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Citations de Pascal Blanchard (14)


Pascal Blanchard
Ce qui m'intéresse dans les statues qui existent, c'est de pouvoir en parler, de dire qui ils étaient. Si vous enlevez toutes les statues de nos espaces publics qui viennent du passé, vous ne pouvez plus rien expliquer. C'est comme brûler les livres et les images : à un moment, vous n'avez plus le matériau.
[La grande librairie, 20 octobre 2021]
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L’artiste sénégalais Fodé Camara se réapproprie le personnage publicitaire Banania, image symbole de la période coloniale en France. Son « Y’a Bon » devenu clown blanc renvoie à l’Occident l’image de sa vaniteuse volonté de domination (peinture de 1992).
(page 95)
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Pour éviter le métissage et permettre aux relations interraciales de rester ponctuelles, la prostitution est considérée comme nécessaire à l'entreprise coloniale.


(Leïla Slimani, dans "Regard sur une image")
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La mise en scène du corps des femmes maghrébines et orientales, dans une perspective érotique, se fixe dans la production visuelle et érotique constituée par la carte postale dans les années d’entre-deux-guerres, destinée au grand public.
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En Indochine, le concubinage entre hommes français et femmes indigènes s’avérait être le type de rapport sexuel interracial le plus pratiqué. Au début de la conquête, cette forme de cohabitation était assez bien tolérée dans la colonie car elle procurait à l’homme blanc, prétendait-on, un « foyer » temporaire où il pouvait avoir des relations sexuelles sans risques et jouir de la compagnie féminine et du confort domestique.
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« Le colonialisme porte en lui la terreur. Il est vrai. Mais il porte aussi en lui, plus néfaste encore peut-être que la chicotte des exploitateurs, le mépris de l’homme, la haine de l’homme, bref le racisme. Que l’on s’y prenne comme on le voudra, on arrive toujours à la même conclusion. Il n’y a pas de racisme sans colonialisme. » Aimé Césaire, La nouvelle critique, 1954
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Abandon

