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5/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Pascal Tozzi est maître de conférences en science politique. Membre d'une unité mixte du CNRS, il enseigne en Institut Universitaire Technologique au sein d'un département « Carrières sociales » où sont formés des animateurs/médiateurs sociaux et socioculturels. Analyste de la violence politique et idéologique, l'auteur est aussi féru de cultures orientales et ancien pratiquant d'arts martiaux.

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Chacun pressent que de nombreuses situations concrètes, insupportables, peuvent rendre la violence inévitable et humainement exigible. Comment peut-on assister à un viol sans s'interposer? Comment accepter de laisser ses proches, ou soi-même, se faire agresser? Bien que trouvant un écho émotionnel en chacun, de telles situations ne remettent pas en question la posture éthique de non-violence affirmée ci-avant. Pourquoi? Simplement parce que considérer que la violence est illégitime ne revient pas à dire qu'elle n'est jamais nécessaire. Il est en effet des moments, où, dans l'urgence, nous sommes dans l'incapacité de trouver d'autres moyens. Dans certaines circonstances, la violence peut aussi valoir mieux que la lâcheté, la complicité ou la faiblesse devant l'horreur; mieux que la mollesse ou la complaisance devant le "pire". Mais cette vision du pire - dont chacun pourra finalement et toujours juger à sa façon - ne résout pas l'équation sur le fond. Il importe donc de ne jamais légitimer la violence qui pourrait en découler. Et si cette dernière advient, l'impératif éthique de la réduire à un strict "état de nécessité" doit persister...
Car la violence, même inévitable, reste toujours un échec, une épreuve. Elle est une syncope complète et brutale de l'humanité que l'éthique non-violente doit s'efforcer de rendre brève et réversible. Si c'est effectivement "la première fois qui est la plus difficile", alors il faut se méfier des fois suivantes...de celles où les "mémoire de forme" de notre psyché pourrait, par familiarité naissante, devenir plus permissive, moins défavorable à l'acte volent. Il est donc crucial de se prémunir contre l'impression, meme fugace, que la violence puisse être envisagée comme un "moindre mal", ou faisant partie de l'alternative.
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Pour devenir "pleinement" humain - ce qui est la proposition de l'attitude non-violente -, chacun a besoin de développer une relation courageuse et bienveillante avec la partie ambiguë de lui-même. Ce Mr Hyde nous concerne tous. Il peut nous épouvanter tant il agrège ce qui est difficile à regarder et accepter en soi. C'est la raison pour laquelle nous préférons parfois cultiver nos propres angles morts. A commencer par les zones d'intime violence que nous feignons d'ignorer de peur qu'elle ne fissurent le portrait humainement avantageux que nous voulons conserver et donner de nous-mêmes. Mais, à trop vouloir éviter de se voir vraiment, le risque est de perdre le sens des responsabilités : le déni favorise plutôt l'imputation de nos comportements violents aux autres, au contexte ou à la situation... Contre cette fallacieuse recherche de responsabilités extérieures, la non-violence pose la question de l'eStimation lucide et de l'estime de soi. Face à nos régions obscures, il s'agit autant de s'évaluer sans fard que de se voir positivement : ce sont les deux conditions du changement éthique; l'une fondatrice, l'autre motrice.
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Comme tous ceux qui sont pleinement engagés dans une cause, le défenseur de la non-violence doit se prémunir contre le dogmatisme. Il a besoin d'être lucide quant à ses possibilités d'erreurs, de rester vigilant pour que son engagement ne glisse jamais vers une affirmation totalitaire. Ainsi, considérer que la non-violence est le "meilleur chemin" ne doit jamais dévier vers le sentiment d'être détenteur d'un Bien supérieur, ni amener à estimer que les sceptiques ou les critiques sont de "mauvaises" personnes ou, pire, des ennemis suscitant le mépris. La non-violence, plus que toute autre conviction, perdrait definitivement son âme à devenir dogmatique. Cela n'empêche pas, encore une fois, d'en diffuser les principes, d'en expliciter les bienfaits, d'argumenter pied à pied les gains d'humanité qu'elle procure. Mais sans jamais chercher à l'imposer là où elle doit résulter d'un libre choix qui en garantit la force.
