Aurélie Valence donc. L’une des photos montre une blondinette aux nattes courtes, au sourire blindé par un appareil dentaire en fil de fer et des yeux bleu pâle. Un modèle courant, pas grande, pas encore obèse et aujourd’hui plate de poitrine comme un marbre d’ajusteur. Je devais l’enlever. L’adresse de ses parents m’était donnée, et, c’était souligné, je ne devais lui faire aucun mal. Surtout pas la livrer aux pédophiles habituels, sous-entendait la lettre. Je devais simplement la mettre en lieu sûr en attendant de nouvelles instructions.
Elle a dans ces moments une façon de le regarder qui le fait frissonner. Son regard est comme une invitation, une sorte d’encouragement à s’approcher d’elle. Mais Adrien n’ose pas, elle l’intimide. Il vit son adolescence comme un monceau de chaînes qui l’enserrent et dont il ne parvient pas à se libérer.
Ce n'est pas parce qu'on en parle crûment à la radio ou à la télé que la sexualité des hommes et des femmes a changé. C'est plutôt comme si ce débordement verbal prenait la place du plaisir des corps.
Certains puritains, épouvantés par le sida, trente mille cas en France, mais trois cent fois plus de cancers, préconisent ouvertement la chasteté voire la masturbation. Il faut voir le résultat de ce sevrage. Depuis une ou deux décennies, plus de la moitié des activités des tribunaux sont consacrées à des problèmes de mœurs. Pour elle, comme pour une majorité d'inconscients, selon la terminologie officielle, la baise ne peut se pratiquer que dans la confiance et la bonne humeur, sans préservatifs et sans plus de problèmes et de questionnements que pour une partie de tennis
Avec ses yeux bleus, son menton carré et volontaire, ses cheveux bruns bouclés, il doit plaire aux filles de son âge. A-t-il une petite amie ? Elle n'en sait rien, elle n’a jamais eu vent d'une amourette. Difficile à cerner ces ados, quand on aborde le sujet, ils esquivent, fuient, par pudeur, par crainte ou peut-être parce que ça ne les intéresse pas. La sexualité des enfants est une inconnue pour les parents. Il faut dire qu’il ne se confie pas ; il exécute ce qu'on lui demande avec docilité et travaille en classe sans forcer.
Elle ne s'est jamais remariée et elle regarde les hommes toujours avec le même appétit de ses yeux verts au regard si joliment chargés d’innocence.
Les enfants ne sont pas des objets que l'on oublie sur la cheminée avant de vider les lieux, ou que l'on échange contre un meuble ou un tableau !
« L'éducation des enfants n'a pas de prix »