Le chant d'une tronçonneuse se traîne d'arbre en arbre loin derrière ou loin devant. Des corbeaux rasent les champs. Faut-il aimer la terre pour espérer vivre ici toute une vie ? Je porte cette question sans bandoulière et ce poème que je relis souvent dans mon petit box à l'internat.
Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous,
Dispersez-vous, ralliez- vous !
Je voudrais qu'il y ait sur nos chemins et jusqu'au ras des villes des orties et des hommes qui s'agrippent à nos rêves éboulés, au souvenir de nos terres travaillées, de nos terres en jachère, de nos terres rêvées, même sauvées d'une décharge ou d'une sécheresse.