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Citation de ZeroJanvier79


À Vézelay, Gaspard-Étienne Flandin est devenu un fervent du Directoire : le marchand de bois, arrêté pour modérantisme début 1794, relâché par la réaction thermidorienne en août 1795, s’est enrichi en vendant pierre par pierre l’ancien château des abbés qu’il a fait démolir. Ses descendants, devenus notaires, occuperont pendant cent cinquante ans, presque sans discontinuer, la charge de conseiller général. « Vichy compris », précisait Madeleine : Pierre-Étienne Flandin, chef de file de la droite libérale et quelques mois président du Conseil dans les années 1930, sera ministre des Affaires étrangères sous Pétain. Un descendant des Flandin proche du Front national est aujourd’hui élu dans le Vézelien. L’actuel président du Conseil général de l’Yonne, centre droit, a été intronisé par le dernier conseiller général Flandin : Paul Flandin (1958-1992). À quelques exceptions près, ce sont ces bourgeois enrichis par la Révolution qui ont gouverné la France impériale puis républicaine jusqu’à aujourd’hui. Ce sont eux qui ont confisqué le pouvoir politique pour gouverner à leur profit. Voilà la France. Une certaine France.

Madeleine ne s’en désespérait pas : le roman de sa France à elle était écrit quelque part. Madeleine citait de mémoire Les Misérables de Victor Hugo : c’est la lutte ancienne « du fait et du droit ». Le droit est l’exception, proclamé comme principe par la Révolution, drapeau du peuple. Le fait est l’inertie sociale, dont la règle absolue veut que les riches gouvernent. À chaque génération, la lutte reprend du droit contre le fait, avec plus ou moins de vigueur selon les époques, et des défaites souvent. Parfois, des succès.
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