Sentir sa raison qui paresse
Et petit à petit s'abaisse
Devant les assauts du cœur
Sentir depuis les profondeurs
Jaillir un torrent de chaleur
Vouloir que jamais il ne cesse
Sentir un ruisseau de tendresse
Déferler en vagues de caresses
Avoir le cœur qui déraisonne
La raison qui s'abandonne
Et tout à coup s'étonne
Devant le cœur qui se donne
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« […] prise de court et ne parvenant pas à interpréter des évolutions qui la dépassent, la machine à intégrer inverse ses finalités : au lieu d'incorporer de nouvelles références à sa grammaire, elle délégitimise, marginalise et in fine exclut des fractions entières de la population qui ne correspondent pas aux étiquettes sociales instituées. Cet échec, qui devrait inciter à revoir le fonctionnement du modèle lui-même, est alors attribué aux dissidents de la norme majoritaire, condamnés à adopter une position minoritaire le plus souvent à leur corps défendant. Ultime verrouillage du système, ce renvoi à la minorité est assimilé à de l'irrédentisme, un séparatisme qui mettrait en péril la communauté des citoyens. » (p. 239)
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« […] il est aujourd'hui devenu difficile d'ignorer la "postcolonialité", tant elle porte des tensions extraordinairement fortes : l'extension, dans les quartiers, de la comparaison entre les situations de relégation (sociale, économique, culturelle, éducative, religieuse...) et la situation coloniale ; la législation sur la bonne manière de construire et de transmettre le "bilan globalement positif" de la colonisation ; les revendications mémorielles des "enfants de la colonisation" dans un contexte de "reprise en main" de l'histoire coloniale ; la montée du "sentiment d'insécurité" face aux immigrations postcoloniales et l'incompréhension des élites républicaines devant les identités "hors normes" qualifiées de "communautaristes" ; les les dénonciations médiatiques d'un "racisme anti-blanc" au moment même où nous assistons à une crispation du modèle d' "intégration à la française" ; les phobies anti-islam exprimées lors du débat sur le voile ; le rejet de la France en Afrique francophone et les politiques de la francophonie... Autant de signes qui font de la fracture coloniale une réalité multiforme impossible à ignorer. » (p. 11)
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Cette invention de l'indigène consacre « la transformation de la figure de l'Autre-colonisé, devenue centrale dans l'imaginaire collectif français depuis la grande expansionniste coloniale » (cf suite) des années 1880-1885, puis 1890-1910, à la suite d'un « long processus de métamorphose de l'Autre-dominé, qui commence avec celle de l'esclave au XVIIe siècle, pour évoluer, trois siècles plus tard, vers celle de l'immigré-type ». Plusieurs auteurs précisent que ce phénomène trouve sa source dans le conflit mondial de 1914-1918 et prend des formes spécifiques, différentialistes, en fonction des populations stigmatisées. « Trois figures de l'indigène au service de la défense de la mère patrie semblent alors s'imposer : celle du tirailleur – du « noir » -, dont la sauvagerie est retournée contre plus barbare que lui – le « boche » - et dont la bravoure, la puissance physique et la « bonhomie » (« y'a bon banania ») se sont mises au service de la France ; celle du cavalier maghrébin, perpétuant une tradition magnifiant la valeur guerrière de « l'Arabe », mais qui fixe définitivement sa fonction, sa perception et les craintes (islam) qu'il inspire dans un champ étroit du politique ; enfin celle de « l'Indochinois » (et mêmes des populations chinoises « importées » pour les usines d'armement), perçu depuis la conquête comme un piètre combattant – un archétype qui ne s'évanouira qu'avec la guerre d'Indochine … - et comme tel restant cantonné au rôle de main-d’œuvre industrielle importée et supplétive, très peu utilisée au front. Dans cette trilogie coloniale « utilitaire », dans cette segmentation du « type », on remarque une catégorisation très nette : au premier le champ du ludique et du corporel, au deuxième l'univers du politique et du revendicatif, au dernier l'espace économique et l'invisibilité. Autant de règles qui vont fonctionner tout au long de la colonisation et même après les indépendances, jusqu'à aujourd'hui. »
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« Au plus loin des fantasmes en vogue sur de prétendues menées communautaristes, les aspirations culturelles des héritiers de l'immigration apparaissent alors comme le fait d'individus en quête d'identité. En cela, sont-ils tellement différents des autres Français ? Dans le contexte d'une société postmoderne, le foulard musulman comme d'autres signes d'appartenance manifestent d'abord une individualisation croissante et la volonté de tout un chacun d'être reconnu pour ce qu'il prétend être. Car il s'agit avant tout de se distinguer, d'affirmer sa singularité dans le monde désenchanté du conformisme de masse. Question d'identité à défaut de convictions partagées dans une "communauté de citoyens" devenue incertaine. Question de reconnaissance publique pour échapper à la réclusion anonyme dans la foule solitaire. » (p. 185)
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« … le ministre des Colonies Georges Leygues […] déclarait en 1906 :
Coloniser […] c'est accomplir l’œuvre de solidarité la plus haute, car la colonisation qui n'aurait pas pour but et pour résultat d'élever en dignité, en moralité et en bien-être les peuples qu'elle pénètre, serait une œuvre grossière, brutale, indigne d'une grande nation. » (cit. p. 156)
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La mémoire s'est transmise, comme l'écrivait magnifiquement Aimé Césaire, de "l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture". Cent soixante ans après l'abolition de l'esclavage, le sentiment de ne pas toujours être entièrement accepté comme citoyen donne une force à ce passé. Dans les outre-mers, on se souvient : des décennies pour obtenir l'égalité des droits sociaux 'demandée en 1946, elle n'est finalement obtenue qu'à la fin des années 1990) ; le long mépris pour les langues créoles et les pratiques vernaculaires ; le discours sur les "danseuses de la France", les "assistés", les territoires qui "coûtent" ; l'indifférence aux apports culturels, artistiques et dans le domaine de la pensée venant des sociétés postesclavagistes ; les inégalités, le chômage et le faible développement...
Comment ne pas penser que deux siècles d'esclavage et un siècle de colonisation ne sont pas en grande partie responsables du présent ? C'est en encourageant la recherche sur l'anthropologie et la sociologie de ces sociétés , sur la ligne de couleur qui traverse l'identité nationale, sur la survivance d'inégalités dans le foncier, dans l'accès au capital, à l'entreprise, etc., c'est en cessant de traiter ces sociétés comme des sociétés de mendiants que l'esclavage colonial prendra sa place comme organisant le passé sans occulter le présent et l'avenir.
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Pendant près de quatre siècles, ce qui était contraire à l'idéal européen d'universalité des droits fut mis en oeuvre. Traite et esclavage ne firent pas grand scandale, on s'y habitua, on y devint indifférent et il fallut attendre plusieurs siècles avant que leurs abolitions deviennent éthiquement et politiquement incontournables. Comprendre comment s'est fabriqué l'assentiment au commerce d'êtres humains nous permettrait aussi de repérer quels furent les dispositifs discursifs qui le produisirent. Lorsque le dispositif légal et mental qui soutenait l'esclavage devint illégitime, sa vérité s'effondra, mais pas sa réalité. Mettre à nu les discours successifs qui ont engendré la légitimité de la traite et de l'esclavage comme ceux qui l'ont combattue participe d'une mise en lumière des singularités de ce commerce et de cette forme d'exploitation, et contribue à mieux appréhender les résurgences d'une exploitation brutale qui s'assimile à la perte de liberté et à la mort sociale.
Conflit donc entre une conception de l'histoire eurocentrée, qui rejette hors des frontières européennes ce qui s'organise pourtant au cœur de ces frontières, l'esclavage racialisé, et une conception de l'histoire qui reconnait et intègre les bouleversements et mutations induits par l'esclavage colonial.
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