À Rome avec Nanni Moretti de
Paolo Di Paolo
New-York est-elle la même ville après un film comme Manhattan de Woody Allen ? Berlin, après Les Ailes du désir de Wim Wenders ? Rome, après Journal intime ? Une caméra ne laisse aucune trace tangible sur les lieux qu’elle filme et pourtant, de manière imprévisible et définitive, elle les transforme. Elle dessine de nouvelles cartes, inhabituelles, parfois impraticables, sous la forme d’un récit, d’une flânerie ou d’une émotion visuelle. Le cinéma se révèle comme un « moyen de transport », ainsi que le définit Giuliana Bruno dans son essai Atlas of Emotion : le spectateur devient passager, il se laisse mouvoir et émouvoir, il enfourche lui aussi la Vespa de Journal intime et là, dans la lumière de l'été, il grave à jamais dans sa mémoire le voyage qu’il vient d’entreprendre.
Paolo Di Paolo