il ne s'est pas, par hasard, déplacé d'un millimètre en se mouchant ou pendant son sommeil. Quand au pain, c'est la grosse affaire.
Le pain , c'est toute la vie, quand la vie n'est plus qu'un enfer. Quand le droit de penser et de bouger n'est plus qu'un souvenir, avoir le pain assuré, c'est énorme, c'est tout. Le dictateur sait cela et en fait son profit. Il enfonce sa main noire ou rouge, dans le ventre de l'homme et lui fait comprendre ceci : Mourir, c'est peu de chose. N'importe qui en est capable, cela se voit pendant les guerres et les révolutions. Vivre affamé et sans abri, c'est bien pire. Aussi, comme j'ai besoin de gouverner, je te demande ce que tu penses. Et selon ce que tu penses, tu auras ou tu n'auras pas le pain et l'abri.
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Et cependant, il en est ainsi : une autorité instituée revêt un pouvoir sans limites aux yeux des faibles, qui s’y soumettent et la supportent. De là l’inconcevable patience des peuples devant leurs tyrans : ce n’est pas quelque prétendue valeur morale des oppresseurs qui leur donne la force de maîtriser le monde, mais simplement la lâcheté des opprimés.
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Dans le ciel limpide, grues et cigognes tournaient en rond leur danse d'adieu qui précède de peu le départ. J'avais mal à la nuque à force de les regarder, et le cœur gros de me savoir, moi, rivé à la terre.
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