Les confessions d’un anarchiste de
Parisa Reza
Enseigner le français à un enfant de six ans ne m’était pas difficile, pour le reste, je me référais, en effet, à des livres d’histoire de France que j’avais obtenus auprès de la mission lazariste de Tabriz, où j’ai eu également la chance de rencontrer l’abbé François. C’était un vieux monsieur, petit et mince, dont le visage osseux rayonnait d’intelligence et de bienveillance. Avec lui, je me sentis immédiatement en confiance, et il est devenu mon confesseur et mon professeur de persan. C’était le seul à qui je me confiais autour d’un verre de vin rouge de sa fabrication. Qui l’aurait cru ? Un religieux et un ancien anarchiste français, se lier d’amitié dans une ville située au bout du monde ! En réalité, ni lui ni moi nous n’attachions d’importance à nos différences. À l’instar de ces personnages que l’on voit en peinture, nous étions comme assis sur les nuages, détachés de tout, hors du temps... (Pourtant, lui, il avait toujours la foi, alors que moi je venais de la perdre ; lui, il restait humble, se réjouissant de sa vie dépouillée au service des autres, tandis que moi je changeais de jour en jour, prenant goût au respect démesuré que l’on me témoignait ici et au luxe dans lequel je baignais désormais.
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