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S'il est évident qu'il peut y avoir violence même si celle-ci n'atteint pas son but de destruction..., il est aux yeux de certains, plus difficile sinon impensable d'imaginer que puisse exister une violence sans trace d'intention. Nous pensons au contraire qu'il peut y avoir un gain éthique et humain à considérer la violence jusque dans ses formes "passives", non-intentionnelles. Le Conseil de l'Europe a adopté en la matière une position interessante. Cette instance définit la maltraitance comme une violence qui englobe aussi des omissions qualifiées de "négligences passives". Elles peuvent survenir "sans intention de nuire", par défaut d'information, de connaissance, par épuisement ou simplement par inattention. Ces négligences incluent l'oubli, le manque d'aide ou de prise en compte des besoins, voire la privation affective. Elles sont au fond une manière de ne pas être lié, de ne plus faire attention, de ne plus faire la différence entre la présence et l'absence de quelqu'un. Elles constituent une forme d'ingratitude vis à vis du lien qui relie tout un chacun à la collectivité, et à l'autre", donc une forme de violence avec sa part de négation.
Négligence rime ici avec indifférence, non-reconnaissance. Elle devient un détachement presque plus terrible que l'affrontement à l'autre, optant pour la terrible loi du "moi ou lui", ou plutôt du "moi ou rien".
Forme de violence passive se combinant aux formes de violence active, elle est une composante "douce", car "sans force", qui se diffuse facilement dans la société actuelle. La violence indirecte, encouragée par nos apathies, engendre souvent la violence directe. Dans cette équation, la violence passive se nourrit de nos peurs ou grands mépris, du silence et des non-dits, de notre indifférence et de nos égoïsmes, de l'invisibilisation" d'autrui.
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Le champ politique offre ainsi un exemple d'organisation collective structurée autour d'une logique de combat : œil n'est pas anodin que les spécialistes parlent d'"arène politique". À chaque occasion, les factions en présence cherchent à organiser une guerre de positions, à raviver des clivages. Le dénigrement, les propos méprisants, voire haineux, les injures sont autant d'exemples d'un recours banal à la violence. Elle devient un mode d'expression politique routinier, agressif et déshumanisant, amplement relayé par les médias. De leur côté, ceux-ci se nourrissent de sensationnalisme et des faits divers sordides, sans grand souci de dignité. Ils offrent souvent un terreau fertile à la violence qu'ils construisent et véhiculent. Un cas d'école est celui du terrorisme à qui les médias offrent une résonance, diffusant l'effroi dans toute la société. Pour le moins ambiguë, cette médiatisation procédé d'une étrange collusion entre les terroristes et la télévision en particulier : les premiers agissent pour la seconde qui, en retour, monte leurs actions en"spectacle". La boucle de la violence est bel et bien bouclée.
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Ne pas se soumettre aux provocations des terroristes, ne pas accepter la justification d'une guerre juste ou sainte, mère symbolique, refuser au quotidien les topographies et les abîmes de la détestation que les camps en présence contribuent à creuser; tel est, dès lors, précisément le défi de la non-violence...
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Qu'il s'agisse d'insulte, d'humiliation, d'oppression, d'exclusion, de torture ou de meurtre, cette négation renvoie inévitablement, dans une certaine mesure, à une "mise à mort". Dans la violence, il y a toujours l'irréparable tentative ou tentation du meurtre de l'autre, qu'elle soit physique ou symbolique. On peut ainsi "tuer" l'autre sans lui porter un seul coup, simplement en niant son existence, tout en le laissant vivre physiquement. C'est ce que Ricoeur nomme "quelque chose de pire que la mort". Il rejoint ici Simone Weil qui évoque une force de violence "qui ne tue pas ou qui ne tue pas encore" mais qui "change l'homme en pierre"; celle qui, au-delà de "transformer un Homme en chose en le faisant mourir" procède du pouvoir "de faire une chose d'un Homme qui reste vivant".
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Sur le front de l'extérieur, la posture non-violente revient donc à ériger des gardes-fous, à refuser certaines constructions du monde, de faits divers et de discours manichéens qui n'en finissent pas de nous convaincre de la menace, de l'inhumanité de l'autre, ou d'un avenir toujours plus sombre. Il s'agit de résister à tous les émetteurs de peur, de haine explicite ou implicite, aux discours doctrinaires qui se multiplient et prétendent à une rationalisation de la violence - ou de notre violence.
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Opter pour la non-violence revient à changer d'"angle d'attaque", à décoloniser nos esprits envahis par l'idée erronée selon laquelle la violence humaine serait irrémédiable. Contre un tel ensemencement, la révolution d'une éthique non violente consiste à défier nos habitudes de pensée, à détromper nos catégories d'analyse usuelles, souvent fatalistes. En bref, à réinventer une manière d'être autant qu'un mode d'action.
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Quand nos peurs se révèlent être la zone de contact principale avec la réalité, quand nous renonçons à comprendre, à désamorcer la violence interpersonnelle, les divisions abruptes (ami/ennemi, bon/méchant, etc.) accomplissent leur sombre besogne.
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