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Citation de Tiresias_chestnut


Je me suis bientôt rendu compte que tout ici – chaque herbe, chaque fleur, chaque légume – avait été planté par des hommes qui comptaient bien voir la saison suivante, le printemps suivant. Partout s’étalaient les signes d’une journée normale interrompue. Une bêche, le fer incrusté de terre sèche, gisait au bout d’un rang fraîchement creusé. Sur le banc, un carré de tissu rouge et blanc dans lequel était emballé un déjeuner à moitié mangé : une miche de pain et un bloc de fromage jauni, moisi, où l’on n’avait mordu qu’une bouchée. Son propriétaire venait d’entamer son repas quand les portes s’étaient ouvertes pour laisser entrer le cheval de bois – et il était parti, sur un coup de tête, insouciant, sans réfléchir davantage, sûr de revenir. Il avait disparu dans la foule qui criait et fêtait le départ des Grecs…
Rien de ce que j’avais vécu ce jour-là, ni sur le champ de bataille, ni en voyant le guerrier mort, ni même en entendant le bourdonnement des mouches à l’intérieur des remparts, ne m’avait brisée, mais ce dernier détail y a suffi : la marque des dents d’un inconnu dans un vieux morceau de fromage odorant. J’ai enfoui mon visage dans mes mains et j’ai pleuré la destruction de Troie, la mort de Priam et la perte de son peuple.
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