A chaque fois que je le vois dans la loge, il est en train de lire. Il pourrait devenir mon ami, mais maman ne veut pas que je lui parle. Papa dit qu'ils ne sont pas de notre milieu. Qu'est-ce que ça veut dire, grand-père ? On habite dans le même immeuble, alors c'est quoi un milieu ? (p. 165, Mazarine, mai 2018)
lucien ne se contente pas de vendre et de prêter des livres. Il les lit tous. (...)
Pour ne pas le déranger, elle flâne entre les rayons, respirant cette odeur si caractéristique de vieux papier qui lui rappelle son enfance. Hélène est une grande lectrice. Son père lui a transmis son amour de la littérature et elle est heureuse de constater qu'Annie suit le même chemin. (Mazarine, mai 2018, p. 39)
- Je voudrais que tu arrêtes la pilule
Elle se dressa sur un coude et le regarda, interloquée:
- Tu veux un enfant?
- Pourquoi? Pas toi?
- Je ne sais pas. Je n'y ai jamais pensé...
Andrew ne comprenait pas sa réaction. Persuadé qu'en toute femme sommeillait un désir de maternité, l'éventualité que son envie de soit pas partagée ne lui avait même pas traversé l'esprit.

D'une main mal assurée, il essaie de soulever le couvercle du premier coffre, qui lui résiste. (...) Il ouvre alors le second et laisse échapper un cri de joie. C'était bien un trésor, le plus beau des trésors pour le petit garçon : la malle est remplie de livres.
Il contemple sa découverte sans oser y toucher. (...)
Michel, qui n'a jamais vu d'autres livres que ses manuels d'école et ceux de la Bibliothèque rose de sa classe, est un peu déçu. Il tente de déchiffrer un titre dont il ne comprend pas la signification : -Robinson Crusoé- S'il bute, au début, sur des mots qu'il ne connaît pas, il finit par comprendre le sens des phrases et, peu à peu, se plonge dans l'histoire avec délectation. (...) Le coeur gonflé de plaisir, il a désormais hâte de retrouver les aventures de Robinson, qu'il a quitté à regret, ainsi que tous les autres qui, enfermés dans ce coffre, n'attendent que lui pour les libérer. ( "La Compagnie des livres", Mazarine, mai 2018, p. 84)
Lucien, à qui l'affront fait à sa fille n'a pas échappé, les observe, consterné. Il a grandi dans l'ambiance festive des bals-musettes, où les gens se retrouvaient sans préjugés ni contraintes sociales, puis, sous l'influence d'Adrienne Monnier, il a évolué dans le milieu très libéré de la littérature des années trente. (p. 15 / Mazarine, mai 2018)
Au début, les clients s'étonnaient que ce couple inséparable n'ait pas d'enfants et Agnès, lorsqu'elle venait de photographier un bébé, entendait systématiquement la même question : « Alors, et vous ? Quand est-ce que vous vous y mettez ? » Ce qui avait le don de l'exaspérer, car pour s'y mettre, il s'y mettaient... Puis peu à peu, les langues se turent et, si certains continuaient à s'interroger, plus personne ne lui en parlait. La rumeur avait certainement fait son chemin et les habitants du quartier savaient à présent que « la dame des photos ne pouvait pas avoir d'enfants », ce qui créait parfois une gêne de leur part lorsqu'ils poussaient la porte du magasin en compagnie de leur progéniture.
Après avoir refermé le livre [La femme mystifiée de Betty FRIEDAN], elle a compris qu'en se soumettant à leurs époux, en échange d'une vie confortables, ces nouvelles femmes au foyer faisaient un énorme retour en arrière.
Michel est reparti chez lui avec un exemplaire flambant neuf de - Vingt mille lieues sous les mers- de Jules Verne, que Lucien lui a offert pour son anniversaire. Rien n'aurait pu avoir plus de valeur à ses yeux. Lucien lui a confié un véritable trésor : à onze ans, il vient de recevoir son premier livre. (p. 201)
Isabelle vivait à cent à l'heure. Le revers de la médaille, c'était le désert de sa vie sentimentale.
Maman, s'il te plaît, épargne-moi tes "on ne sait jamais", je les ai trop entendus. Toute mon enfance a été pourrie par ces "on ne sait jamais, tu pourrais tomber, tu pourrais te blesser, tu pourrais te faire enlever..." Non, on ne sait jamais, mais c'est la vie, bon sang !