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Citation de Stellar


Il la regarde penchée comme sur l'eau d'une rivière. La fatigue le berce tout autant que les gestes qu'il découvre. Elle prend sa matière première, du gris-brun dans une écuelle de gouache. Elle peint avec la tranche de la main. Un balayage doux et sombre sur des reliefs bleus. Lui reste suspendu au mouvement de son bras, aux couleurs qui se rencontrent. C'est trouble. Plus encore l'expression de son visage, un rien douloureuse. Ses cheveux tombent sur ses joues, elle pince ses lèvres. Une fossette qu'il ne lui connaissait pas apparaît. Un CD tourne dans le lecteur. Une musique indienne qu'il a jamais entendu.

Le balancier du corps d'Agathe est régulier entre ses couleurs, son matériel et la grande toile. Mirko voit les marques du châssis sur ses genoux, deux traits rouges sur sa peau blanche. Elle n'a sur elle qu'un vieux sarrau noué par deux attaches en haut du dos. À chaque mouvement, le tablier se fend, laisse voir un peu de sa peau nue. Il touche un à un les petits cailloux de ses vertèbres, en partant du bas de ses reins. Ses doigts remontent lentement toute la colonne vertébrale. Lorsqu'ils atteignent enfin sa nuque, Agathe a cessé de peindre. Dans un mot, il égrène son approche, gravit ce dos offert jusqu'au noeud osseux des cervicales où la peau est tendue et tiède sous la masse de cheveux. Un parfum de savon et d'orgeat. L'odeur de sa peau se révèle à lui alors qu'il ne voit pas ses yeux, sa bouche, alors qu'il est à présent tout contre son corps sans visage.
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