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Citation de patatipatata


Chez Georges de La Tour, la lumière montre à l'insu des corps qu'elle montre. Ils sont surpris dans l'extase ; surpris dans la stupeur ; ou dans l'insomnie ; ou par la fatigue ; surpris dans l'application qu'ils mettent à écraser une puce ou un pou avec leurs ongles ; surpris dans l'instant où ils soufflent sur la flamme ou sur le foyer de la pipe ou sur le brandon qu'ils tiennent entre leurs doigs.
Ils ne s'adressent pas à eux qui les voit.
Ils ne regardent pas la lueur qui les éclaire sans qu'ils le sachent. Une présence les absorbe. Ils ne se mêlent pas à notre vie. Ils sont notre vie quand nous sommes à l'autre, quand nous ne sommes plus en spectacle ; quand, dévêtus, alors que nous songions à nous coucher, un songe vide, un retour à soi nous arrête en nous même.
C'est l'aimée qu'on voit dormir.
Il arrive qu'on ressente parfois de brusques appels de solitude. Même la vie amoureuse engendre à l'improviste de brusques appétits paniques de solitude.
C'est l'envie de se retrouver seul, de faire des gestes sans témoins. C'est l'envie de relâcher les traits, d'ôter son visage. À vrai dire, c'est quelque fois simplement l'envie de prendre un bain ou de se couper les ongles. Ce sont des convoitises d'ermites d'une heure ou deux. C'est l'envie de se laver le coeur dans le silence. De se chuchoter à soi-même dans le silence sa paresse et sa peur et son vide et de se savonner soi-même comme un ancien bébé.
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